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Des Nouvelles de Satan

Il faut, pour comprendre Satan, étudier la science physique. Sauf les médiocres moralistes allemands des XIXe et XXe siècles, retournés au byzantinisme médiéval et auxquels les Français réservent le mépris dû aux philosophes régionalistes, tout le monde est conscient que la "science physique", d'une part, et la "métaphysique" de l'autre, définissent deux ordres divins opposés ou contradictoires.

- Plus simplement : ou bien vous êtes païen, suivant la formule égyptienne probablement la plus pure du droit naturel ou physique, et dans ce cas la métaphysique est dans le prolongement du plan physique, l'"au-delà" pratiquement fait pour stimuler la volonté (cela implique par ailleurs une conception du cosmos teintée de vitalisme : l'univers est, à l'image des espèces vivantes, en perpétuelle mutation). Ou bien vous êtes juif ou chrétien, et dans ce cas la métaphysique est un mode de pensée qui s'élève contre la physique. Le païen se résout à la condition humaine, et cherche dans la culture un baume apaisant contre le caractère inexorable de la condition humaine. Le chrétien, au contraire, se rebelle contre la condition humaine, et n'évite pas par tous les moyens de divertissement de regarder la mort en face.

- En résumé, les chrétiens (je ne parle pas d'un imposteur comme Benoît XVI, qui se réfère constamment à une philosophie allemande totalement extérieure au christianisme, athée, et qui correspond au plus bas niveau jamais atteint par la philosophie européenne), les chrétiens ne se privent pas d'étudier la détermination macabre de l'existence humaine. Celle-ci l'est au point qu'il n'y a de "personnalité morale" possible, au sens juridique, sans cet effroi de la mort. Qu'il s'agisse du fantôme de l'Etat, où des personnes qui cultivent leur identité ainsi que les fantômes font.

Comme dit Hamlet, pour résumer l'état d'esprit du Danemark/Occident antichrétien : fuyant la mort, il se précipite au-devant d'elle. C'est une définition de l'âme d'un terroriste, ici, que Shakespeare prête à la pensée humaine incapable de s'élever au-dessus de l'éthique.

Il convient dans l'Egypte antique, comme dans tous les régimes totalitaires qui en reprennent le schéma, d'encourager cette peur, afin de consolider l'architecture sociale et politique. C'est le problème que pose le christianisme authentique de saint Paul ou Shakespeare dans toute société : l'évangile chrétien désacralise la mort - en cela il est fondamentalement antisocial. La société n'a de valeur qu'aux yeux des lâches, dit le christianisme. Dès lors qu'un soi-disant théologien chrétien prétend concilier le christianisme avec une doctrine sociale, vous pouvez être sûr que c'est un menteur et un traître de la pire espèce - la plus dangereuse pour l'humanité. Shakespeare a tout dit sur le "modus operandi" d'un tel type de traître, et que sa fonction est requise par l'élitisme politique. Sans aucun doute c'est à un tel subterfuge démoniaque, sous le masque chrétien, que Molière réagit. Un étranger à l'Occident n'y comprendra jamais rien, tant qu'il ne comprendra pas que l'Occident est le terrain d'une lutte à l'intérieur du christianisme, entre des chrétiens aussi éloignés que Molière l'est de Richelieu.

Dire que Satan est un personnage de premier plan dans l'art et la littérature française (si l'on ne fait pas cas du roman bourgeois, qui n'a aucune espèce d'intérêt scientifique), cela revient à dire que l'art français adopte une position critique vis-à-vis de la condition humaine. L'absence de discours critique vis-à-vis de la condition humaine n'est que bavardage religieux.

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