Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

darwin

  • D'Orwell à Simone Weil

    J'ai des scrupules à contredire feu Simon Leys, car il fut un des rares intellectuels français à ne pas boycotter Georges Orwell. Faire le procès de l'intelligentsia française (1950-2023) ne sert d'ailleurs à rien, car elle s'est condamnée elle-même à l'oubli.

    Contrairement à S. Leys, néanmoins, je crois que "1984" a valeur de bréviaire antitotalitaire, qu'il est conçu comme une arme de défense contre les intellectuels, pourvoyeurs de chair à canon pour le compte de Big Brother. Si Julian Assange avait lu "1984", il ne serait sans doute pas tombé dans le piège de la "Fraternité".

    Orwell définit la mentalité totalitaire de la façon la plus concise comme le dégoût de la vérité. Il y aurait de longs développements à faire pour compléter cette définition ; par exemple : par quoi la Vérité est-elle remplacée ? Réponse : l'Amour.

    Mais cette note porte plus spécialement sur les conséquences du totalitarisme sur la vérité scientifique. Orwell étant athée, on peut penser qu'il parle de vérité "scientifique" ou "philosophique", non comme un chrétien d'une vérité "révélée".

    Sur le plan scientifique, Darwin ou le darwinisme a entraîné un changement épistémologique important, puisque l'on a pu déduire de la thèse transformiste le concept de vérité ou de science "évolutive". Il est admis par certains scientifiques que ce qui est vrai ou scientifique en 2023 ne le sera pas forcément en 2030. Paradoxalement ce sont souvent les mêmes qui s'offusquent que l'on puisse critiquer la thèse transformiste - se demander par exemple si elle ne contient pas un biais anthropologique.

    Cette évolution épistémologique n'est pas à proprement parler "scientifique". On ne s'étendra pas ici sur la différence entre Darwin et le darwinisme ; il s'agit seulement de faire remarquer que la conception scientifique de la "vérité" n'est pas stable. Le darwinisme introduit aussi le hasard dans la science, hasard dont l'effet a toujours été reconnu dans le domaine technique, dans le même temps qu'il a toujours posé problème sur le plan scientifique. La découverte de la loi de gravitation par I. Newton "par hasard" relève de la légende dorée. C'est un pieux mensonge intéressant.

    On comprend en lisant "1984" que le régime de Big Brother est technocratique ; comme le régime totalitaire décrit par A. Huxley auparavant, il use de moyens techniques pour asseoir le gouvernement de quelques-uns sur la masse, sans qu'aucun scrupule moral ne l'arrête. Huxley a ainsi décrit les méthodes de la médecine nazie darwiniste avant que Hitler ne remporte les élections.

    Abordons maintenant un aspect de la mentalité totalitaire que Simone Weil s'est attachée à combattre. L'idée m'est venue d'en parler en constatant, lors de discussions sur les "réseaux sociaux", que cette mentalité assez couramment répandue, sous la forme du préjugé : Il n'y a aucun lien entre la morale/l'éthique et la science. Autrement dit, la science et l'éthique relèveraient de domaines séparés. J'avoue avoir été stupéfié en entendant une telle affirmation pour la première fois, et m'être demandé quel genre d'enseignement on pouvait avoir reçu, dans quelle école pour tenir des propos aussi aberrants ?

    De la thèse transformiste darwinienne, on a déduit diverses doctrines sociales darwinistes, qui sont autant de théories éthiques et politiques. L'éthique de la supériorité de la race aryenne est loin d'être le seul exemple. Il existe des versions économiques, communistes, et même une combinant racisme et féminisme, du darwinisme. On pourrait se demander si la conception contemporaine de l'élitisme n'est pas elle aussi marquée par le darwinisme. L'élitisme est encore une idée morale.

    Mais encore les religions antiques ont véhiculé des préceptes moraux reposant sur la médecine. Le jeûne, précepte répandu dans presque toutes les religions, a des bienfaits médicaux attestés depuis l'Antiquité.

    La psychanalyse n'a-t-elle pas un double caractère éthique et scientifique ?

    On pourrait multiplier les exemples.

    Un telle dissociation de la science et de l'éthique est aussi caractéristique de la mentalité totalitaire ; elle recoupe la critique de la physique quantique par Simone Weil. Celle-ci reproche en effet aux théoriciens de la physique quantique de produire une science arbitraire, ne permettant de fonder aucune éthique, par conséquent propice à la barbarie.

    Il s'agit de la part de S. Weil d'un reproche cartésien. Disons-le autrement : il n'y a plus de philosophie, mais seulement une rhétorique maquillée en philosophie, si la philosophie naturelle n'est plus qu'un empirisme débridé, produisant des moyens technologiques mal maîtrisés.

  • Léopardi contre Darwin

    Lisant Léopardi, je suis frappé par le fait que la description qu'il fait de l'être humain ne peut s'accommoder avec le transformisme darwinien, l'idée qu'il y aurait entre l'homme et l'animal seulement un degré d'évolution.

    Voici pourquoi : le darwinisme tend à nier l'individualisme, ou du moins à le déprécier; c'est sans doute ce qui explique que toutes les idéologies totalitaires s'appuient, au moins en partie, sur une forme de darwinisme social (libéralisme, communisme et nazisme).

    A contrario, Léopardi, tout en indiquant la limite de l'autonomie de la volonté humaine, son conditionnement biologique et social, illustre la capacité de l'homme à s'émanciper des lois de la nature, comme aucun autre animal ne peut. Le lecteur attentif de Léopardi sera le moins convaincu, en définitive, que l'on peut réduire la personne humaine à un "être social".

    La profondeur de l'analyse psychologique de Léopardi, en comparaison de celle de Freud qui demeure superficielle ou médicale, vient de ce qu'il ne résume pas la conscience humaine à la volonté.

    L'individualisme de Léopardi est "expérimental", en même temps qu'il résulte de sa méditation des évangiles.

    Expérimental, en effet, car les circonstances de sa naissance dans un milieu aristocratique et de son grave handicap physique dû à la maladie (deux signes contradictoires de la fortune) furent causes de l'isolement exceptionnel de Léopardi qui, pour ne pas être complètement cloîtré dans son château, un entourage restreint et la maladie, s'échappa dans la lecture des auteurs, classiques et modernes, apprenant les langues étrangères pour pouvoir lire ces auteurs dans le texte.

    S'il a pu souffrir parfois de cette réclusion, Léopardi n'en estime pas moins le bénéfice de la solitude à sa juste valeur. La poésie a probablement procuré à Léopardi une jouissance comparable à celle que tirent des relations sociales des esprits plus bourgeois. La poésie de Léopardi est émouvante car c'est celle d'un homme qui triomphe par ce moyen d'une maladie atroce.

    A cet égard, il est globalement faux ou trompeur de considérer Léopardi comme un auteur pessimiste. En effet celui-ci a compris et explique que l'optimisme dissimule souvent la peine à jouir, en particulier sous la forme de l'optimisme religieux.

    D'autre part Léopardi, méditant les saintes écritures, relève que personne n'a autant méprisé la société que Jésus-Christ, ce que sa condamnation du monde systématique implique ; a contrario il n'y a pas de témoignage plus individualiste que le témoignage de Jésus-Christ, dans la mesure où ce témoignage dévalue toutes les dimensions sociales dans lesquelles l'être humain croit ordinairement s'accomplir (civique, sociale, artistique, familiale, etc.).

    On peut traduire ainsi l'individualisme évangélique : l'amour de la vérité scinde l'individu du reste de l'humanité, tandis que son goût naturel pour le mensonge (l'art) le fait membre du troupeau. Le péché peut en effet se traduire du point de vue chrétien comme "la loi sociale commune".

    A ce propos, Léopardi commet une erreur d'interprétation de la Genèse (dans le "Zibaldone"), caractéristique de la culture latine (on la trouve chez Cicéron, quand ce dernier interprète la fable similaire des sirènes). Le péché n'est pas lié dans le récit de la Genèse à la connaissance en général, mais à une forme de connaissance particulière, symbolisée par l'arbre et son fruit : la connaissance du bien et du mal, c'est-à-dire à l'éthique.

    Force et de constater que la science ou la connaissance n'a aucune justification ni utilité sociale, tandis que l'éthique est, elle, indispensable sur le plan social. Le paradoxe de l'anthropologie darwinienne ou transformiste, c'est qu'elle ne laisse aucune place à l'activité scientifique.

  • Exit Darwin

    Nous abordons ici la question du transformisme darwinien à travers celle de l'antispécisme à la mode.

    On peut définir l'antispécisme comme la volonté d'accorder aux espèces animales subalternes les mêmes droits qu'à l'homme, en réaction aux traitements brutaux que les animaux subissent, notamment dans le cadre de leur élevage dit "intensif" par l'industrie agro-alimentaire.

    Il est frappant de constater -je le prends comme un indice d'erreur-, que les reportages prétendument scientifiques dédiés aux espèces animales et à leur comportement sont de plus en plus teintés du sentimentalisme qui unit certaines personnes à leurs "animaux de compagnie" - sentimentalisme qui est d'ailleurs souvent la cause des sévices infligés aux animaux et aux enfants. Comme le darwinisme est le cadre scientifique de ces reportages, il est logique qu'on soupçonne un "biais" dans l'hypothèse transformiste (la place du hasard dans cette hypothèse scientifique le fait soupçonner aussi).

    Mais revenons à l'antispécisme : il contient l'illusion, encouragée dans les régimes dits "démocratiques", du progrès juridique à l'infini ; autrement dit les défenseurs de la cause antispéciste ferment les yeux sur le fait que les lois ne protègent pas parfaitement contre l'abus, la violence ou la brutalité. Ainsi que le souligne Marx, les grands principes juridiques abstraits sont les meilleurs alliés du capitalisme ; ces grands principes abstraits jouent de fait pour le citoyen lambda le rôle que joue la religion de rassurer et entretenir l'espoir.

    L'attitude qui consiste à nier le moindre droit aux espèces animales subalternes, et celle qui consiste à vouloir leur conférer un statut égal à celui de l'espèce humaine, bien qu'on peut croire ces attitudes radicalement opposées, en réalité sont proches. On passe d'un extrême à l'autre. Cet "extrémisme" traduit l'immoralité grandissante de l'Occident, immoralité à laquelle la théorie darwiniste a servi de nombreuses fois de justification. Autrement dit, l'idéologie est un succédané de la morale et le darwinisme un des piliers de l'idéologie occidentale moderne ; l'hypothèse darwiniste a en effet une aura scientifique que la démocratie ou la psychanalyse n'ont pas, ou dans une moindre mesure.

    Cette immoralité ou absence de mesure se traduit aussi sur le plan des moeurs par la coexistence et la justification mutuelle du libertinage et du puritanisme.

    La plupart des idéologies modernes occidentales présentent cet aspect paradoxal. Des essayistes superficiels étudieront les deux aspects comme s'ils étaient opposés, alors qu'ils sont comme tenon et mortaise, ou bien les deux faces d'une même médaille.

    La culture occidentale se trouve fragilisée et comme rongée de l'intérieur du fait de ce paradoxe. Cela rend la propagande nécessaire afin de compenser la faiblesse du raisonnement.

