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dionysos

  • Dionysos en boîte

    En somme la société ne désire qu'une seule chose, elle est toute tendue vers elle, et cette chose c'est jouir, ou bien souffrir le moins possible. Pour les femmes, en dehors de quelques amazones, cet idéal de bonheur est associé à l'idée de paix, plus conforme à leur physiologie. Pour les hommes la guerre est tout aussi jouissive, en dehors de quelques intellectuels qui préfèrent dominer par la ruse.

    Chez les femmes et les intellectuels, la notion de jouissance est d'ailleurs souvent relativement floue. J'ai fréquenté ainsi une musulmane qui refusait d'admettre qu'elle jouissait, de quoi que ce soit ; car, pour elle, jouir signifiait "être occidental", et par conséquent faire partie de cette masse de putains et de maquereaux qui lui inspiraient un immense dégoût. Elle avait donc une notion très conceptuelle de la jouissance.

    Pourtant, c'est souvent aux yeux des meilleurs jouisseurs que la société, d'où vient la justification religieuse de la jouissance, n'a que peu de valeur. Comme ces oeuvres de fiction écrite pour le divertissement et la jouissance du lecteur, qui perdent tout leur intérêt dès lors qu'on en connaît la fin.

    C'est ce qui fait que les personnes qui souffrent accordent parfois à la vie un prix plus grand que ceux qui jouissent et qui, d'une certaine façon, ont fait le tour de la question sociale - à qui la vie apparaît comme la musique, un peu répétitive et limitée dans son propos. 

    L'éloge de la souffrance n'a pas, contrairement à ce que prétend Nitche, de caractère chrétien. Simplement comme le christianisme est indifférent à la société, comme il affirme qu'elle est dépourvue de la moindre valeur spirituelle, il est muet sur le sujet du bonheur, vers quoi tendent toutes les doctrines sociales, et qu'elles procurent inégalement. Contrairement à beaucoup de religions païennes, dont la plus banale est sans doute l'épicurisme, forte de l'attente sociale du monde, les apôtres chrétiens ne proposent pas de recettes pour être heureux.

    Comme il n'existe pas de société sans esclaves, il n'en fallait pas plus pour que certains esprits cyniques ou débiles se glissent dans cette lacune apparente du christianisme afin de s'en servir comme d'une contrainte et d'un moyen pour justifier l'esclavage et l'enchaînement au monde.

    Comment le Messie, qui est venu délivrer l'homme de sa nature, non pas parfaite mais chancelante, pourrait-il accabler celui qu'il désire sauver du fardeau d'une souffrance supplémentaire ?

  • Bacon, Shakespeare & Nitche

    "Je ne suis qu'un homme. Mais j'ai déjà vécu plusieurs vies à travers d'autres hommes, et de toutes leurs expériences, les pires comme les meilleures, j'ai su tirer des leçons. Parmi les habitants de l'Inde j'étais Bouddha, en Grèce Dionysos - je me suis incarné dans Alexandre et César, ainsi que le poète Shakespeare, lord Bacon."

    F. Nitche (lettre à Cosima Wagner)

    Nitche fait subir à l'histoire et à Shakespeare-Bacon le même traitement qu'il inflige à l'univers. Il n'en garde que ce qui le conforte.

    Shakespeare est un historien trop prophétique pour confondre le moine-théologien du moyen-âge et son bagage philosophique platonicien avec l'apôtre Paul.

    Plutôt que de se réincarner, Nitche aurait mieux fait, pour ne pas mourir bête, de lire ce que dit Bacon de ce sacré Dionysos. A savoir, fait historique, que c'est tout juste si Dionysos figure au panthéon des Grecs. Il semble que Dionysos fut trop humain pour ça.

    Il semble que Nitche-Dionysos n'a pas lu "Jules César" non plus, ni d'autres pièces de Shakespeare les plus dissuasives pour la nation anglaise d'imiter le modèle romain, dont les chrétiens savent qu'il est le plus satanique. Tout l'effort de Shakespeare est de montrer que la culture chrétienne médiévale n'a rien de chrétien. 

    Bien sûr Shakespeare n'est pas plus "moderne" que Nitche, mais en principe il n'y a que les imbéciles et les spéculateurs qui le sont.

  • La Mort de Dionysos

    La seconde mort de Dionysos, non pas la petite, est rarement expliquée. Pour la raison simple qu'une religion ou une société ne peut supporter de voir la mort en face, bien qu'elle soit son seul but.

    Ce tabou est typiquement féminin, assorti d'un corollaire cocasse : comme les chiens aiment à courir après un os ou un bâton, les femmes font de même avec le phallus des hommes, souvent tout au long de leur existence, y compris une fois stériles.

