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L'Education chrétienne

Il n'y a pas d'éducation chrétienne à proprement parler. On peut enseigner la vertu, mais non l'amour ou la vérité.

La vertu n'est pas un principe universel ; chaque civilisation promeut sa conception de la vertu, et les civilisations sont mortelles.

L'éducation s'adresse aux enfants suivant le sexe ; elle leur impose, par exemple, une soumission plus grande à l'autorité, en même temps qu'elle s'efforce de préparer leur émancipation. Les vérités évangéliques s'adressent à tout le monde, sans distinction d'âge ni de sexe ; contrairement à l'éducation, les vérités évangéliques sont impropres à servir de cadre à la vie civile.

Que penserait-on d'un médecin qui inscrirait sur sa plaque professionnelle : "Médecin chrétien" ? On penserait qu'il mélange l'art de soigner et la question du salut.

Il est important d'opérer cette distinction entre les choses relatives et la vérité éternelle car l'erreur de l'homme moderne découle largement de la confusion entre les choses temporelles ou séculières et la vérité éternelle. Ainsi, dans l'idée de démocratie moderne, la nécessité politique et une aspiration spirituelle, à la liberté et la vérité, se télescopent.

Est-ce à dire que la vertu est inutile dans la perspective du salut chrétien ? Les évangiles enseignent que le salut n'est pas réservé aux hommes vertueux. L'amour et le salut se situent donc par-delà les efforts que font les hommes pour trouver l'équilibre et se sentir heureux. C'est une chose difficile à comprendre pour l'homme, dont le mobile inné est une quête de puissance ou de force naturelle. Pour autant, le christianisme n'est pas, comme certain fameux athée l'a prétendu, un culte rendu à la faiblesse ou une morale laxiste.

En matière de vertu ou d'éducation, on peut faire la même réponse que Jésus-Christ fit à une question similaire qui lui fut posée par des Juifs sournois : "Rendez à César ce qui est à César !". Jésus n'est pas venu dans ce monde pour enseigner la vertu, qui se peut très bien déduire de la nature, mais pour enseigner la vérité, qui échappe naturellement largement à l'homme, en raison de sa quête désespérée de puissance.

Commentaires

  • "Est-ce à dire que la vertu est inutile dans la perspective du salut chrétien ? Les évangiles enseignent que le salut n'est pas réservé aux hommes vertueux. L'amour et le salut se situent donc par-delà les efforts que font les hommes pour trouver l'équilibre et se sentir heureux."

    Le distinguo est finement et de plus en plus finement dessiné sur ce blog, mais il y'a une autre question qui me semble d'une semblable importance : La subversion de la vertu qu'entreprenne les régimes démocratiques-technocratiques, la culture de masse, la transgression morale publicitaire, le progressisme ubuesque en général, cette subversion n'est-elle pas une entrave sérieuse à l'amour et au salut ? Dans l'hypothèse qui est la mienne, oui, cette subversion universelle de la vertu recoupe le motif de Bernanos quand il parle d'une "conspiration contre la vie intérieure", et dès l'hors la question non pas d'une éducation chrétienne, mais d'une éducation qui ne rende pas mécaniquement sourd et aveugle à la Parole se pose, et y compris pour un chrétien. Mais laissons à César la charge de changer nos fils en cochons, cette question ne concerne pas le camps des saints.

  • Je ne parlerais pas comme Bernanos d'une "conspiration contre la vie intérieure", mais plutôt comme Francis Bacon d'une "conspiration contre la science" ; pour deux raisons : d'abord parce que le terme de "vie intérieure" est ambigu ; d'une certaine manière, on peut dire que le totalitarisme favorise au contraire la "vie intérieure", c'est-à-dire le "sentiment intime" (à cela on comprend que le totalitarisme est issu des monastères et de la philosophie médiévale) ; secundo, parce qu'on démontrera plus facilement que la "culture scientifique moderne", en vigueur dans les régimes totalitaires, est une conspiration contre la science.
    - Il me semble que, comme Bernanos, vous adoptez systématiquement un point de vue moral et politique, tandis que le point de vue chrétien est apocalyptique ou historique. Augustin d'Hippone l'affirme ainsi, en citant l'écriture sainte : la décadence de Rome ne doit pas préoccuper les chrétiens ; il en va de même de la décadence actuelle de l'Occident.

