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La Religion des Jeux olympiques

Décortiquons, démystifions un peu la religion des Jeux olympiques, dont les rituels se déroulent à Paris tandis que la Guerre froide fait rage entre le bloc russe et le bloc OTAN.

- Le sport n'est plus, dans les JO modernes, qu'un prétexte. Le spectacle l'emporte largement sur le sport, et ce spectacle n'est pas spécialement sportif ou physique. On est plus près des jeux du cirque romains que de la pratique sociale du sport par les élites grecques. La santé physique et mentale des compétiteurs eux-mêmes importe peu.

- La performance est le noyau central du sport de compétition : la religion des JO est donc une religion technologique ; il y a entre le sport moderne et le sport antique à peu près la même différence qu'il y a entre l'industrie et l'artisanat. La part non-pragmatique de l'artisanat, c'est l'art ; la part non-pragmatique de la production industrielle, c'est la théorie mécanique.

- On peut définir les Jeux modernes comme une pratique cultuelle. La religion des JO joue un rôle divertissant, un rôle d'opium des masses.

- La religion des JO est une religion romaine, mâtinée de valeurs chrétiennes, puisque les Jeux olympiques sont censés contribuer à la paix entre les peuples, comme l'ONU. Le paradoxe des Jeux de Paris, c'est qu'ils prônent officiellement la Paix mondiale en plein conflit mondial : cependant ils ne sont boycottés par aucun pays, puisque la Russie fait l'objet de sanctions et ne demandait pas mieux que de participer à cette grand messe de l'amitié entre les peuples.

- La religion des JO est une religion mondiale, bien que ce soit une religion conçue en Occident ; les masses s'y reconnaissent largement. Les religions traditionnelles sont ménagées autant que possible : la religion des JO est une sorte de ppcm religieux ; elle est avant tout conçue et financée par les élites dirigeantes pour les masses chrétiennes, bouddhistes, musulmanes, communistes (chinoises), etc.

- Le "tableau des médailles" fournit à chaque olympiade un "indice de conversion" des pays participants assez précis. Il correspond à peu près au niveau de développement de l'économie capitaliste.

- La religion des JO est "catholique" pour trois raisons au moins : elle est plus romaine que grecque ; elle a une prétention universelle ; elle est parfaitement compatible avec le capitalisme ; elle est une sorte de ppcm religieux, ce que le catholicisme fut en Europe jusqu'au Concile de Trente, avant de se fracturer sous l'effet des changements politiques.

- La religion des JO est une religion animiste : le culte de la personnalité des athlètes, leur quête de gloire olympique et le désir des foules de participer à cette gloire, bien que ce soit de la manière la plus passive, en spectateurs, sont les marques de cet animisme.

- La religion des JO est adaptée aux masses : par conséquent comme toute culture de masse, c'est une culture superficielle, remplissant une fonction identitaire (rassurante) et divertissante.

- La religion des JO est profondément antidémocratique : le consentement ou l'adhésion populaire est le résultat d'un conditionnement qui fait penser à celui des compétiteurs eux-mêmes. La menace totalitaire est contenue dans ce conditionnement. La part accordée aux masses est celle de l'idolâtrie ; tout le reste (compétiteurs, sponsors) est ultra-élitiste.

- La fonction politique des JO est une fonction économique capitaliste : il s'agit de persuader les créanciers de la France (notamment asiatiques), que sa capacité d'endettement n'est pas entamée par la crise mondiale. Le déploiement policier exceptionnel est destiné à rassurer les touristes, qui sont en quelque sorte les ambassadeurs du Capital. Chaque mouvement populaire de protestation depuis le krach de 2008 a souligné combien l'Etat se réduit de plus en plus à un appareil d'Etat, dont les actionnaires sont de plus en plus isolés ; et c'est d'ailleurs en cela que l'on peut qualifier cet Etat de totalitaire - son existence dépend de l'abrutissement des foules par les médias de gauche ou de droite.

La religion des JO sert donc à jeter un pont entre la caste capitaliste dirigeante et les différentes minorités, en contournant la classe moyenne, de plus en plus dégoûtée par une économie capitaliste en crise. On a pu constater l'importance prise par le football dans l'Argentine qui traverse une crise économique importante, sans avenir politique.

La religion des JO opère donc comme le suffrage universel au profit d'une "aristocratie de l'argent" (suivant l'expression de Tocqueville), mais elle séduit plus largement une population immigrée, par exemple, qui n'a pas le droit de vote, ou la jeune génération pour qui voter consiste à donner des gages à une politique gérontocratique.

Comment se comporter face à cette religion totalitaire ? Tout d'abord, on peut en déduire qu'il y a trois sortes de comportements humains : le manipulateur actif (le propagandiste) ; le manipulé (passif) ; et le rebelle à la vérité officielle, parfois par simple curiosité comme Winston Smith, ou esprit de contradiction féminin comme Julia.

Si elle peut sembler avoir le vent en poupe, la culture totalitaire et son effet de conditionnement des masses par une petite élite sont en réalité dénoncés depuis près d'un siècle : il n'y a pas là un phénomène nouveau. Orwell montre en outre que l'Etat totalitaire s'épuise à mentir ; les agents de l'Etat doivent se transformer en robots, en principe incapables de remettre en cause la vérité étatique : l'être humain assigné à une condition animale peut se rebeller, car elle est insupportable pour beaucoup d'hommes et de femmes.

Le complotisme qui sévit aux Etats-Unis est la rançon du mensonge de l'appareil d'Etat, quasi-permanent depuis l'émergence de cet Etat au début du XXe siècle : or le complotisme affaiblit les Etats-Unis, rendant une partie de sa population paranoïaque, tandis que l'autre se gave de la culture de masse sous toutes ses formes.

La culture de masse est un poison de l'esprit : elle est comparable au mauvais alcool et au mauvais tabac que Winston Smith consomme, faute de mieux, de sorte qu'une culture supérieure affranchit de la culture de masse.

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