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La station à Môquet

Le conseiller de Sarkozy, Henri Guaino, a eu avec cette idée de faire lire la lettre de Guy Môquet en public, une idée digne de BHL, de l'aveu même de ce dernier.

BHL et Guaino ne sont pas dans le même clan, mais ils ont les mêmes idées. Bien que je ne sois pas moi-même baptisé dans la religion laïque, je relève quand même au passage que l'art napoléonien - les grandes toiles de David -, aussi "pompier" soit-il, contient autre chose que les purs artifices agités par BHL et Guaino. Le Marat de David est moins ridicule que le Môquet de Guaino.

Sarkozy ne comprend-il pas que si les slogans généreux de Mitterrand, ses idées humanistes, ont pu paraître neuves en 1981, aujourd'hui tout ce fatras idéologique a un goût de déjà vu et de moisi. La sincérité qui était encore possible dans les années 80, je me rappelle un type hospitalisé qui avait pieusement piqué un poster de Mitterrand au-dessus de son lit, cette sincérité s'est dissoute dans le capitalisme. Qui nourrit encore des illusions à l'égard de ce régime ? Les capitalistes ou les ex-colonialistes comme BHL désirent préserver leur capital le plus longtemps possible, alors ils sont obligés d'y croire dur comme fer, mais ils sont bien les seuls.

L'idéologie mitterrandienne est complètement "rassise" et ce n'est pas les penseurs du "Figaro" qui vont allumer une autre flamme.

*

La lettre de Môquet n'est qu'un bon exemple parmi d'autres. Peu importe au fond que Guy Môquet n'ait pas été un vrai résistant, qui en veut réellement à Sarkozy de déformer ainsi l'histoire dans ce pays ? Cette propagande arrange tout le monde. L'assentiment donné à cette politique d'auto-satisfaction, de gauche comme de droite, est quasi-général parce que ce brouillard dissimule que notre société capitaliste contemporaine est plus compromise encore avec la barbarie que celle de nos grands-parents.
Débarrassé de la propagande, on est forcé de reconnaître que l'Allemagne "nazie", avant guerre, est une société démocratico-capitaliste, Hitler étant soutenu par les grands industriels de son pays comme Sarkozy est soutenu par Bouygues, Lagardère, Dassault, Bolloré, etc., et soutenu par le "peuple", l'opinion publique, à qui il ne faut pas demander un discernement trop grand.

La société capitaliste nazie a en outre réussi le socialisme comme la gauche française n'a pas réussi à le faire, mettant en place une solidarité sociale plus réelle que celle qui existe aujourd'hui en France, largement théorique et enfermée dans la bouche de quelques starlettes compatissantes.

La vérité historique rend libre, mais qui veut de cette liberté ? La propagande est si confortable ! Elle permet de se soulager la conscience à si bon compte : il suffit de porter un pin's, comme BHL : "Touche pas à mon pote !"

La vérité obligerait presque toute la société française à se remettre en question.
Ainsi les démocrates-chrétiens ont voté majoritairement pour Sarkozy aux dernières élections. Le gouvernement de Fillon (qui aime se recueillir dans l'abbaye de Solesmes) entend-il faire quelque chose contre le suicide collectif de la société française, 200.000 avortements par an ? A-t-on entendu un seul des dignitaires démocrates-chrétiens, Mgr Barbarin par exemple, envisager de demander des comptes sur ce plan à Fillon ou Sarkozy ? Non, les évêques préfèrent faire des moulinets avec leurs goupillons en direction de Le Pen. Ça, ça ne mange pas de pain.

*

Cette affaire Môquet illustre la tendance nette de la société française, de plus en plus modelée par les médias, à ne plus se poser de questions morales que sur un mode virtuel : "Si j'étais né en 1917 à Leidenstadt, aurais-je fait partie de ces gens-là ?" ; à cette question stupide posée par un chanteur populaire fait écho cette interrogation de Mgr Vingt-Trois, cardinal désormais, se demandant si l'Eglise n'aura pas à se repentir dans le futur d'avoir été complice du crime de l'avortement généralisé (?). Nous vivons dans une société où les évêques ne sont pas moins stupides que les chanteurs populaires, par conséquent, et où, sûrement, ils ont moins de pouvoir.

La différence entre Molière et La Fontaine d'une part, et Guaino et Môquet de l'autre, c'est que les deux premiers sont des révélateurs de la bassesse commune, acceptés par leur époque comme tels, tandis que Môquet et Guaino ne sont que des masques hypocrites, des cache-sexe puritains qui ajoutent à la bêtise universelle.

Commentaires

  • Lol

  • Lapin, tu devrais organiser des conférences de tps à l'autre, avec Ramadan par ex.

