Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L'Amour nulle part

L'amour, il n'y a pas de matière plus rare ; l'amour, il n'y a rien de plus difficile. Tenez, moi, dans ma vie, ai-je été aimé ? Par qui ? Ma mère ? Je ne suis pas sûr que mes paroles aient jamais franchi le pare-brise de ma mère, qui comme toutes les femmes ressemble à une voiture, et demande à être traitée comme elle : avec tout le tact qu'un propriétaire galant doit à ses objets de prédilection. Vous cherchez un pigeon, mademoiselle : observez bien le comportement de votre cible avec les voitures. S'il file des coups de pied dedans aux voitures ou leur pisse dessus la nuit comme moi, passez votre chemin. C'est le b.a.-ba de la relation sentimentale moderne.

Et, pour ma part, ai-je aimé ? La camaraderie de l'enfance, ça c'était un truc plutôt sympathique - j'ai plein de bons souvenirs, mais... nous étions trop stupides. Je l'étais, vous l'étiez, chers camarades, et ne m'en veuillez pas si je ne suis pas resté le même. Le monde incite à ça, à consolider sa stupidité, de plus en plus, jusqu'au trépas. Les histoires de couple finissent moches en général. Toute la mystique sado-maso n'y change rien : moche ET ridicule, voilà ce que ça donne.

J'ai plutôt cherché à aimer des hommes, ça se comprend, à cause de mon attrait naturel pour les femmes, qui représente un obstacle supplémentaire ; c'est déjà assez le supermarché comme ça -non ?- pour pas s'enfoncer encore plus dans le commerce. Curé ? Non, ce sont des toubibs. A une clientèle pas très éloignée de graves perturbations mentales (d'où l'extraordinaire besoin de sectes aux Etats-Unis), ils dispensent des conseils plus ou moins avisés, à des femmes qui n'en ont pas besoin, puisqu'elles en ont l'instinct inné. La faiblesse des féministes, par rapport aux autres femmes, c'est de se couper de la nature, puisque c'est de ce lien que les femmes tirent leur force spéciale.

Je ne pige pas comment je peux avoir un père aussi féministe !? Oui, d'accord, sans les femmes la société se casse la gueule, mais on s'en fout de la société, puisqu'on est des hommes et pas des curés bretons ou auvergnats, complices des femmes.

Et puis la société d'aujourd'hui, bon... elle n'est pas de toute première fraîcheur ; c'est pas comme si elle sentait la rose. Il faut vraiment être pédé aujourd'hui, je crois, pour avoir du respect pour la société, comme une vieille mère-pute, ou je ne sais trop quoi de vaguement coercitif : le PS ? la femme de de Gaulle ? Les pédés ils ne couchent pas avec les femmes, alors c'est un peu facile leur carnaval.

Il te faut quoi, dix, douze ans de vie aujourd'hui pour découvrir le noir purin dans lequel on se traîne ? 

Les trente-six nuances de gris de la boue de Paris, selon Alphonse Allais, correspondent bien au maquillage de la vieille peau de chagrin rétrécie. "La communauté réduite aux caquets", dit l'autre anarchiste.

Et donc l'amour est si rare aujourd'hui, en dehors de l'amour de dieu ; aussi rare que la liberté. Il faut pratiquement aller la chercher directement dans les étoiles, la liberté, aujourd'hui. Si elle était "air", nous serions tous crevés depuis longtemps. Combien de temps ils vont pouvoir continuer de feindre comme ça ? Leur histoire va très mal se terminer à tous ces cons.

Commentaires

  • Et bé ! Merci pour ce texte.

    Elle est longue la distance jusqu'aux étoiles. Si la tâche est de se délester au maximum, on attend quoi ? Surtout que plus on monte, plus on devrait être capable de respirer l'air des hauteurs, non ?
    Je me demande aussi quel coffret on choisit le matin au réveil, celui d'or, d'argent ou de plomb. Remarque qu'avec les yeux plein de merde sécrétée par le confort du sommeil, j'ai l'impression de confondre le premier avec mon bole de petit déj'.

