"Certains pensent qu'Homère ne considère même pas Dionysos comme un dieu." Héraclite Pontique.
- Si les citoyens de la République française s'intéressent plus au football qu'à Homère, la faute en incombe exclusivement aux soi-disant élites républicaines. Et à personne d'autre. On ne va pas reprocher à des capitaines d'industrie et des banquiers de se désintéresser d'Homère.
- Est-ce qu'il n'est pas fascinant de voir Héraclite, si tôt dans l'histoire, lutter déjà contre les cléricaux, Platon et Epicure, et défendre Homère contre leurs pamphlets ? De fait la rhétorique de Platon, reprise par Schopenhauer, est un des trucs les plus abjects de toute l'histoire de la philosophie. Il n'est pas étonnant que les barbares républicains modernes se soient emparés de Platon ou de l'épicurisme.
On pourrait conclure à l'éternel retour des grandes questions spirituelles ; à moins que l'Esprit ne progresse de façon invisible ?
- Héraclite précède Francis Bacon Verulam dans l'élucidation des mythes homériques, élucidation poussée à son point de perfection par le savant anglais, bien au-delà des fantaisies de Nitche sur la tragédie grecque.
Un agrégé de lettres classiques républicain me confie : "Je ne me suis jamais intéressé aux mythes ; j'ai toujours préféré la philologie." Bien sûr, religion d'abord, et gardons-nous de l'imagination ! Le "hic", c'est que les mythes durent plus longtemps que les langues, qui meurent en étouffant au passage les stylistes incapables d'aligner deux phrases claires. "Le jeu d'écritures" : le point où l'élite républicaine et l'expert-comptable opèrent leur jonction.
- Héraclite pontique nous dit qu'"Héphaïstos tombé du ciel" est une image pour décrire la technique (non pas un blasphème, comme prétend le dévot Platon), technique qui procède par la réflexion ou le raisonnement spéculatif, reflétant le soleil. On comprend ainsi pourquoi les Japonais ont une conception technologique de l'univers.
- "Diomède, ayant pour alliée Athéna, c'est-à-dire la sagesse, blesse Aphrodite, la déraison, qui n'est pas une déesse, non par Zeus, mais seulement l'irréflexion des combattants barbares." poursuit Héraclite. On comprend pourquoi il y a toujours un bordel implanté près des campements militaires. Aussi en quoi la religion grecque diffère nettement de la romaine, puisque celle-ci place au contraire Aphrodite-Vénus au firmament, César ayant la prétention d'être son descendant direct.
On sait que Napoléon se plaignait de ne pouvoir compter sur un tel lignage, et méduser ainsi plus complètement le peuple. Il ne pouvait s'appuyer que sur le dilettante Chateaubriand, plus occupé à débiter ses souvenirs d'enfance qu'à élucider quoi que ce soit. La République française n'a pas de mythes, elle n'a que des mythomanes et un code civil.