Si on voit à peu près en quoi consiste le génie de l'écrivain, de nombreux livres savants ont exploré cette question, en quoi consiste le génie du lecteur ? Qu'est-ce qu'un lecteur "raté" ? Est-ce seulement celui qui passe à côté du sujet et des personnages ?
Il est une espèce de lecteurs qui lit pour se distraire : il y a une littérature pour ça.
Il est aussi une espèce de lecteurs qui pense qu'un livre commence à la page un et se termine à la page cent-cinquante - ou mille si c'est un traité -, ceux-là commencent mal leur lecture, comme une corvée qu'il faut achever.
Le génie du lecteur consiste au moins à s'élever au niveau de l'écrivain qui refuse de s'abaisser. Chardonne évaluait le nombre de ces lecteurs géniaux à quelques centaines seulement. Qui a lu Lettres à Roger Nimier de nos jours ? Pourtant il ne fait pas mille pages.
Schopenhauer, esprit qui s'efforce d'être pratique, dit drôlement : « Pour lire de bons livres, la condition préalable est de ne pas perdre son temps à en lire de mauvais, car la vie est courte. »
À ce propos il existe un truc. Le truc de l'accord imparfait. Je fais exprès d'employer une métaphore musicale. Pour moi c'est un peu comme un pianiste qui se met au piano et plaque une succession d'accords si imparfaits que vous savez que jamais ce type que vous avez en face de vous ne pourra interpréter correctement le moindre morceau, fût-ce du Satie.
Je reprends un vieil exemple, le Goncourt 2004, Laurent Gaudé, lorsqu'il écrit : « C’était bien lui. Elle l’observait comme on fixe le destin dans les yeux. Elle lui appartenait déjà. Il n’y avait pas à lutter. Elle lui appartenait. Puisque après quinze ans il était revenu et avait frappé à la porte, peu importe ce qu’il lui demanderait, elle donnerait. Elle consentirait, là, sur le pas de sa porte, elle consentirait à tout. »
Mais des exemples comme ça, on en trouve aussi plein dans Jean-Christophe Grangé, Jean-Christophe Rufin, pour citer des cas choquants d'écrivains qui se vendent pas mal.
Évidemment, on en trouve aussi plein dans Johnatan Littell, lisez plutôt :
« Le jour venu, toujours nu, je chaussai des souliers pour ne pas salir mes pieds [belle intro sur l'usage commun des souliers] et allai explorer cette grande maison froide et obscure [brrrr]. Elle se déployait [comme un boa ?] autour de mon corps électrisé, à la peau blanche et hérissée par le froid [il confond avec les poils], aussi sensible sur toute sa surface que ma verge raidie [la mienne est plus sensible juste avant] ou mon anus qui picotait [comme si le trou du cul n'avait pas déjà été assez exploité comme ça]. C'était une invitation aux pires débordements [vu que Littell dégage autant d'énergie qu'une endive, on a un peu de mal à croire à ses débordements] aux jeux les plus insanes [sic] et les plus transgressifs [resic], et puisque le corps tendre et chaud que je désirais se refusait à moi, alors je me servais de sa maison comme je me servais de lui, je faisais l'amour à sa maison [toujours pas convaincus ?] »
Ça rappelle un peu le style de Véronique Olmi (La pluie ne change rien au désir, 2004), avec un peu moins de condensation peut-être.
Je suis sûr qu'il y a encore plein d'exemples comme ça, et comme la vie est courte, j'offre un bon bouquin à celui qui me recopiera un passage encore plus tarte que le mien dans Les Bienveillantes !
Commentaires
Je n'ai pas lu le Littell qui ne m'interesse pas, donc je ne vais pas le défendre. Mais votre méthode de démontage critique peut s'appliquer indifférement à n'importe quelle oeuvre littéraire. Elle relève du sarcasme qui est une des attitudes les mieux partagées aujourd'hui en même temps que la moins courageuse. N'importe quel extrait de n'importe quel texte peut faire l'affaire d'une moquerie, encore plus quand on n'en reste à confondre narrateur et auteur. Vous devriez postuler pour la bande à Ruquier : cette époque du ricanement est la leur, et il est probable qu'elle soit aussi la vôtre.
Je confonds le narrateur et l'auteur ? Que voulez-vous dire par là, Slothorp, que c'est le narrateur qui écrit mal ?
Dites, vous ne trouvez pas que vous avez assez défendu un bouquin dont vous n'avez pas lu une seule ligne comme ça, Slothorp ?
Si ma méthode critique peut s'appliquer à n'importe quel auteur, y compris un auteur valable, faites-moi donc voir sur… (je ne vais quand même pas vous faire l'injure de vous indiquer un auteur valable, hein ?)
Primer un auteur de ce niveau, passe encore pour les jurés Goncourt, ils n'en sont plus à une turpitude près, mais l'Académie française, quand même, je dois dire que ça m'a fait un choc : à défaut de défendre la bonne littérature, ils sont quand même censés défendre le français, ces vieux barbons, non ?? Honte sur Fumaroli et les siens.
1) "Elle tendait à mes lèvres son triste front pâle et fade sur lequel, à cette heure matinale, elle n’avait pas encore arrangé ses faux cheveux, et où les vertèbres transparaissaient comme les pointes d’une couronne d’épines ou les grains d’un rosaire, et elle me disait: «Allons, mon pauvre enfant, va-t’en, va te préparer pour la messe; et si en bas tu rencontres Françoise, dis-lui de ne pas s’amuser trop longtemps avec vous, qu’elle monte bientôt voir si je n’ai besoin de rien.»"