  • Oui, l'amour de Dieu en premier lieu.

    Pour les femmes, je suis globalement d'accord, même si je le présenterai autrement : elles sont très différentes de nous, surtout quand le "nous" représente des hommes aux sévères tendances intellectuelles.

    J'ai tenté l'aventure avec quelques femmes, tenté véritablement avec tout mon coeur aveuglé de sentiments, pour finalement rencontrer la perle branchée sur la vérité. Certes, la culture ou l'intellect n'est pas ce qu'elle préfère et donc je n'aurai pas avec elle un partenaire de joutes oratoires. Mais, comme vous l'avez dit Lapinos, nous changeons. Ai-je besoin de ces joutes aujourd'hui ? Non pas.

    Par contre, j'ai besoin de vérité, de synthèse, de distance, de pureté, de justesse et de justice dans le sentiment car le monde est comme vous le décrivez et je le vis ou le subis chaque jour.

    Le problème est que je ne saurais vous dire comment je l'ai trouvée. Nous nous sommes trouvés je crois, moi je l'ai trouvée au delà de ses non-mots et elle m'a trouvé au delà de mes mots (et de mes maux :).

    Peut-être est-ce cela qui vous manque Lapinos ? Et peut-être est-ce que vous revenez encore et toujours vers des profils qui ne vous conviennent pas ? Certes, je monte souvent à Paris et je ne crois pas que ma fleur aurait poussé dans ce jardin.

    Courage, Lapinos, courage. Regardez du côté de celles qui se rient de l'intellect.

    1001

  • Suis désolé si je vous ai paru malheureux, ou même mélancolique : je ne le suis pas, juste impatient de l'apocalypse. Je n'ai jamais été en aussi bonne santé, donc aussi heureux.
    - C'est le principal reproche que je fais aux femmes : faire passer le bonheur pour autre chose que la bonne santé - un nirvana qui n'existe pas (purgatoire/sécurité financière/avenir) ; elles font ainsi le jeu des esclavagistes, dont le régime repose sur la frustration, le dolorisme.

  • Toutes des salopes !

  • Le malheur amoureux n'est jamais bien éloigné de la mauvaise santé. La médecine balbutiante comprenait d'instinct que les "humeurs" bouffaient les entrailles. La médecine chinoise, éloignée des dogmes d'ordures scienteuses et affairistes du "parcours de santé", fait une analogie entre la dépression et le mauvais fonctionnement d'organes essentiels tels que le pancréas, ainsi que la synthèse déficiente des vitamines A et D (plus difficilement remplaçables que la vitamine C et E).

    Alors, Lapin, ne fait pas l'erreur de ceux qui y laissent leur santé mentale et leurs tripes.

  • Mais je vais bien dans votre sens, macp ; Roméo et Juliette, tombant amoureux, s'abaissent au-dessous du niveau de l'animal, qui conserve toujours dans le domaine des choses nécessaires ou naturelles une dignité supérieure à l'homme.
    F. Bacon le dit autrement : "Il n'y a pas d'exemple dans l'histoire de grand homme mû par la passion amoureuse." La passion amoureuse est le ressort des élites bourgeoises génocidaires, qui, si elles ne maintenaient le peuple à un tel niveau de crétinisme, se priveraient des meilleures garanties bancaires.

  • Peut-être encore une histoire de reflet ces malentendus. Bizarre cette tendance à se voir sans se voir dans les dires des autres, et par le même tour de magie, dans la saleté du monde (je ne parle pas pour toi Lapinos, plutôt des réactions suscitées en te lisant). Mais le monde est pas complètement pourri, sans aération, sinon on pourrait même pas les voir les étoiles.

  • Oui, il y a les étoiles. La pourriture du monde n'empêche pas d'aimer les étoiles, et les étoiles de nous aimer. Dans l'enfer du Danemark, tournons-nous vers les étoiles tant qu'il est encore temps. Tous sont appelés, mais il y aura peu d'élus. Aucun de ceux qui auront rendu un culte à la nature.

