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Revue de presse (2)

« Jean-Marie Colombani a été chassé mardi de la direction du "Monde-Vie catholique-Télérama" par un vote-sanction des rédacteurs de ces publications. Ils lui reprochent le déficit pharaonique de sa gestion financière et la perte d’indépendance de ces publications (…) il y a très peu de journaux (…) dont les actionnaires soient uniquement les journalistes fondateurs et leurs successeurs (…) comme ce devrait être le cas normal. »
J. Madiran (“Présent”, 24 mai 2007)
Madiran est trop gentil, bien que Colombani ait tenté de lui clouer le bec en lui réclamant devant les tribunaux des dommages-intérêts pharaoniques. Plus que cela, Colombani incarne le journaliste moderne, dépourvu de style, procédurier, mauvais gestionnaire, en cheville avec le ministère de l'Intérieur et s'acoquinant avec des politiciens (comme Michel Noir). On n'aura guère de difficulté à lui trouver un remplaçant…

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« (…) Le capitalisme est responsable de l’érosion des valeurs, mais il en a secrété l’antidote, le mariage d’amour directement lié à la naissance du salariat, moment essentiel du capitalisme.
(…) Le bouleversement commence là : le mariage d’amour se prolonge dans un nouveau rapport aux enfants, contribue à la sacralisation de l’humain dans laquelle nous baignons aujourd’hui. Cette sacralisation est sans doute le seul cran d’arrêt face à la logique d’expansion de la consommation qui renforce, comme je l’ai dit, la logique de déconstruction des traditions.
(…) Comme tous les croyants, sans doute, j’ai le sentiment qu’il y a du mystère en ce monde. Mais je ne souhaite pas aller au-delà de ce constat.
L’expérience esthétique est sans doute la plus proche de l’expérience religieuse, car elle donne la conscience de quelque chose qui vous dépasse. »
Luc Ferry, ex-ministre & philosophe kantien (“Le Monde des religions”, mai-juin 2007)
Quand on voit Luc Ferry, sa bourgeoise et ses caniches de compétition, on ne peut s’empêcher d’être un peu sceptique sur cet “antidote au capitalisme” que serait le "mariage d’amour". Hélas, on note que l’Église elle-même développe cette idée un peu sotte.
Le couple idéal dans le système capitaliste, étant donné son faible taux d’épargne et sa tendance à la surconsommation de gadgets inutiles, notamment, c’est le couple d’homosexuels sans enfants.
La persistance du cabotinage kantien, malgré la nullité intrinsèque de cette philosophie sans point d’appui, s’explique parce qu’elle est la mieux adaptée au système en place.
L’abus de mystère et d’“esthétique” (comme il dit) peut nuire à la santé de la société de consommation. On voit bien que Luc Ferry en est vaguement conscient, mais le peu d’intelligence qu’il a, il l’emploie à se fabriquer des œillères.
Aux kantiens de tout poil, Claudel répond avec ironie : « Ce n’est tout de même pas ma faute si Dieu existe ! »


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Un dessin de Chard, dessinatrice de presse déjà condamnée pour propos incorrect dans notre grande-démocratie-qui-ne-connaît-pas-la-censure.
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« De toutes les légendes, rumeurs, fantasmes qui nimbent la figure mystérieuse de François Pinault, l’anecdote selon laquelle il aurait été aperçu, s’infiltrant en bleu de travail, à la veille de l’ouverture, histoire de faire ses emplettes avant même le vernissage, réjouit l’âme. »
T. Gandillot (“Challenges” + “Beaux-Arts Magazine”, mai 2007)
Moi, François Pinault me paraît moitié moins “mystérieux” que Monsieur Bertin… Et puis les journalistes d’aujourd’hui ont-ils une âme ?

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« Au début, fut Paul Sérurier (sic). Si Pinault acquiert, en 1972, pour la modique somme de 8000 F, “Cour de ferme en Bretagne”, ce n’est pas (…) parce qu’il est “du coin”, mais parce que tel était son goût. »
(T. Gandillot, “Challenges” + “Beaux-Arts Magazine”, mai 2007)
8000 balles pour un Sérusier en 1972, moi je trouve pas ça “donné” ; je mettrais pas ce prix-là dans un Van Gogh. À moins que le baveux Godillot ne fasse allusion à la “plus-value” de l'œuvre d'art, ou quelque chose comme ça ?