Cest à cause de ces vertèbres qui transparaissaient que Gide arrête sa lectture du manuscrit et refuse de publier Proust chez Gallimard !
2) Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: Littell n'est Proust !
3) Sur ce bonsoär !
'Au commencement était le Verbe' : ça en jette un peu plus que le soporifique 'Longtemps je me suis couché de bonne heure'. Je préfère l’Evangile de saint Jean (et son Apocalypse) à toute l’œuvre de Proust. Gide avait raison de refuser la Recherche et ses phrases sinusoïdales qui n’en finissent jamais de mourir.
Et où est le problème dans ce passage de Proust, Tlön ? Je ne vois nul adjectif inapproprié, nul néologisme involontaire, nulle image frappée du sceau du manque d'imagination le plus total, nulle tentative de faire frissonner le lecteur avec les moyens d'un auteur de la collection Harlequin qui aurait regardé un ou deux films pornos ?
Je ne vous accuse pas de confondre Proust et Littell, Tlön, je vous accuse de les rapprocher. Il se pourrait bien que Gide n'ait pas jugé bon de publier Proust pour une autre raison que l'absence de style de Proust. Vous arrive-t-il parfois de penser de façon pluridimensionnelle ?
En conséquence je vous condamne à ne plus lire que des livres vraiment édifiants jusqu'à la fin de votre vie, Tlön.
La sentence prend effet immédiatement, ne profitez pas de la soirée pour vous jeter sur je ne sais quelle nouveauté gore ou d'héroïc fantasy et la dévorer goulûment. (Neuf-cent pages, vous êtes un cas !)
Vous êtes un nouveau converti, Sébastien, c'est bien ça ? Je comprends mieux pourquoi vous me cassez autant les couilles avec Benoît XVI…
Ah ben, ça rigole toujours autant dans les parages :
Slothorp : "Je n'ai pas lu le Littell qui ne m'interesse pas, donc je ne vais pas le défendre."
Lapinos : "Dites, vous ne trouvez pas que vous avez assez défendu un bouquin dont vous n'avez pas lu une seule ligne comme ça, Slothorp ?"
Vivement la Sainte Marguerite !
Il est bien difficile de mener un échange ici !!
1) Ce sur quoi je voulais attirer votre attention c'est sur la méthode employée (vous serait-il d'ailleurs possible de donner la pagination) qui permet n'importe quoi. Balzac par ex ne résiste pas à cette méthode...
2) Pour répondre à votre question Gide ne comprend pas comme les vertèbres transparaissent sur le front (et,ou) sur le front de la tante..
3) Gide part avec l'à-priori que Proust n'est qu'un chroniqueur mondain, habitué des pages du Figaro ayant écrit une petite plaquette, et s'en tient à cet à-priori...
4) Sébas†ien, vous me laissez sans voix !
Slothorp : "(...)Mais votre méthode de démontage critique peut s'appliquer indifférement à n'importe quelle oeuvre littéraire.(...)".
Je vous défie de faire subir ce traitement à Céline !
"Le génie du lecteur consiste au moins à s'élever au niveau de l'écrivain qui refuse de s'abaisser. Chardonne évaluait le nombre de ces lecteurs géniaux à quelques centaines seulement."
Certes, Lapin, mais à vous lire on ne doit trouver guère plus de deux ou trois personnes pour se trouver dignes d'être de vos lecteurs. Un peu d'indulgence pour tous les non-comprenants qui vous aiment quand même.
Phrénology, mon ami, je ne vais pas m'amuser à relever un défi lancé par une groupie. Il ne faut jamais contredire un fan, qu'il soit d'Obispo, de Celine ou de Arnold et Willy. Mais je pourrais toujours ironiser sur quelques phrases, faire mon malin comme on fait sous soi, ricaner bêtement, ça n'en sera jamais une critique valable.
Quant à Littel, ce qui me laisse indifférent avant même d'ouvrir le livre, c'est ce côté "guide du routard" de l'Europe nazie comme le disait Nadine. Mais, comme je ne l'ai pas lu, je ne l'attaque ni sur le fond, ni sur la forme, pas plus que je ne le défends (2 fois : ça c'est pour Lapin, pour qu'il puisse encore me faire dire ce que je n'écris pas et ainsi s'inventer des interlocuteurs qu'il n'a pas, tel un petit enfant).
V'là un passage qui m'énerve un peu:
"Le jeu de Dieudonné est fait, ainsi fait qu'il sait, aujourd'hui, dans notre époque du démembrement du sens et des valeurs, que l'on peut faire tout de ce qu'il fait. Et il le fait, Dieudonné, avec un talent comme nous ne lui en connaissions pas, avant qu'il ne nous livre sa vérité. Ce visage, que sans doute depuis trop longtemps, il cachait. Mais le monstre, les monstres de l'âme, finissent toujours, par se montrer. Ainsi le veulent, fort heureusement, les lois de l'étymologie."
auteur: un certain Chraibi
Gide a surtout pensé que le manuscrit de Proust était impubliable étant donné sa longueur, qu'il n'y aurait pas de lecteurs pour ça. Je n'aime guère Gide et ses tourments de puritain, mais de là à en faire un crétin qui se bloque sur un seul détail, vous franchissez des bornes que je ne franchirais pas, Tlön. Remarquez que je ne reproche pas à Littell des images imprévisibles, elles sont toutes au contraire très très prévisibles.