  • Lapinos, j'avais oublié combien vous étiez intellectuel et politique, je m'en excuse. Peut-être est-ce la distance des villes, la proximité avec Dieu, la proximité des plaisirs simples de la vie comme l'amour, peut-être est-ce cela qui m'a fait, une fois de plus mal comprendre ce que vous écrivez.

    Les références, sachez-le, sont des pensées d'emprunt qui, quelque soit leur nature font partie de la "matière".
    Le spirituel est la voix du coeur, voix qui est souvent muette car ne pouvant exprimer véritablement la puissance des ressentis.

    Le combat de théories est au final bien terne et peu importe de savoir quels livres disent vrai. Ce qui dit le vrai, c'est le coeur, c'est l'amour terrestre, reflet de l'amour pour Dieu.

    Le reste, mon ami, me semble bien lointain, bien peu de choses, bien formel et bien relatif.

    Un pur chrétien comme vous devrait rechercher la vérité dans les exercices ignaciens plutôt que dans Shakespeare, aussi génial soit-il. Car l'exercice vous ferait trouver ce qui est vrai en vous dans le Christ et non ce que votre intellect a trouvé juste.

  • Weugy : chercher le reflet est le lot des femmes et des fiottes.

    Un commentateur causait femmes et malheur ; semblant mieux connaître le Lapin que moi (qui ne suis pas son pote, juste un lecteur de longue date, bien) ; j'en déduisis qu'il avait bobo au coeur. Quant au monde, sa pourriture est un ferment, un mal dont le chrétien peut témoigner, de son fumet le chrétien peut témoigner.

  • Je me suis emmêlé les pinceaux sur la dernière phrase mais vous aurez compris.

  • Parler de la tendance à refléter n'équivaut pas forcément à chercher le reflet, c'est plutôt l'explication que j'ai pu trouver aux conclusions tenant sur les malheurs amoureux du lapin que vous avez émises. Me suis peut-être trompé du reste. Et
    Je ne comprends pas non plus votre histoire de bobo au coeur mais dans le cas où vous me compareriez au commentateur dont vous causez, rassurez-vous, mon coeur n'a plus de bobo depuis un bon moment.

  • @1001 nuits : Si le Français était animé par des convictions politiques, il serait Japonais. Tout l'effort de l'intellectualisme ou de l'art abstrait est de faire croire qu'il y a quelque chose de spirituel dans l'éthique ou la politique.
    - Pratiquement, l'acculturation de la France à la philosophie morale allemande par les élites républicaines depuis la Libération vient de là : de ce qu'il n'y a presque rien dans la pensée française pour fonder la ploutocratie européenne. Si vous croisez un Français qui accorde à la politique plus que le moyen terme et la capacité organisatrice, vous pouvez considérer que c'est un étranger dans son propre pays. Coupez le robinet de la propagande politique en France, la censure par l'effet du monopole de l'industrie sur la presse, et la France cessera de voter, car la France n'est pas un peuple de dévots. Il serait souhaitable que les abrutis de droite qui prônent le modèle économique yankee aillent se faire voir aux Etats-Unis : même eux je ne suis pas sûr qu'ils s'y acclimateraient.

  • @1001 nuits : vous avez raison, Ignace est un théologien plus musulman que chrétien. Vous devez comprendre que apôtres de Jésus-Christ considèrent naturellement comme suspecte toute spiritualité qui s'accorde avec l'élitisme, et donc toute spiritualité "cléricale". Je vous rappelle que l'assassinat de Jésus a été commandité par des prêtres, conscients que le message évangélique leur faisait perdre tout crédit. Tout prophète doit s'attendre à rencontrer l'hostilité du clergé dominant. Comme Shakespeare, j'ai confiance dans le fait que le clergé n'empêchera pas la prophétie de s'accomplir.

