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Justice à deux vitesses

Le principe de la culpabilité définitive de Jean-Marc Rouillan dans l'assassinat de l'industriel Georges Besse est posé. Admettons. La morale bourgeoise ne connaît pas le pardon, d'une part, et par ailleurs Jean-Marc Rouillan a bénéficié d'une mesure de grâce de la part de cette justice laïque, une mesure impliquant qu'il s'abstienne de reprendre la lutte.

Mais il ne faudrait pas oublier trop vite les milliers de victimes que l'industrie automobile fait chaque année. Cette industrie n'est pas disculpée par le fait que les gamins qui se tuent à la sortie des boîtes de nuit sont des crétins consentants. Ni par la reconversion de Jean-Louis Schweitzer dans l'humanitarisme BCBG.

Bien sûr l'industrie fournit tout un tas de justifications diverses et variées à la frénésie autoroutière ; les meilleures sont assez floues ; ainsi la philosophie existentialiste justifie de cent façons ces ruées sporadiques de touristes vers le Sud, puis vers le Nord. "Passer ses vacances à plat ventre sur le sol de la Costa-Brava contribue grandement à l'épanouissement d'une personnalité, etc". Chacun sait que le tourisme est indissociable de la littérature romantique, bien plus que du Guide Michelin encore, qui n'est venu qu'après. Et on imagine mal un adepte de Nitche rouler en vélosolex ou en 2CV. Qui a lu Kierkegaard devinera qu'un beau coupé Mercedes est un formidable "aspirateur à gonzesses".

Moi-même je dois admettre qu'un certain nombre de ces branleurs existentialistes, s'ils avaient bénéficié d'une forme de puissance réelle comme un gros 4x4, ça nous aurait sans doute épargné des milliers de pages sur la volonté de puissance et la métaphysique du dragueur désargenté.

Les raisons, c'est pas ça qui manque, donc, pour justifier les carnages. Mais j'imagine que si on demande à Rouillan, c'est pas uniquement pour le plaisir de voir couler le sang de Georges Besse sur le trottoir qu'il l'a buté. Il doit bien avoir ses raisons lui aussi. Sans doute moins floues. Plus on est responsable, moins on est flou.

 

 

Commentaires

  • La culpabilité définitive de Rouillan se pose plutôt dans son choix Besancenotien. Il n'avait pas la télé en taule pour voir le petit nounours bobo ou alors est-il toujours aussi ahuri que lorsqu'il se faisait manipuler par les Iraniens.
    Exercice difficile pour un "révolutionnaire" que de se trouver une tribune "de gauche", pour découvrir au final que toutes ne sont que des feuillets libertaro-bourgeois.

    Mais, suis-je bête, rien n'a fondamentalement changé en quarante ans ou alors il faudrait qu'il réussisse à convaincre n'avoir jamais eu connaissance du Trotskisme.

  • Il peut peut-être demander à Le Pen ?

  • Allez savoir :D

    Remarquez Rouillan et Le Pen ont se point commun de savoir leur dessein voué à l'échec s'il ne mettent pas d'eau dans leur vin, condamnés à errer en Cassandre pour l'éternité. D'ailleurs probablement ne demandent-ils pas mieux que ça.

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