Le plus dur en art, c'est le réalisme. Personne n'y a intérêt. Personne n'a intérêt comme Marx l'a fait, à s'exposer à la haine de la bourgeoisie industrielle occidentale et son système d'exploitation infernal. Il l'a payé assez cher, et potentiellement il aurait pu le payer encore plus cher. Le désir des nations de s'égorger les unes les autres lui a en partie facilité la vie, et l'Angleterre puisqu'elle est à ce jeu-là passée maîtresse. L'Angleterre tue comme les femmes ou les députés tuent : en ayant l'air de ne pas y toucher. Il y aura toujours un crétin de baderne, un général débile mental, pour endosser la responsabilité.
Mieux vaut la culture, cette vaseline faite pour se persuader que le monde n'est pas l'enfer. Mieux vaut passer son temps à la quadrature du cercle, comme Blaise Pascal, ou au cinématographe, comme le premier connard venu, qui a un peu d'entregent.
C'est cette dureté qui explique que le peuple soit plus près de l'art. En haut de la pyramide, on trempe sa biscotte dans le thé, et on plaide pendant des centaines de page pour faire croire que ce n'est pas de la limonade.
Commentaires
Aujourd'hui, l'art et la culture sont le sauf-conduit de la publicité.
A part cela, tu as un talent déconcertant pour la concision, Lapin.
- L'analyse est innée ou naturelle comme le don pour la musique. La synthèse est, au contraire, le résultat d'un effort constant pour s'émanciper, comme le dessin. Pour moi l'apprentissage du dessin a été le moyen de découvrir la falsification scientifique générale, ladite "complexité" du monde moderne ne faisant que traduire son incapacité à voir les choses simplement.
- Logiquement une institution totalitaire cherchera à éradiquer l'enseignement du dessin, qui va dans le sens de l'individualisme et permet de deviner dans les prétentieuses architectures humaines la ruine future.
J'aurais tendance à penser le contraire. La synthèse consiste à garder les yeux grands ouverts et à repérer les tenants et aboutissants, lorsque l'analyse tend à révéler les lignes de convergence et de rupture entre eux, nécessitant un double effort : celui de la réflexion ; celui de la résistance à la tentation d'y baigner. C'est dans la recherche de ces dynamiques que se situe le piège : celui de s'y sentir à son aise. On commence à vouloir piger la géopolitique et on finit polémologiste, sans comprendre que les nations sont de vastes dépotoirs, comme un égoutier trop occupé par la carte de ses tuyaux et qui oublie la puanteur. A trop détricoter la pelote, on trouve amusant de se prendre les pieds dedans. Lorsque j'ai commencé à te lire, il y a de cela environ sept ans, j'ai compris assez rapidement qu'il y avait une différence notables avec les autres blogs cetifiésreacosphèrerebellemalpensantpatrioteliberal parce-que tu étais un des rares à ne pas chialer sur les malheurs de l'église catholique ou à ne pas te branler sur les chaussettes du pape. Tu aurais pu finir fromageplus et consorts, plus préoccupé par les zorribles musulmans, le cours du cac40, les frères Coen, l'art baroque, le déclin de l'éducation nationale, cette immonde salope de Napoléon Bonaparte, que les Evangiles. Grands gamins passionnés par le placement de leur petits soldats de plombs. Mais tu es véritablement chrétien de coeur et tu es resté Lapinos. Beaucoup trop lucide (malgré des haines incompréhensibles pour quelques auteurs) pour barboter dans la piscine du diable qui sait rendre la température agréable, en attendant d'enfermer les baigneurs dans l'asphyxie de leur propre vapeur.
J'ignore si le dessin est un exercice de synthèse. J'ai toujours considéré le trop d'intérêt dans une discipline pour un refuge "conceptuel", un nounours préféré que l'on serre tout contre soi. Lorsque Céline dit (cf le dessin sur autrou) que "la musique est le refuge des faibles", c'est en sa qualité même d'abri dérisoire. Le seul refuge contre l'horreur ayant cours depuis l'association de la parole de Dieu à celle de docteurs de la loi (pharisiens), et depuis l'association du message de Jésus avec la puissance normative de l'état (raisonnablement le concile de Nicée), est l'amour de JHVH et la promesse du Christ faite aux hommes : celle de ne pas abandonner ceux qui s'inscriront dans ses pas.
L'hostilité de la France aux mathématiques est une réalité. C'est le b.a.-ba de l'anarchisme de ne pas croire à la morale pure et tous les produits dérivés de la géométrie égyptienne.
- On rencontre souvent cette hostilité chez les penseurs les moins ennuyeux, tandis que les femmes pensent le plus souvent de façon algébrique - même, je dis aux hommes qui ont été élevés par une femme : méfiez-vous du petit logiciel informatique dont les femmes dotent leurs enfants pour tenter d'en faire de bons petits robots ménagers allemands. Je veux dire que je me suis dit, très tôt, que si je voulais devenir fort, je devais absolument ne pas tenir compte des avis féminins autour de moi. On sait depuis la fable juive d'Adam et Eve à quel point la femme est douée pour détourner l'homme de la vérité (et la France n'est pas aussi antisémite qu'on le dit pour que j'ai été détourné de lire dans mon enfance les prophètes juifs plutôt que des chienneries sataniques comme Nitche ou Freud).
- La formule exacte de Céline est "l'art abstrait", et non "la musique", ce qui revient au même. On ne s'attache à la musique, comme aux fausses religions, que parce que la musique est rassurante. Science sans conscience n'est que technique, art sans conscience n'est que musique : Céline emprunte à Rabelais son humanisme.
(Pour comprendre que le dessin est synthétique, il faut comprendre qu'il est une perception de la réalité opposée à celle de la photographie ou du cinéma. De plus en pratiquant le dessin, on comprend vite à quel point le langage humain est abusif et souille l'homme, comme dit Jésus-Christ. Tandis que les musiciens sont rarement modestes, malgré leur pur et simple décalque de mère nature, pratiquement dépourvu d'imagination.)