  • Sur votre remarque quant à la politique, je suis d'accord sur la recherche d'un sens éthique ou spirituel. Mais n'est-ce pas de la faute des chrétiens d'avoir ouvert la porte à l'intellectualisme ? Ou du moins, est-ce la faute du Vatican qui au nom de prouver un certain nombre de dogmes, les a tant sur-analysés que la raison est devenue prépondérante sur la foi au sein même de l'Eglise. De plus, cela ne date pas d'aujourd'hui, les débats sur la Sainte-Trinité par exemple étant vieux comme l'Eglise de Rome elle-même.

    La société actuelle porte ces résonances psychologiques qui sont le témoin d'un appauvrissement continu de la foi.

    Votre remarque sur les apôtres me laisse perplexe. Eux-mêmes étaient des élus et créent l'Eglise pour guider le peuple. Certes, l'Eglise ne souhaite pas qu'il y ait des élus en son sein, et je vous rejoins sur ce point, des gens avec un contact direct avec Dieu, mais préfère que les lois "raisonnables", émises du gouvernement central soient appliquées. Les prophètes ont toujours eu quelques problèmes avec l'establishment.

    Est-ce que nous avons vraiment progressé aujourd'hui ? Est-ce que les politiciens français de tout bord ne sont pas dans le même rapport à un Etat que les clercs raisonnables avaient avec le Vatican ? La foi en moins, mais avec une réminiscence ésotérique d'une vague éthique cachée quelque part dans l'inconscient collectif révolutionnaire j'imagine.

  • - Pour un chrétien, l'éthique n'a rien de spirituel. Le messie des chrétiens méprise de façon ostentatoire les questions éthiques.
    - Les évangiles disent que seul le rapport individuel avec dieu est possible : les rapports sociaux détournent donc de dieu, systématiquement. Dieu est la vérité, non pas comme chez les Egyptiens sous forme de loi mathématique ou géométrique, mais une vérité à laquelle la nature vivante, la science physique fait obstacle. Une vérité cachée, tandis que les lois physiques sont omniprésentes.

    - Je discutais récemment avec un ami musulman kabyle, et il me disait : "Tu ne peux pas vouloir la vérité, Lapinos, car si nous connaissions la vérité, ce serait la fin du monde." J'ai été sur le coup un peu interloqué par tant de sagacité chez un homme de condition modeste et qui n'a quasiment pas étudié, car il exprimait en une phrase la cause du clergé, et pourquoi celui-ci est le principal obstacle sur le chemin de la vérité ; en effet la vocation que le clergé banal se donne est de faire durer le monde. C'est aussi pourquoi les évangiles sont apocalyptiques et eschatologiques de A à Z.

    - Le raisonnement dogmatique n'est pas chrétien, pour une raison très simple : charité et vérité ne peuvent revêtir la forme juridique qui est celle du dogme. Sous prétexte de conservation de la vérité, on l'altère en réalité, et la parole de dieu, qui est éternelle, se passe d'une telle défense, uniquement conçue pour le confort du clergé.

    - Le christianisme social est la pire calamité de tous les temps. Pire que le nazisme ou le communisme, qui ne sont que des réactions à cette doctrine extraordinairement inique. Je ne peux que recommander la plus grande méfiance vis-à-vis de la science ou de la sagesse qui émane de ce cloaque intellectuel. Elle a pour double effet de couper l'humanité de la rationalité païenne, tout en subvertissant le message évangélique. Shakespeare-Bacon est le prophète qui a le mieux anticipé ses ravages, tout en fournissant l'explication historique d'une telle descente aux enfers : le besoin de l'élite occidentale d'une justification théologique à ses entreprises, sur la base d'un message évangélique qui prive l'éthique et la magistrature de tout fondement spirituel. L'éthique occidentale peut se résumer d'après Shakespeare entièrement au stratagème de ses élites. Vous ne pouvez pas comprendre le monde moderne, si vous ne comprenez pas que les nations sont déterminées contre la force de l'Esprit et la parole de dieu, consciemment ou pas - parole de dieu qui annonce leur fin tragique, minées par la bêtise, dans un étang de feu et de soufre.

