Avant-hier soir, je me couche comme tous les autres soirs sans me brosser les dents et après avoir bu un verre de rouge, vers deux heures - bref, rien de spécial ne laisse présager ce songe que je fais au milieu de la nuit, où la trame de mon roman m’est révélée d’un seul coup.
Pulvérisés, les grains de sable qui bloquaient la mécanique. Jusque-là, je ne disposais que d’une vague intrigue que mon pote Erwan m’avait gentiment soufflée. Depuis trois mois, je mâchais et remâchais un fil conducteur un peu ténu, cogitant pour essayer d’étoffer cette trame - en vain.
Au réveil, je m’empresse de noter tout ça quelque part dans mon ordinateur, pas tant par peur de laisser s'effilocher cette histoire que pour vérifier qu’elle résiste à la transcription (les rêves sont souvent comme des mirages). Content comme un pêcheur iranien qui vient de prendre dans son filet un esturgeon de vingt livres. La pêche au caviar, c’était le sujet d’un reportage dans Thalassa rediffusé la veille fort tard qui m’avait aidé à m’endormir.
Mais le lendemain, pschitt, j’ai tout oublié, comme dirait l’autre… C’était dessiné si nettement sur mon plafond, pourtant ! J’allume donc ma bécane, à demi rassuré, m’autocongratulant pour ma prudence. Et là, stupeur, que dalle, nada, impossible de retrouver mon plan. « Was ist denn los ???? » J’ai écrasé le fichier ou quoi ? Quelqu’un a fouillé dans mes dossiers ? Retour à la case départ. Je suis furax, comme un pêcheur iranien qui vient de laisser sauter par-dessus bord l’esturgeon qu’il venait de pêcher, en voulant le sortir du filet.
J’en viens même à me demander si TOUT ÇA n’était pas un rêve. Vérification faite dans le programme, aucun reportage sur la pêche avant-hier à la télé…
Le polar est un genre exigeant. Il y a un public pour ça, les librairies lui consacrent généralement un rayon entier, un public qui attend qu’on le mène en bateau en tenant le cap jusqu’à bon port. Pas question que la barque prenne l’eau au milieu de la traversée à la première incohérence. Aujourd’hui, les bons artisans se font de plus en plus rares. Besson cite Demouzon. C’est plus facile d’être essayiste, de prendre un billet pour Bagdad ou Karachi, et de broder en partant de quelque attentat islamiste un scénario entrecoupé de bons sentiments.
J’ai pas tout Simenon chez moi, j’ai donc pas pu vérifier que les deux derniers Maigret avec Bruno Crémer étaient fidèles au texte. Ça ne tenait pas debout. De toute façon, Maigret, ce n’est pas un rôle pour Crémer. Il est trop distingué, trop imposant pour jouer un flic. Je préférais Jean Richard.
Commentaires
Il y a donc un complot qui nous fait acheter à tort brosses à dents et dentifrices ... Et, le vin rouge serait le seul protecteur valable de notre précieux émail ?
La brosse userait l'émail ? Le dentifrice nous empoisonnerait à petit feu ? Des révélations ! Des révélations ! Vas tu mettre en échec le marketing de Colgate et autres multinationales ?
amenez moi de la bière et des sandwichs.
le meilleur Maigret fut Pierre Renoir dans La nuit du carrefour de Jean Renoir.
Hitchcock racontait s'être levé la nuit pour noter une superbe idée de scénario. Il se recouche, se rendort et au petit matin lit: un gars aime une fille.
ma femme est amoureuse de Cremer... j'déprime !
ton roman, tu l'écris chaque jour ici même lapinos... et tu le sais ?! après Salam Pax, Lapinos nous conte "sa guerre"...
Tlön,
Mais est-il possible qu'au petit matin de ton histoire, une fille aime un gars qui va se coucher sans se brosser les dents après un dernier verre de vin rouge ?