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« (…) Acteur majeur du marché de l’art, ses choix influent dorénavant sur la cote des artistes. Et Pinault peut enfin s’offrir ce qu’il considère comme le luxe suprême : s’affranchir de la tyrannie du goût. »
(T. Gandillot, “Challenges” + “Beaux-Arts Magazine”, mai 2007)
On a bien compris que Pinault, pseudo prince de Venise en costard sinistre, s’accommode sans peine de la dictature du mauvais goût et qu’il n’a pas de mal à imposer le respect à la valetaille de la "critique" d’art contemporain, des frac, des fiac et du fnac, des galeristes, bref à toutes ces petites mains qui brassent du climat.

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« Le 4 août 2089, pour le troisième centenaire de l’abolition des privilèges, le ministre d’État chargé de l’abolition des privilèges, le ministre d’État chargé de l’égalité absolue entre les citoyens français promulgua la loi n° 99044-980, à laquelle la population accola tout aussitôt le bizarre surnom de “Lois des laids”.
Ce texte allait bien au-delà de la directive de la commission mondiale, qui siégeait à Maripasula (Guyane), depuis 2081, depuis que New York avait vu la base de ses gratte-ciel plonger, année après année, dans plus de vingt mètres d’eau, par suite de la montée inexorable des océans.
La loi française ne se contentait pas de poser le principe de la non-discrimination des laids dans les emplois privés et publics (…). Elle créait surtout un préjudice, ouvrant droit à indemnisation, s’il pouvait être rapporté, par exemple, qu’une discrimination esthétique avait pu de son seul fait être “le facteur empêchant de l’aboutissement d’une relation amoureuse ou affective”, et elle établissait une contravention de première classe à l’encontre de toute “belle personne” qui, sans motif valable, se serait refusée à embrassser un laid qui lui en aurait adressé poliment la demande.
Jean-Paul Desprat (“Franco Maria Ricci”, dix-huit)
On doit à Franco Maria Ricci, beaucoup plus crédible dans le rôle du prince italien que François Pinault, et à sa revue éponyme, d’avoir fait découvrir à ceux qui savent que l’art a un prix de magistraux fresquistes italiens méconnus tels que Fasolo ou Felice Giani.
On peut regretter que, depuis le départ à la retraite de FMR, sa revue s’ouvre trop souvent à des trissotins tel Daniel Arasse.

Commentaires

  • Jolie baignoire !

    Gandillot - Godillot serait mieux - doit lire le commissaire Bérurier dit Béru d'où la contamination Sérusier/Sérurier !

    Quel niveau ! Mais quel niveau à plomb dans la presse !

  • Au fait tu t'es gardé une poire pour la soif ou quoi ? Aurais-tu oublié le palmarès du festival de Cannes 2007 ou abandonnes-tu définitivement ta croisade contre l'avortement vaincu par le côté obscur de la force ?

  • Le style de Gandillot est assez tordant, n'est-ce pas ? Il faut dire que j'ai triché, "Challenges" ou "Beaux-Arts", ce n'est pas vraiment de la presse mais du publireportage. Qui se soucie du style des publireporters ?

    (La palme ne m'a pas échappé, Driout, je n'en attendais pas moins de ces pseudo acteurs et de ce pseudo art cinématographique.)

  • La cocufication de Colombani était prévisible : son journal faisait de plus en plus doublon avec Le Figaro !

  • Sais-tu que pour être bien en cour auprès du nouveau Président de la République il faut avoir une femme qui vous fasse cocu ? Pour les vrais courtisans c'est la course pour trouver des coqs de concours ...

  • Vous vous en tenez aux messages officiels, Driout ? Chacun sait pourtant que c'est le président qui avait "tiré" le premier (avec une journaliste du "Figaro" - à quoi peuvent-ils bien servir, à part ça, les journalistes du "Figaro" ?) ; mais, dans notre régime démocratique, il vaut mieux passer pour un cocu que pour un étalon, quelques coups de fils à quelques rédactions ont suffi pour faire admettre la version présidentielle.
    Je serais "sarkozyste" si je pensais que Sarkozy avait l'intention et le pouvoir de mettre tous ces baveux médiocres au pas, mais la morgue renouvelée d'Elkabbach me laisse subodorer le contraire.