  • - Sur votre conception du rapport à Dieu, quoi de plus musulman ? Quoi de plus hindou que cette conception ? Je suis bien d'accord : la religion en tant qu'organisation sociale détourne de Dieu et cela est malheureusement assez vrai pour les soufis eux-mêmes dès lors que ceux-ci sont organisés en tariqas ayant des prétentions sociales ou politiques. Nous pourrions parler dans ces conditions du rôle du maître spirituel qui peut être tout bon ou tout mauvais, mais qui reste l'échelle la plus grande de l'aide spirituelle dans ce monde. Si vous ne voulez jamais rencontrer Dieu, écoutez les prêtres.

    - Sur votre second point, je suis bien d'accord avec vous une nouvelle fois. La religion, comme organisation sociale, entend faire perdurer son existence et donc considère que la continuation du corps social (et donc de l'ordre "établi") est le principe fondamental. Or, en islam, on rappelle qu'on ne peut vouer un culte qu'à un seul dieu : si ce dieu est société, alors il n'est pas Dieu.

    - Là encore, sur les dogmes, je vous suis. Les dogmes religieux ont un champ d'application externe, visant à organiser extérieurement les choses. Or, leurs inspirations sont des textes religieux qui parlent de l'intérieur de l'homme. La confusion est faite par des gens intellectuels qui ont des visées d'ordre social. Par contre, c'est un contresens premier.

    Cela est vrai dans toutes les religions et c'est tellement simple comme constat que c'est étonnant que peu de gens le réalise : la vrai religion est le chemin intérieur. La fausse religion interprète comme des règles sociales les recommandations de cheminement intérieur faites par les prophètes et les saints. Le message est donc structurellement altéré.

    Les soufis ont résolu cette équation en parlant du nécessaire duo entre exotérisme (dogme) et ésotérisme (spiritualité). Ils respectent le dogme (sharia) mais travaillent au fond sur la dimension intérieure.

    - Pour le dernier point, c'est bien ce que pensent beaucoup de musulmans. Le christianisme originel est considéré comme compatible avec l'islam, et de manière générale avec la tradition abrahamique. Par contre, l'Eglise est une entité étrange du point de vue des musulmans, comme un ramassis de tout ce que l'islam a fait de dogmes. Il va sans dire que le protestantisme et ses diverses manifestations anglo-saxonnes sont vues comme des parodies démoniaques de la religion.

    Mais manipuler l'islam a toujours été un but des gouvernants et, dans beaucoup de régimes, la sharia a toujours été la seule alternative, les alternatives spirituelles permettant la relation directe avec Dieu étant interdites.

    Finalement, les ennemis de l'Occident sont souvent plus proches des fondements de la relation avec Dieu.

    Le monde occidental actuel est clairement démoniaque. Il voit observer les ennemis qu'il désigne pour y trouver souvent plus d'authenticité religieuse et donc, de vision radicalement différente du monde.

  • - Je croyais que les apôtres de Jésus-Christ étaient les seuls à ne pas supporter l'iniquité de la science juridique ou mathématique des hommes. Je suis ravi d'apprendre qu'ils ne sont pas les seuls.
    - Pourquoi mettre en avant cette "intériorité" ? Vous avez l'air de sous-entendre que le meilleur moyen de comprendre l'amour de dieu est de fermer les yeux ? Les chrétiens ne se fient pas à l'âme et sa petite voix tremblante intérieure, et n'y voient qu'un simple principe vital. Il leur est plutôt recommandé de s'oindre les yeux. Comme si dieu était "évident", et que les hommes étaient incapables de voir, repliés sur leur for intérieur.
    - J'emploie "ésotérique" pour ma part dans le sens d'un culte de la nature qui ne dit pas son nom (celui exprimé par l'Eglise romaine, par exemple), d'une incitation religieuse au sacrifice profitable à la religion et non à Dieu : celle qui déclenche la colère de Jésus-Christ contre les pharisiens et leur commerce d'offrandes.
    - L'Occident est tout-puissant, donc il est nécessairement démoniaque pour un chrétien, car la toute-puissance vient de Satan.
    - Luther s'est retrouvé pris dans un piège politique, celui dans lequel Shakespeare évite soigneusement de tomber : dénoncer la trahison d'un clergé au risque d'en susciter un nouveau, qui peu à peu retombe au niveau culturel ou musical, dépourvu de spiritualité, où se situe la religion païenne banale que l'antichrist Nitche qualifie de "dionysiaque". Shakespeare montre plutôt que le jugement moral d'autrui est un signe de bêtise, suicidaire pour celui qui le pratique. Science et spiritualité sont pour Shakespeare synonymes.

