À mesure que l'échéance du 22 avril se rapproche, l'amertume grandit. Tous ces électeurs qui s'agitent, dans les talk-shows, les forums de discussion, les blogues, bien sûr, plus que jamais, ils font pitié comme ces petits papillons blancs qui se précipitent dans les phares d'une voiture : quel gâchis ! quelle sotte dévotion !
Je ne dis pas qu'il n'y a pas, malgré l'impressionnante lourdeur de toute cette propagande, l'instinct diffus, chez certains, que tout ce cirque, les petits bonds de Sarkozy dans le poste, les battements de cils de Ségolène, les rodomontades de Bayrou, n'est que de la poudre aux yeux, des illusions promues. C'est comme ça que je m'explique le succès du petit livre d'entretien d'Éric Besson, ce cacique du parti socialiste quasiment inconnu avant qu'il ne décide en pleine campagne, après avoir été déçu par Ségolène, de faire les yeux doux à Sarkozy et d'ouvrir les coulisses du petit théâtre de variétés de la campagne électorale du parti socialiste.
Comment ne pas faire le rapprochement entre Éric Besson et Jean-Jacques Rousseau - ou Candide ? hors le style, bien entendu, quoi qu'en dise Philippe Tesson, qui n'a que l'apparente robustesse d'un critique du XIXe, c'est un pantomime bavard plutôt.
Car l'interviou de ce Besson-là, facile à lire, y compris entre les lignes, cache mal l'hypocrisie qui sous-tendent ses propos et la bêtise de ses idées politiques, alors que c'est justement les manœuvres de la campagne électorale qu'il dénonce et se pose en chevalier blanc de la démocratie.
Ainsi E. Besson fustige le bidonnage complet du "chiffrage" des promesses électorales des candidats par de pseudo-économistes, alors qu'il a été pour le PS un des principaux artisans de ce faux-semblant. Mieux que cela, il admet à demi-mot que l'idée même d'un chiffrage n'est pas sérieuse. Les promesses électorales ont perdu de leur crédit sous Chirac, il fallait leur en redonner un minimum ; la comptabilité, ça impressionne toujours les esprits faibles. Comme on comprend François Hollande d'avoir confié cette mission à un tel Jean-Jacques ! D'ailleurs Besson conteste à Bruno Rebelle, de "Greenpeace", conseiller de Ségolène, une quelconque compétence dans le domaine de l'écologie ; mais dans le même temps il fait semblant d'accorder du crédit à… Nicolas Hulot ! Il est évident que "Greenpeace" n'a jamais été le champion de l'écologie mais du marketing et que c'est pour ses compétences dans ce domaine que le faux Rebelle a été recruté.
Les véritables mobiles littéraires d'Éric Besson sont personnels. Sentimentalement, il a été déçu d'être snobé par son ami François Hollande et son mentor François Rebsamen, d'abord. Surtout, sa carrière a souffert du choix qu'il a fait de miser dans un premier temps sur le mauvais cheval, Lionel Jospin, au lieu de cette pouliche de compétition qu'est, il l'admet lui-même, Ségolène Royal ; Jean-Jacques était mû lui aussi par le dépit changé en haine contre son ex-ami Diderot (un gros gourmant, comme Hollande.)
J'ajoute que les métaphores "foutebolistiques" de Besson produisent sur moi un "effet navrant" supplémentaire. Les politiciens qui s'intéressent sincèrement au foot, Philippe Séguin, Lionel Jospin, Philippe de Villiers, Bernard Tapie, ce ne sont certes pas les plus brillants de nos édiles…
Commentaires
Non ! Il vaut mieux être fan de sumo ... quoique le Japon c'est un peu passé de mode, trop années 80, maintenant il faut plutôt s'extasier sur le Bund de Shangaï et les spécialités locales comme les fausses malles Vuitton !
Pour une fois, je serais presque tentée de vous conseiller de sortir profiter du soleil et d'admirer les jambes des Parisiennes...
Lapin, t'as dèjà vu le débat entre Tariq Ramadan et De Villier?
Et les fouteballeurs qui s'intéressent à la politique ? (http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/politique/elysee_2007/20070414.OBS2028/lilian_thuram__la_rhetoriquede_nicolas_sarkozy_est_raci.html)
pffff! La démocratie....quelle "bouffonnerie"!
C'est nouveau qu'il faille taper des lettres pour vous écrire....vous filtrez maintenant où c'est HeF?
La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a. Et la démocratie n'est une bouffonne que pour qui veut y voir une reine !
Mais pour qui a beaucoup étudié, passionnément vécu, et vu dans la démocratie sa part de bouffonnerie, elle demeure une reine.
Puisque vous aimez les formules, Moujika :
« Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétariat au niveau de bêtise du bourgeois. »
G. Flaubert, "Dictionnaire des idées reçues".
Le même, vous savez bien, disait devant les menhirs : "Ce sont de grosses pierres !"...
La démocratie ne rêve pas, ce sont les hommes qui rêvent (démocrates ou pas).
Je compte parmi les plus hautes figures ceux qui ont rêvé la (plus que : de, nuance) démocratie.
Ah, oui, oui, on voit bien en quoi Flaubert au contraire n'aime pas les rêveurs ni les rêveuses.
Rêver la démocratie, ça passe par des dérivatifs comme le bon sauvage ou le bon Indien d'Amérique, Paul et Virginie, les aventures picaresques de Jean-Jacques Rousseau ou de Jacques Le Fataliste, et dans ce cas je vous suis, Moujika, mais d'une part la veine semble déjà un peu épuisée, et ensuite rêver directement la démocratie ça ne donne pas grand-chose à part ce lourdeau de Kant, par exemple, et je ne tiens pas Kant pour une haute figure mais pour le "saucissonneur", le charcutier de la pensée ; au moins chez Descartes il y a les drôles d'animaux-machines, des aphorismes astucieux…
Rêver la démocratie, cela passe même par l'attraction passionnée et le Nouveau monde industriel et sociétaire, non ?... Et après tout, si une veine épuisée reste élastique, on peut y réinjecter du sang peut-être... Au moins, peut-on, via la fantaisie, reprendre un nom en vue de reprendre langue ?
Le gouvernement se fait-il POUR le peuple ou PAR le peuple?
Y a un type qu'a dit : "les français sont des veaux"...mais...j'ai la mémoire qui flanche ou je n'ai pas envie de me souvenir de son vilain nom...cela dit il n'avait pas tort!
et vive les dictateurs!
Bien sûr !
coucou, charlo..ça va?