    En l'occurrence le darwinisme règle le problème de la condition humaine en postulant un progrès de l'espèce humaine dans une direction tout-à-fait vague, quand elle n'a pas un aspect de science-fiction, exploité par l'industrie du divertissement. L'idéologie du progrès évolutionniste, présente aussi bien dans le nazisme que dans la propagande capitaliste ou démocrate-chrétienne, ou encore communiste, cette idéologie demeure une référence dans les régimes technocratiques, mais elle est en danger d'être remise en cause par tous ceux qui, à l'extérieur ou à l'intérieur de ces régimes technocratiques, voient en eux un système totalitaire.

  • Darwin et le christianisme

    Commentaire d'un ouvrage de François Euvé, jésuite diplômé en physique et théologie, intitulé "Darwin et le christianisme" et sous-titré : "Vrais et faux débats" (2009, Buchet-Chastel).

    Comme je l'ai déjà exposé auparavant sur ce blog, l'idée que la science athée darwinienne renverse des convictions religieuses chrétiennes est un point de vue superficiel qui relève de la propagande ; l'instrumentalisation de la science, tout autant que l'instrumentalisation de la religion sont deux phénomènes (politiques) qui gênent l'examen de la foi chrétienne autant qu'elles perturbent le progrès de la science.

    Contemporain de Darwin, Alfred Russel Wallace formula ainsi la même hypothèse transformiste que son confrère naturaliste ; il s'en est fallu de peu, disent certains historiens de la science, pour que l'on parle de "wallacisme" afin de désigner la science naturelle transformiste. Or, pour Wallace, le schéma transformiste n'exclut pas l'intervention de Dieu. Par ailleurs les rapports de Darwin avec son éducation chrétienne, et plus encore sa formation scientifique imprégnée de "théologie naturelle", sont pour le moins compliqués.

    L'auteur de l'essai dont nous allons dire quelques mots prouve par sa personne qu'il est abusif d'opposer systématiquement le darwinisme au christianisme (comme on fait souvent en France) ; François Euvé est en effet jésuite (catholique) et convaincu par l'hypothèse transformiste darwinienne. Je dirais qu'il a "foi en elle", afin de souligner l'ambiguïté des rapports entre les questions scientifique et religieuse, ambiguïté sur lequel le principal mérite de son essai est d'attirer l'attention.

    Sur le plan scientifique à proprement parler, l'auteur est moins convaincant, en particulier quand il s'efforce de démontrer que le statut hypothétique de la théorie darwiniste ou post-darwiniste n'altère en rien son crédit scientifique.

    Il faut dire (plus nettement que F. Euvé) que la foi est très présente dans le domaine de la science moderne, ne serait-ce que parce que beaucoup font confiance aux manuels de science et enseignants qui dispensent des cours, se contentant en quelque sorte de dogmes et d'axiomes, sans pousser plus loin les vérifications ni l'étude. Au cours de l'ère industrielle, dont on peut croire la science darwinienne typique, la science est largement un substitut de la religion. Ne voit-on pas la science invoquée en toutes circonstances, y compris les moins sérieusement scientifiques, d'une façon qui évoque la superstition religieuse ? La théorie darwinienne n'est-elle pas le lieu du glissement de dieu à la science ? La structure hypothétique de la science transformiste peut le faire soupçonner. 

    - De façon utile, l'auteur souligne le rapport étroit entre l'hypothèse darwinienne et l'idée de "progrès social" ; il est en effet beaucoup plus juste de dire qu'une telle utopie politique, sous diverses bannières ou étiquettes, se trouve appuyée par l'hypothèse transformiste darwinienne, plutôt que l'athéisme proprement dit.

    L'idée de progrès social ne séduit pas particulièrement Darwin lui-même, mais incontestablement le succès public de son hypothèse, fulgurant, vient donc de ce qu'il fournit un arrière-plan scientifique à l'utopie du progrès (hypothèse morale et/ou politique).

    J'ajoute ici en disant qu'un philosophe tel que F. Nietzsche (célèbre en raison de son antichristianisme), doctrinaire le plus résistant à l'idée qu'un quelconque "progrès social", stigmatisée par lui comme une illusion chrétienne, ce philosophe est également sceptique devant l'hypothèse darwinienne ; il se demande si elle ne consiste pas à plaquer sur la nature une idée (fausse) de progrès social.

    - F. Euvé indique que les anti-darwinistes, chrétiens ou non, se sont beaucoup appuyés sur le principe "hypothétique" du transformisme darwinien pour le combattre, insistant sur l'inachèvement de la science darwinienne. L'auteur combat cet argument, mais sans grande efficacité ; il nous faudrait en effet admettre, selon lui, que l'hypothèse est la meilleure formulation de la science, désormais, de sorte qu'il serait rationnel de penser que la science "évolue" comme son objet. Un tel raisonnement est plus proche de la science-fiction que de la science ; que faire des certitudes scientifiques acquises (sphéricité de la terre) dans ce nouveau cadre épistémologique évolutif, qu'il nous est demandé d'entériner sans émettre la critique qu'il est plutôt le signe d'une crise de la méthode scientifique ?

    - De même, François Euvé est conscient que la place accordée au hasard par la science évolutionniste heurte la méthode voire l'esprit scientifique. Le hasard a été rapproché par les plus éminents savants naturalistes, de l'Antiquité comme des temps modernes, de l'ignorance. Etudier la physique (nature), aux yeux d'Aristote, c'est combattre le hasard, explication marquée par la superstition.

    Le hasard représente donc une sorte de "trou noir" au milieu de l'hypothèse transformiste. F. Euvé s'emploie à le combattre en décomposant ce hasard à son tour dans plusieurs "définitions" qu'il donne de ce mot complexe, selon lui : "chance", "aléa", "contingence", de sorte à faire émerger, à côté du "mauvais hasard" un "bon hasard" compatible avec la méthode scientifique. Ce "bon hasard" est avant tout compatible avec les lois de la mécanique moderne (géométrie algébrique).

    Au milieu de cet exposé lexical, se trouve une assertion fort discutable, à  savoir que "l'une des composantes importantes de la connaissance scientifique est la capacité de prédiction." La capacité de prédiction est une capacité attribuée à l'astrologie, ou à sa petite soeur moderne la science statistique, voire à l'histoire ; mais chacun ou presque s'accorde à dire que ce sont là des sciences inexactes.

    Une remarque importante doit être faite ici à propos du malthusianisme ; les travaux de Malthus sur la démographie humaine, qui ont un caractère prédictif, ont influencé Darwin dans la formulation de son hypothèse transformiste. Or plusieurs historiens ont réfuté avec des arguments sérieux l'exposé théorique de Malthus ("Essai sur le principe de population"), qui n'a qu'une valeur probabiliste et politique relative.

    De surcroît la place du hasard dans la science darwinienne n'a fait que croître au fil du temps, de sorte qu'il n'est pas certain que Darwin lui-même, compte tenu de sa formation scientifique, serait encore darwinien aujourd'hui (c'est sans doute là une hypothèse excessivement audacieuse) ; en effet, au-delà de la ou des définitions du "hasard", celui-ci sert dans la science évolutionniste à accorder des indices non-concordants voire discordants entre eux. Une science dont tous les éléments de preuve expérimentaux se complètement logiquement n'a pas besoin de faire appel au hasard. On parle (depuis Ernst Mayr) de "synthèse évolutionniste" pour qualifier le dernier état de la science post-darwiniste ; c'est une expression inappropriée pour parler d'une théorie qui s'appuie sur de nombreux indices et détails observés, dans des disciplines aussi diverses que la génétique, la botanique, la géologie, la biochimie... qu'il faut de très épais volumes pour compiler ensemble et établir une convergence.

    - Encore à propos de vocabulaire, François Euvé fait observer que l'évêque de Rome, la plus haute autorité de l'Eglise romaine a fini par reconnaître que l'hypothèse transformiste est "plus qu'une hypothèse" (sic) ; on veut montrer ainsi que l'Eglise romaine ne campe pas sur des positions conservatrices. Cependant on se doit d'ajouter immédiatement que cette formulation est dépourvue de sens sur le plan scientifique. Le pape susciterait l'hilarité générale s'il disait estimer que Dieu existe à 99% ou que la terre est très probablement sphérique.

    Le propos de François Euvé touchant à la méthode scientifique fait craindre que la science darwinienne ne reflète une méthode qui accorde une place excessive à la mécanique (statistiques et probabilités), au détriment de la preuve expérimentale. La confusion entre la théorie transformiste de Darwin et les différentes formes de darwinisme social serait ainsi entretenue par le "flou scientifique" de la théorie.

    L'essayiste s'efforce d'ailleurs de laver Darwin du soupçon de compromission avec le "darwinisme social", ou encore l'eugénisme, propos dérivés de l'hypothèse transformiste de Darwin ; étant donné la proche parenté du "darwinisme social" avec le nazisme ou le capitalisme, cette accointance trouble certains savants darwinistes.

    Mais, s'il est exact que Darwin ne pensait pas que l'on puisse améliorer la race humaine par le moyen matérialiste de la biologie, il n'est pas moins vrai que l'hypothèse transformiste ouvre droit à différentes hypothèses "technico-sociales" ou "juridico-sociales" - et c'est bien là tout le problème, d'un point de vue strictement scientifique. Autrement dit, l'éthique et la science répondent-elles aux mêmes buts et motivations ?

    L'aspect prédictif du transformisme darwinien incite à se demander s'il s'agit bien là vraiment d'une science fondamentale, et non de la transposition d'une représentation anthropologique (progressiste) dans l'ordre naturel ? Le nazisme et le libéralisme (capitalisme) sont des idéologies progressistes, quoi que l'on pense de leurs méthodes et résultats.

    Le principe de la transposition d'une loi naturelle dans l'ordre humain est un principe qui relève de la technique (imitation de la nature) et non de la science au sens strict.

    Un élément jette cependant le discrédit sur l'ensemble de l'essai de François Euvé ; il est cette fois d'ordre théologique. L'auteur explique que la théorie transformiste de Darwin, dont nous venons de voir qu'elle a des ramifications d'ordre philosophique chez Darwin lui-même, se heurte notamment à la notion de "péché originel", telle que celle-ci est esquissée de façon imagée dans le récit de la Genèse, puis précisée par Jésus-Christ et les apôtres.

    Dans un chapitre intitulé : "La mort est-elle naturelle ?", F. Euvé écrit : "Les textes de l'Ecriture sont sans équivoque, en particulier saint Paul : "C'est par un homme que le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort."

    F. Euvé fait bien de fournir cette précision : la mort est un phénomène biologique dont l'amour, selon les évangiles chrétiens, peut affranchir l'homme. Il y a bien une idée de "progrès spirituel" dans les évangiles, mais cette idée est absolument étrangère à l'idéologie du progrès social à laquelle le transformisme darwinien conduit (voire d'où il vient).

    Aussitôt après avoir dit cela, l'auteur propose de s'écarter de la théologie de Paul élucidant la mort comme l'effet du péché, en suggérant que l'apôtre, par "mort", ne parle pas de "mort biologique" [?] ; il n'hésite pas à conclure, comme un slogan ou une profession de foi personnelle : "Renoncer à retenir sa vie est le gage de l'accès à la vie authentique."

    On a ici le choix de croire vraie l'opinion d'un jésuite ou celle de Paul et de Jésus-Christ (dont le propos sur la mort et le péché précède celui de l'apôtre).