  • Gretel, Ramadan pour moi c'est le Moyen-âge, d'où une certaine sympathie de ma part pour lui comparé à ces élites miteuses françaises ou yankies qui vont puiser dans le XIXe, comme les nazis, des idées pas très scientifiques et dépassées comme l'évolutionnisme, la démocratie, le socialisme, le positivisme, la laïcité, l'anticléricalisme, la psychanalyse, "Arbeit macht frei", "Enrichissez-vous !", "Travailler plus pour gagner plus !"

    Mais Ramadan est-il pour autant ouvert aux idées modernes et renaissantes de Marx, de Simone Weil, de Claudel, de Bloy, de Baudelaire ?

  • Je n'en sais rien Lapin, vu que les débats auquel il participe sont plus axés sur l'islamet le modèl du musulman européen..
    En tout cas, voici un débat ou il remet à sa place un écrivain ultra libéral qui se prend plus ou moins pr voltaire..

    http://www.vn.nl/Multimedia/Video/ArtikelVideo/VideoDebatRamadanVs.Laroui.htm

    (J'ai honte d'tre marocaine dès fois :s)

  • "Lol" de nouveau, "ultra-libéral"...

  • Je dois te faire un aveu, Gretel ; en réalité l'islam m'intéresse peu. Il passionne beaucoup plus dans le fond des types comme Redeker, parce qu'il leur donne l'occasion d'exprimer leur laïcisme ringard - sans l'islam ils n'existeraient pas. Il y a en France une revue appelée "Les Temps modernes", fondée par Sartre et dans laquelle Redeker écrit, eh bien tu retrouves dans cette revue toutes les idées les plus ringardes, les vieilles superstitions, les vieux fétiches poussiéreux du XIXe siècle. Sartre lui-même, bien qu'assez incohérent, était largement au-dessus de ce fatras.

    Dans les milieux catholiques traditionnalistes, dont l'influence politique est quasi-nulle, disons les Français qui votent Philippe de Villiers au premier tour et sont amenés à voter au second tour pour un candidat libéral capitaliste comme Sarkozy (!), on retrouve la même agressivité irrationnelle vis-à-vis de l'islam. C'est aussi pour ces catholiques ultra-minoritaires une façon de retrouver le catholicisme, fondamentalement politique, dans cet affrontement artificiel avec l'islam.

    Disons que pour moi l'islam est un fantôme. Même les terroristes islamistes ne sont que le produit du terrorisme d'Etat yanki. Il ne faut pas oublier que les Yankis ont inventé ou presque le terrorisme d'Etat en larguant des bombes atomiques sur le Japon. Mac Arthur est un terroriste de génie comme Ben Laden.
    Le terrorisme islamique déclinera avec l'Empire américain dont la pérennité paraît peu probable. La puissance américaine est le résultat d'une coïncidence et d'un malentendu, elle est d'autant plus fragile que la richesse des Etats-Unis est de plus en plus virtuelle.
    Un exemple : le dieu des Yankis, au-dessus de tous les autres, et on peut dire que ça grouille aux Etats-Unis de dieux et de demi-dieux, au sommet de l'Olympe ou de l'Hollywood, comme tu veux, c'est le dollar ; que les autorités yankies aient pu tolérer sa chute à un niveau aussi bas par rapport à l'euro est un signe de leur bêtise politique.

    Ca c'est pour le présent, mais pour l'avenir ? Qui investira la pensée moderne et profondément occidentale de Marx et des penseurs réactionnaires catholiques tels que Baudelaire, Bloy, Waugh, Claudel ? Sans doute pas les "occidentaux" eux-mêmes qui l'ont trahie et se vautrent stupidement dans le fétichisme capitaliste, mais peut-être pas le monde musulman non plus, qui, excuse-moi, paraît être très "en retard" (au plan politique, le seul qui compte vraiment).
    De grandes nations comme l'Inde ou la Russie paraissent avoir de meilleurs atouts (Je ne crois pas à la Chine qui cumule les tares de la bureaucratie, de l'athéisme d'Etat et du capitalisme.)

  • Je sais que tu es pro occidental tout comme moi je ss pro orientale et je ne t'ai jamais demandé d'être ds mon camp, Lapin .
    Pour la Russie ça m'étonnerais un peu, je pense qu'elle s'ouvre de plus en plus au capitalisme. Je la vois mal revenir vers Marx. Je pencherais un peu plus pour les pays du sud-est asiatique (dont la Corée du Sud).

    Concernant les sociétés arabo musulmanes, on aura peut etre des choses à en dire qu'après trois bonnes générations :-)..

  • C'est vrai, c'est plutôt moi qui t'ai fait des avances.

    La Russie a pour elle d'avoir une population nombreuse, avec une démographie positive, d'être ultra-nationaliste et beaucoup plus riche que l'Inde. Elle est revancharde. La virulence des orthodoxes à l'égard de Benoît XVI n'a pas d'équivalent dans le monde musulman, par exemple.

