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guillaume durand

  • Revue de presse (XI)

    Le dernier numéro de “Beaux-Arts magazine” est consacré à l’érotisme. Un numéro comique. De grands penseurs ont été sollicités par ce magazine destiné à tresser des guirlandes au “marché de l’art” à grands coups de badigeons de litotes et de syllogismes bobos.
    Pour faire passer la dynastie Pinault pour une dynastie d’humanistes, il ne faut pas lésiner sur le maquillage, le stuc et les chromes… même si on peut considérer la collection d’actrices sud-américaines entamées par l’héritier Pinault comme un progrès par rapport à la collection de merdes contemporaines de son papa. « Chassez la nature, elle revient au galop », on ne peut pas s’empêcher de penser à cette vieille prophétie en observant les courbes de Salma Hayek, l’élue du millionnaire rouquin.
    Nul doute que même Baudelaire, bien qu’il prétende préférer l’art à la nature brute, entre une après-midi à la fondation (sic) François Pinault et une soirée avec Salma Hayek, eût fait le bon choix.

    Parmi les grands penseurs sollicités par ce torchon décadent sur papier glacé, cette face de Philistin de Guillaume Durand. Pour qui Guillaume Durand est-il érotique en dehors des pétasses mi-frigides mi-intellos de la Rive Gauche qui lisent “Elle” avec ferveur ? Dans le fond elles rêvent toutes, ces salopes ruminantes, de se faire saillir par un taureau, mais elles ne savent pas faire la différence avec un bœuf.

    *

    Au détour d’un paragraphe, une citation de Malraux : « Il faut faire de l’érotisme une valeur ! »
    Avec le recul, c’est le côté grotesque de Malraux qui s’impose, cette tête de batracien du monolithique qui éructe des sentences de Sorbonnard incongrues. Complètement déphasé, le Malraux : est-ce la proximité avec l’art de messieurs les professeurs Picasso, Chirico, Derain & Cie qui l’aveugle, au point de ne pas voir, qu’entre le Ve siècle avant J.-C. au moins, jusqu’à Manet ou Renoir, malgré quelques éclipses, l’art occidental fut naturellement érotique ? Malraux était-il capable de VOIR un tableau de Raphaël ou d’Ingres, de Rubens ou de Delacroix, en dehors de la perspective d’en tirer une incantation gaullienne abstraite ?
    Il faudra un jour s’attarder sur le caractère typiquement grotesque du gaullisme, qui ne touche pas seulement Malraux, car DeGaulle a aussi un grand corps caverneux, une tournure monstrueuse, non pas de batracien mais pachydermique. Le grotesque gaulliste est complètement involontaire, contrairement à celui de Brueghel ou de Teniers.
    S’imagine-t-on à la Renaissance de tels laiderons tenir les rênes du pouvoir ? En coulisses, peut-être, mais certainement pas au grand jour, en face du peuple, qui aurait jeté des pierres à ces gargouilles contemporaines.

  • Tête de veau sauce vinaigre

    Une tête de veau endurcie d’une paire de cornes, celle des "muses" cocufiées sur la place publique, c’est le portrait de Guillaume Durand. Significative brochette de starlettes convoquées sur son plateau pour nous abreuver de laïus démocratique : Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy, Alain Minc, Michel Onfray - le carré des hyperténus.
    Aucune des quatre tares cardinales ne manque à l’appel : le sectarisme (Onfray et BHL), le libéralisme (BHL et Minc), l’existentialisme (Finkielkraut et Onfray), et le journalisme (Minc et Finkielkraut).

    Je philosophe à peine, car Guillaume Durand aurait très bien pu imaginer, si j’ose dire, de réunir sur le même thème permutable, “Tu votes Sarko ou Ségo ?”, d’autres professionnels du débat-citoyen : Sollers, Luc Ferry, Enthoven Jr, d’Ormesson, Sorman, qui sais-je encore ? C’est pas les volontaires qui manquent. Mais non, ceux-ci ne sont pas aussi exemplaires. Il fallait aussi que l'humour soit totalement absent pour que la démonstration soit parfaite. À la réflexion le débat a bien été émaillé par un ou deux sourires carnassiers de BHL et Minc, tout de même… mais pas un éclat de rire. Durand a un talent quand même, il sait mettre les pieds dans le plat avec ses gros sabots…

    (Admettons, hypothèse peu orthodoxe, que la charité m’impose, parmi ces quatre sinistres évangélistes, d’en sauver tout de même un ; c’est Minc que je choisirais. Le "petit mobile économique personnel", de la bande c’est encore lui qui l'incarne avec le plus de franchise et de naturel. Mais ça c’est "une question d’appréciation personnelle", chacun ses goûts comme on dit.)

  • Admiration spontanée

    "Ce qu'il fallait déclarer" la semaine dernière c'était que Jean-Pierre Vernant, un ex-colonel de la Résistance agrégé de philo qui venait de casser sa pipe, était un des titans de la pensée contemporaine ! Et tous les gardiens du Temple de la Culture, dans la presse, à la télé, à la radio, de faire chorus.

    D'ici quinze jours, gageons que l'indispensable J.-P. Vernant, "Résistant de la première heure", sera déjà tombé dans les oubliettes de l'Histoire ; en attendant, prière de dégainer les superlatifs et de se prosterner à l'évocation de son nom glorieux (D'ailleurs les baveux seraient bien inspirés de réviser un peu leurs superlatifs pour des occasions comme celle-ci, vu qu'en dehors de "génial" et d'"extraordinaire" ils ont un répertoire qui fait pitié.) Spectacle affligeant du bœuf Guillaume Durand meuglant son admiration spontanée sur France 2 ! Prêt à tout pour garder sa place dans la crèche médiatique, que ça soit Ségolène ou Chirac qui soit élu.

    Le "Résistant de la dernière heure", même si on ne peut pas présenter les choses de cette façon sans blasphémer, est déjà l'équivalent d'un bienheureux ; alors le "Résistant de la Première heure", lui, c'est carrément un saint de première classe ! S'il a pu toucher une fois dans sa vie la main de Jean Moulin, il bénéficie même de la double auréole.

    Jean-Pierre Vernant avait été présenté au "grand public" par Laure Adler sur Arte dans une interview rediffusée en ce week-end de funérailles médiatico-culturelles.
    Sur la Grèce antique, Vernant porte un regard de philosophe. La démocratie grecque idéale des animateurs de télé et des instituteurs n'exista pas en réalité. Vernant ne s'en soucie guère. Les Stratèges militaires reprirent vite le pouvoir et Périclès lui-même est avant tout un chef de guerre. Tous les historiens le disent, mais on ne fait pas de la propagande avec des faits historiques.

    Plus près de nous, en 1934, Vernant a séjourné en URSS pendant un mois, assez longtemps pour y observer la misère soviétique dans tous les domaines, peu conforme aux descriptions idylliques que le jeune militant du PCF lisait dans L'Humanité. Il a préféré couvrir ces faits. Idem pour les purges de Staline ensuite. Parvenu au terminus de son existence, Vernant a admis qu'il avait mal auguré du rôle que l'URSS pouvait jouer dans l'édification d'un monde meilleur.
    Son autocritique ne va pas jusqu'à faire des excuses. D'abord parce que Vernant n'est sans doute pas assez idéaliste pour croire que ce genre de repentance ait une quelconque utilité ; ensuite parce qu'on ne demande pas de comptes aux vainqueurs.