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Culture de vie

Selon l'affirmation de l'antichrist Nitche, la "culture de vie" est le fondement de la civilisation. Le mythe de la Genèse ne dit pas autre chose, puisque le serpent symbolise la vitalité ; les thaumaturges le prennent volontiers pour emblème.

Il faut une certaine dose de "savoir-vivre", non pas au sens des bonnes manières, mais plutôt de l'endurcissement du corps et de l'âme afin de mieux résister aux petits et grands coups du sort, pour accorder du prix à la vie, qui n'a pas de logique en dehors d'elle-même, c'est-à-dire de la jouissance. L'ironie permet souvent à ceux qui savent jouir de s'accommoder de l'absurdité de la vie. C'est une façon de parer la douleur engendrée par la vanité ultime de la vie.

Rien de plus raisonnable que le suicide pour des individus qui, ayant acquis le savoir-vivre, constatent le déclin de leurs forces vitales et ne peuvent plus rien faire pour l'enrayer, s'exposant ainsi gratuitement aux seules choses amères. Or sur ce point, on aboutit à un paradoxe surprenant : le suicide est bien plus "tabou" dans la culture moderne, bien que celle-ci ne soit pas une culture de vie, qu'il ne l'était dans l'antiquité païenne. Ce paradoxe n'est qu'apparent : une détermination culturelle masochiste, comme c'est le cas de la culture moderne ou encore de la plupart des femmes, exige un garde-fou plus élevé, un interdit religieux plus fort. Le manque de vertu, répandu dans les sociétés modernes et qui permet la domination des masses par quelques-uns, est à la fois le ciment de la société totalitaire et ce qui garantit son implosion révolutionnaire. La rhétorique totalitaire est bel et bien un ersatz de message chrétien ; c'est ce qui explique que des régimes ploutocratiques, aussi nettement éloignés du modèle du Christ Jésus que peut l'être un missile balistique baptisé par un aumônier catholique, continuent de faire référence au judaïsme ou au christianisme.

Dans la culture moderne, la vie a un prix d'autant plus inestimable que la jouissance est réduite. On peut parler de "culture de mort" comme Nitche, ou encore de "culture de vie inconsciente", car la mort n'est visée dans la culture moderne que comme un souverain bien, une jouissance définitive plus mystique encore que celles que la vie procure de temps à autre. A cela on reconnaît que la culture moderne démocratique n'est pas chrétienne, contrairement aux dires des papes catholiques et des petits et grands actionnaires de l'Occident.

- Quand Léopardi écrit que "Le suicide prouve dieu", il exprime là le point de vue de la métaphysique, selon lequel le pouvoir de la nature (Satan) sur l'homme n'est pas illimité - l'homme peut volontairement s'affranchir de la culture de vie, parce que celle-ci ne répond pas à son besoin de science.

Le suicide, direct ou par privation masochiste des plaisirs naturels, ne permet pas de connaître dieu, mais il prouve son existence, puisqu'il est aussi difficile à l'homme de trouver le sens de l'existence qu'il est aisé au singe de le découvrir. La culture moderne est donc hantée par le fantôme de dieu, sa probabilité, en même qu'elle est plus éloignée encore de dieu que ne l'étaient les sociétés païennes antiques.

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