Fromage, lisez plutôt les "Lettres à Roger Nimier", vous verrez qu'il y a tout à comprendre mais rien d'énigmatique.
Vous me faites passer de bonnes vacances !
"Gide a surtout pensé que le manuscrit de Proust était impubliable étant donné sa longueur." D'où sortez vous ça ?
Un peu d'histoire littéraire:
1912
Gide recoit le manuscrit de "Du coté de chez Swann"
(d'après Celeste Albaret, Gide n'aurait pas défait le paquet, le noeud n'aurait pas été touché)
En 1914 Gide écrit à Proust l'avoir considéré comme "un snob, un mondain, amateur." Il a "plongé dans la tasse de camomille de la page 62" puis "trébuché, page 64" sur une phrase. Dès 1914 Gide propose de publier dans la NRF la suite de la Recherche prevue en 3 volumes. La publication effective n'aura lieu qu'en 1918, le projet proustien s'étant considérablement amplifié pendant la guerre (7 volumes).
" le refus de ce livre restera la plus grave erreur de la NRF, et l'un des regrets , des remords, les plus cuisants de ma vie."
André Gide.
"Lettres à Roger Nimier" c'est très bien.
Oui, "trébucher" sur une phrase, c'est une image, et c'est pour un ensemble de raisons que Gide n'a pas jugé bon de publier Proust. Avait-il complètement tort, d'un point de vue éditorial ? Qui a lu Proust ? Ce sont surtout des écoliers et des snobs qui l'achètent sur prescription, et ça Gide ne pouvait pas le prévoir. Ses regrets ne veulent pas dire grand-chose, les écrivains ne sont pas toujours sincères et puis Gide regrette peut-être surtout que cette erreur se soit attachée à son nom…
Mais comme d'habitude vous noyez le poisson, Tlön. Ce que je disais, c'est que c'est un scandale que des académiciens aient primé un bouquin écrit avec les pieds, par pure servilité. Il faudrait que ceux qui n'ont pas voté pour Littell se fassent connaître, pour que la honte ne rejaillisse pas sur eux.
Il faut savoir que Proust a publié à compte d'auteur son premier volume ! Ce qui prouve que nul éditeur ne croyait en lui !
Lapin, décidémment, vous accusez les autres de vos propres turpitudes : c'est bien vous qui noyez le poisson. Ce que vous disiez dans ce billet, puisque il faut le rappeler à votre habituelle mauvaise foi serpentine, c'était pourquoi et comment Littell écrivait comme un pied. Les commentaires qui ont suivi portaient sur la fragilité de votre démonstration. Mais très vite, vous passez du coq à l'âne, histoire de ne pas rester sur une position que vous savez friable. C'est une méthode rhétorique classique, que vous appliquez peut-être trop systématiquement, mais de là à en faire porter le chapeau à d'autres...
Tlön ne m'a pas convaincu avec sa démonstration que Proust écrit comme un pied, qu'il ne sait pas le sens des adjectifs qu'il utilise, comme Littell, qu'il fait des métaphores du niveau d'un auteur de la collection Harlequin, qu'il crée des néologismes inutiles, etc.
Vous m'avez encore moins convaincu avec Balzac.
Vous êtes pas serpentin, vous, mais une vraie enclume : Et si vous faisiez comme Juldé, plutôt, si vous lisiez ne serait-ce que quelques pages des "Bienveillantes" pour vous faire une opinion sur le style de Littell, ça serait peut-être plus simple ?
Votre niveau de raisonnement pour le moment, c'est : « Lapinos dit que c'est nul donc ça ne peut pas être complètement mauvais. » Voilà ce qui arrive quand on va trop au cinéma, sans doute.
Vous êtes vraiment insensé: puisque je vous dis et répète que je m'en fous de Littell ! Par contre votre façon de l'attaquer... Et puis nous partageons probablement certaines appréciations ou opinions sans que cela me dérange. Mais votre dogmatisme de cour d'école vous empêche probablement de le comprendre.
"Tlön ne m'a pas convaincu avec sa démonstration que Proust écrit comme un pied" !!!! Effectivement !
On se croirait chez Lewis Carroll (vous me direz!).
"D’un seul coup, c’est mieux [sic]. Palpitations délicieuses au moment de la pénétration, sans trop faire d’écume [hum...]."
Tout cela pour une petite baignade... Et l'on critique Littell ensuite ?
Ah, mais ça tombe bien que vous vous en foutiez de Littell, Slothorp, justement, on ne parlait pas de lui !
Lapin, je vous aime bien, mais là, vraiment, vous perdez la raison. De Littell, vous glissez à Proust pour affirmer tranquillement qu'il écrit comme un pied... Mais si Proust écrit comme un pied, alors Saint-Simon aussi, à qui on l'a volontiers comparé, notamment Morand.
Vous avez bien le droit de ne jurer que par Céline ou même Chardonne (ce n'est pas moi qui vous dirai du mal des Lettres à Roger Nimier...), mais de grâce, ne dites pas n'importe quoi ! Ne faites pas payer votre détestation de Littell à toute la grande littérature française !
