Miss Mouse (dans une robe très entreprenante de Chéruit) était assise sur une chaise, et les yeux lui sortaient de la tête.
Jamais, non, jamais elle n'arriverait à s'accoutumer à tant de surexcitation. Ce soir, elle avait amené avec elle une petite amie, une miss Brown - parce que c'était tellement plus drôle si on avait quelqu'un à qui parler. C'était vraiment palpitant de voir tout ce terne argent que son père avait amassé se métamorphoser ainsi en tant de scintillements, en tant de bruit, en tant de jeunes visages tannés d'ennui.
Soirées masquées, soirées "Cromagnon", soirées "Victoria", soirées "Grèce", soirées "Far West", soirées "Russie", soirées "Cirque", soirées où il fallait se déguiser en quelqu'un d'autre,
soirées presque nues dans Saint-John's Wood, soirées dans des appartements, dans des studios, dans des maisons, dans des hôtels, des bateaux et des boîtes de nuit, dans des moulins à vent et des piscines ; thés à la fac où on mangeait des petits pains, des meringues et du crabe en conserve, soirées à Oxford où on buvait du sherry brun et on fumait des cigarettes turques, lugubres bals de Londres, bals amusants en Écosse, ignobles bals de Paris,
Toute cette succession et cette répétition d'humanité agglomérée…
Ces corps vils…
La soirée se résumait maintenant à une douzaine de personnes, à ce coriace noyau de gaîté qui ne se brise jamais. Il était dans les trois heures du matin.
E. Waugh, Vile Bodies, 1930 - remixé par Didgé Lapinos.
Commentaires
Lapin, je te voyais pas en clubber, mais la chemise rouge te sied très bien.
J'adore me travestir, Pim ! Pas seulement en lapin, mais aussi en danseur de tango argentin, en soubrette, en capitaine Haddock, en Basil Seal, en Cheyenne, en Ivanohé, en Perceval le Gallois, etc.
Hélas, les occasions se font de plus en plus rares…
En Patrick Besson aussi, t'as oublié.
(en soubrette!!)
Non, dans la réalité je ne me suis jamais travesti en Patrick Besson, Pim, tu dois mélanger le virtuel avec le réel ou bien me confondre avec quelqu'un d'autre.
Ce jeune homme qui porte une croix sur le poitrail me semble tout à fait appétissant, est-il de vos amis ? Pourriez-vous me le présenter ?
Au fait Monsieur Le Lapinos je n'ai rien contre les parties fines tous vos amis sont bienvenus s'ils sont aussi bien faits que ceux-là ... Vicomtesse comprise, pour sa particule vous avez compris que je m'en charge !
Hum... oui, c'est ça, je mélange réel et virtuel. Pour moi c'est plus simple, je suis réellement schizophrène.
Que du beau monde indeed:
une très jolie rousse qui se rapproche sensiblement de votre idéal féminin et, fait peu commun, les garçons sont aussi beaux et délicats que les filles.
Mes robes, Monsieur, sont à panier en certaines heures et à crinoline en d'autres. Je peux aussi porter le pantalon s'il me plaît ou bien la jupe courte. Et j'en ai même une qui a un air de ressemblance avec celle qui habille la jeune beauté de la première photo. C'est pratique finalement l'intemporalité...
Pim, la schizophrénie est la maladie de bien des grands savez-vous ?
Et bien non Madame, je ne le savais pas. Merci bien, je peux m'en aller me coucher, folle et heureuse. Bien le bonsoir.
Miss Mouse n'est pas à proprement parler une "beauté", voyez-vous, Madame ; sans l'argent de son père et sa robe Chéruit, on ne la remarquerait même pas…