Hugues, la question ne se pose pas en ces termes : je ne connais pas un seul homme qui se lave les dents avant d'aller au lit. Et je le sais parce que je pose des pièges : je cache brosse et/ou dentifrice et j'attends qu'il y ait réclamation.
Il n'y en a jamais.
Lapinos, quel vin ?
Mamz'élucubrations,
Tu n 'en connais pas mais il y en a quand même. Et j'affirme immodestement que c'est mon cas.
Mamz'elle, avez-vous décidé de m'interdire l'accès à votre blogue ?
Crozes-Hermitage Chapoutier 2002. Je préfère Georges Pernoud à Hitchcock.
Hugues... je n'ose demander vérification.. dans votre pantalon !
Monsieur Lapinos, je n'ose vous dire à quoi je pense à chaque fois que j'écris votre pseudonyme. Le ns42 était par terre, pan, fichu. Mais je suis sur un nouveau et ça va mieux ! Merci.
Choisir du rouge est déjà une grosse faute de goût mais un côte du rhône en plus ! Vous les accumulez.
Des leçons de chocolat au lait je veux bien, Mamz'elle, mais tu ne prétends pas quand même m'apprendre à choisir mes fillettes ni à me rincer le gosier, nom d'un gros goulot !
Mais je ne me brosse pas les dents avec mon pantalon...
S'il s'agit juste de rincer, un beaujolais ferait l'affaire, et j'n'vous dis pas la vilaine cuite que vous choperiez.
Mais vous avez visiblement des goûts de luxe question breuvage. En revanche vos choix concernant la bête à deux dos sont affligeants. Bon sang rien ne vaut l'expérience !
Hugues... j'ai tout mon temps.. pour vous expliquer deux trois choses.
Le Bordeaux ne se marie guère qu'avec le gibier, et je ne chasse que la gazelle, pour le plaisir, pas pour me nourrir.
Sinon, arroser de tendres chairs ou une pâte molle d'un Minervois à peine grivois, c'est une suggestion.
(La bête à deux dos a combien de pattes ?)
Le beaujolais n'accompagne que le saucisson sec. Vous êtes sauvé.
Du muscat... avec de la brioche. Non, non un Arbois de la Tournelle 1996 avec du comté !
Un lapin(os) qui court derrière une gazelle, je demande à voir.. et à me marrer.
Oups 3 ?
Lapinos, c'est du 2001 ou du 2003 que vous auriez dû boire.......2002 c'est pas une bonne année.
Ou mieux, du 2000. Enfin, si un jour vous ouvrez, une Mouline de chez Guigual, peu importe l'année, prévenez moi avant hein ? (je me charge du pain de campagne tout chaud exprés pour déguster comme il faut).
(option valable aussi pour du Domaine de Trévallon, mon préféré de loin)
En matière de vin, on dirait que j'ai trouvé ma maîtresse…
Mlle Kouka, vous devriez initier Juldé et le guérir de son penchant pour la grenadine !
… sans vouloir faire de proséthylisme, bien entendu (les connaisseurs apprécieront).
Bien le bonjour, collègues oenologues du petit verre du soir.
Quitte à boire de la piquette avec du saucisson sec, autant prendre du Madiran ou du Cahors. Le Beaujolais nouveau c'est de la villageoise en plus cher.
Quitte à se rincer le gosier avec du gibier, autant prendre du Madiran ou du Cahors, épais, âpre, mais intense.
Enfin pour ce qui est de boire du bon vin pour lui-même, autant prendre un grand cru de Bourgogne, un rouge de Gevrey Chambertin par exemple, ou un blanc type Jalousie du domaine de Closel en Savennières. Enfin, je dis ça, je dis rien... car personnellement je n'ai pas terminé ma boboïsation: mes revenus n'atteignent pas les 3000€/mois, alors à part m'incruster dans des cocktails ou me marier avec Eddy Barclay, je n'ai d'autres solutions que de me contenter de vulgaires Bordeaux et de blanc Tariquet pour accompagner mes fondues du Mont d'Or.