Reflet, je garde pour ma part quelques extraits croquignolets de Littell sous le coude pour les ressortir opportunément dans quelque assemblée bien-pensante où on dit du bien de Littell par pur réflexe bourgeois, après s'être endormi à la septième page (Tlön doit être insomniaque).
Je sens que d'ici peu, au pied du sapin de Noël, il y a de bons chrétiens, le genre qui lit Fumaroli, qui vont me rabattre les oreilles avec Littell. Je veux pouvoir les faire taire. L'extrait recopié ci-dessus est donc loin d'être le pire. C'est un exemple banal du style "patchwork" de Littell (Un morceau d'Arendt, un morceau de Paxton, un morceau de "Play-Boy", un morceau de Patricia Highsmith, un morceau de Harry Potter…) tartiné sur des milliers de pages, avec une compréhension de l'histoire du niveau d'un cinéaste hollywoodien. Nul doute qu'on fera un film du bouquin de Littell, pour mieux faire passer le message. Au moins en France, les Yankis sont un peu plus exigeants sur la qualité de leurs films.
Ah, ah, relisez, Uhlan, relisez… (comme quoi il ne suffit pas de lire), ce n'est pas moi qui compare Littell à Proust, ni à Balzac. C'est complètement ridicule, Littell fait des fautes de français partout, pas une minute je n'aurais songé à Proust si Tlön ne l'avait pas cité. Voilà à quoi mène la vertu démocratique de votre ami, à dire n'importe quoi (Slothorp je n'en parle même pas, il est passé de l'autre côté de l'écran, le pauvre…).
Causons un peu si c'est possible. Je reviens du blogue de Pierre Assouline, ce mec-là me fait me marrer, le ton patelin qu'il prend pour dire des bobards. Le marketing littéraire selon lui n'existe pas, seul le bouche-à-oreille fait le succès d'un livre. Il prend vraiment ses lecteurs pour des cons ! (il est vrai que la plupart le sont) Si c'est une manière de dire que le bouquin de Littell n'avait pas 100 % de chances de cartonner, je suis d'accord avec Assouline. Pour le reste, il démonte lui-même quelques lignes plus haut la mécanique de ce marketing, auquel il a participé !
Dès le 25 août, sur son blogue, un des blogues littéraires les plus lus, Assouline sonne la charge en faisant une critique dithyrambique du Littell, le meilleur marketing qui soit pour un bouquin de ce poids, vu qu'il explique qu'il n'y a pas une page en trop.
La mécanique, c'est que Gallimard (à ne pas confondre avec Téqui ou Le Rocher) s'enquiert auprès des libraires et des critiques de l'accueil qu'ils vont faire au bouquin. Ce qui les intéresse, c'est pas de savoir si le bouquin leur a plu, mais de savoir s'ils vont en dire du bien.
Un premier tirage, relativement modeste pour un bouquin dont on sait qu'il va avoir de bonnes critiques, de 20000 ex. Ensuite, "engouement spontané" des médias, avec les conséquences que l'on sait. L'argument d'Assouline revient à dire : on fait pas de marketing lorsqu'on veut vendre des bagnoles, la preuve : la dernière Renault s'est mal vendue.
L'autre argument encore plus navrant d'Assouline, mais toujours sur le ton comique d'un bourgeois gentilhomme au-dessus de la mêlée, c'est de dire que critiquer le style d'un auteur parce qu'il y a des fautes de français à tous les paragraphes, ça ne tient pas ! Ben voyons, je sens qu'on va ressortir le coup des fautes d'orthographe de Céline.
Dans le domaine du marketing, c'est pas tellement la valeur d'un argument qui compte, mais le nombre de fois qu'on le répète à l'oreille des jobards. "République des lettres"… ouais, "Au royaume des Béotiens", plutôt.
Mais bordel (il me fait perdre patience)
1) Je n'ai jamais dit que le livre de Littel était de la "grande littérature", j'ai seulement dit qu'il me semblait préférable d'avoir lu un livre (voila que l'on me reproche d'avoir lu un livre en entier !) avant d'en faire une critique.
2) Que ce bouquin avait une sorte d'efficacité narrative, à l'américaine (si vous voulez), que dans ce genre d'ouvrage le problème du style ne se pose pas, et que c'est d'ailleurs la "force" et la faiblesse de ce type de livre.
3) Que le procédé qui consiste à extraire quelques phrases d'un roman est certe rigolo mais n'est que rigolo et que peu d'oeuvres (mis à part Arnold et Willy, tout est bon dans A&W) résistent à un tel traitement.
4) Sur ce je me retire...
Re Bordel !
1) Je n'ai comparé Littel à Proust ( j'ai d'ailleurs pris le soin de le préciser), j'ai seulement dit que Gide avait en partie justifie son refus en donnant une phrase en ex.
2) "Avait-il complètement tort, d'un point de vue éditorial ? Qui a lu Proust ? Ce sont surtout des écoliers et des snobs qui l'achètent sur prescription (sic)"
Je prends votre mépris pour une énième facilité rhétorique qui vous permet de ne jamais répondre sur le fond. Je vous laisse donc babiller dans votre baignoire.
Ah ouais, une efficacité narrative à l'américaine, d'accord, comme Robert Ludlum vous voulez dire ?
Moi c'est plutôt si on m'obligeait à lire mille pages de Robert Ludlum que je perdrais mon calme, mais bon, chacun son style, comme on dit.