    Voilà donc un jésuite qui prétend rapporter avec soin l'hypothèse scientifique de Darwin, refuse certaines simplifications abusives, mais se met à broder dès lors qu'il aborde le sujet de la théologie !?

    Ce que le jésuite F. Euvé ne dit pas, c'est que la doctrine catholique, en de nombreux points s'affranchit de la notion évangélique de péché originel. En effet il n'y a pas de "doctrine sociale chrétienne" possible, car les chrétiens sont les mieux prévenus (par les évangiles) contre l'idéologie du progrès social. Or le catholicisme n'a pas le monopole de ce détournement des écritures saintes à des fins politico-sociales : c'est aussi le fait de la "théologie naturelle", cette discipline académique qui servit au jeune Darwin de cadre philosophique à ses études. 

    Cette question théologique paraîtra peut-être au profane éloignée de la question de la théorie darwinienne du transformisme ; qu'il se souvienne, dans ce cas, que Darwin est un disciple de la "théologie naturelle" chrétienne, c'est-à-dire d'une discipline académique qui, d'un point de vue théologique chrétien, comme du point de vue de la science naturelle, est une discipline étrange qui justifie que l'on approfondisse le rapport de Darwin avec ses convictions religieuses.

    (inachevé)

  • Bacon contre Darwin

    La science naturelle de Francis Bacon, théoricien notamment de la dérive des continents, s'oppose à l'hypothèse transformiste de Charles Darwin. Cette opposition est intéressante car Darwin a lu Bacon et probablement été influencé par lui. Les mésinterprétations ou "lectures tronquées" de Bacon sont nombreuses - citons par ex. R. Descartes, aristotélicien et baconien incohérent, ou encore G. Bachelard plus près de nous.

    L'intérêt est aussi que Bacon, savant chrétien, situe la Genèse dans le registre de la mythologie, c'est-à-dire non pas de la fantaisie, mais d'un récit qui ne doit pas être compris "littéralement" ; les travaux scientifiques de Bacon prouve par conséquent que les discours d'historiens des sciences soi-disant "laïcs" contre le "créationnisme" ou toute forme de contestation du transformisme ne sont que palinodies. C'est un mensonge d'affirmer que le "créationnisme" est tributaire d'une interprétation littérale de la Bible. Le mariage monogame à la mode en Occident, lui, est bien le produit d'une interprétation littérale de la Genèse, mais non la critique du transformisme darwinien.

    De même, tous les darwiniens ne sont pas nazis ou capitalistes (certains théoriciens libéraux appuient leurs thèses économiques sur l'évolutionnisme), mais il est incontestable que l'idéologie nazie et l'idéologie capitaliste sont allées chercher une justification dans le darwinisme. Réduire le créationnisme à un fondamentalisme religieux a exactement la même portée critique que d'assimiler le darwinisme au nazisme ou au parti-pris capitaliste en faveur de la concurrence économique.

    La science naturelle de Bacon est plus "globale" que celle de Darwin ou Lamarck, qui se focalisent sur les monstres (espèces apparemment bizarres ou dérivées). De l'observation de la faune et de la flore, Bacon déduit qu'à chaque continent correspond une faune et une flore typiques. Son explication de la variété des espèces n'est par conséquent pas "fonctionnelle", mais d'ordre cosmologique. L'influence conjuguée des différentes planètes n'est pas la même sur les différentes régions de la terre ; c'est ce qui explique la disparité des espèces. Le système de Darwin est, a contrario, un système plus fermé, d'interactions au sein d'une même espèce, entre les différentes espèces, entre les espèces et leur milieu, mais qui ne tient pas compte dans la naissance et l'évolution du vivant de l'influence des planètes, ce qui semble une hypothèse étonnamment "abstraite".

    De plus Bacon fait observer la place très particulière de l'homme au sein de la nature, faisant observer qu'il est à la fois l'espèce la plus naturellement démunie (de défenses contre la nature), tout en étant l'espèce qui domine les autres espèces. Ce statut va à l'encontre de l'intuition transformiste, qui fait de l'homme un singe supérieur ou le terme de l'évolution. L'hypothèse transformiste de Darwin est centrée sur l'homme et moins globale.

    Si dans certaines religions, dieu est conçu comme une sorte de démiurge ou d'artiste, de "grand architecte" (croyance de Voltaire) un peu abstrait, dans les régimes technocratiques où l'hypothèse de Darwin est souvent tenue pour une science bien établie, on n'est guère éloigné d'une religion de "l'homme démiurge". Or, non seulement ce type de culture n'a pas un fondement plus scientifique que l'idée du "grand architecte", mais la culture de l'homme-démiurge, artisan de son destin, est probablement un produit dérivé de l'hypothèse du "grand architecte" ou du "dessein intelligent". L'exemple du mathématicien Blaise Pascal est significatif ; en posant l'équivalence de dieu et d'un "point", signe mathématique pour marquer l'origine, B. Pascal donne la définition la plus anthropologique qui soit de dieu. Cette définition de dieu a l'avantage pour les élites religieuses d'enfermer dieu dans une définition fournie par les élites. Ce type de religion est typique du XVIIe siècle, et Voltaire a eu beau jeu de montrer que la religion de Pascal ne trouve aucun appui dans le nouveau testament chrétien.

    Ces considérations religieuses ou culturelles passeront pour secondaires aux yeux des mauvais historiens de la science, ou de ceux qui en ignorent le processus et ses liens étroits avec la morale et la politique. En réalité, on peut parler d'obsession religieuse, non seulement scientifique, en ce qui concerne de nombreux savants qui passent aujourd'hui pour des pères fondateurs de la science moderne : Galilée, Descartes, Leibnitz, Newton, et bien d'autres encore, ne conçoivent pas la science distincte de la religion ; mais surtout, leur attitude ne diffère guère de celle des savants qui, aujourd'hui, ne conçoivent pas la science distincte de l'idéal démocratique ou de l'écologie, propos largement mystiques.

  • Rousseau contre Darwin

    "C'est en un sens à force d'étudier l'homme que nous nous sommes mis hors d'état de le connaître." J.-J. Rousseau.

    En effet l'invention de la psychanalyse n'a fait qu'accroître l'énigme humaine.

    Quant au darwinisme, il explique tout, sauf le propre de l'homme. Il serait intéressant de connaître le préjugé de Darwin sur l'homme car la science moderne est une science sociale. La distinction des sciences sociales et des sciences "dures" est une vaste blague.

    - Ah mais, arrêtez, on a des preuves, des tas d'indices qui corroborent le transformisme ! Les flics ne tardent pas à débarquer avec leurs indices.

     

  • Exit Darwin

    La théorie évolutionniste repose d'abord sur une méconnaissance de l'homme, c'est-à-dire une anthropologie erronée. A ma connaissance, Hannah Arendt ne mentionne pas la croyance dans la théorie évolutionniste comme un facteur du totalitarisme, bien qu'elle le soit, contribuant par le raisonnement d'espèce à réduire l'individualisme ; cet "oubli" de Hannah Arendt s'explique par son incapacité à interpréter de façon juste le bouleversement scientifique intervenu au XVIIe siècle, présenté habituellement comme une révolution et un progrès. H. Arendt est ainsi persuadée que la science moderne reflète moins l'homme que la science plus ancienne. Quiconque a un tant soit peu connaissance de l'évolution de l'art occidental devinera qu'il n'en est rien, et que le défaut de l'art moderne pour certains, qui en fait une qualité pour d'autres, est d'être TROP humain.

    La science naturelle antique, plus matérialiste, résiste à la démonstration du transformisme, notamment parce qu'elle est plus matérialiste et n'accorde par conséquent pas au déroulement du temps un rôle positif. Cette science naturelle, qui fut d'ailleurs celle d'hommes bien meilleurs observateurs de la nature que nous le sommes, des écologistes rationnels et non dévots comme ceux que nous connaissons aujourd'hui sous ce nom, s'accordait avec une psychologie plus précise que la psychanalyse moderne, cernant mieux les limites de l'homme. Montaigne s'en fait l'écho, quand il affirme que, se connaissant bien, il connaissance de la mécanique humaine en général, et connaît ainsi tous les hommes. En dépit de sa référence à la mythologie antique, la psychanalyse moderne ne contribue guère à dissiper le mystère humain.

    L'anthropologie erronée qui sert de base aux spéculations de Darwin (plus prudent que les néo-darwiniens, c'est-à-dire mieux conscient de la différence entre l'hypothèse scientifique et la science) est la pire anthropologie de tous les temps, à savoir l'anthropologie chrétienne. Ceux qui en tirent argument, à l'instar de Nietzsche, pour justifier leur combat antichrétien en faveur de la raison, ignorent ou dissimulent que l'anthropologie chrétienne est non seulement irrationnelle au regard des lois naturelles, mais qu'elle est en outre infondée sur le plan scripturaire, ce qui n'est pas la moindre cause de sa nullité scientifique.

    Il est vrai qu'on peut prendre Darwin pour un païen, de même que Bergson, relativement à Descartes et son puritanisme mathématico-chrétien, puisque l'évolutionnisme replace l'homme dans son contexte naturel. Mais cette idée n'est pas neuve. Les singes ont une âme du point de vue d'Aristote, ce qui n'empêche absolument pas ce savant de faire des raisonnements métaphysiques.

    L'idée qui reflète l'anthropologie chrétienne dans la théorie évolutionniste de Darwin est celle qui consiste à placer l'homme au terme de l'évolution et à en faire l'espèce la plus évoluée - à penser l'animal comme étant prédestiné à devenir homme. C'est cette idée qui se heurte aux preuves et expériences de la science païenne antique, aussi bien celles qui relèvent de la science physique que celles qui relèvent de l'étude de l'homme.

    Nombreux sont les philosophes de l'antiquité qui relèvent la force "surhumaine" de l'homme, qui lui permet de se désolidariser de son espèce, voire des éléments naturels, tandis qu'au contraire la puissance de l'animal réside dépend de l'espèce à laquelle il appartient et d'une science naturelle instinctive. Ulysse est un tel personnage de surhomme antique, sans doute plus détaché encore de la nature que le modèle inventé par Nietzsche du poète doué d'ironie, sachant tirer du caractère définitif de la mort les raisons de jouir "hic et nunc" de sa situation.

     

  • Evolutionisme et humanisme

    Jean d'Ormesson, critique littéraire au "Figaro", suggérait il y a quelques années que la théorie transformiste darwinienne était en cause dans l'athéisme de la société occidentale moderne.

    C'est inexact. C'est oublier d'abord que le christianisme n'a jamais été et ne sera jamais une religion commune, un culte providentiel, mais que c'est une religion qui compte peu d'élus, tant la puissance du Séducteur est grande.

    C'est oublier ensuite que la thèse du "génie du christianisme" de Chateaubriand est parfaitement satanique, qui fait la théorie d'un christianisme culturel ou mondain. Mahomet fonde une culture, parce qu'il fonde une morale ; le christianisme prévient, lui, au contraire, contre la bête de la terre, et le christianisme oedipien ou pédérastique de Chateaubriand est une religion personnelle, anthropologique et non universelle. Chateaubriand s'émeut sur sa propre enfance, un certain nombre de fêtes païennes "christianisées", et il appelle ce sentiment qui lui réchauffe le coeur "christianisme".