    Quant à Colombani, il l'a dit lui-même, c'est sa dévotion particulière et ostentatoire pour les idéaux à la mode, accommodée avec des accents "rebelles" (la méthode inaugurée par Hugo), qui lui ont permis de sortir de son trou à brebis corse, pour ceux qui ne comprendraient pas comment un type aussi sinistre et banal a été propulsé aussi haut.

  • Je suis inquiet ... où va-t-on recaser Colombani ? Le RMAJ revenu minimum d'activité journalistique me semble tout indiqué pour lui !

  • L'état de garce est le seul état enviable dans le régime sarkozyste !

  • Soyons sérieux une minute mon Lapinos, ta revue de presse n'est pas complète, tu as oublié les élections à l'académie française, on rajeunit les cadres, jeudi deux candidats Max Gallo 75 ans et Claude Imbert 77 ans !

    La seule clause rédhibitoire c'est d'être écrivain !

    Moi je propose la candidature de Jacques Chirac.

  • Oh là là ! vous commencez à me raser.

  • "La persistance du cabotinage kantien, malgré la nullité intrinsèque de cette philosophie sans point d’appui, s’explique parce qu’elle est la mieux adaptée au système en place."

    Vous pouvez developper ?

  • Arasse cabotin lui aussi sans le moindre doute, mais Trissotin pourquoi ?

    Je voudrais bien me réincarner dans un numéro d'FMR (plutôt de de FHM ouarf ouarf).

    Au fait vous n'avez pas évoqué du tout (ah la la, on vous demande vraiment de tout commenter mon pauvre, mais c'est ça de se lancer dans les revues de presse) la petite tempête préélectorale autour des déclarations du directeur de la maison des artistes et la contre-offensive en forme de pétition des "artistes, les vrais" qui suivit ?

  • Plutôt QUE de FHM, ciel qu'ai-je oublié d'écrire là, je vais m'évanouir. J'espère que vous n'êtes pas loin, dans un bon jour, et que vous voudrez bien corriger !

  • Pouvez-vous me dire en quelques mots, Nadine, ce que vous retirez de positif du baratin amphigourique d'Arasse ?

    Même exercice pour Tlön avec Kant ou Heidegger.

  • Vous jouez à "çui qui dit y est" " ? Aucune ironie de ma part juste le besoin de savoir !
    "amphigourique" n'est pas l'adjectif le plus approprié à la prose d'Arasse, me semble-t-il... au fait qu'est vous lui reprochez à lui ?

  • Les explications de texte quand je ne les faisais pas moi-même, comme les explications de tableau, me font dormir plus sûrement que des coups de massue ; pas les petites histoires d'Arasse. Vous me direz qu'il fayote en me donnant l'impression d'être intelligente, ce n'est pas si mal finalement.

    Plus généralement, c'est un auteur grand public qui rappelle que l'intelligence, le discours multiplie la beauté de la peinture quand il s'exprime de façon proprement picturale justement, ce n'est pas si mal non plus.

    Je m'exprime très mal quand on en vient à cet art, je ne vous en dirai pas plus, je suis trop inculte, trop grand public.

    (J'incline à penser que vous avez écrit "amphigourique" pour le plaisir de sentir silencieusement ce mot rouler dans votre bouche, Dieu vous le pardonne, mais Tlön a raison quand il dit que vous avez tort.)

  • "Le discours multiplie la beauté de la peinture", c'est généralement le genre de truc qu'on raconte lorsqu'on ne sait pas peindre mais seulement discourir. Moi, les discours me font bâiller (je ne dois pas être très normal).

    Dans un petit discours, disons un discours "municipal", on peut rester simple, mais au-delà d'une certaine dose, et Arasse la dépasse largement, on est forcément un peu embrouillé (amphigourique), Nadine, vu qu'on tourne en rond et qu'il faut pas que ça apparaisse trop nettement.