En réalité vous n'êtes pas vraiment centriste, Tlön, vous êtes flou, ce n'est pas tout à fait pareil. Alors je suis obligé de mettre les points sur les i. On ne peut pas prendre un court extrait de Balzac ou de Proust comme j'ai fait avec Littell et comme j'incite d'autres à le faire pour se marrer et y trouver autant de fautes de français et de figures de styles affligeantes. Non, ce n'est pas possible. D'ailleurs vous vous gardez bien de le faire. Je crois que vous avez cru que je disais que Littell était niais ou ennuyeux alors que l'allais plus loin, je démontrais qu'il était totalement nul.
En ce qui vous concerne, Slothorp, le chagrin et la pitié, un peu, mais nul mépris.
Croyez bien que je sais faire la part entre les conneries énormes que vous proférez, peut-être inconsciemment, comme on dit quand on veut être indulgent (après tout je ne sais pas quelle éducation vous avez reçue), et votre personne, que je respecte néanmoins.
N'en faites pas une affaire personnelle, par conséquent, ce n'est pas tellement le lieu pour.
Slothorp : ce n'est pas -vraiment- un défi de groupie (encore que), mais simplement voulais-je souligner que le ridicule que l'on peut tirer de tel ou tel passage d'un vague roman d'un Littel, ce ridicule disais-je on ne saurait le tirer de toute production littéraire...
Du reste, vous avez raison, notre époque se meurt de l'ironie, du dérisoire et du "second degré"...
"On ne peut pas prendre un court extrait de Balzac ou de Proust "
Faites attention, lapin, Balzac n'est pas réputé pour son style. J'ai souvenir de passages de son oeuvre qui sont très faibles de ce point de vue. Même dans Homère, il y a des périodes moins soutenues que d'autres. C'est facile de prendre un extrait et de dégommer un livre ainsi.
Lapin, les "conneries énormes" que je profère semblent néanmoins partagées par d'autres commentateurs. Sommes-nous donc invariablement tous cons ?
Le pire c'est que vous me faites me prêter à des exercices idiots:
"D'un seul bond, il sauta sur le timonier, et l'atteignit si furieusement de son poignard, qu'il le manqua ; mais il le précipita dans la mer..."
Balzac - La femme de trente ans.
Source:
http://thyme.uchicago.edu/cgi-bin/newphilo/balzac/getobject.pl?c.18:1:6.balzac
Sébastien,
Comme de bien entendu les choses sont plus compliqués. Balzac n'est effectivement pas un styliste au sens ou on l'entend couramment (il y a parfois chez lui un coté Ponson du Terrail), mais on pourrait dire que son style -unique et génial- (et en cela il n'est justement pas Ponson du Terrail) réside dans son art de la composition (raison pour laquelle le procédé de Lapinos n'est pas opérant spécialement pour un auteur comme Balzac).
"Compliquées"
Là, c'est un défaut de logique que vous reprochez à Balzac, c'est ça ? Notez que c'est assez normal de la part d'un philosophe de ne pas supporter les fautes de logique mais de se moquer du style.
La différence, Tlön, c'est qu'une différence de logique, ça arrive à tout le monde, on peut toujours la rattraper, mais qu'une faute de style, c'est un vice de la personnalité de l'auteur, et c'est pour ça qu'on retrouve ces figures de style douteuses, ces métaphores ringardes, ce mauvais usage de la langue de la première à la dernière page du bouquin de Littell.
Comme il y a le "plaisir aristocratique de déplaire", il y a aussi le plaisir démocratique de tout gober.
Je suggère que la France prenne désormais l'autruche pour emblème national.
(À Slothorp de l'autre côté du miroir : "invariablement", on ne peut pas dire ça, il y a des degrés.)
Ecoutez Lapinos, si vous voulez prouver que Balzac est un grand styliste ...ce peut-être d'ailleurs un travail intéressant...que je pense que Littell est l'alpha et l'oméga de la littérature ...libre à vous....pour ma part j'abandonne....
Ce qui me gêne en outre avec votre logique un peu fruste, Tlön, c'est qu'elle n'est pas complètement bien vissée.
Ma méthode n'est pas faite pour prouver à l'aide d'un seul extrait de tel ou tel écrivain qu'il est génial, Balzac par exemple, mais pour prouver à l'aide d'un seul extrait de tel ou tel écrivain, Virginie Despentes, par exemple (pour changer un peu), qu'il ne vaut pas tripette et qu'on a affaire à de la camelote de supermarché.
Vous me ramenez à l'époque de mes cours d'algèbre, Tlön. Vous ne le faites pas exprès ou vous êtes malintentionné comme votre acolyte ?
On peut toujours se demander si Littell mérite son Goncourt. Mais, n’étant pas membre du jury, ce n’est pas à moi de décider. Après tout, ils font ce qu’ils veulent de leur prix. Et puis, le battage médiatique ne me concerne pas.
Personnellement, la seule question que je me pose en lisant un roman, c’est : me plaît-il ? En fait non, je me rends compte tout de suite s’il me plaît ou non, cela relève de la perception et non de la cogitation. La véritable question est : pourquoi me plaît-il ?
J’avoue : je suis en train de lire les Bienveillantes (j’ai presque terminé) et ce roman me plaît. Certes le style n’est pas extraordinaire, les énumérations de sigles nazis sont parfois lourdes. Mais, ce roman raconte une histoire qui s’inscrit dans une réalité pleinement détaillée. Et ça change de nombre de romans contemporains qui ne racontent rien.
