L'organisation d'un divertissement aussi coûteux que l'élection du président de la République au suffrage universel, en période de vaches maigres, suffit à résumer l'imbécillité extraordinaire de l'élite française actuelle. Elle souligne le caractère religieux du gaspillage de ressources humaines que cette farce ubuesque représente.
Ce sont surtout les intellectuels et l'intellectualisme qu'il faut accuser ; il est en effet plus logique pour des politiciens de vouloir continuer d'exercer le plus vieux métiers du monde, en ignorant cette réalité que ce jeu de société à été conçu pour sidérer les Français qui, aujourd'hui, ont le moins envie d'y jouer.
Les moins malhonnêtes au sein de l'élite reconnaissent que ce barnum somptuaire a été mis en place par une sorte de dictateur mal-aimé des Français, une sorte de Napoléon III au rabais, avec l'aide de techniciens rompus au trucage juridique, c'est-à-dire plus italiens ou allemands que français. Si les Français parviennent difficilement à s'acclimater aux Etats-Unis, où le même culte a pris une dimension pornographique, c'est bien parce que cette société de rapports est la plus éloignée du peu d'empressement des Français à communier aux saintes espèces sociales.
Je croise un anarchiste dans la rue, arborant un tee-shirt : "Ni Dieu, ni maître, ni télévision." Le "ni télévision" est bien sûr le plus important, sans quoi ce serait seulement la devise de la grande truanderie politicienne libérale. On ne peut pas non plus se passer d'ajouter : ni élu du peuple, selon des conditions entièrement déterminées par l'élite républicaine. Je ne suis pas musulman, mais je me demande : comment pouvez-vous avoir envie de voter, vous, musulmans, quand le culte républicain est axé autour de la propriété, alors qu'aucune spiritualité un peu sérieuse dans l'histoire de l'humanité n'a manqué de souligner que dieu est la seule chose qui échappe à la transaction ; et que Marx a récemment encore montré que la liberté est parfaitement incompatible avec le régime de la propriété, d'où le ferme bannissement par le clergé républicain d'une pensée qui ne contribue pas à l'abrutissement du genre humain et l'imitation du singe, sous couvert de perfectionner cette espèce ?
Commentaires
Petite précision, Marx ne veut enlever à personne le pouvoir de s'approprier les produits du travail qui servent la vie immédiate, il vise la propriété qui s’assujettit le travail d'autrui: la propriété privée du capital. Il fait d'ailleurs remarquer que dans la société bourgeoise elle n'existe pas pour neuf hommes sur dix.