Je suis frappé à la première lecture de Saint-Simon (l'Ancien) par l'indulgence de ses portraits. Probable que ceux qui jugent Saint-Simon sévère ne veulent pas admettre non plus que "Tartuffe, c'est nous.", malgré la démonstration de Sollers.
J'ai décidé de zapper plus ou moins le XVIIe siècle, qui a beaucoup trop de style pour être honnête. Mais je profite de ce qu'on m'a demandé de surveiller quelques neveux qui s'ébrouent dans un rivière pour lire d'un oeil quelques portraits de cour. Heureux gosses à peine sortis de la caverne et qui ne se doutent pas de la menace qui plane, de l'engloutissement possible du monde en quelques secondes...
- Indulgent parce qu'il trouve des excuses à la bigoterie insupportable de l'infirmière de Louis XIV : l'état de nécessité dans laquelle elle a vécu longtemps. Il est certain, pour le traduire dans la langue du jour, que nécessité rend con.
- Indulgent aussi parce qu'il explique que la stupidité de Louis XIV a été entretenue par son entourage, et qu'il reconnaît au roi, malgré sa bêtise, un penchant pour le savoir et une bonne capacité à l'augmenter.
- Indulgent par les portraits vivants qu'il fait de femmes très laides qui n'auraient pas sans lui trouvé de peintre.
Mais un de mes neveux manque de se noyer et, par acquit de conscience, je me sens tenu de plonger à l'eau pour le ramener au bord. Il faut que je lise Saint-Simon à mes neveux avant qu'ils ne voient à la télé quelque documentaire débile de Stéphane Bern sur le "Roi Soleil", la fermette de Marie-Antoinette, et toutes ces niaiseries de boy-scout.