Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jean-marie guénois

  • Apostasie de Jean-Paul II

    Je précise dans ma précédente note le cadre général de l'apostasie catholique romaine, c'est-à-dire comment un message universel, sous le prétexte de la tradition ou de l'anthropologie, a été transformé peu à peu en une sorte d'insane théorie de la relativité affublée de l'étiquette chrétienne.

    Cette transposition subversive du message évangélique dans le domaine social s'accompagne du blanchiment de la chair, domaine dans lequel le pape Jean-Paul II se spécialisa, cela même alors que les saintes écritures désignent cette opération de blanchiment comme le péché de fornication. On comprend que l'abstinence sexuelle de Karol Wojtyla n'est pas ici en cause, bien que sa théologie subversive ne soit pas complètement étrangère aux débordements criminels de son clergé et du sacerdoce catholique romain ésotérique. Cette opération évoque aussi irrésistiblement les pharisiens, accusé par le Messie d'être des "sépulcres blanchis", expression significative de la trahison par le clergé juif du sens eschatologique de la loi de la Moïse.

    - Dans le "Figaro" du 27 avril 2014, publication financée comme on le sait par un industriel de l'armement, J.-M. Guénois consacre un article à Yves Semen (!), apologiste de la "théologie du corps" de Jean-Paul II ; la caractéristique essentielle de cette théologie est d'être un tissu de spéculations philosophiques entièrement dépourvu de rapport avec les évangiles. J.-M. Guénois parie apparemment sur l'ignorance complète des lecteurs de son journal subventionné de tout ce qui ne relève pas des mécanismes boursiers. Ceux-ci requièrent d'ailleurs un manuel de la branlette ou du libre-échangisme catholique romain. On peut compter sur le nouveau pape, plus progressiste, pour la rédiger.

    Il faut toute l'extraordinaire mauvaise foi et le pharisaïsme de cet Yves Semen pour prétendre que la charité chrétienne peut être mêlée au coït. C'est une ignominie que de le prétendre, comparable à l'argument capitaliste de la "libération sexuelle". Aucune religion païenne n'est aussi barbare et sournoise.

    "(...) Karol Wojtyla est un philosophe personnaliste avant d'être théologien. Pour lui, la "personne" est vraiment faite pour se donner. En se donnant, elle se "trouve" et se rencontre là dans son bonheur. Voilà sa grande idée." Y. S.

    On flirte ici avec la bêtise absolue. D'abord parce que le christianisme s'oppose radicalement à toute philosophie personnaliste, c'est-à-dire à la théorie de l'accomplissement social de l'individu, ensuite parce que le "don physique sexuel" n'a bien sûr rien de libre et de gratuit - il n'a rien d'un don au sens chrétien.

    "Et voilà que s'écroulent des siècles d'une théologie catholique du soupçon vis-à-vis de la chair." ajoute J.-M. Guénois. On peut parler d'un soupçon dans la Genèse vis-à-vis de la femme ; on peut parler de l'avertissement du christ Jésus contre la chair. "La théologie catholique du soupçon vis-à-vis de la chair" est une locution qui ne veut rien dire, entièrement dépourvue de sens historique. Sans doute le journaliste fait-il la confusion avec la distinction opérée entre le corps et l'âme par certains clercs catholiques ; mais cette distinction n'a rien de théologique, ni rien de catholique - elle n'est qu'un écho de la philosophie de Platon.

    "Jean-Paul II professe une réconciliation historique de l'Eglise avec la sexualité." Y.S.

    Le propos est doublement grotesque ; d'abord parce que la spiritualité chrétienne exclut d'envisager la prédation sexuelle comme un mouvement spirituel, ensuite parce que, sur le plan social ou mondain étranger au christianisme, la sexualité dépend des conditions économiques, et non de la volonté de tel ou tel. La doctrine sociale de l'Eglise, c'est-à-dire la trahison du clergé, a donc évolué au cours des siècles depuis le moyen-âge au gré de l'évolution du capitalisme occidental. Le culte de la personnalité des papes, lui-même est typique de l'époque, et non du christianisme.

    A ce compte-là, le protestantisme peut-être présenté comme une théologie, plus moderne, du divorce chrétien, c'est-à-dire uniquement sous l'angle de sa vocation sociale, alors même que le principal intérêt de la théologie de Luther est de dénoncer le mensonge de la vocation sociale du christianisme.

    L'article du "Figaro" ne le mentionne pas, mais Jean-Paul II en osant la comparaison du mariage civil, d'essence païenne, et du mariage du Christ et de l'Eglise, a accompli un véritable attentat contre la parole divine, dont l'apôtre Paul dit qu'elle recèle ici un grand mystère apocalyptique.