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Marx chrétien

Le reproche de Marx aux pouvoirs et institutions publics n'est pas d'accaparer les richesses et les privilèges. On comprend que la promesse d'enrichissement ou de bonheur fut nécessaire aux bolcheviks, à Trotski pour lever une armée de prolétaires et de paysans rapidement. "Prendre aux riches pour donner aux pauvres" : l'astuce ne diffère guère de la promesse d'enrichissement des édiles libéraux, Guizot ou Sarkozy dernièrement. Le rêve, et non seulement la violence, contribue donc à l'ordre social.

La puissance de cette machination est telle, d'ailleurs, que la promesse d'enrichissement ne séduit pas seulement les sans-abri et les miséreux, mais encore un monde occidental gavé de richesses. Comme si le besoin de l'homme d'être rassuré était infini. Si la sécurité sociale était seulement un principe soviétique, les libéraux n'auraient pas inventé des régimes d'assurance et de garantie ultra-sophistiqués, ni des "paradis fiscaux", expression qui trahit le mysticisme de l'argent ou de la puissance, inhérent aux discours libéraux.

Les libéraux peuvent reprocher à Marx de démystifier l'argent, mais pas d'inciter à la violence ou à la lutte des classes, simple concept permettant pour lui de décrire l'évolution de l'Occident moderne, forces bourgeoises contre forces aristocratiques, s'affrontant pour la défense primaire de leurs intérêts. C'est le fait de la doctrine nationale-socialiste (de Hegel), contredite par Marx, d'affirmer que la métamorphose des régimes et des institutions politiques au cours des derniers siècles est signe d'un progrès de la civilisation et d'un raffinement des arts libéraux. Seul un sophiste verra la sophistication comme un progrès. Autant dire qu'il n'y a pour Marx de progrès qu'individuel, tandis que la fonction des sophistes de tous poils est de faire croire le contraire, par le procédé de "purification de la morale". Celui-ci consiste à assigner à la morale un but mystique qu'elle n'a pas, étant exclusivement ordonnée à des fins pratiques. Le but de la manoeuvre est d'amalgamer aux buts et projets politiques, y compris les masses opprimées qui n'y trouvent pas un intérêt immédiat. Le procédé de la morale pure est donc celui de la monnaie de singe. Celui du terrorisme aussi, puisqu'on y retrouve la menace voilée de grands périls pour celui qui se désintéresse de son avenir.

Le reproche de Marx aux pouvoirs et institutions publics est donc d'orienter l'existence des personnes les plus pauvres, comme des bêtes, vers un sens commun qu'elle n'a pas, leur faisant miroiter leur intérêt, quand c'est celui des élites politiques et morales qui est en jeu, noir sur blanc avoué ainsi par l'antéchrist Nitche : "On a toujours à défendre les forts contre les faibles."

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