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Le bonheur, encore...

L'aspiration au bonheur est le plus archaïque mouvement social, et sa persistance à une époque aussi reculée que la nôtre nous incite à croire, à l'instar de Nitche, que le progrès n'est qu'une illusion, le but commun restant le même, et les méthodes modernes pour y parvenir - drogue & cinoche - laissant elles aussi sceptiques quant au perfectionnement qu'elles sont censées représenter.

Si Nitche est représentatif de la mentalité française, notamment parce qu'il est le plus incitatif à voir dans la culture américaine une culture masochiste. Un publiciste américain a parlé du "quart d'heure de gloire" ambitionné par l'homme moderne ; de même, sachant le rapport de la gloire et du plaisir, on pourrait parler d'un "quart d'heure de jouissance". Or, du point de vue français, un quart d'heure ce n'est pas assez : à quoi bon les sacrifices exigés par le progrès, si c'est pour jouir un quart d'heure tel un Américain moyen ?

Athée, le Français l'est surtout en raison de sa méfiance vis-à-vis du progrès, à l'exception de tout un tas de producteurs et de consommateurs compulsifs de gadgets.

Quant aux juifs et aux chrétiens, accusés par Nitche d'être "progressistes" et de répandre une éthique parfaitement irrationnelle, telle que l'égalité, en réalité ceux-ci sont dissuadés d'attendre un quelconque progrès visible en dehors du salut, réservé à quelques fidèles, et de la révélation qui marquera la fin de l'histoire pour toute l'humanité, et le soulagement général de celle-ci de ses souffrances absurdes, selon une description analogue à celle du mythe de la destruction des chars de pharaon par la mer rouge. Quiconque prétend compléter la parole divine d'une quelconque doctrine sociale sous-entend la participation de l'humanité au salut, doctrine incongrue en même temps que matrice des idéologies sociales totalitaires. Pour faire du christianisme une religion de masochistes et de faibles, à l'instar de Nitche, il faut lui ôter tout ce en croit Nitche ne croit pas - histoire, divinité de Jésus et résurrection, apocalypse, sans oublier Satan, en tant que démiurge et puissance vitale, équivalent de Prométhée.

La volonté de puissance de Nitche, qui se renforce du refus d'envisager l'existence sous le respect de la mort par-delà la vie biologique, et se décharge des devoirs inutiles que ce respect engendre, est sans doute plus propice à la jouissance que l'éthique moderne, qui promet la récompense de la vertu dans l'au-delà. Cependant la charité chrétienne n'est pas dans cet absolutisme éthique moderne ; bien au contraire, le christianisme relativise encore plus que Nitche la vertu et ses bénéfices.

Nitche propose de réduire la voile de l'anthropologie au strict nécessaire. En fait d'anthropologie chrétienne, il n'y a que des discours rusés, puisque la mort de dieu, sa réduction au langage ou à des personnalités juridiques surpuissantes n'est autre que le produit de l'anthropologie dite "chrétienne", flatterie de l'homme derrière l'éloge de sa faiblesse.         

 

 

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