    Il faut prendre l'hypothèse transformiste darwinienne comme une philosophie naturelle moderne. On peut tirer ce constat en observant que les tenants de l'hypothèse évolutionniste postulent simultanément l'hypothèse du progrès social. Il est au moins une chose qui n'a pas évolué depuis l'Egypte antique, c'est la méthode qui consiste à légitimer le pouvoir politique et moral à l'aide de principes scientifiques plus ou moins solides. La théorie transformiste est donc un des éléments qui permettent à l'Occident moderne de prétendre non seulement à une puissance de feu supérieure, mais à la supériorité sur le plan éthique, dans la mesure où le culte du progrès social est devenu la religion commune de l'Occident.

    Donc l'hypothèse de Darwin n'est pas spécifiquement athée, puisque le culte du progrès social a été introduit par le clergé chrétien, véhiculé par une culture chrétienne dans laquelle Charles Darwin a baigné. On fait parfois valoir les sentiments athées de Darwin, contrairement à ceux de son épouse, mais cette culture bourgeoise chrétienne est particulièrement propice au volte-face. Le curé athée Sartre fut ainsi athée tout au long de son existence, avant de manifester une sorte de fidéisme, quelque temps avant sa mort.

    C'est bien la culture chrétienne occidentale qui fait de l'homme un être suprême, une conscience supérieure ; la meilleure preuve en est que la philosophie et la science physique antiques sont incompatibles avec la thèse transformiste, parce qu'au regard du cosmos, l'homme n'est rien ou presque pour un savant de l'antiquité, et l'énigme de l'origine et de la fin de l'humanité, bien plus que dans une détermination instinctive, est à rechercher dans les étoiles. La science naturelle antique fait le constat expérimental de la médiocrité humaine, au contraire de la science biologique moderne qui postule sa supériorité.

    La raison que les chrétiens ont de s'opposer au darwinisme est que cette science mathématique (c'est-à-dire hypothétique, laissant place au hasard), est le fruit de la "culture chrétienne", c'est-à-dire d'une subversion de la parole divine, par et au profit d'élites corrompues.

    En tant que philosophie naturelle propice à favoriser la pseudo-science raciale nazie ou la pseudo-science économique libérale, l'évolutionnisme contredit l'humanisme, particulièrement attaché aux sources antiques.

    J'ai personnellement beaucoup argumenté contre des évolutionnistes, sous l'influence de cultures différentes. Les artistes sont ainsi naturellement sceptiques à l'égard de l'évolutionnisme, dans la mesure où ils font un effort pour se déterminer individuellement et sont donc hostiles à l'idée de progrès collectif ou social (idéologie beaucoup plus germanique que française). Le milieu démocrate-chrétien est à peu près le seul où l'on professe le darwinisme comme un dogme, et il est à peu près certain que les trois-quart des évêques et cardinaux catholiques romains sont convaincus de la validité des thèses de Darwin, sans jamais avoir lu le moindre ouvrage dessus. Si l'on prend la bêtise démocrate-chrétienne pour point de référence, il est certain que l'antécédent du singe est probable.

  • Exit Darwin

    Quelques commentaires sur un ouvrage de Cédric Grimoult, appuyé par le CNRS et destiné à combattre l'hydre créationniste : "Créationnisme - Mirages et contrevérité" (2013).

    Par-delà mes critiques lapidaires des développements à prétention historico-scientifique dudit Grimoult, je souhaite attirer l'attention des pouvoirs publics compétents sur le peu d'utilité du CNRS et l'agravation du déficit public que ses dépenses somptuaires entraînent. Je suis disposé à rédiger un rapport gratuitement pour le compte du ministère compétent, intitulé : "De l'utilité (ou pas) de la recherche dite "fondamentale" dans le cadre technocratique assigné à la science laïque."

    En préambule, deux ou trois problèmes techniques évoqués dans ce bouquin, mais auxquels l'auteur n'apporte pas d'éclaircissement véritable :

    - Le "créationnisme" ne se réfère pas à la Bible ou à la Genèse. En tant qu'elle est soumise au processus de maturation et de pourrissement, la création de la matière vivante n'est pas "le fait de dieu". Autrement dit plus simplement pour le public profane, agnostique ou croyant plus dans l'avenir qu'en dieu, la mort n'a, ni dans le judaïsme, ni dans le christianisme, une cause divine. Elle n'est pas, comme dans certaines religions païennes antiques, une étape nécessaire. Tout au plus le "créationnisme" a pu servir à qualifier la science physique ou naturelle d'Aristote, incompatible avec la théorie moderne de l'évolution, dans la mesure où elle conçoit l'homme comme un "microcosme". Le rapprochement ou l'analogie avec les autres espèces animales ou végétales, animées par le souffle vital, ne permet pas d'expliquer entièrement la complexité de l'espèce humaine selon Aristote. Il n'y a pas de "solution de continuité" entre l'espèce humaine et les autres espèces vivantes au regard des observations expérimentales d'Aristote. Sur un plan physique plus large, étendu à l'univers visible et invisible, celui-ci a réfuté l'idée que l'univers puisse avoir une cause unique, et ainsi évoluer ou se développer selon une loi mathématique uniforme.

    On ne peut se contenter de prouver la véracité scientifique du darwinisme, en établissant que les groupes de pression américains qui invoquent la Bible l'ont lue "la tête à l'envers". Rien n'est plus facile que démontrer le caractère totalement baroque de la justification religieuse des institutions des Etats-Unis au plus haut niveau.

    - L'argument de "l'intelligent design", pas plus que le précédent, ne peut être mis en relation avec le judaïsme ou le christianisme, mais tout au plus avec le panthéisme de certains philosophes modernes. On voit par exemple qu'il s'accorde avec l'idée de "grand architecte de l'univers" à laquelle Voltaire accorde foi. Ou encore F. Nitche plus récemment. Le plus probable est pour ces philosophes que la nature a été pensée de façon intelligente. Il en va de même au demeurant pour Descartes, Newton, Leibnitz, bref la plupart des pères fondateurs de la science moderne. Cette parenthèse permet de faire ressortir le véritable mobile religieux des groupes de pression nord-américains, et qu'ils sont essentiellement fondés sur la culture nord-américaine.

    - L'évolutionnisme : le problème n'est pas au regard de la science chrétienne celui de la métamorphose des espèces vivantes, suivant un principe évolutif ou régressif, ni de la subdivision des espèces en sous-espèces. Le problème est bien celui du transformisme, c'est-à-dire de l'aspiration métaphysique de l'homme, qui ne peut pas être du point de vue chrétien le produit de la compétition entre des individus au sein d'une même espèce. Pratiquement on pourrait dire que ce qui est essentiel chez l'homme, du point de vue chrétien, et qui dénote d'une détermination que l'on ne retrouve dans aucune autre espèce, c'est sa capacité à s'extraire, pour penser, d'une logique sociale. Comment s'est effectuée la transition d'une détermination biologique grégaire à la capacité humaine de s'en extraire. Voici le point où le chrétien ne peut pas se contenter de quelques fossiles.

    Si le raisonnement évolutionniste rejoint le raisonnement totalitaire, du point de vue chrétien, c'est pour cette raison.

    - Entrons maintenant dans le corps de l'ouvrage de Cédric Grimoult. Autant dire que le premier chapitre est un tissu de raccourcis et de spéculations historiques infondées. Dans l'ensemble, cet ouvrage de défense du darwinisme offre la possibilité à la critique scientifique de se contenter d'en pointer les très nombreuses contradictions internes pour l'infirmer.

    "Les créationnistes se présentent aujourd'hui comme les victimes des évolutionnistes qui étoufferaient leur liberté de parole. Mais il s'agit là d'une contrevérité manifeste pour deux raisons. D'abord, aucune institution scientifique mondiale ne dispose d'un monopole permettant de délivrer une vérité toute faite.

    La victoire de l'esprit des Lumières s'est traduite, dans les sociétés occidentales, par un confort issu de ses conséquences technologiques et économiques, qui ont fait reculer la misère et la mort.

    Le rejet du créationnisme par la communauté scientifique constitue donc un mouvement de libération, par rapport à des idées archaïques inadaptées au monde moderne."

    Comment peut-on, dans la même page, nier l'existence d'un consensus scientifique, et s'en prévaloir quelques lignes plus bas ? Pour s'en tenir au cas français, il est sans doute l'exemple d'un des monopoles les plus stricts de par le monde ; l'exemple d'un quasi-monopole de l'enseignement scientifique par des enseignants sélectionnés au terme d'un processus compétitif. Ce monopole est d'ailleurs le plus souvent assumé par les représentants de l'élite laïque républicaine, et non nié comme ici.

    Le deuxième paragraphe serait risible s'il n'était signé par un agrégé d'histoire & "docteur habilité en Histoire des Sciences", excusez du peu. Entamer un livre destiné à combattre la propagande créationniste par la plus grossière image d'Epinal n'est sans doute pas le meilleur moyen de faire valoir sa science.

    - l'idée que l'esprit des Lumières a eu un impact sur le développement technologique et économique relève de la plus pure fantaisie. Si Voltaire est actionnaire de la Compagnie des Indes, il n'a pas inventé le principe de l'exploitation coloniale, et aurait même plutôt tendance à cacher cet aspect de sa philosophie.

    - le lien de cause à effet entre la philosophie des Lumières et la révolution bourgeoise de 1789 n'est pas démontré. Il a même été démontré le contraire, à savoir que c'est une explication idéologique a posteriori. La restriction des libertés et l'esclavage industriel au long du XIXe siècle ne correspondent pas aux voeux ou aux idéaux exprimés par les philosophes des Lumières. Or la restriction des libertés et l'asservissement aux outils industriels n'ont pas freiné le progrès technologique. Il y a donc là un argumentaire au niveau de la propagande libérale la plus grossière, et non une remarque historique. Voltaire, Diderot, Rousseau, n'ont aucune responsabilité dans le confort moderne dont s'enorgueillit Cédric Grimoult. Cette confusion entre la science, la technique et les idées philosophiques ne fait que renforcer le soupçon que le discours évolutionniste est une perche tendue aux débordements mystiques totalitaires de toutes sortes.

    Dans un chapitre consacré plus loin au distingo entre la foi et la science, l'auteur écrit : "Les philosophes avaient déjà montré que la science véritable est amorale, c'est-à-dire étrangère à toute prescription morale - au "devoir être", car elle se concentre simplement sur ce qui est."

    Paragraphe qu'il suffit de confronter à un suivant afin d'en démontrer la mauvaise foi : "Le combat pour l'évolutionnisme et la laïcité exige un travail de fond et d'implication de nombreux acteurs en faveur d'une éducation plus complète, d'une information critique et d'un engagement plus fort en faveur de la raison et, plus généralement, des idéaux issus des Lumières et qui constituent les fondements d'une démocratie véritable."

    L'éducation, l'idéalisme, la démocratie véritable sont des notions qui se rattachent directement à la morale. Des savants plus sceptiques lanceraient des avertissements contre cet "idéalisme" le plus vague, et ce millénarisme démocratique improbable.

    De surcroît, les nombreux "comités d'éthique scientifique" cautionnés par les pouvoirs publics en France s'avèrent, selon la définition de Cédric Grimoult lui-même... comparables à des tribunaux d'inquisition.

