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Du poil de la bête

Sur Beigbeder, son dernier opuscule, je crois que j’ai un avis plus nuancé que Raphaël Juldé. Évidemment, ça me fait drôle d’avoir un avis plus nuancé que Raphaël Juldé, que je tiens quand même pour une espèce de sage dans son genre. Je fayote un peu, parce que pour mon anniversaire, c’est-à-dire celui de Lapinos, de mon blogue, en juin, j’aurais bien aimé qu’il m’accorde une interviou.
Après tout, c’est lui qui a provoqué en moi le désir (après Mercutio et son “Novo facho”, mais plus vivement).
Après tout, c’est presque un écrivain et je suis presque un critique et on emmerde la presse écrite, nous, les blogueurs, pas vrai ?
Je crois qu’il se méfie un peu de moi, comme la cigogne se méfie du lapin ou quelque chose comme ça, mais bon, il est naturel qu’un écrivain se méfie de qui veut le soumettre à la question.

C’est vrai que l’“Égoïste romantique” de Beigbeder, ça n’est qu’une suite de mots d’esprit. Mais qui s’élèvent parfois au-dessus de l’esprit de chambrée de ses copains de promo, les Moix, Zeller, etc. (la liste s’allonge d’année en année, chaque éditeur veut désormais son écrivain pop, doué pour décrire une fellation à la télévision). C’est donc déjà pas mal d’avoir de l’esprit aujourd’hui. D’ailleurs, on ne peut s’empêcher d’en citer quelques-uns de ces traits. Certains, les meilleurs diront les railleurs, ne sont pas de lui, mais il a le mérite d’en garnir son baiste-céleurre :


(Psy) Les hommes sont toujours coincés entre une ex. et une future, car le présent ne les intéresse pas. Ils préfèrent naviguer entre la nostalgie et l’espoir, entre la perte et le fantasme. Nous sommes toujours coincés entre deux absentes.

(Tranchant) À force d’être sur le fil du rasoir, on finit coupé en deux.

(Emprunté) Quand tu sais pourquoi tu aimes quelqu’un, c’est que tu ne l’aimes pas.

(Cinéphile) Ce qui serait bien, à présent, pour l’Évolution de l’histoire du cinéma, ce serait de tourner un film porno où les acteurs feraient semblant de faire l’amour en se disant : “Je t’aime”, au lieu de “Tu la sens, hein, chiennasse !”. Il paraît que ça arrive, dans la vie.

(Emprunté) Dieu ne fait pas don à l’écrivain d’un talent poétique mais d’un talent de mauvaise vie.

(Lyrique) On est heureux qu’avant d’être heureux ; après, cascade d’emmerdements.

(Haïku) Les blondes aux yeux marrons/
Ne donnent jamais rien de bon.


(Longuet) À partir d’un certain âge, on a des certitudes sur tout. L’amour ? “Ça dure trois ans”. La fidélité ? “Ce n’est pas un concept humain”. La mort ? “La seule liberté”. On se rassure avec des phrases toutes faites. À partir d’un certain âge, tous les prétextes sont bons pour cesser de penser.

On peut prendre aussi ce bouquin comme la satire d’une époque qui ne vaut guère la peine qu’on se lève le matin ni qu’on se couche le soir pour la saillir, hideuse putain maquillée à la laïcité pour se donner des airs respectables, mais qui n’aime rien tant qu’on l’encule avec des lingots d’or. Beigbeder nous raconte sa vie d’écrivain racoleur et c'est un peu triste.

Certes, lorsque j’entends Beigbeder bomber son absence de torse et se vanter sur je ne sais plus trop quel canal d’être un des trois auteurs français les plus traduits, je me rencogne dans mon fauteuil club pour chasser le malaise. Comme une sensation de vertige. Se souvenir qu’après la dernière guerre brillait encore en France, à travers le brouillard tombant, une pléiade d’écrivains de première bourre. Il jaillissait des gerbes d’étincelles de leurs forges spirituelles, d’où sortaient des armes toujours tranchantes.
Il est difficile de deviner où l’Europe va nous mener, mais nous n’avons pas d’autre choix que de sauter sur cette barge improbable menée par des buveurs de petite bière (Corona). La France ne prend pas l’eau, non, elle coule, ne le voyez-vous pas, orgueilleux qui continuez à écoper comme des abrutis ! (Parfois je me prends pour Halévy).
Si vous n’entendez rien à l’économie, voyez aujourd’hui ce qui nous reste à traduire dans toutes les langues : Beigbeder, Houellebecq et Emmanuel-Schmitt !!! Ce sont surtout les Allemands qui apprécient. Emmanuel-Schmitt parce que c’est un obscurantiste, et que les Allemands raffolent de l’obscurantisme (ils n’aiment pas se promener, ils aiment se perdre).
Houellebecq, parce qu’il leur lèche le cul (ce qui suffit à faire de lui un écrivain original de ce côté-ci du Rhin).
Et Beigbeder ? Sans doute parce que les Allemands le comprennent encore moins qu’Emmanuel-Schmitt, à moins que ce soit son côté french cancan ? (il y a certaines choses qui ne s’expliquent pas, dans l’édition).

Ailleurs, Beigbeder bombe encore son absence de torse – décidément, ce type est plein de complexes – prétend qu’il a longtemps défendu Nabe envers et contre tous, mais que bon, à la fin la charge était trop forte. C’est ça, la charge était trop forte… On ne se prévaut pas d’un demi-courage. Pourquoi ne pas admettre, Frédéric — on peut se tutoyer, peut-être, entre “libres critiques” – que Nabe suit un chemin trop étroit pour que tu puisses le suivre, même à la queue leu leu.

Commentaires

  • "car etroite est la porte ,et resseré le chemin qui méne à la vie mais il y en a peu qui le trouve "saint mathieu

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