    - Comme en dernier lieu vous faites le subtil, je vous répondrai sur le même ton que le laxisme actuel est tel qu'il ne peut empêcher un père qui le souhaite d'élever son fils dans la vertu plutôt que dans le laxisme.

  • "Car vos fils et vos filles peuvent crever : le grand problème à résoudre sera toujours de transporter vos viandes à la vitesse de l'éclair. Que fuyez-vous donc ainsi, imbéciles ? Hélas, c'est vous que vous fuyez, vous-mêmes — chacun de vous se fuit soi-même, comme s'il espérait courir assez vite pour sortir enfin de sa gaine de peau... On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. Hélas! la liberté n'est pourtant qu'en vous, imbéciles!"

    Pas si politique que ça l'invitation de Bernanos à l'individualisme anti-mécanique.

    Complot contre la science, et contre l'accès à la science pour le peuple. Et ce complot contre l'accès à la science, qui parachève le complot contre la science elle-même, doit beaucoup à l'usine à cochon qu'est la société, à la subversion de la vertu et des dispositions. Le soucis même de la vérité se tarie pour l'homme dans cette cacophonie, quelque part entre deux tranches d'esclavage salarial, la puanteur du temps, quelques bouffées de paradis artificiels pour mieux supporter l'esclavage salarial et l'irrespirabilité du temps, et toutes les invitations à vivre "en tas" bien porcins que nous envois la société, sans compter les chimères qui chuchotent, les rêveries balnéaires, l'épicurisme publicitaires, les totems technologiques, les tunnels d'addictions carnivores… Et si par hasard l'on s'échappe de ces filets-là, et qu'un maigre désir de connaissance nous effleure, rev'la la prêtrise qui nous aiguilles bien droit vers le néant ! (votre complot contre la science)

    Et si au-delà du bon mot, vous faites vraiment plus confiance aux pères qu'à César, alors qu'un ubuesque César siège dans la tête d'une large majorité de pères, avec sa religion du travail, sa fort naturelle soif de puissance, ses emmerdes conjugales, ses séries à la con et ses gadgets en bandoulières… Les pauvres gosses sont pas rendus ! Le problème est bien que les pères sont marinés au même jus que les gosses tiens, tous dans la pogne de César !

    J'ajoute que je n'ai à ce diagnostic aucun remède qui soit proprement politique non plus. Je ne vote pas, j'ai assez décuité de l'utopisme politique. Je crois que l'effondrement civilisationnel, la mort de la culture plus ou moins vertueuse que la civilisation classique permettait plus ou moins, sont choses inéluctables, que l'histoire ne repasse pas les plats, surtout après des accélérations et des dissolutions telles que le 21ème siècle en fit advenir.

    Rien ne m'interdit par ailleurs à considérer intéressante - et même parfois salubres ! - certaines tentatives disons métapolitiques qui cherchent à pallier au complot contre la vie intérieur, au complot du grand troupeau porcin, ni même dans une moindre mesure les projets politiques qui prétendrait freiner la progression de la contre-civilisation que nous offrons à nos fils. Je veux dire, vous dites parfois que même si quelques hères tombaient sur votre site et s'en trouvaient aiguillés, vous en seriez satisfait. Croyez bien par exemple qu'une contre école qui aurait pour ambition de refonder l'esprit critique, à quelque échelle que ce soit, entre les mailles de l'étatisme le plus cartellisés, et qui le ferait sur de bonnes bases, auraient des retombés semblables sur quelques jeunes têtes. Peut-être même qu'entre deux cours de marxisme sérieux, d'histoire désidéologisé, d'histoire des science conséquente, un court intitulé "Etude de L'Apocalypse selon Saint-Lapin" trouverait sa place ! Pensez au buzz et au pic d'audience pour votre blog, Lapin ! (Blague à part, je ne blague pas vraiment).

    L'ombre qui pèse sur le cerveau moyen n'est pas le complot des prêtres menteurs contre la science. C'est le complot de tous, mères, pères, frères, bonimenteurs, boulangers, prêtres, écrans de fumés, contre le moindre embryon d'intérêt pour la science ! Qui a besoin de science quand on a 150 chaines de télévision ?!

