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benoit xvii

  • Triptyque politique (III)

    Quelle nation couve alors aujourd’hui le progrès et la modernité ? L’Inde, et plus encore la Chine, les pays musulmans, sont largement fantasmés par les bourgeois occidentaux afin de légitimer leurs politiques commerciales. On ne s’indigne de la dictature birmane à la télé que pour mieux trafiquer, dans la réalité, avec la Chine. Le “ressort” des libéraux, il n’est pas besoin d’aller le chercher bien loin. Un énergumène comme Guy Sorman, de retour de Chine, avoue la réalité de la misère matérielle et morale des Chinois, immédiatement avant d’énoncer que le système capitaliste est le meilleur des mondes possibles. De Sorman à Pangloss.

    Reste Poutine et la Russie. Plusieurs facteurs semblent indiquer que les Russes sont les seuls à ne pas avoir perdu la tête. C’est peut-être la seule chose que BHL a vue, c’est comme si son instinct lui avait révélé que la menace la plus sérieuse pour son compte en banque et son système de pensée débile se situe en Russie.
    En effet, Poutine semble s’efforcer de tenir en respect ce qui pourrait constituer en Russie une classe libérale irresponsable telle que celle qui s’est emparée du pouvoir à l’Ouest de l’Europe, une classe avec laquelle les catholiques n’auraient jamais dû collaborer : Bernanos l’a fait et il s’en est très vite repenti. Ça n’a pas servi de leçon à tous ces démocrates-chrétiens : Xavier Darcos, Patrice de Plunkett, Philippe Oswald, Philippe de Villier, Christine Boutin, etc.

    D’autre part, c’est une sorte de dialectique historique que Poutine réalise au plan idéologique. Au lieu de fonder la nouvelle nation russe sur des principes juridiques abstraits, comme les États-Unis, et sur une histoire entièrement fabriquée en conformité avec ces principes, au lieu d’amputer l’histoire comme ont fait les Français, Poutine fait la synthèse entre la monarchie orthodoxe et le communisme soviétique : foi et raison.
    Benoît XVI dit la même chose, mais il parle dans le désert, les occidentaux libéraux ne retiennent que les aspects secondaires de sa pensée, sur la liturgie, la famille, le débat dépassé sur le concile Vatican II, cette querelle désuète de moines désœuvrés.
    Le comble, c’est que la synthèse de Benoît XVI rencontre celle de Poutine, alors même que le pape est “interdit” de circuler en Russie. Ça n’est un paradoxe que pour les libéraux qui n’y entendent rien à la politique, ou pour les démocrates-chrétiens “œcuméniques”. Lorsque le figuier ne porte pas de figues on le coupe pour en faire du petit-bois.