    Au point qu'on pourrait parler pour désigner l'activité féminine ou sociale de véritable "nécromancie du phallus". Tout artiste, un tant soit peu inspiré, ira à rebours de cette tendance, pour éviter de tomber dans le point de croix ou l'art numérique de grand-mère.

    Seul un pédéraste italo-boche de l'acabit de Silvio Berlusconi peut croire que Dionysos préside à d'autres arts que celui du bunga-bunga, de la gay-pride ou des JMJ, toutes les bacchanales tonitruantes où chacun se livre à l'art en proportion de son sexe.

    Dionysos meurt de s'être gavé jusqu'à plus soif du sang de ses victimes, d'un arrêt cardiaque.

     

  • L'Esprit en boucle ?

    "Certains pensent qu'Homère ne considère même pas Dionysos comme un dieu." Héraclite Pontique.

    - Si les citoyens de la République française s'intéressent plus au football qu'à Homère, la faute en incombe exclusivement aux soi-disant élites républicaines. Et à personne d'autre. On ne va pas reprocher à des capitaines d'industrie et des banquiers de se désintéresser d'Homère.

    - Est-ce qu'il n'est pas fascinant de voir Héraclite, si tôt dans l'histoire, lutter déjà contre les cléricaux, Platon et Epicure, et défendre Homère contre leurs pamphlets ? De fait la rhétorique de Platon, reprise par Schopenhauer, est un des trucs les plus abjects de toute l'histoire de la philosophie. Il n'est pas étonnant que les barbares républicains modernes se soient emparés de Platon ou de l'épicurisme.

    On pourrait conclure à l'éternel retour des grandes questions spirituelles ; à moins que l'Esprit ne progresse de façon invisible ?

    - Héraclite précède Francis Bacon Verulam dans l'élucidation des mythes homériques, élucidation poussée à son point de perfection par le savant anglais, bien au-delà des fantaisies de Nitche sur la tragédie grecque.

    Un agrégé de lettres classiques républicain me confie : "Je ne me suis jamais intéressé aux mythes ; j'ai toujours préféré la philologie." Bien sûr, religion d'abord, et gardons-nous de l'imagination ! Le "hic", c'est que les mythes durent plus longtemps que les langues, qui meurent en étouffant au passage les stylistes incapables d'aligner deux phrases claires. "Le jeu d'écritures" : le point où l'élite républicaine et l'expert-comptable opèrent leur jonction.

    - Héraclite pontique nous dit qu'"Héphaïstos tombé du ciel" est une image pour décrire la technique (non pas un blasphème, comme prétend le dévot Platon), technique qui procède par la réflexion ou le raisonnement spéculatif, reflétant le soleil. On comprend ainsi pourquoi les Japonais ont une conception technologique de l'univers.

    - "Diomède, ayant pour alliée Athéna, c'est-à-dire la sagesse, blesse Aphrodite, la déraison, qui n'est pas une déesse, non par Zeus, mais seulement l'irréflexion des combattants barbares." poursuit Héraclite. On comprend pourquoi il y a toujours un bordel implanté près des campements militaires. Aussi en quoi la religion grecque diffère nettement de la romaine, puisque celle-ci place au contraire Aphrodite-Vénus au firmament, César ayant la prétention d'être son descendant direct.

    On sait que Napoléon se plaignait de ne pouvoir compter sur un tel lignage, et méduser ainsi plus complètement le peuple. Il ne pouvait s'appuyer que sur le dilettante Chateaubriand, plus occupé à débiter ses souvenirs d'enfance qu'à élucider quoi que ce soit. La République française n'a pas de mythes, elle n'a que des mythomanes et un code civil.

  • Ouverture de la chasse

    C'est sans doute le caractère dionysiaque des médiats qui les pousse à mener sans pudeur la traque au Jean-Pierre Treiber. Si je ne m'abuse, les journalistes de "France Télévision" viennent d'empêcher la capture de l'ami public n°1 des médiats en le débusquant avant les gendarmes, comme s'ils souhaitaient voir le feuilleton se prolonger le plus longtemps possible ?!

    Est-il besoin de rappeler le rapport entre Dionysos et Artémis la chasseresse qui, offensée dans sa pudeur par Actéon l'ayant vue nue, traque à mort celui-ci ? Le rapport est double :

    - Artémis et Dionysos sont tous les deux sous l'influence de la lune et, pourrait-on dire, parmi les plus "féminins" des dieux, dans le sens de "passionnés" ou "hystériques". Nitche a bien raison de relier le nazisme à Dionysos. Là où il se trompe lourdement, et trompe ses admirateurs avec, commettant ainsi la même erreur que Freud, c'est que Dionysos est un dieu on ne peut plus faible ; il n'est qu'un jouet entre les mains d'Apollyon-destructeur (mieux vaut faire confiance à la science de Shakespeare en ce qui concerne la mythologie qu'aux délires boches de Nitche ou Freud qui projettent la religion de la bourgeoisie franco-allemande sur Homère, tandis que Shakespeare s'appuie dessus.)