    L'argumentaire laïc se présente donc comme le discours d'une élite, refusant de s'appliquer à elle-même les conseils qu'elle donne aux autres religions et courants de pensée. Cette élite laïque n'a même pas conscience que l'idée de "neutralité scientifique", développée par l'un des savants évolutionnistes les plus confus, feu l'Américain Stephen Gould, est une idée sans la moindre consistance historique et scientifique. La meilleure preuve en est que C. Grimoult, sous couvert de répondre à la "propagande créationniste", se situe exactement à son niveau en diffamant le judaïsme, le christianisme ou l'islam au passage.

    C. Grimoult reproche aux détracteurs de l'évolutionnisme de s'appuyer sur des arguments extérieurs à la biologie. Mais lui-même veut apporter à la biologie moderne le soutien de la science historique, domaine où il est défaillant.

    Dans le domaine de la biologie, C. Grimoult n'est pas plus probant, se contentant d'énumérer un certain nombre d'arguments à opposer aux détracteurs d'une théorie qu'il rattache d'une façon très maladroite de la part d'un soi-disant scientifique à la laïcité, pure détermination idéaliste et éthique, dont rien ne dit qu'elle ne sera pas très bientôt socialement inadaptée, y compris en France.

    "Les preuves apportées par Darwin sont indirectes : le naturaliste ne peut montrer l'évolution en action, parce qu'il faut généralement des centaines de générations pour façonner de nouvelles espèces."

    Ce régime de la preuve indirecte ou de la semi-preuve, du tas d'indices ou de fossiles concordants, est bien la raison pour laquelle la prudence scientifique s'impose. Quand il n'y a que des preuves "indirectes", il y a une expression réservée qui s'impose, c'est celle "d'hypothèse scientifique". En quoi le régime de l'hypothèse dérange-t-il les savants évolutionnistes ? En quoi perturbe-t-il leurs recherches scientifiques, eux-mêmes étant persuadés que leurs preuves seront bientôt complétées ? C'est la question que posent les détracteurs de l'évolutionnisme. Et, encore une fois, la mutation de certains êtres vivants n'implique pas le transformisme et que l'homme puisse être regardé, aussi flatteuse soit cette position, comme le produit le plus raffiné de l'évolution biologique.

    D'autant plus que si le naturaliste ne peut prouver "in vivo" l'évolution, ce n'est pas tant la preuve directe des mutations qu'on lui demande, que celle du transformisme.

    "Parmi les arguments apportés plus récemment en faveur de la théorie de l'évolution, il faut signaler la découverte de l'universalité des codes génétiques."

    L'idée que toutes les espèces vivantes ont quelque chose en commun est une idée qui a plusieurs millénaires d'ancienneté. Elle est plus prudente et plus scientifique que le terme d'universalité des codes utilisées ici, qui suggère que le cosmos tout entier serait susceptible de muter, sans en rapporter la moindre preuve. Quels régimes prétendent fonder la notion d'universalité sur le code génétique, si ce n'est les régimes totalitaires modernes ?

    "Dans la nature, il n'existe pas de sélectionneur, le processus est automatique. Pour l'expliquer, Darwin s'inspire de la théorie économique que Thomas Malthus (1766-1834) expose en 1798 dans son "Essai sur la population", d'après laquelle toute population biologique croît plus vite que les ressources disponibles, ce qui crée une compétition implacable entre les individus."

    C'est ici une des raisons les plus anciennes qui a fait penser que la théorie du transformisme de Darwin était une hypothèse erronée ; l'analogie avec le schéma économique malthusien inapte à rendre compte de nombreuses évolutions démographiques, et comme tous les traitements économiques de données, partant du principe que l'homme a un comportement exclusivement bestial, toutes ses actions ne visant qu'à satisfaire des besoins primaires.

    Pratiquement l'économie envisage l'homme comme un animal essentiellement religieux. D'où l'on peut penser que la thèse évolutionniste est largement biaisée par le raisonnement anthropologique, similaire à celui de l'économiste, et qui est le raisonnement le moins scientifique possible.

    Enfin dans un paragraphe intitulé "Hasard et Nécessité", C. Grimoult tente de dissiper le soupçon qui naît de toutes les affirmations de "sélection automatique" ou de "mutations aléatoires", soupçon que l'évolutionisme a recourt à la sémantique pour dissimuler les lacunes de la science évolutionniste :

    "Au plan philosophique, hasard pur et nécessité absolue se situent tous deux dans le domaine de l'idéologie. Seule une démarche probabiliste, reconnaissant à la fois un rôle important au hasard (à chaque niveau d'intégration du vivant) et à sa canalisation par les lois physiques et les modalités sélectives multipolaires (c'est-à-dire à chaque palier d'intégration également) s'avère adéquate."

    Dans un jargon digne de la casuistique médiévale, l'auteur explique benoîtement à ses lecteurs, que si l'on passe par la "démarche probabiliste", ce sera beaucoup mieux que de faire comme les idéologues qui invoquent le destin ou la providence trop ouvertement, puisque la part de l'idéologie et de ce qu'on ignore encore sera mieux cachée.

    Non, la démarche probabiliste n'a rien de philosophique ou de scientifique : elle est typique de tous ceux qui essaient de faire passer pour le savoir acquis ce qu'ils ignorent encore. Dans le domaine économique, cette démarche a récemment contribué à des catastrophes, exactement pour cette raison qu'elle postule un savoir plein et entier là où il n'y a qu'une demi-vérité.

  • Exit Darwin

    L'observation de l'infériorité de l'espèce humaine sur le plan de l'organisation, comparée à l'espèce animale, est dissuasive de croire dans le transformisme. Le propre de l'homme est de pouvoir rire du paradoxe des institutions humaines.

    Toutes les utopies politiques, qui postulent la possibilité d'un monde parfait, grâce à la découverte par l'homme de la recette de l'harmonie qui règne au sein des espèces animales, toutes ces utopies qui ont permis de justifier les ravages subis par l'espèce humaine au cours des derniers siècles, constituent à la fois un préjugé favorable au transformisme, en même temps qu'un encouragement à la bestialité humaine.

    Non seulement l'utopie nazie, dont l'argument darwinien est le plus évident, mais aussi le stalinisme et, surtout, principalement, le libéralisme. Non seulement parce qu'il est l'idéologie la plus résistante, donc la moins mal adaptée à la gouvernance mondiale, mais encore parce qu'il a postulé d'abord l'idée d'équilibre d'une organisation humaine fondée sur le commerce et ce qu'il y a de plus bas dans l'espèce humaine. La doctrine libérale est la moins idéologique parce qu'elle mise tout sur l'instinct humain.

    L'effondrement des structures libérales, s'il se confirme, traduirait l'échec de l'homme à se soumettre pour le besoin de la collectivité à un sadisme et un masochisme qui n'effraient pas les espèces animales. L'idéologie libérale est le dernier soutien de la démonstration transformiste, qui accorde à l'homme une position avantageuse au sein des espèces, bien qu'il ne la mérite pas selon les critères d'évolution retenus par les biologistes évolutionnistes.

    Parmi les philosophes des Lumières, le seul qui aurait sans doute cru dans l'évolution, c'est Diderot. Autrement dit le seul à ne pas reconnaître que les démonstrations économiques libérales sont pour la plupart d'entre elles de purs sophismes.

  • Exit Darwin

    "Pourquoi la conception néo-darwinienne de la nature est presque certainement fausse." Thomas Nagel

    Le sous-titre de ce bouquin récemment paru aux Etats-Unis donne lieu dans la presse française à des commentaires consternants de... bêtise. Ainsi le webzine Actualitté ; l'antagonisme n'est pas entre "athées", comme T. Nagel, et "croyants". L'antagonisme est entre les tenants d'un déterminisme biologique absolu, et ceux qui estiment que celui-ci n'est que relatif. J'ai beau partager le point de vue anti-évolutionniste de Nagel, je suis le dernier à nier que le coït (nature) obéit à une impulsion biologique, ainsi que les sentiments superficiels (culture), dont l'espèce humaine recouvre la mécanique sexuelle, afin d'en atténuer la cruauté. Non seulement le christianisme ne nie pas le déterminisme social, mais il affirme qu'il ne peut y avoir de progrès sur ce terrain. Un reste de christianisme fait sans doute dire à Nitche (qui n'est pas athée mais païen), que le mouvement culturel accompagne la décadence ou la régression. La culture libérale ou démocratique lui donne raison, tant le constat de l'infantilisme des sociétés libérales est facile à faire (quoi que Nitche soit sans solution pour enrayer le phénomène culturel qui fait de lui un déclassé, ou un spécimen en voie de disparition).

    Pour autant la société n'est pas tout. Elle ne l'est que dans les esprits totalitaires ou, selon Rabelais, grégaires, pour qui il n'est pas de salut en dehors de la famille, de l'Etat, de la nation, de la race, du couple, ou du langage, qui est en quelque sorte le "racialisme épuré" des élites intellectuelles.

    Des tas de croyants sont d'ailleurs "évolutionnistes", par conviction ou parce qu'ils se tiennent dans l'ignorance des questions scientifiques. Au plus haut niveau de l'Eglise romaine, c'est-à-dire de la curie ou de l'évêque de Rome, la mode fait loi, puisque l'incroyable préjugé y est répandu que la science et la foi sont deux choses distinctes. Peu importe que la plupart des savants modernes du XVIIe siècle soient des hommes d'Eglise, ou des philosophes préoccupés de questions théologiques. Prenons Descartes, par exemple, dont se gobergent la plupart des élites républicaines aujourd'hui. Descartes est sans doute moins préoccupé par la théologie que Galilée, Mersenne, Newton, Leibnitz, etc., mais cependant parfaitement conscient des implications de la religion sur la science, et de la science sur la religion. "Je ne veux pas examiner la question du temps dans le phénomène mécanique de gravitation, écrit Descartes, parce qu'elle est trop liée à celle de dieu." Descartes ouvre droit à la partition technocratique de la science, d'une manière beaucoup plus hasardeuse que F. Bacon, mais pas sur le mode totalitaire de la censure des questions métaphysiques.

    Les bouddhistes sont aussi généralement "évolutionnistes". Mais le bouddhisme est, pratiquement, comme la philosophie morale allemande, une religion de la résignation au déterminisme biologique. Autrement dit, à l'opposé du christianisme, le bouddhisme est une religion anthropologique, de l'homme, par l'homme, pour l'homme.

    La "culture de vie" bouddhiste ou évolutionniste ne nie pas positivement la liberté, l'amour ou la vérité, ce à quoi le raisonnement biologique déterministe devrait l'entraîner, mais elle les pose comme de simples hypothèses, d'ordre juridique ou génétique. Techniquement, ou bien la liberté est repoussée dans un au-delà fictif, ou bien elle n'a d'existence que relative, entre les hommes, en fonction de leur situation les uns par rapport aux autres. Les personnes les mieux adaptées à la société -"les escrocs", dit un philosophe français athée anti-évolutionniste- sont donc les plus libres. Raisonnement bestial, puisqu'il se mord la queue. Il place certains hommes dans la condition abominable de concevoir l'animal comme un être plus libre de ses mouvements qu'il ne le sont.