  • - En islam, la science juridique existe et repose sur le Coran et la Sunna. Les juristes sont respectés mais ils ne sont pas considérés comme la seule source de vérité. De plus, ils peuvent être en contradiction. La "loi juridique" est donc toujours un terrain de débat.

    Les mathématiques ne sont pas une fin en soi. En Occident, on a un peu tendance à être dans la caricature. La science en tant qu'elle s'occupe du matériel est acceptable. Si elle devient scientisme, effectivement, elle outrepasse ses droits et devient intrusive dans les affaires humaines.

    - La tradition de l'"intérieur" est juste une façon de présenter les choses. Voir Dieu en toute chose est "ésotérique", dans la mesure où cette vision n'est ni facile à partager ni facile à démontrer (à des athées). Je pense donc que nous sommes juste sur un problème de vocabulaire, deux représentations de la même chose.

    Cette tradition intérieure est typique des religions orientales. Il se passe des choses "au dedans" qu'il est hasardeux ou difficile d'exprimer. Le chemin spirituel est donc un chemin qui ne requiert pas forcément de manifestation externe ou "sociale". Maintenant, voir Dieu en toute chose, c'est très musulman ou hindou.

    - Effectivement, nous différons sur le sens du mot ésotérique. Esotérique, pour moi, est ce qui est caché, ce qui n'est pas manifesté. Le dogme est la manifestation extérieure de la religion, le cadre. La spiritualité est le chemin du coeur, le chemin ésotérique, un chemin spirituel sur lequel le coeur capte progressivement des vérités indicibles, au fur et à mesure de sa purification. L'ésotérisme est cet ensemble de messages cachés, cachés non parce qu'on veut les cacher, mais parce qu'aucune tournure satisfaisante ne les rend exprimable et partageable. Car nous lisons avec notre esprit et donc avons tendance à lire avec la tête. Or il nous faut éveiller le coeur. Et on ne parle au coeur qu'avec des détours (comme Jésus avec ses métaphores).

    - La toute puissance de Satan est occidentale. C'est cette vision qui condamne l'islam vu d'Occident. Pour autant, cette toute puissance est relative si l'on est religieux. Satan peut nous punir socialement, mais pas sur les choses qui comptent. Mais il en va de même de tous les humains religieux.

    - Je suis bien d'accord alors avec Shakespeare, car la vraie "Science" est la "Science de Dieu", la science actuelle n'étant qu'un reflet de cette source infinie. Il est vrai que le Protestantisme donne cette image : celle de jeter le bébé avec l'eau du bain - et donc de tuer la spiritualité chrétienne et de défendre des positions radicalement anti-chrétiennes (amour de l'argent, de l'ordre établi, rigorisme, etc.). A noter que des poches spirituelles continuèrent d'exister chez les Protestants, mais je trouve étrange de sanctifier une attitude de "protestation" : c'est se mettre d'emblée dans le monte matériel et relatif des hommes et non dans le rapport avec Dieu. Au final, l'Eglise de Rome est bien plus fertile de part ses tolérances à certaines formes diverses de la spiritualité chrétienne, même si le dogme tente de prévenir cela. Les saints, on les malmène mais au final, tout le monde aime bien qu'ils existent ; comme les pénibles qui disent la vérité. Ils ennuient tout le monde, mais au final, on trouve plutôt bien qu'ils existent et puissent s'exprimer :)

