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marchand de venise

  • Shylock rules

    Le capitalisme ou la bourgeoisie : des tonnes de bouquins pour tenter d'expliquer un phénomène d'érosion politique dont Shakespeare a entièrement élucidé tous les aspects dans son "Marchand de Venise". Non seulement les aspects psychologiques et économiques, mais les aspects historiques et spirituels, hors de portée d'une réflexion strictement morale ou politique. Quel gaspillage, ces tonnes de bouquins ! Le gaspillage est, justement, non pas seulement l'EFFET des politiques bourgeoises occidentales, mais le BUT que ces politiques poursuivent inconsciemment.

    A posteriori je considère mon étude du "Capital" et de divers ouvrages critiques de Karl Marx comme une introduction au "Marchand de Venise". A quoi un esprit moderne n'est pas préparé, c'est à lire des ouvrages profonds. Suivant une moquerie adressée par Marx à l'endroit des traités de théologie médiévaux, respectés par beaucoup, mais lues par personne, l'homme moderne confond le volume avec la profondeur ; la même remarque vaut aujourd'hui pour Proust, aussi creux que Shakespeare est dense. La transition s'est faite ainsi de la littérature au cinéma : d'ouvrages légers on est passé au lavage de cerveau. J'ai déjà pris du cinéma, oui, mais seulement comme somnifère.

    Ce qui est remarquable chez Shakespeare, et en quoi il est "divin", c'est qu'il ne cherche pas à plaire. Il n'a pas cette attitude aguicheuse de beaucoup de romanciers.

    "Le Marchand de Venise" : Je viens encore de lire une préface qui s'interroge sur le message que Shakespeare a voulu faire passer à travers Shylock. Et propose quelques bribes de réponse. Il n'y a pas de commentaire plus débile que l'accusation d'antisémitisme, sauf à dire que Shakespeare est philosémite.

    Ce qui est frappant dans la pièce de Shakespeare, c'est la complicité d'un Juif avec des chrétiens, à cause de l'argent. C'est aussi l'appétit carnassier d'un Juif. - Mais comment est-ce possible, dira-t-on, puisque les Juifs sont justement les ennemis du Veau d'or ? Et c'est ce paradoxe que Shakespeare veut souligner. On peut en déduire deux choses différentes : ou bien le christianisme et le judaïsme sont deux religions hypocrites ; ou bien les chrétiens et les Juifs sont hypocrites. Ils sont hypocrites, mais d'une manière forcément maladroite puisqu'ils s'attachent à la chair et à l'argent, en même temps qu'ils confessent la religion qui condamne la chair sans ambiguïté.

    "Le Marchand de Venise" est incontournable à propos du capitalisme, puisqu'on ne peut en ôter aucun des aspects présentés par Shakespeare. Et notamment on ne peut ôter ce paradoxe d'une bourgeoisie confessant un judéo-christianisme de principe, contredit systématiquement par ses oeuvres.

    Et Portia elle est la "porte étroite", symbole de la vraie religion et souvent représentée dans les contes populaires. Et bien sûr elle n'est pas là par hasard, au beau milieu de cette Venise pourrie, qui pourrait aussi bien être Rome, Londres ou le Danemark.