Le Destin peut-être comparé à une vague puissante. Elle noie, elle a noyé, elle noiera la plupart des hommes.
Certains s'efforcent de se porter à son sommet et de la surfer : c'est là l'attitude du clergé et des élites, la clef de son culte du hasard et des mathématiques ; par quoi il convainc la masse du peuple, plus puissante, de s'incliner devant lui ; par quoi aussi le clergé se convainc de sa prédestination et de sa vie éternelle.
Dans l'ésotérisme on décèlera toujours, à la suite de Marx, le moyen de légitimation de l'élite vis-à-vis du peuple. N'ayant ainsi aucune légitimité spirituelle, mais exclusivement pratique, l'élite invente "la morale pure" ; elle fait de l'anthropologie une religion ou un principe spirituel, et finit par tourner la tête du peuple qui n'y entend plus rien à cette maille inextricable tissée par le clergé, "aux fins d'éclairer le peuple" en principe ; mais, en réalité, pour mieux le suborner par des moyens psychologiques.
Ainsi les peuples orientaux, Japonais ou Allemands, sont-ils le plus souvent stoïques devant la mort. Pauvres imbéciles médusés, ils ont été convaincus comme de bêtes soldats par leur clergé de laisser dans leurs vies, non pas aux pauvres, mais plutôt à la mort, une place d'honneur. Non pas prêts à mourir, mais disposés à s'offrir à cette putain, la plus fortunée d'entre les fortunés.
Enfin, les saints et les martyrs tentent de briser la vague du destin et de ne surtout pas se laisser enivrer par la vitesse. A cette différence près qu'ils ne se vont pas vers la haute mer et le territoire liquide, symbole de la mort, mais vers le concret et le solide.