  • - Au contraire le christianisme, après le judaïsme, considère la vérité énoncée en termes juridiques comme subversive (égyptienne). Le cavalier noir portant une balance, dans l'apocalypse chrétienne, est significatif du fléau de la justice des hommes.
    La question que je me pose forcément à propos de l'islam est la même que celle que Shakespeare soulève concernant l'étrange christianisme médiéval, où les symboles païens sont apparents comme la verrue poussée sur le visage d'une jolie femme : dans quelle mesure l'islam ne véhicule-t-il pas, consciemment ou pas suivant le degré d'intelligence de ses clercs, le culte païen alchimique des Egyptiens, dans lequel les juifs et les chrétiens spirituels reconnaissent aisément la marque du diable, une culte dont la vertu est de se répandre partout à la surface de la terre, mais qui se retournera à la fin des temps contre ses adeptes, qui seront précipités dans l'étang de feu et de soufre.

    - Vous ne définissez pas le scientisme utilement, tel qu'il est, à savoir l'attribution d'un caractère divin à une recherche scientifique qui ne poursuit en réalité qu'un but pratique. C'est la technologie qui est envahissante : non seulement elle n'a rien de spécialement occidental, mais c'est en Occident que l'on trouve le plus de détracteurs de cette "science inconsciente".

    - Dieu n'est pas "en toutes choses" pour un juif ou un chrétien : il n'est pas dans le phénomène vital, associé au diable dans la Bible. Vous pouvez ainsi comprendre la méfiance des chrétiens vis-à-vis de la médecine en général, et en particulier celle du blasphémateur contre Dieu et négationniste Sigmund Freud : non pas qu'il soit interdit de se soigner, bien sûr, mais en raison de la proximité entre la sorcellerie ou la religion païenne et le discours médical (cf. Carl Jung). Comprenez que la foi païenne dans un au-delà théorique remplit une fonction sociale & thérapeutique, que de nombreux suborneurs d'âmes ou esclavagistes savent très bien utiliser dans un noir dessein.

    - Sur le protestantisme, le discours de la sociologie est totalement faux. La théologie protestante, non seulement est aussi variée et diverse que les "Lumières françaises", mais elle n'est en rien compatible avec le libéralisme. La réalité historique est bien différente : l'ordre moral catholique romain était attaché au monde paysan, et il s'est écroulé avec lui. Point. Si vous préférez : il est parfaitement aberrant de chercher à discerner si Shakespeare est catholique ou pas. Shakespeare se montre conscient qu'il y a, d'une part, la vérité universelle, et de l'autre l'adaptation mensongère de cette vérité par le clergé aux différents régimes politiques et moeurs en fonction des circonstances.

    - Vous vous trompez lourdement à propos de l'Eglise romaine : c'est actuellement une véritable chienlit. En France, il n'y a guère de milieu plus pourri et lâche. Elle se situe à peu près au niveau de l'hystérie et du culte de la personnalité de l'évêque de Rome. Tolérante certainement pas, sauf à la considérer comme une maison de tolérance. La tolérance ne consiste pas à dire n'importe quoi et y apposer le sceau de Jésus-Christ : ça, c'est l'iniquité.

    - Demandez-vous plutôt pourquoi les Etats-Unis, dont l'expression politique la plus courante est celle d'un culte solaire, la démocratie une promesse d'enrichissement faite aux pauvres, pourquoi cette nation tient absolument à se présenter comme judéo-chrétienne. Pourquoi elle n'opte pas logiquement comme Hitler ou Nitche pour un retour au paganisme ? (je vous parle des Etats-Unis comme d'un empire romain effectif). Il y a plusieurs explications à ça, dont aucune n'est la tolérance.

Les commentaires sont fermés.