Ce n’est pas un nième livre politiquement correct sur la shoah. Au contraire, on pourrait qualifier ce livre de révisionniste dans la mesure où il nie la théorie intentionnaliste qui est obligatoire dans notre pays. Le narrateur explique tout au long des neuf cents pages que le génocide n’était nullement planifié à l’avance, et que les massacres ne sont pas dus à la haine antisémite qui serait le moteur principal du nazisme. Il fournit des explications : par exemple, surtout à la fin de la guerre, la débâcle et les incohérences dans les ordres et contrordres entraînent de nombreuses morts parmi les déportés. Ce genre de propos entraînerait un Bruno Gollnisch devant les tribunaux…
Littell ne fait pas un simple travail de compilation d’ouvrages historiques : on ne va quand même pas lui reprocher de s’être documenté sur le sujet. Il a réellement essayé de se glisser dans la peau d’un intellectuel nazi. Et ça donne des scènes d’anthologie, comme celle où le héros, homo et waffen SS, développe une rhétorique destinée à convaincre un de ses kamarades que l’homosexualité est compatible avec l’esprit national-socialiste. Il remonte aux guerriers Grecs de l’antiquité et fait le parallèle avec les SS. Littell n’a sûrement pas trouvé cet exposé dans un ouvrage historique. Il l’a inventé de toutes pièces en se disant : si j’étais nazi et homo, comment pourrais-je concilier les deux ? Et cela, c’est un travail d’auteur.
Lapinos, au-delà de la discussion en cours, force est de constater que vous n'êtes tout de même jamais très loyal dans vos joutes, je l'ai éprouvé à une ou deux reprises, notamment au sujet de Bloy et de son philosémitisme qui vous reste en travers de la gorge et vous fait sortir les vertèbres sur le front... C'est le plus souvent ce qui m'empêche de réagir à vos textes (par ailleurs fort bien troussés, mais assez prévisibles sur le fonds, d'un politiquement incorrect parfois si conforme qu'on se surprend à soupçonner un troisième degré... ). Cela dit en passant, ne faîtes pas d'assimilation entre ces "conneries" et votre personne que je respecte. Ce ne serait pas le lieu, etc...
Ornithorynque, vous faites partie de cette petite coterie qui essaie de faire de Bloy un démocrate-chrétien bon teint philosémite. C'est ridicule, vous jouez sur l'ignorance que le quidam catholique a du contexte de l'époque ; j'en veux pour preuve qu'aujourd'hui Bloy serait sûrement condamné pour antisémitisme. Ce paradoxe ne s'explique que par le changement complet de contexte. Tout ce qui a été écrit sur la question juive, par Marx, par Bloy, etc., est en grande partie périmé.
En outre, vous omettez de dire que Bloy a été très déçu par la réception du "Salut par les juifs" dans la communauté juive, où il n'a trouvé aucun écho. La main de Bloy tendue aux juifs n'a pas été saisie.
Bref, vous êtes un lecteur grossier. Votre exégèse abstraite me ferait marrer si je ne savais pas ce qu'il y a derrière, une tentative d'aplanir Bloy par des crétins.
Le philosémitisme, aujourd'hui que les juifs ont organisé leur propre défense et qu'il est devenu impossible d'émettre la moindre critique à leur encontre, on sait parfaitement en quoi ça consiste, c'est du pur fayotage. Ne me faites pas perde mon temps plus longtemps, Ornithorynque, avec vos balivernes sur Bloy.
"Ich sage nein", vous êtes la preuve vivante qu'on peut lire un bouquin en entier sans comprendre un traître mot. Merci de venir confirmer ma conception qualitative de la lecture contre une conception quantitative.
Un bouquin qui serait "révisionniste", dites-vous ? Et à qui on aurait donné le Goncourt ? Vous êtes un petit plaisantin, ISN. "La solution finale", cette expression est plusieurs fois dans la bouche de l'antihéros de Littel. Vous savez bien que c'est justement l'expression niée par Goering au procès de Nuremberg, il signale que la traduction est fausse, qu'il est écrit en allemand "Totale Endlösung", qui n'indique pas une finalité.
D'ailleurs un autre argument utilisé pour essayer de faire croire que ce bouquin n'est pas manichéen, c'est l'argument selon lequel le personnage d'Aue serait un type banal, normal, voire cultivé. Là encore c'est comme si les critiques n'avaient pas lu le bouquin : Aue est un type qui lorsqu'il se promène en forêt s'auto-encule sur des branches en rêvant que sa sœur fait la même chose, ce n'est donc pas exactement ce qu'on appelle un "type banal", si ?
Par ailleurs, toujours avec le même souci d'historicité et de jugement équilibré de Littell, Rebatet, Brasillach, P.-A. Cousteau sont décrits comme des dépravés qui vont se faire sucer par des travellos à Pigalle. Quant à la culture de Max Aue, elle n'excède pas celle de Littell.
Spielberg a aussi été accusé d'être "révisionniste" en France. J'ai fourni hier ou avant-hier la raison de cette surprenante accusation.
Ce qui me choque, ce n'est pas tant le Goncourt que le prix de l'Académie française. Étant donné que ce bouquin est écrit avec les pieds, ils avaient un bon argument pour résister à la pression médiatique. Et ils se sont comportés comme des lavettes…
Voyons Lapinos, on a du mal à trouver des écrivains qui savent le français aujourd'hui à l'académie ! Je vous conseille de vous farcir les textes petits nègres de l'universitaire algérienne Assia Djebar, vous verrez !
