Au moment où le sol se dérobait sous son projet de budget commandé par les banques allemandes et la Commission, histoire de mettre au pas la cigale française, François Bayrou a fait un ultime effort didactique en comparant la dette de la France à la voie d'eau dans la coque du "Titanic".
Pour les Gilets jaunes, la comparaison n'est pas forcément absurde ; il y a même une date qui s'impose à l'esprit, pour marquer la rencontre fatale entre le paquebot et l'iceberg : 2008, date du séisme financier international. Les krachs capitalistes sont l'occasion d'une prise de conscience politique. Le communisme s'est introduit aux Etats-Unis à la faveur du krach de 1929, où il était auparavant "non grata".
Avez-vous déjà croisé au cours de votre vie un joueur, habitué des casinos, dont le regard brille à la vue d'un tapis vert ou d'une machine à sous ? Un type qui entreprend de vous expliquer qu'il existe une "martingale", un truc pour gagner à coup sûr ? Ce jour là j'ai découvert que les mathématiques ne sont pas du tout une "science dure", mais qu'ils peuvent être une drogue dure.
Je me souviens de m'être laissé entraîner à voir "Titanic", le fameux navet cinématographique, je n'étais encore qu'un ado. Je m'étais demandé comment un tel navet avait pu cartonner autant ? Le racolage publicitaire n'était pas une explication suffisante... Le succès du film est d'abord aux Etats-Unis ; je crois que les Etats-uniens (qui sont liés entre eux par des valeurs très abstraites) pouvaient ressentir, dans le Titanic, comme F. Bayrou, une métaphore politique.
Les Etats-uniens acceptent beaucoup mieux/sont beaucoup plus soumis que les Français au risque économique que l'économie capitaliste fait courir à la nation. Le Français est d'ordinaire moins disposé à endosser les erreurs de navigation du commandant du navire. Tant mieux si la jeune génération de Français est récalcitrante à accepter ce que ses parents ont gobé tranquillement, comme des veaux.
On comprend que les politiciens comme F. Bayrou, obéissant aux directives de la Commission, veulent colmater la voie d'eau dans la coque, pour pouvoir reprendre ensuite la croisière comme si de rien n'était, relancer la machine par la fabrication de chars et de missiles balistiques si les Ukrainiens persistent à vouloir se faire tuer pour l'Europe-martingale.
C'est ici que les critiques marxiste et orwellienne trouvent leur utilité. C'est pourquoi je leur ai accordé une place de choix dans mon essai sur "Orwell & les Gilets jaunes". La propagande capitaliste est si puissante qu'elle a imposé très largement dans les esprits le développement capitaliste comme une sorte de fatalité idéale. Penser contre le capitalisme est devenu tabou, aussi bien à gauche qu'à droite : Marx et Orwell sont sans doute les moins respectueux d'un tel interdit.