Sans tambours ni journalistes, c’est au son de la trompette que le cercueil d’Alain Fournier remonte la très gothique nef de St-Eugène. Un ange passe entre les poteaux d’ADG, un peu intimidés par toutes ces fleurs de lys, et que l’encens saoule visiblement. Coquetèle détonnant de baccantes patibulaires et de veuves éplorées, de costards-cravates et de blousons noirs de circonstance. Ici quelque kangourou se cache sous une casquette et des ray-bans yanquis, et là un vieux dur-à-cuire médite au garde-à-vous, près d’un chouan de Paname, portant une bannière frappée du Sacré-Cœur. «Rillettes et rillons, ne rions plus». Un de la Noire, représentant la boutique Gallimard, en manteau d’alpaga crème, se pince pour y croire.
Même le curé, ancien de la Royale, met de l’argot dans son latin pour mieux se faire entendre de ses ouailles endeuillées ; il prêche que «La Providence et la Vierge Marie sont de mèche toutes les deux». «Alain Fournier est nu à l’entrée de la salle du trône. Nous avons le pouvoir, nous, les vivants, de prendre la défense des morts par nos prières !»
Des chœurs plutôt couillus prennent le relais : «Plus près de toi, Mon Dieu, Quand sous l'effort je ploie, Quand sombre toute joie, J'espère en Toi, mon Dieu…»
Retour d’ADG à Véretz l’après-midi, pour y reposer en paix près de son pépère. Les aminches partageront le pain et le fromage, arrosés d’un petit verre de Montlouis.
Commentaires
Superbe compte-rendu. Merci !
Nous ne t'oublierons jamais, vieille branche d'ADG. Tu dois déjà bien te marrer la haut, avec Manchette, Siniac et les autres... RIP
As-tu vu l'immarcescible pilier de Rivarol ? A la colle avec Camille-Marie et coiffé à la Dudule ?