Et politiquement vous savez Jean Raspail a été blackboulé par le quai Conti, c'est dire !
Le seul marqué à la droite telle quelle vous l'entendez c'est Michel Déon le secrétaire de l'Action française pendant la guerre et il n'aime pas qu'on lui parle de Maurras !
Bah, moi non plus je n'aime pas trop qu'on me parle de Maurras, trop philosophe à mon goût.
M'étonnerait que Déon se soit déshonoré en votant pour un bouquin qui n'est pas écrit en français. C'est pas qu'une question d'honneur, mais aussi d'intelligence, d'ailleurs, car un bouquin est en préparation (d'après P. Assouline), qui fera la liste complète, et elle est longue, des fautes de français de Littell. Les bouquins de Jean d'Ormesson sont absolument chiants, mais il n'y a pas de fautes, faut pas tout mélanger.
Mais alors qui Lapinos ? Qui ? Faut-il remonter plus haut jusqu'à Pierre Messmer, Valéry Giscard d'Estaing, Hélène Carrère d'Encausse ? Qui est coupable ?
Ou alors est-ce qu'il y aurait un rapport avec le nombre de juifs et de philo-juifs de l'Académie ? Soit à peu près le tiers de l'Académie française.
Moi démocrate-chrétien? A défaut d'être convaincant, vous êtes divertissant De La Lapinardière et vous montrez fort prompt pas à illustrer votre proverbiale malhonnêteté intellecuelle, dénoncée ci-dessus, en prêtant à vos interlocuteurs des propos qu'ils n'ont jamais tenus, et en entretenant de fausses oppositions (mais je crois que vous n'avez pas les moyens de penser autrement que binairement).
Par ailleurs Bloy ne vous appartient pas, et il vomirait vos misérables petites histoires de fesses et votre ironie facile (qui ne cache rien d'autre que du vide, j'en ai bien peur).
Je vous aime bien M. Ornithorynque mais la quincaillerie occultiste, c'était pas le truc de Bloy aussi. Dans son journal, je crois avoir lu qu'il se moquait des "blagues de l'occultisme". Toutefois, Bloy n'appartient à personne, bien d'accord avec vous.
Je t’ai laissé dire ta petite théorie sur Bloy et sur mes fesses avec assez de patience. Maintenant, ornithorynx, va te faire voir sur des blogues où on pense avant tout à faire “carrière par les juifs”.
Oui, parfaitement, je trouve que les Bienveillantes sont souvent « révisionnistes ». Et ça n’empêche certes pas qu’on lui ait donné le Goncourt. Car, voyez-vous, en France, le révisionnisme n’est pas tant une question de teneur du propos que de personnalité de son auteur. Vous devez bien vous rendre compte que les mêmes phrases, selon qu’elles sont prononcées par un Juif américain ou un Frontiste français, n’auront pas du tout le même effet médiatique et judiciaire.
Ce livre est riche car il propose plusieurs explications aux massacres des Juifs - car des massacres, il y en a eu et ce serait stupide de le nier. Il y a les militaires qui disent qu’on ne peut pas se permettre de laisser des partisans potentiels derrière les lignes. Il y a les racialistes qui veulent séparer les races et, du fait de l’état de guerre, il n’est plus possible de les contraindre à l’émigration. Il y a aussi les haineux que Max Aue n’apprécie guère. Comme le fait remarquer Littell, en 1944 à Auschwitz, il ne reste plus que les SS réformés du front pour des motifs psychologiques, c’est-à-dire des psychopathes potentiels. Comme vous le voyez, ceci n’a rien à voir avec la préméditation d’un génocide depuis les années 20 qui est pourtant la seule théorie autorisée dans notre belle république. Et c’est cela qui a déplu à Claude Lanzmann.
Je me souviens d’un débat pour savoir si les tribus de Juifs du Caucase doivent être exterminées. C’est un débat d’experts entre juristes, linguistes et médecins. Chacun y va de sa théorie alambiquée pour dire s’il s’agit ou non de Juifs. Un officier fait remarquer que la véritable question qu’on doit se poser, c’est le danger que ces groupes représentent actuellement et non de savoir leurs origines depuis dix siècles. Il se fait plus ou moins rabrouer. C’est ubuesque, mais finalement c’est le propre de tous les fonctionnaires de n’importe quelle époque. Quel que soit le régime, on finit toujours par dériver vers la pensée dogmatique. Moi, ça me fait penser à la France d’aujourd’hui.
C’est vrai, moi aussi j’ai moyennement apprécié les passages sur Rebatet ou Degrelle. Mais on ne peut pas être d’accord à cent pour cent avec un livre de neuf cents pages ! Et heureusement, sinon ça ne vaudrait plus la peine de lire.
Ich sage : blöd ! D'abord aucun historien n'a jamais nié que l'armée allemande a massacré des juifs, où avez-vous pris ça ? À la télé ? Il y a des historiens qui ont prétendu que les Allemands n'avaient pas exterminé les juifs juste pour le plaisir, comme des "psychopathes" (encore une expression de feuilleton yanki), mais qu'ils les avaient utilisés, un peu comme les Soviétiques ont fait avec les "koulaks", faisant d'une pierre deux coups, les dépossédant et les réduisant en esclavage en même temps. Ce qui n'enlève rien aux souffrances endurées par ces déportés, au contraire, crever de faim, de froid, d'épuisement et du typhus, je ne souhaite ça à personne, personnellement je préfèrerais une balle dans la nuque tout de suite.
