L'observation de l'infériorité de l'espèce humaine sur le plan de l'organisation, comparée à l'espèce animale, est dissuasive de croire dans le transformisme. Le propre de l'homme est de pouvoir rire du paradoxe des institutions humaines.
Toutes les utopies politiques, qui postulent la possibilité d'un monde parfait, grâce à la découverte par l'homme de la recette de l'harmonie qui règne au sein des espèces animales, toutes ces utopies qui ont permis de justifier les ravages subis par l'espèce humaine au cours des derniers siècles, constituent à la fois un préjugé favorable au transformisme, en même temps qu'un encouragement à la bestialité humaine.
Non seulement l'utopie nazie, dont l'argument darwinien est le plus évident, mais aussi le stalinisme et, surtout, principalement, le libéralisme. Non seulement parce qu'il est l'idéologie la plus résistante, donc la moins mal adaptée à la gouvernance mondiale, mais encore parce qu'il a postulé d'abord l'idée d'équilibre d'une organisation humaine fondée sur le commerce et ce qu'il y a de plus bas dans l'espèce humaine. La doctrine libérale est la moins idéologique parce qu'elle mise tout sur l'instinct humain.
L'effondrement des structures libérales, s'il se confirme, traduirait l'échec de l'homme à se soumettre pour le besoin de la collectivité à un sadisme et un masochisme qui n'effraient pas les espèces animales. L'idéologie libérale est le dernier soutien de la démonstration transformiste, qui accorde à l'homme une position avantageuse au sein des espèces, bien qu'il ne la mérite pas selon les critères d'évolution retenus par les biologistes évolutionnistes.
Parmi les philosophes des Lumières, le seul qui aurait sans doute cru dans l'évolution, c'est Diderot. Autrement dit le seul à ne pas reconnaître que les démonstrations économiques libérales sont pour la plupart d'entre elles de purs sophismes.