Français, si l'on vous parle de "modernité", traduisez par "hypocrisie" ou "Etats-Unis". Aucun penseur français digne de ce nom n'a cédé à cette idéologie socialiste. Ce sont les types sociaux abjects décrits par Molière qui sont "modernes", et non Molière lui-même. Le principal soucis d'un artiste est d'échapper au mouvement, et non d'y verser, afin d'éviter d'exprimer seulement les préjugés de son temps.
Même Baudelaire et Delacroix, fondateurs d'une modernité "à la française", ne sont pas assez cons pour n'être pas de purs réactionnaires et participer à la culture générale comme des singes savants. La seule chose à retenir des spéculations esthétiques de Baudelaire, c'est que la culture est toujours assez bête pour avoir un temps de retard sur la contre-culture.
La principale astuce des modernes est de faire passer la religion pour la science. On reconnaît là que l'idéologie moderne repose sur un fatras de thèses universitaires, multipliant les références pour faire oublier qu'elles sont nulles. Car si l'université française moderne n'est pas le lieu de la recherche scientifique et de la critique, cela signifie qu'elle est la première cause d'emplois fictifs, mais aussi le ferment du populisme, qui part toujours dans le peuple du sentiment d'avoir été trahi par l'élite dirigeante.
La seule contribution des Lumières françaises à la Révolution, dont la violence fut réprouvée par ceux des philosophes qui vécurent assez pour la connaître, fut de mettre en exergue l'imposture des élites et de l'art baroque, tombés au niveau de la figure de style et des mathématiques mondaines. Tout le reste, s'agissant de la révolution, n'est, comme dit Marx, que pure mythomanie libérale du niveau des slogans échangés par les députés lors des séances à l'Assemblée.