    Que l'on soit croyant ou pas, il y a de très bonnes raisons de soupçonner le raisonnement évolutionniste d'être adapté au totalitarisme. A cause de son usage par les élites capitalistes et nazies, il n'est pas rare que des athées soient hostiles au "darwinisme social", c'est-à-dire à des solutions morales inspirées de l'évolutionnisme. Il est vrai que leur hostilité va rarement jusqu'à soupçonner la mécanique transformiste d'être défaillante à expliquer comment l'individu peut parfois aller à contre-courant de la culture de vie, des statistiques ou de la vie domestique - ou l'art de l'érotisme. Si l'homme descend du singe ou de l'amibe, il ne devrait pas pouvoir produire autre chose que des objets d'art érotiques. Il ne devrait pas pouvoir prononcer, comme Léopardi, que "le suicide prouve dieu", c'est-à-dire la capacité de se soustraire volontairement au déterminisme naturel, ou au fol espoir que la vie sociale a un autre sens que d'échapper le plus longtemps possible à la mort, en se couvrant les yeux des écailles de la culture ou de la religion. En dehors de servir à se rassurer, on ne voit pas bien l'usage de la culture ou de l'éthique pour un athée ?

    Quelle est la place de l'oeuvre de Shakespeare, celle de Karl Marx, entièrement soutenues par l'énergie du désespoir, c'est-à-dire le contraire de la fureur de vivre des imbéciles et des lâches, qui ne se connaissent pas et ne veulent pas se connaître en dehors des images sociales flatteuses ?



  • Darwinisme et néo-nazisme

    La propagande de la foi dans l'évolutionnisme, ou pour être plus dans le "transformisme", pose comme un fait historique que le "darwinisme social" constitue un détournement de l'hypothèse de Darwin. C'est faux.

    D'abord, il n'y a pas d'inconséquence sur le plan éthique, quand on croit dans l'hypothèse du transformisme, comme la science nazie, à vouloir en chercher une application sur le plan social. Après tout, la bombe atomique n'est pas plus sympathique que le nazisme, et on ne prétend pas pour autant qu'elle est erronée sur le plan scientifique.

    Ensuite, l'effort d'application du darwinisme, dont témoigne le nazisme, n'a pas cessé à la suite de l'effondrement de ce régime.

    - Mettons que le darwinisme social nazi n'a pas fait ses preuves, bien au contraire, puisque la déroute rapide des Allemands face aux "sous-hommes communistes" a enclenché le début de l'extinction de la fière race allemande, qui a subi les pertes les plus nombreuses au cours de la dernière guerre. Ce darwinisme social a permis la relégation des juifs au plus bas niveau moral, au rang de personnes peu compétitives (ce qui n'a rien en soi d'insultant pour les juifs, dont la spiritualité ne trouve aucun fondement dans la compétitivité ou l'identité, principe racial et/ou juridique).

    - Mais le darwinisme social libéral, qui permet actuellement de reléguer une partie de l'humanité au rang de la sous-humanité, avec la promesse identique à celle faite aux juifs de "libération par le travail", ce néo-darwinisme social n'a pas, lui non plus, fait ses preuves. Autrement dit, nous sommes en train de l'expérimenter, et, malgré les débuts catastrophiques du darwinisme social, les comités d'éthique paraissent peu s'en émouvoir.

    D'une certaine façon, le darwinisme social libéral paraît voué à un échec plus cuisant et certain encore que le nazisme ; en effet, si certains ont pu croire dans la victoire de l'Allemagne sur le reste du monde, il paraît dérisoire d'affirmer l'équilibre du monde sur la base de la compétition économique, assortie de la seule promesse aux sous-hommes de connaître un jour la démocratie et les profits qui vont avec, pour qu'elle ne soit pas seulement un mirage. On voit se répéter dans le darwinisme social libéral, le même cynisme et les mêmes spéculations scientifiques douteuses que dans le nazisme. En dehors des milieux industriels et boursiers, le darwinisme social paraît scandaleux. Pourquoi ne pas examiner, en dehors des milieux industriels et boursiers, s'il n'y a pas lieu de réouvrir le débat scientifique à propos de Darwin ? C'est naïf, je le reconnais, puisque la télévision joue désormais un rôle de premier plan dans le débat scientifique.

    +

    Si l'on a fait un peu d'histoire, et pas seulement de la biologie, on verra d'ailleurs que le nazisme n'a fait que donner une coloration juridique particulière à un darwinisme social libéral existant auparavant. Le nazisme n'a pas l'exclusivité du mélange ésotérique de la science et de l'éthique, puisque c'est une caractéristique du totalitarisme, en général. C'est le mode de raisonnement essentiel des régimes théocratiques depuis les débuts (avérés) de l'histoire de l'humanité, tandis que l'étrange attelage de la science et de la morale publique a de quoi surprendre un esprit scientifique plus sérieux, qui objectera : "Et pourquoi ne pas intégrer la science-fiction dans la science, tant qu'on est à y admettre des comités d'éthiques ?" Objection d'autant mieux fondée que c'est ce que font systématiquement les régimes théocratiques depuis l'origine (prouvée) de l'humanité : ils ne distinguent pas la science de la science-fiction. Typique de la théocratie européenne du XVIIe siècle, la science de Galilée mêle psychologie de l'univers et science-fiction (le purgatoire), d'une manière qui n'a rien de surprenant. Pus récemment, la philosophie naturelle de Montesquieu et sa théorie raciste, qui repose plus sur les envolées lyriques que les syllogismes mathématiques, effectue la même jonction de la science naturelle et du droit. La science, dans un régime technocratique, présente le même caractère dogmatique que dans une théocratie.

    - J'entendais récemment Roland Jaccard (statistiques + biologie), piètre savant comme tous les polytechniciens, déplorer quasiment dans la même phrase le défaut de contrôle des savants par des experts ès éthique (c'est-à-dire des curés, fonctionnaires de l'Etat), ET le rôle joué par l'économie et l'argent dans la science moderne. L'argent est sans doute la principale raison, aujourd'hui, du mélange de l'éthique et de la science. Il n'y a rien de plus éthique que l'argent. Il n'y a d'ailleurs qu'un statisticien imbécile pour croire que l'Etat et ses curés sont des esprits purs, et que ce n'est pas l'argent qui les détermine eux aussi.

    - Pour poser l'hypothèse évolutionniste, il faut auparavant poser le fatalisme comme une vérité scientifique. Comme cette vérité est de nature religieuse ou juridique, on peut penser qu'elle traduit chez Darwin l'influence des préjugés théocratiques de son époque. Le judéo-christianisme de Darwin est d'ailleurs très proche de celui de Hitler. Dans les mêmes termes que Darwin et ses disciples posent le principe de la transformation du singe en homme, on pourrait faire la théorie que l'espèce humaine est prédestinée à retomber au niveau éthique où se situe le singe, et à ne plus se comporter autrement que suivant une programmation naturelle fatale.

    Mais, en pratique, quiconque résiste à la bestialité du darwinisme social nazi ou libéral, en refusant de s'inscrire dans la chaîne alimentaire, fait écueil au transformisme, tant que celui-ci n'aura pas démontré comment un être humain peut se situer à part de toute l'espèce à laquelle il appartient, et refuser de se soumettre au droit naturel commun, à laquelle toutes les autres espèces vivantes se plient. Bien sûr il y a une grande place d'abrutissement religieux, de psychologie et de calculs spéculatifs chez l'homme, mais il n'y a pas que ça, et même la détermination psychologique moyenne dans les régimes théocratiques ne serait pas, sans l'effort considérable du clergé pour promouvoir la culture, vecteur principal de l'enseignement de la science et des arts sous la forme dogmatique.

    C'est exactement le même abandon de l'esprit critique qui est requis pour croire le transformisme vrai, que celui qui est exigé pour croire que le libéralisme est une doctrine économique sérieuse, alors qu'elle s'appuie principalement sur l'escamotage et la censure de tous les faits historiques qui la contredisent. Pour croire au libéralisme, il faut croire au destin, comme les joueurs de poker ; idem pour croire au darwinisme, qui ne fournit pas l'explication de l'indétermination humaine, mais seulement de son déterminisme (et encore, une partie seulement).

  • Pédérastie catholique (2)

    Continuons d'essayer de comprendre comment les valeurs pédérastiques se sont introduites à l'intérieur de l'Eglise catholique, après avoir signalé le lien entre :

    1. Le puritanisme et la pornographie, sur lesquelles il n'est aucun régime libéral qui ne soit fondé. De même qu'aucune pensée politique ne peut se passer d'incorporer dans le pouvoir politique celui de l'économie et de l'argent (le rêve politique de Judas Iscariote lui-même répète la trahison de Moïse par le peuple juif), de même la morale sexuelle puritaine ne peut être isolée de la prostitution qui lui a toujours servi de soupape, au moyen âge comme dans la religion yankee aujourd'hui, sorte de "socinianisme" évoquant le paganisme romain, qui ne fut pas loin d'être vaincu en Occident à la Renaissance.

    2. Lien entre pédérastie et pédagogie. Le cas du hoplite grec (spartiate), dont l'homosexualité était cultivée à des fins militaires, est bien connu. Il n'est pas interdit de penser que l'éducation civique tend vers l'homosexualité, dans le mesure où le premier "parti Gay" a été créé aux Etats-Unis où le culte primordial est celui de la nation.

    Un chrétien français voyageant aux Etats-Unis pourra être ainsi extrêmement choqué de voir l'usage des armes à feu encouragé dans des familles... chrétiennes (!). Si la propriété privée a été incorporée aux valeurs chrétiennes dans cette nation qui transpire le satanisme de tous ses pores, c'est bien évidemment pour cause de politisation extrême, non moins inquiétant que le national-socialisme allemand.

    La société yankee est extrêmement nitchéenne en effet, et il n'est pas besoin de gratter beaucoup pour déceler la pédérastie de Nitche, non seulement en raison de sa dévotion pour Dionysos, dieu du transport religieux hystérique (Qu'est-ce qui peut expliquer l'engouement pour un aussi médiocre penseur -on peut citer au moins quatre ou cinq penseurs fachistes français s'exprimant beaucoup mieux-, dans des milieux apparemment aussi opposés que les milieux anarchistes, les curés chrétiens libéraux, à la suite du national-socialisme ? On pense bien sûr à une pédérastie latente dans ces milieux. J'ai fréquenté moi-même plusieurs militaires ayant démissionné de l'armée où ils se sentaient mal à l'aise ; je n'ai pas eu beaucoup de mal à les convaincre que cela venait de l'homosexualité ou de la pédérastie latente et nécessaire dans l'armée. De manière typique, Nitche assimile la violence à la force, alors que la violence sera plutôt interprétée comme une preuve de faiblesse et d'animalité par la sagesse philosophique grecque dont Nitche se croit l'héritier ; Nitche est à peu près aussi sérieux dans le domaine de l'étude des civilisations païennes que Darwin l'est dans le domaine de la biologie.)

    3. On a tort d'associer la Grèce antique à l'homosexualité, en invoquant l'exemple de Platon. La religion romaine est beaucoup plus dionysiaque et pédérastique que la religion grecque. La religion libérale ou socialiste actuelle dite "existentialiste" est à peu près sans lien avec la Grèce antique en dehors du pythagorisme et de l'épicurisme, guère représentatifs de la Grèce. Les philosophes nazis Arendt et Heidegger ont traduit Aristote encore plus mal que les scolastiques péripatéticiens du moyen âge ou E. Kant.

