Exceptionnellement j'achète Libé et je le planque sous mon blouson pour pas me faire voir avec. Je me moque du snobisme des bobos qui lisent ce canard minable, mais dans mon genre je suis pas mal snob aussi, je dois avouer.
Parce que le numéro d'aujourd'hui est dédié aux nouvelles "tendances" dans la bédé, vu que c'est la foire aux albums à Angoulême en ce moment. C'est frappant la façon qu'ont les journalistes de Libé de causer comme des publicitaires ou des courtiers - des courtiers qui se prennent pour des philosophes situationnistes, évidemment. Parlant d'un dessinateur branché, Éric Loret n'hésite pas à écrire : « On admire le châtiment de son langage. »
Reportage sur Lewis Trondheim* sous ce gros titre : Chef de crayon. Ils ont pas peur des lapsus à Libé ! Il faut dire qu'on voit pas bien qui pourrait remettre en cause leur philosophie… même si leur faillite économique est incontestable. Libé est un mauvais produit, l'almanac'h Vermot du bobo, mais il se trouvera toujours une banque, un supermarché ou un producteur de cinéma quelconque pour fourrer de la pub dedans. Par conséquent Libé est viable.
Chef de crayon, on a beau avoir une indigestion de calembours, ça dit bien ce qu'il en est, c'est-à-dire exactement le contraire du sous-titre qui parle de "bédé indépendante". Indépendante de quoi ? Il est partout, Trondheim, avec son Lapinot débile. Si c'est pas lui c'est Sfar, dans Le Monde, qui dicte la mode, ce qu'il faut dessiner. Même Siné il a voulu le ramener au dessin publicitaire ! Ce sont les deux ayatollahs de la bédé, Trondheim et Sfar.
D'ailleurs quelles sont les grandes tendance que Libé distingue ? La bande-dessinée homosexuelle, la bande-dessinée décadente, la bande-dessinée altermondialiste, les mangas japoniais - en somme la bande-dessinée pour les lecteurs de Libé. Vachement original et indépendant, comme on voit.
La bédé était certainement beaucoup plus indépendante dans les années cinquante des idées à la mode et du fric des éditeurs. Il faut être un lecteur décérébré de Libé pour pas s'en rendre compte.
*L'occasion de rectifier une erreur : Trondheim et Frantico sont bien une seule et même personne. Plutôt têtu, je persiste à croire que l'humour généralement inexistant de Trondheim subit une influence extérieure dans Frantico.
loret
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Les mains sales