    - L'autre rapport entre Artémis et Dionysos, si tant est qu'ils ne fassent pas double emploi, est plus intéressant encore : Dionysos et Artémis semblent en effet portés à la fois vers l'orgie et la pudibonderie, le veau d'or et la loi. Et c'est précisément de cette façon que Marx décrit le capitalisme, comme l'alliage du puritanisme et de la pornographie ; c'est aussi de cette façon que les Etats-Unis illustrent ces deux modalités de fuite apparemment opposées, l'une dans le mariage, l'autre dans la frénésie sexuelle. Shakespeare montre d'ailleurs qu'Ophélie est aussi capable de petite vertu que de grande vertu (épouser un prince charmant). La morale nouvelle de la capote jointe à la mode du sado-masochisme, solution de l'ennui dans un ennui plus grand encore, invitent même à parler de sexe citoyen. Le prêtre qui justifiait le mariage chrétien par quelque entourloupe juridique, compte tenu des changements économiques qui ont modifié sensiblement la répartition du patrimoine, a été remplacé par le journaliste qui prêche le "safe sex". Il est plus efficace de tenir la cité avec du sexe qu'à coups de trique.

    Pour la chasse au Frédéric Mitterrand, contrairement à celle du Jean-Pierre Treiber, elle vient d'être officiellement fermée. C'est un vieux cerf à la viande plus que faisandée que les médiats préfèrent entendre brâmer dans le poste : "Au viol, on assassine la cuculture et mes bouquins de cucul-gnangnan !"

  • Essence de la laïcité

    Le prêtre perd son rôle de directeur de conscience au profit de l'instituteur au cours du XIXe siècle ; l'instituteur est remplacé à son tour par le journaliste après la Libération (sic). Le flux des décrets moraux vient à dépasser l'écluse de la politique, "signe rétrograde du temps" comme dit Frédéric Engels.

    On peut considérer que la trigonométrie de Hegel décrit le processus de vie et de mort des civilisations (Le philosophe souabe conçoit la politique comme une sphère, et son progrès, son histoire - qui n'en est pas une -, comme un cercle vertueux, au contraire de la sagesse des Anciens qui le sait vicieux.)

    - Naissance due à une conjonction de phénomènes attribués au hasard ("Big-bang"), progrès qui consiste dans la sublimation des institutions morales en institutions politiques (de Dionysos à Apollon), puis dégradation anarchique des institutions politiques en institutions morales. Et mort ("entropie"). La morale "existentialiste", qu'on peut résoudre à zéro, n'a pas d'autre sens ; elle ne fait qu'inverser les spéculations médiévales. Hegel retourne la robe de Thomas d'Aquin. Le même escalier que Thomas d'Aquin a monté, Hegel le descend. Ces deux docteurs "angéliques" (reste à savoir de quel ange le message de la phénoménologie de l'esprit de Hegel fait passer) se sont heurtés d'ailleurs heurtés à plus matérialistes qu'eux - Averroès ou Sigier de Brabant pour le premier, Karl Marx en ce qui concerne G. Hegel.

    L'anarchiste et le capitaliste ont en commun, l'un par naïveté, l'autre par hypocrisie, d'ignorer que la dictature morale est pire que la dictature politique, pour différentes raisons élucidées par Marx :

    - parce que la dictature morale est bien plus sournoise et nous prend par les sentiments. Mettons que la dictature est "apollinienne" et le totalitarisme "dionysiaque" ; la piquette des sentiments conduit à Marx ou à Shakespeare ;

    - parce que la dictature morale est un terminus et qu'on n'enfonce pas un butoir.

    Signe caractéristique, le droit qui dès le moyen âge commence à envahir la sexualité sous l'impulsion de clercs maniaques, bien que le Testament invite à relativiser l'importance de la sexualité et des conventions matrimoniales (Paradoxe : le moyen âge érige le sacerdoce et l'abstinence en vocation supérieure - paradoxe dont l'Eglise catholique ne s'est jamais remise et dans lequel le protestantisme s'est engouffré.) La législation et les rituels nuptiaux ont désormais envahi complètement la sexualité, jusqu'à la promotion de pratiques sexuelles comme le sado-masochisme, importé du Japon et des Etats-Unis, qui ne relèvent quasiment plus que du droit ou de la liturgie. L'aberration du mariage gay dévoile le mobile véritable du mariage chrétien, derrière les fanfreluches sentimentales.