    Heidegger transforme le propos d'Aristote en une sorte d'épicurisme dont l'existentialisme est beaucoup plus proche. "Politique d'abord", voilà un slogan étranger à Aristote, naturaliste pour qui la politique est au niveau de l'animalité. "Politique d'abord" est un slogan romain ou libéral, socialiste, qui conduit inéluctablement à la pédérastie.

    (A suivre)

  • Beware the Gorilla!

     

    thoth.jpg

     

     

    Formerly people from French Britanny used to think that Monkeys were the Devil's Creatures. Because the Devil was envying the Art of God who made the Man, he wanted his own poetry and made himself a Monkey.

    Due to special ability of the Monkey for imitation ('mimesis' say snobs), it is true that one could give to the God of Music or Socialism a Monkey face. Maybe Aegyptian monkey-face God was close to Greek Dionysos, who is not far away from the Monkey too?

    Darwin's Theory was important in new religious feelings of nazism inspirated by Roman paganism, and it is still important in today Liberalism to draw a kind of Scientific Futurist Edena.

    We have 'Scientists'-as they say in France, such as Yves Coppens or almost hysteric Pascal Picq, who are closer to Religion than Science and never apologized because of their lies about 'Lucy', that was officialy declared to be their grand-grand-mother to young children during decades! Not to mention unbelievable lies of English R. Dawkins of the same Church, trying to hide that Isaac Newton is one of the most religious Scientist in European History, whose Science cannot be splitted from his Christian free-masonic ideas.

    Great success of Darwin's theory in nazism and liberalism must be understood as very reasonable, due to its moral and political components. Religion and Politics are closer (not to say the same), although Science is very different from faith (closer to Charity, in Francis Bacon's idea).

    THERE IS NO MATERALISTIC SCIENCE THAT CAN FIT WITH DARWIN'S IDEA; FROM ARISTOTLE OR DEMOCRITUS TO FRANCIS BACON AND KARL MARX, DUE TO STATISTIC REFLEXION OF DARWIN. Therefore one can say that there is no materialistic Science that can fit with physiocratic principles of nazism or liberalism. Organ is the domain of Satan and his clerks, and materialistic Scientists are studying it as the domain of Corruption, especially when they are Christian as Francis Bacon, but Aristotle too.

     

  • Le Pen pressé à froid

     

    glandes.jpg

     

    Beaucoup trop tard pour s'intéresser à la politique. Le destin des hommes politiques et de leurs électeurs est d'être changés en fossiles. Pas le "quart d'heure de gloire" mais le "quart d'heure de combustible", il vaudrait mieux dire.

    Constat que Le Pen continue d'être le petit caillou au fond de la botte des politiciens libéraux, dont il fait ressortir l'hypocrisie. Plus ils se disent "de gauche", plus ils sont gênés, étant donné que personne n'a jamais vraiment cru à la sincérité de Sarkozy en dehors de ses électeurs pendant quelques jours. "Le Figaro" dit pis-que-pendre de l'islam tout en fourguant des armes à l'Arabie saoudite. Inutile de sonder plus profond l'éthique de la clique gaulliste.

    - Insécurité = immigration dit Le Pen. Aucun doute que l'immigration est une des principales causes directes de l'insécurité, pas plus qu'on ne peut nier que les immigrés sont les premiers à en subir les conséquences. Un communiste n'a qu'à simplement rétorquer à Le Pen : immigration = capitalisme, afin de renvoyer Le Pen à sa propre absurdité politique : Le Pen n'a aucune solution pour contrer le capitalisme et l'immigration, il n'a que des moulinets. Sarkozy n'a eu qu'à se saisir de la crécelle en sautant plus haut que les autres.

    Le "nationalisme" ou le "souverainisme", le "républicanisme", "l'identité nationale", quel que soit le jargon qu'on utilise pour exhausser cette religion de petits propriétaires inquiets, est indissociable du capitalisme. Jacques Attali est un abruti puisqu'il est nationaliste, mais au moins c'est un abruti rationnel avec sa théorie du gouvernement global ou de la nation-monde.

    Autrement dit il n'y a pas de solution politique à un problème provoqué par la politique. La politique est aussi nocive pour l'homme que la culture est nocive pour l'intelligence. Elle lui fait croire au plein là où il n'y a que du creux.

    Tout en étant le petit caillou dans la botte des hypocrites politiciens, Le Pen est un maillon de la chaîne solidaire des autres. Pendant trente ans il a assumé la fonction ingrate mais non négligeable d'empêcher le discours politique de paraître clairement aux yeux de tous le morne catéchisme existentialiste qu'elle est, la religion la plus emmerdante du monde selon Céline. Chacals les Français non dépourvus d'intelligence qui ont prêté la main à ce cirque.

    *

    - Connerie de Le Pen d'accuser les écologistes d'être d'"extrême-gauche". On ne trouvera pas de trace chez Marx ou Engels d'un soupçon d'écologie, pas plus que l'idée de s'avancer derrière un tel déguisement. Pas même chez Rousseau. Le Pen ne fera pas peur aux bobos qui votent "écolo" avec ce truc de l'"extrême-gauche". La bobo-attitude consiste précisément à faire croire qu'on est un révolutionnaire entre deux Picon-bières populaires.

    Pas plus on ne trouvera une seule idée marxiste dans le programme écologiste. L'écologie est plus proche de Darwin que de Marx, par conséquent du national-socialisme que du communisme (la "loi naturelle" de Darwin, ersatz de foutaises médiévales, contient toutes les inconséquences de l'écologie, carnaval parfaitement incarné dans le gugusse Cohn-Bendit, "juif et allemand", exactement les "identités" rejetées par Marx comme des fantômes pour grenouilles de bénitier.)

    Si l'écologisme a eu autant de succès en Allemagne, c'est que le national-socialisme auparavant était déjà plus ou moins une idéologie de jardinier boche. Voltaire contre Pangloss, soit, mais Voltaire tout de même un peu boche, sans quoi il n'aurait jamais été admis sous la coupole du Quai Conti, devenu le repaire de glandus qu'on sait.

    L'écologie est une idéologie de bobos. Point à la ligne. La politique est le chêne, qui dure moins que le roseau flexible.

  • Mistake of A. Huxley

     

    kingkong.jpg

     

     

    Reading "Brave New World" I was very disappointed. Under strong authority of this Shakespeare's word (Bacon is behind), one could expect more than Huxley's wrong Essay.

    Karl Marx is closer to Shakespeare than Huxley does. "Destiny" against "Liberty": it is in fact a good point of view to understand Marx as Big Will. Wether he intended it or not, Marx purified XIXth Century Humanism of its deep coat of archaic pagan ideas (that Nitche, Freud or Levi-Strauss after Marx were not even able to recognize those motherfuckers!).

    What is the mistake of Huxley now: Dictatorship is liberalism, and liberalism is based on Physiocratic idea*. Problem of Huxley was that he was belonging to a Biologist tradition and family, sitting so on this Chair, unable to understand the need of the biologic idea for one Dictatorship (to change the State in a genitrix; though the help of darwinism to nazism or capitalist faith is rather easy to guess.)

    As clearly as possible, I will try to explain the use of the biologic idea:

    - Modern dictatorship is a soul system as music does: soul concept, as much Christian than Pagan or Atheist or Music concept is based on organ (Religious elitist Baroque music of Bach is for instance based on it); old religious pagan trick of soul system that was making anybody a piece of the tribe until the blind sacrifice of his body, liberalism just made it 'modern'. The highest the soul, the lowest the body which is big barrier to Religious or Political power (Understand that Olympic Games are not praising the body but the nations: it is a soul system.)

    - Not only Political institutions but weapons are organs too. Female weakness needs weapons as much as Politics or Sex tool (into which Politics changed men). Biology is the wet compost, the ground where Nature is changed in physiocratic idea or mathematics idea: that is to say politics. Where one can see that Darwin deals more with Politics than Nature is not only in the opposite story of French Pierre Boulle, but in the stupid 'struggle for life' and the statistics on which this idea is based, that are everything but 'natural'. To link the monkey (or any other kind of animal) to human, you need to make both monkey and human mechanics and take them so through the perspective of soul (or language).

    Living with Gorillas: I am not surprised that a Darwinist Woman got this idea. Gorillas are rather good politicians although their struggle for life system is not as efficient as capitalist jungle-law. Therefore Gorilla is the perfect protector husband and father; and of course perfect sexual tool. There is an idea of 'Prince Charming' in the Gorilla, who is nobody else than Lucifer in Christian Tales (Good anarchist French song about the love of Gorillas for the gentlemen of the robe.)

    *Russian dictatorship is not perfect example as United-Kingdom, France or even USA as K. Marx explained, because of its very quick changing from Agriculture to Technical culture. In other words there is no Russian Shakespeare to point out the fiend of Nations like Big Will does for new England ruled by Shylock.

  • Allègre, savant ?

    Claude Allègre ne s'en laisse pas conter par les imbéciles écolos ; cela fait-il de lui pour autant un savant ?

    - Ecartons d'emblée l'argument de la médaille (Crawford) et des titres décernés à Allègre. Plusieurs prix Nobel d'économie sont impliqués dans le scandale des mathématiques financières inculquées aux "traders", pour partie responsables de la banqueroute que l'on sait.

    - Relevons une petite imposture rhétorique d'Allègre. Il utilise publiquement la théorie climatique du "battement d'aile de papillon" (pur sophisme) pour invalider les prédictions climatiques à long terme, sachant parfaitement le rôle majeur des statistiques et probabilités dans la mise en équations à laquelle la science physique quantique procède presque systématiquement (la fameuse théorie débile du "chat de Schrödinger").

    - "La défaite de Platon" est le titre d'un ouvrage de Claude Allègre, par quoi il veut signifier le divorce de la science laïque avec le platonisme. Cela indique de sa part l'ignorance que pour ce qui est de la science, Platon s'en remet largement à Pythagore, très loin d'être "défait" aujourd'hui. C'est Aristote qui fait la démonstration serrée que Pythagore est un idéologue. Le théoricien prix Nobel Bertrand Russell est un exemple isolé de rejet (tardif) du pythagorisme.

    - La science laïque passe systématiquement par une critique de la science chrétienne, "catholique" particulièrement, celle-ci étant tenue communément pour moins moderne.

    Sur un point, Allègre est plus sérieux que les autorités catholiques romaines, lorsqu'il associe Thomas d'Aquin à une démarche scientifique. Car de fait, sans cette démarche scientifique, Thomas d'Aquin et le "thomisme" perdent tout sens. C'est un mensonge scientifique grossier de la part de Jean-Paul II d'avoir affirmé les significations distinctes de la science et de la foi. D'une manière générale, très peu de religions vivantes se sont désintéressées de la science au cours de l'histoire, la foi ayant des conséquences sur la science, et la science sur la religion. Karl Marx cite l'épicurisme comme exemple de religion (morale) coupée de la science.

    En revanche Allègre fournit une raison bizarre à la résistance de l'Eglise à l'abandon de la science d'Aristote, anti-atomiste convaincu : l'atomisme démolirait la doctrine de la transsubstantation (transformation du pain en corps du Christ au cours de la messe). C'est bien plutôt le géocentrisme auquel l'Eglise catholique était attachée, hostile à l'éclatement mathématique du monde, même si des moines obtus au moyen âge ressuscitèrent des mondes antiques linéaires et plats, bien avant les frères Bogdanoff et leur univers en forme de soucoupe. Par une lettre adressée à Descartes, la reine Christine de Suède crut même bon d'avertir le mécanicien français des conséquences de la thèse de Galilée (qui sans le soutien actif d'une partie de la curie romaine, n'aurait jamais pu publier ses sophismes).