    Le capitalisme des Russes, il est très relatif : l'Etat contrôle de près toutes les grandes industries. Il n'est pas vraiment question pour les Russes de revenir à Marx, ou plutôt à Lénine, car ils ne l'ont pas vraiment quitté. Les penseurs bolcheviks et les mencheviks ont durablement occidentalisé la culture russe, même si elle conserve des aspects slaves, à commencer par le nationalisme forcené et l'exaltation du peuple russe, de ses racines, dont Poutine joue habilement. Dès le début du XXe siècle d'ailleurs des penseurs communistes russes ont essayé de concilier le marxisme et les traditions russes, un peu comme lorsque je marie le catholicisme et le marxisme (c'est plus facile, car les deux sont concrets et universalistes, méthodiques, tandis que l'orthodoxie est un peu folle et nationaliste.)

    Le Sud-est asiatique pourrait lâcher les Etats-Unis un jour prochain, se lasser d'être son esclave, augmenter ses tarifs, mais de là à jouer un rôle de premier plan ?

    Selon moi l'Europe et l'Afrique, la Turquie, ont tout intérêt à unir leurs forces, mais pas de manière anarchique et démocratique comme c'est le cas actuellement.

  • Je supposais que le peuple Russe après ce qu'il a enduré ss Staline, romprais facilement avec son passé communiste mais je me trompais apparement, tu as tt à fait raison Lapin..Néanmoins, je ne pense pas qu'ils joueront ds l'avenir un role important au plan international car ils ne sont pas en position de force comparé aux yankees qui seront remplacés plus tard par les chinois .

  • Sauf que les Chinois ont deux problèmes majeurs par rapport aux "popovs" : ils partent de très bas, on parle toujours en France de la Chine en termes de "potentiel", mais la réalité chinoise, c'est qu'en dehors des villes, les Chinois sont très pauvres.
    Le deuxième problème, c'est la démographie chinoise, déclinante. Les démographes et les économistes le disent, si le nombre des retraités est trop important par rapport au nombre d'actifs, c'en est fini du dynamisme économique, on ne songe plus à investir mais à épargner. Il y a en France dans les milieux libéraux une foi invincible dans l'avenir de la Chine, mais c'est en grande partie de la propagande, pour le moment le retour sur investissement est très faible.

    - Par ailleurs tu raisonnes comme une démocrate, Gretel, j'espère que ton roi n'est pas un crétin de libéral comme notre roi Louis XVI : la notion de "peuple russe" ne veut rien dire, entre les Russes des villes et ceux des campagnes, les ouvriers et les paysans, l'Ukraine et la moscovie, il y a des gouffres d'intérêts divergents. L'atout de la Russie sur les Etats-Unis, c'est que tandis que Bush semble dominé par les cartels industriels, Poutine, lui, domine les grandes sociétés pétrolières russes ; si tel patron russe se prend pour un autre, hop, Poutine le fait zigouiller illico comme il se doit ; tandis que Bush, lui, il a été obligé pour se faire élire de faire la manche auprès des industriels de son pays ! Bill Clinton est allé jusqu'en Chine pour trouver des fonds. Hillary, elle, a levé plus de 250 millions de dollars rien que pour sa campagne.

    Après tu trouves des crétins pour t'expliquer que Sarkozy a bien raison de vouloir imiter les Yankis. Je te dis pas le niveau des intellectuels français, c'est à pleurer.

  • Si notre roi est libéral Lapin, je dirais plutot qu'il l'est plus ou moins sur le plan économoique dont la mesure où on encourage les investissements étrangers, et qu'on ouvre nos frontières à ts les produits étrangers..Mais en tant que roi et commandeur de croyant, sa personnalité reste inviolable ainsi que celle notre prophète.
    J'en connais des journalistes qui ont écopé de qqs mois en prison ou ont été suspendu de leur fonction, pour avoir raillé le roi ou écrit un article sur soit disant les blagues qu'on raconte sur le prophète. Hihi, facile de réprimer les laicards, de tps à l'autre, ds notre pays.

  • L'inviolabilité juridique, ça ne veut rien dire, Gretel, si elle ne repose pas sur des principes économiques. C'est la leçon de Marx, de Baudelaire.
    Louis XVI et Marie-Antoinette aussi étaient inviolables, en principe. Il vaut mieux partir du principe que les libéraux ne respectent rien. Au nom de principes élevés, ils recouvrent tout de fange, et bien sûr ce sont les plus faibles qui paient le prix le plus cher.

    Les investissements étrangers en soi ça n'est pas vraiment un problème, tout dépend du montant des investissements et de leur nature. Les investissements des particuliers dans l'immobilier de luxe au Maroc, par exemple, c'est plutôt une bonne chose.
    Sarkozy se retrouve coincé comme ses prédécesseurs parce que lorsqu'il incite par des mesures fiscales les Français à consommer, ils achètent des produits fabriqués en Asie, des écrans plats idiots, des ordinateurs, des jouets chinois. Alors il essaie de les inciter à investir dans l'immobilier : et alors ils partent au Maroc où l'immobilier est plus abordable...

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