Le bouquin de Littell est pire évidemment qu'un mauvais bouquin d'histoire pro-communiste. Car lorsqu'il fait référence à des recherches sérieuses, on dit : « Qu'est-ce que c'est bien documenté ! », et quand c'est de la pure invention, on dit : « C'est la liberté du romancier d'inventer. » En réalité, c'est nul d'un point de vue historique, les motivations profondes des déportations sont à peine effleurées, et mélangées avec des hypothèses farfelues, et c'est aussi nullissime d'un point de vue romanesque, écrit avec les pieds.
Merde, quand je pense que Dominique Venner se décarcasse a écrire des bouquins d'histoire et que ISN perd son temps à lire Johnatan Littel, ça me donne envie de sortir mon revolver !
Permettez-moi de continuer à perdre mon temps en parlant de ce roman américain pour hall d’aéroport et vol long courrier.
Ce qui me plaît dans ce roman, c’est aussi l’ambivalence de Max Aue. Il déclare d’emblée qu’il ne regrette rien et pourtant, tout au long du roman, on le voit rebuté par la violence gratuite et aveugle. Il se voit confier une mission par le Reichführer : l’optimisation de la productivité des camps. Pour lui, une constatation s’impose : les détenus ne peuvent travailler en dessous de certaines conditions minimales. Max Aue va alors se démener pour essayer d’améliorer le sort des prisonniers. Officiellement, il le fait pour la productivité, mais on a souvent l’impression qu’il s’agit en fait de compassion envers les victimes. Et cela, de nombreux lecteurs politiquement corrects doivent le sentir et finissent par éprouver de la sympathie pour cet officier SS. D’où le ressentiment de Claude Lanzmann pour qui un SS n’est pas un être humain car « il n’a pas de mémoire ». (Quelle prétention ce Lanzmann).
Alors, pourquoi Max Aue participe-t-il aux Einsatzgruppen alors qu’il pourrait très bien demander sa mutation ? Réponse page 95 :
« Depuis mon enfance, j’étais hanté par la passion de l’absolu et du dépassement des limites ; maintenant, cette passion m’avait mené au bord des fosses communes de l’Ukraine. Ma pensée, je l’avais toujours voulue radicale ; or l’Etat, la Nation avaient choisi le radical et l’absolu ; comment donc, juste à ce moment-là, tourner le dos, dire non, et préférer en fin de compte le confort des lois bourgeoises, l’assurance médiocre du contrat social ? C’était évidemment impossible. Et si la radicalité, c’était la radicalité de l’abîme, et si l’absolu se révélait être le mauvais absolu, il fallait néanmoins, de cela au moins j’étais intimement persuadé, les suivre jusqu’au bout, les yeux grands ouverts. »
Ce passage recoupe des réflexions que je me suis faites moi-même depuis longtemps. Ce qui prouve bien que Littell a su se glisser dans la peau d’un extrémiste ;-)
PS : c’est moi qui parle de psychopathes, pas Littell. Je n’ai pas recherché les termes exacts qu’il emploie.
Lanzmann ne supporte pas que quelqu'un d'autre que lui parle des nazis, ni autrement que lui. J'ai remarqué cette folie comme vous, ISN, et les attaques de Lanzmann contre Spielberg sont assez incompréhensibles pour le téléspectateur français. C'est comme s'il y avait désormais des orthodoxes du dogme de la choa et des réformateurs. Mais Littell a tenu à dire tout le respect que lui inspire le travail de Lanzmann, à faire allégeance au chef de l'Eglise de France.
Dans un cas comme dans l'autre, on est loin de la vérité historique et humaine, ISN, il est aussi ridicule de faire des nazis des brutes dénuées d'âme, comme fait Lanzmann, que d'en faire des sorte d'intellectuels nitchéens sado-maso comme fait Littell qui a manifestement trop regardé la télé, d'une part, et a dû beaucoup jouer à ces machins de rôle sur Playstation où on peut incarner des soldats de la Wehrmacht. Son personnage de Max Aue, c'est un peu ça, un personnage de Playstation un peu plus élaboré, disons Playstation V. A la limite je comprends mieux, au plan religieux cette fois, la position de Lanzmann, accroché au dogme et rien que le dogme. Il est d'une autre génération, il sent bien d'instinct que les délires télévisuels saupoudrés d'un peu de Jeanne Arendt d'un gamin yanki, ça fait pas très sérieux dans le fond. Une religion, quand la liturgie commence à partir en couilles et qu'on se met à improviser, elle est menacée.
Si j'ai bien compris autant ne pas perdre de temps à lire un pensum mal écrit.
Je pense même qu'on perdrait moins son temps à lire le Bernstein & Milza, réécriture de l'Histoire par des "historiens" communistes, mais qui a le mérité d'être cohérente et écrite en français.
C'est Berstein, sans n (c'est important pour faire éventuellement une recherche sur le net). Et malheureusement nettement moins joli que West Side Story.
Je n'avais pas pensé à cette éventualité, Nadine, c'était une comparaison pour mieux situer à quel niveau d'études se situe Littell. Berstein et Milza ne sont pas d'honnêtes historiens.