    *

    - On pourrait passer cent pages à critiquer les extrapolations historiques de Claude Allègre, dont la prétendue science consiste largement à juger des idées scientifiques du passé à l'aune de celles d'à présent. Mieux vaut se concentrer sur le problème central suivant : comment se fait-il que la science capitaliste joue de l'argument de neutralité, qu'elle prétende être libre de toute influence religieuse, alors même qu'elle repose très largement sur un des corpus scientifique les plus marqués par la religion au cours de l'histoire, à savoir "grosso modo" la science du XVIIe siècle, que je qualifie de science "janséniste".

    Par-delà Claude Allègre, à deux doigts de l'hystérie, il faut mentionner l'évolutionniste Richard Dawkins, qui non content de vouloir faire la démonstration scientifique que "Dieu n'existe pas", ce qu'il est parfaitement libre d'essayer, affirme que l'anglais Newton partageait les mêmes sentiments athées que lui, dans un "best-seller" fourgué à des millions d'exemplaires à grand renfort de publicité ; cela contre l'évidence que les travaux des savants du XVIIe siècle, et Newton n'échappe pas à la règle, ces travaux sont émaillés de controverses sur des points de religion (Newton/Leinbitz, par ex.). Le nombre de "clergymen" impliqués dans cette nouvelle science est en outre remarquable, du cardinal de Cues à Gassendi en passant par Marin Mersenne, etc.

    Religieuse, cette science l'est doublement, puisqu'elle consiste en grande partie à ressusciter le pythagorisme, lui-même indissociable dans l'Antiquité du sectarisme religieux de Pythagore et de ses disciples.

    Voici ce que Voltaire écrit : "Il n'y a point de philosophie qui mette plus l'homme sous la main de Dieu que celle de Newton." Si la science de Voltaire n'est pas toujours exempte de défauts, on doit prendre Voltaire pour plus savant que Dawkins et Allègre, leurs mensonges sur la science "neutre" (un concept de physiocrate capitaliste) ; d'autant que Voltaire qualifie justement ici la mentalité religieuse de Newton (très différente de celle de F. Bacon), proche des conceptions de la secte unitarienne (qui milite aujourd'hui pour la reconnaissance totale par le Vatican du transformisme darwinien). D'ailleurs l'opinion de Voltaire lui-même est de s'en remettre aux saintes écritures lorsque la science peine à élucider tel ou tel point, en cela aussi divergent des philosophes contemporains, que Newton l'est des savants actuels.

    Plus loin et plus intéressant, Voltaire écrit en outre : "On reproche encore à Newton qu'il admet des qualités immatérielles dans la matière. Mais que ceux qui font un tel reproche consultent leurs propres principes, ils verront que beaucoup d'attributs primordiaux de cet être si peu connu qu'on nomme matière sont tous immatériels, c'est-à-dire que ces attributs sont des effets de la volonté libre de l'Etre suprême...")

    Plus intéressant car Voltaire révèle ici l'emprunt direct de la franc-maçonnerie "laïque" dont l'idéal accompagnera la science au XIXe siècle, à une conception maçonnique chrétienne très répandue dès la fin du XVIe siècle (ressuscitée également par le franc-maçon Joseph de Maistre).

    La remarque de V. conduit aussi jusqu'à Marx et à sa démonstration que la théorie atomiste de Démocrite reflète une théorie de l'âme ; et que d'une certaine façon, Aristote comme Marx, est plus "matérialiste" que Démocrite (pour Aristote contrairement à Lucrèce ou Pascal, le néant n'existe pas).

  • Thibon l'Imposteur

    C'est plus ou moins une saloperie que l'introduction de Simone Weil par le paysan Gustave Thibon ("La Pesanteur et la Grâce"). Pour ne pas trop charger la mule Thibon qui a déjà contre lui de ne pas croire en Dieu (c'est là que mène Pascal et aux pirouettes de Jean Guitton, Nitche ou Sartre), je me contenterai de la formule suivante : la Simone Weil marxiste est plus chrétienne que la Simone Weil "convertie au christianisme".

    Car Simone Weil est l'anti-Nitche ou l'anti-Maurras, et c'est déjà beaucoup. Quand ces nostalgiques de la Rome antique, dans laquelle les chrétiens les plus sérieux ont vu qu'il se tramait quelque chose de babylonien, quand ils sacrifient Dieu à la religion, Simone Weil, elle, a la sagesse de préférer tenir la religion pour beaucoup plus suspecte.

    *

    Dès ses "Causes de l'oppression" Simone fournit en effet la raison générale du paganisme, l'ancien et le nouveau, qui permet de comprendre comment, visant "par-delà bien et mal", Nitche est tombé sous le niveau de la ceinture, bien en-deçà du bien et du mal. Le paganisme est essentiellement politique et moral, démontre Simone Weil. En outre, si Nitche s'était donné la peine de lire les auteurs français au lieu de les piller, il aurait pu voir que même un poète romantique comme Baudelaire souligne l'ambiguïté profonde de la morale. La loi darwinienne de la jungle, mise au service du national-socialisme et du capitalisme (R.P. Bruckberger : "Le capitalisme, c'est la vie."), cette loi n'est que le revers du sophisme chrétien de la "loi naturelle", parfaitement réversible comme toutes les idéologies.

    *

    Que l'idée "d'éternel retour" plane au-dessus de la tête de Darwin, tout comme l'idée du "struggle for life" plane au-dessus de la tête de Nitche, cela se comprend en effet sous l'angle des mathématiques. Le malthusianisme qui fonde le "struggle for life" est statistique, et la statistique (cf. Descartes) pose le principe de l'éternel retour (que le jour se lèvera demain est le "maximum" de la probabilité comme son "minimum" : c'est ce qui rend la statistique inadéquate à la science pour un savant matérialiste comme Aristote ; et explique aussi pourquoi le risque de perturbations climatiques majeures sème la panique dans le sérail des polytechniciens élevés en batterie, héritiers putatifs de Pascal dont Jacques Attali reproduit à merveille les airs de cartomancienne.) Grâce soit rendue à Simone d'avoir fustigé la grande truanderie intellectuelle de la polytechnique en la personne de Max Planck !

    Par ailleurs où Darwin trahit encore sa "raison" puritaine, morale, c'est dans sa conception mécanique de l'homme, en termes de fonctionnalité (le "bipédisme"). Là encore on est très proche de Descartes et de son animal mécanique. On peut aussi bien comme M. Pastoureau sur la foi des organes (et donc de l'âme) rapprocher l'homme du cochon. L'homme ne se résume pas au fait de déambuler. Tiens, à ce propos, comment se fait-il que je pense tout d'un coup à Oedipe, ce tyran qui fascine tant les "judéo-chrétiens" de toutes confessions ?

    *

    Dès lors il faut se demander comment le pape Ratzinger peut trancher en faveur de Darwin contre François Bacon (in : "Spes salvi"), son exact contraire ?

    Quiconque est un tant soit peu familier de la science, sans même être persuadé comme je le suis que François Bacon et Shakespeare ne forment qu'un seul et même dessein, peut voir en effet que la science de Bacon, fondée sur la sagesse des Anciens, sa théorie de la dérive des continents en particulier, mais pas seulement, est RADICALEMENT incompatible avec la science de Darwin, imprégnée de cartésianisme et de science physiocratique (l'éparpillement de la science est opposé au rapprochement que les analogies de l'induction vraie selon Aristote ou Bacon permettent).

    Et non seulement commettre une telle erreur, mais la préfacer du mensonge historique éhonté selon lequel la foi et la science seraient deux savoirs bien distincts, quand la science mathématique dominante est, a été, et ne peut être que la science la plus religieuse qui soit ? Quand par exemple Leibnitz et les acolytes de Newton se perdent en ratiocinages interminables pour savoir lequel des deux est le plus conforme à la Genèse ? (mensonge de la neutralité propagé aussi par Claude Allègre et qui suffit à le discréditer en tant que savant, et sans doute avec l'aplomb le plus formidable par le britannique R. Dawkins, équivalent des frères Bogdanoff dans le domaine du transformisme, sans que cela excuse en rien le(s) pape(s) - Jean-Paul II a trempé dans les mêmes balivernes).

    Mensonge doublé de l'hypocrisie qui consiste à poser un verdict dans le domaine scientifique juste après avoir exclu -chose impossible en réalité- la science du domaine de l'espérance, de la foi et de la charité.

  • Angoisse de la nuit

    Près de mille ans de temps assassin ont passé, mille ans à ajourner l'Apocalypse faute de combattants en nombre suffisant pour oser affronter comme Shakespeare l'angoisse de la nuit, mille ans que la constance de l'ordre dominicain à servir le Léviathan perdure.

    (Je feuilletais récemment la biographie de saint Dominique (de Gusman) par Lacordaire : incroyable tissu de fables et d'hypocrisies ! Cette femelle tente de justifier l'implication de son héros dans la croisade albigeoise qui a ensanglanté le Sud-Ouest de la France, tout en le lavant personnellement du sang versé par les soldats.)

    Aujourd'hui c'est :

    - Philippe Verdin qui fait l'éloge de la théocratie yankie et regrette que ce système de corruption généralisée ne soit pas appliqué en France par Sarkozy ;

    - Jacques Arnould qui fait l'éloge de l'idéologie de Darwin, ciment religieux des régimes laïcs barbares, éternité descendante combattant l'éternité transcendante ;

    - Dominique Humbrecht qui, comme un innocent s'interroge sur les causes de la crise des vocations sacerdotales.

    Le Gusman dans la pièce de Molière est-il une allusion au fondateur de l'ordre prêcheur de guerre ?

  • Créationnisme

    Selon l'historien Michel Pastoureau, l'homme ne serait pas cousin du singe mais plutôt du cochon, avec lequel nous possédons d'étranges affinités (pas le quadrupédisme). Menace de crise de fous rires sur les plateaux télé lorsque Pastoureau paraît et énonce sa thèse, vu le faciès porcin et nettement couperosé du thésard. Mais les caricaturistes ne relevèrent-ils pas eux aussi en leur temps la grimace simiesque de Darwin ?

    Ce fils prodigue de science ne manque pas pour autant d'arguments. Selon des témoignages récents de rugbymen anthropophages, le goût de la chair serait exactement le même que celui du cochon. Et les organes du porc identiques à ceux de son prédateur, utilisés pour les cours de médecine. Ajoutons l'omnivoracité légendaire de l'homme.

    Expliquer l'interdit alimentaire des Juifs par le tabou de l'anthropophagie est un peu téméraire de la part de Pastoureau cependant, vu que les pourceaux sont dans la Bible (comme chez Rabelais ou Léon Bloy) des bêtes diaboliques, tout comme le singe au demeurant, l'ours, le léopard, les insectes et de nombreux félins.

    Cela dit dans l'ensemble la thèse de Pastoureau est plutôt plus cohérente que celle de Darwin et repose sur un nombre d'analogies physiques plus important.