    Mettons que vous ayez raison, que le diagnostic devrait être plus centré sur le complot contre la science. Que vous parveniez à l'étayer dans ses moindre ressorts. Croyez qu'un troupeau de zombie en aurait cure ? Ou les pauvres fils mal nés de tel ou tel zombie ? Telle impasse est fatale diriez-vous peut être, dans votre stoïcisme chrétien caractéristique, si bien renseigné des impasses de l'utopisme… Peut-être… L'activisme échevelé de Marx doit vous apparaître une énigme ! Unifier le mouvement ouvrier ?! Fadaise d'utopiste ! Plus de saison ! Moi je trouve juste qu'il marchait sur les deux pattes, et que c'est votre confidentialité fataliste qui déconne un peu à vue d'œil, d'autant qu'à l'époque de Marx, la conscience humaine n'avaient pas encore connu un tel degré d'encrassage spectaculaire…

    Détrompez-vous par ailleurs, je ne suis pas un animal bien politique moi-même, je suis plus fieffé individualiste que vous ne le croyez, je vis comme un cloporte dans un vieux bouge mal éclairé, n'ai jamais mis les pieds dans un urin… pardon, un enton… pardon, un isoloir, voilà. La focale que je semble à vos yeux mettre sur la question politique ou morale répond juste à l'invalidation systématique (et de votre point de vue pure expression de l'esprit chrétien) de la moindre démarche qui soit même d'un millimètre plus qu'individuelle.

  • L'idée de civilisation est politique ou elle n'est pas. Du point de vue chrétien, naître et vivre dans une période de décadence politique plutôt que dans une époque de maturité et de stabilité des institutions est une chose indifférente. Nous, chrétiens, ne sommes pas actionnaires du monde.

    - Parfois le discours de Bernanos peut faire penser qu'il est un de ces réactionnaires qui fulminent contre la ruine du monde. Je préfère Nietzsche et son éloge de la civilisation AU NOM DE SATAN ; cela mérite d'être clair ; le choix entre Satan et Jésus-Christ est un choix clair - celui de Bernanos ne l'est pas, il l'est d'autant moins que l'Eglise romaine est la matrice du mensonge moderne.

  • "L'idée de civilisation est politique ou elle n'est pas. Du point de vue chrétien, naître et vivre dans une période de décadence politique plutôt que dans une époque de maturité et de stabilité des institutions est une chose indifférente. Nous, chrétiens, ne sommes pas actionnaires du monde."

    Du monde, certes non, mais de nos frères et fils que le monde va engloutir avec lui ?

    Vous me citiez plus tôt Augustin d'Hippone dans le même sens, et je ne pense pas autrement. La décadence de Rome ne me préoccupe pas, non plus celle de l'Occident. Reste qu'entreprendre ce qu'il est possible d'entreprendre pour faire dévier certains hommes, autant que possible, de l'impasse spirituelle où la civilisation mourante les mènes (différente de la malédiction des civilisations en âge triomphant, qui détourne d'ailleurs le salut des hommes par d'autres biais), m’apparaît être une question fort chrétienne, qui me semble compléter la question apocalyptique de la fin inéluctable des forteresses terrestres.

    Votre blog-bouteille à la mer me semble une tentative dans ce goût, tentative de faire dévier quelques égarés (vous d'abord peut être) vers des cieux plus clément, mais je ne comprend pas très bien que vous appeliez "politique" tout ce qui l'outrepasse en ambition pratique. Votre démarche est à la fois très modeste (en moyen et en publicité), et très élitiste (votre adresse aux enfant m’apparaît ainsi parodique à chaque fois que je la lis. Parlons simples : quel enfant vous lis, et quel enfant au monde est disposé, à comprendre vos développements ? Vous comptez peut-être sur les pères parmi vos lecteurs pour traduire en langue de jeune ?)

    Comme d'habitude, je dois vous sembler radoter, en vain gloseur mariné à la "sophistication politicienne"...

  • Le piège ultime de Satan est la démocratie-chrétienne, d'où dérivent tous les autres totalitarismes ; je fais un effort particulier pour dénoncer ce piège. Combattre la démocratie-chrétienne, c'est au moins ne pas contribuer à l'éthique judéo-chrétienne hypocrite et vaine.

    - En ce qui concerne l'enseignement de la vertu aux jeunes gens, c'est d'abord et surtout une affaire d'exemple ; les jeunes gens imitent les hommes forts. Ce n'est pas mon propos ici.

    - Peut-on encore distinguer les pères des fils comme vous le faites, au stade de l'Etat totalitaire où nous sommes ?

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