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Société civile

... quand tu nous tiens par les bourses.

L'hypocrisie et le double langage de la société civile française se traduit par le fait de clouer au pilori des écrivains néo-païens tels que Drieu La Rochelle, Brasillach, Maurras ou Dominique Venner, tout en permettant l'éloge de la doctrine réactionnaire de Frédéric Nitche, son étude pieuse dans l'université.

On a bien une idée de la veulerie indécrottable de l'homme à travers l'idée de société civile, puisque l'éloge de Nitche traverse tous les "courants de pensée" de cette société civile, dans lesquels le prêtre de Zarathoustra lui-même n'aurait vu, en fait de "courants", que des petits marigots boueux. Champion de la veulerie à la française : le parti démocrate-chrétien et sa farine anthropologique - le parti de Sganarelle.

Il n'y a guère aujourd'hui que le musulman fier de l'être et qui défie les autorités, à ressembler à Nitche.

Il y a bien une différence entre les fachistes français cloués au pilori et le prêtre de Dionysos. Tandis que les premiers insultent les juifs et la "race juive" improbable, sans se mêler des prophètes et des juifs fidèles à Moïse, le second réserve sa vindicte à ces mêmes prophètes. Le "juif moderne" délègue en quelque sorte à Nitche le soin d'insulter Moïse, manquant d'audace pour le faire lui-même.

Le destin de la doctrine de Nitche en France ne s'accomplit pas dans la restauration de l'esprit aristocratique de "l'hyperboréen", tourné en dérision par Shakespeare : il s'accomplit dans le catéchisme du lécheur de bottes de l'homme moderne. Car voici à quoi sert le nitchéisme, c'est-à-dire le satanisme d'ancien-régime - dans tous les domaines où il est requis encore un peu d'ardeur virile, à savoir le bombardement des populations étrangères, la saillie des dernières bonnes femmes consentantes, la vitupération de Jésus-Christ et des apôtres, la conduite et le pilotage des machines, la rébellion inutile sauf pour cautionner la police municipale, l'auto-crucifixion de l'artiste - la culture de vie est faite pour servir de bréviaire aux larbins de la culture de mort. Voilà le secret de la tolérance vis-à-vis de la doctrine réctionnaire de Nitche, pourvu qu'elle n'empiète pas trop sur les droits de la moraline. La culture de mort moderne est bien trop nihiliste pour se féconder elle-même. Le curé nihiliste se rit des cultures identitaires les plus transgressives ; la seule chose qu'il redoute, c'est l'individualisme.

Si l'on veut bien prendre un peu de recul sur l'histoire récente, se détacher du catéchisme moralisateur que les institutions républicaines ont mis à la place, on verra que c'est le même rôle joué par Napoléon, Hitler ou Staline, que celui joué par Nitche, de féconder la culture moderne et redonner à son néant un but et un sens. L'existentialisme dans sa version sartrienne ou proustienne, comme dirait Marx est un pur onanisme. L'activité principale du philosophe moderne est de tirer les marrons du feu, et de se repaître de tout ce qui, bon ou mauvais, n'a pas été produit par lui, mais que sa ruse lui a permis de s'approprier.

C'est aussi, plus inconsciemment encore, l'usage de la matière dans les pures hypothèses rhétoriques de la science moderne, de fournir aux syllogismes une apparence de rationalité. Elle réapparaît seulement au stade de la mise en oeuvre. L'idée d'univers infini est une pataphysique improbable, dont la seule preuve repose sur l'efficacité du chimiste, non à produire de l'énergie, mais à permettre son usage civil et militaire. L'extrême danger de la science physique moderne, d'ailleurs entre-aperçu par Nitche, est l'onction éthique accordée à cette science. Le technicien a entre les mains un outil et un usage, auxquels des professeurs d'éthiques imbéciles et irresponsables prêtent le sens mystique le plus débile.

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