  • Je ne suis pas convaincue mais je n'ai pas les mots visiblement. Je parlais du discours, zut, du propos plutôt, du peintre, pas du critique. Et je n'ai pas tout lu du gars mais je serais curieuse que vous citiez un passage, un chapitre embrouillé. Il y a certainement des choses faibles (je pense par exemple à quelques pages sur Marie-Madeleine dans "On n'y voit rien" très niaises) mais vraiment, embrouillées ?

    Vous dites qu'il tourne en rond ; on peut être plus gentil en disant qu'il n'a pas tant de choses à dire. C'est vrai, ce n'est pas un inventeur, un théoricien, un systématique ; il donne l'impression d'un excellent petit prof. Ce (peu) qu'il dit me semble très bien dit.

  • Sauf que je préfère Jean Clair comme tête de Turc, Nadine, si ça ne vous fait rien, son pseudo me fait bien marrer ; Arasse il y a quelque chose dans son patronyme qui, déjà, d'avance me décourage d'aller me replonger dans le détail de ses discours rien que pour vos yeux (À l'occasion, peut-être, j'ai quelques n° récents de FMR dans mes toilettes, alors…)

    Que voulez-vous dire avec le discours du peintre ? Savez-vous qu'il y a désormais des artistes contemporains qui sous-traitent ? Ils font fabriquer leurs "œuvres" par des couillons, eux ils se chargent de les promouvoir ; tout l'art est là ; un art d'entremetteur.

  • "Le discours quand il s'exprime de façon proprement picturale", c'est-à-dire dans le tableau, pas dans le poste ! Je ne parle pas du blabla autour du tableau, qui commence dès le "titre" de l''oeuvre" mais de ce qu'on peut voir dedans et qui dit des choses que tout le monde ne voit pas. Moi inculte je trouve un tableau joli, vivant, ressemblant ou pas, avec mon vernis bourgeois je reconnais la manière de machin ou untel, ou au moins je rattache à une école etc, et là un type comme Arasse peut me faire voir que si tel élément est placé comme ci ou comme ça, que si une colonne coupe le tableau en deux, que si tel coin dans le fond ne semble pas avoir été fini, ou si la perspective est un peu malmenée, cela signifie quelquechose. Dans la peinture de la Renaissance c'est quand même important et pour moi qui suis myope "à l'intérieur", fort peu observatrice et assez ignorante de tout cela, c'est précieux. Voilà voilà.

  • Vous êtes un peu amphigourique, Nadine, je ne suis pas certain de vous comprendre ; vous voulez dire qu'Arasse vous aide à comprendre le langage pictural, ses codes, c'est ça ? Mais Arasse est très subjectif, y compris sur la Renaissance et la perspective, s'intéressant plus finalement aux théories picturales élaborées par les peintres eux-mêmes qu'à leur art propre. C'est un point de vue d'idéologue de croire que l'art de Dürer ou de Léonard est conforme aux théories de Dürer ou de Léonard.

    J'essaie de vous expliquer mon point de vue de façon plus claire. Comme Baudelaire, je crois que la seule bonne manière de parler de peinture, c'est la poésie. Vous allez me dire que ça n'empêche pas Baudelaire de tenir un discours sur l'art. Mais l'intérêt de Baudelaire, par rapport aux profs d'esthétique, qu'il raille à juste titre, c'est qu'il comprend la peinture de l'intérieur, son père était peintre et il a fréquenté de près de vrais peintres, c'est-à-dire qui maîtrisaient leur art dans toute sa complexité, peut-être pas comme Rubens, mais presque. Je ne suis pas toujours d'accord avec Baudelaire, mais j'ai l'impression en le lisant qu'il est dans le vif du sujet. Arasse, il parle d'autre chose, il brasse des idées assez générales. En revanche il y a quelques bons universitaires qui parlent avec justesse de l'HISTOIRE de la peinture, notamment allemands, italiens ou britanniques.

  • Je vous crois (mais nous n'avons pas dû lire les mêmes choses de ce monsieur, FMR j'ai arrêté au milieu des années 90 et je n'ai jamais beaucoup lu les textes, hum, honte à moi).

    Qui me conseilleriez-vous de lire alors ? J'ai peine à croire que quelquechose comme un "bon universitaire" puisse exister, au moment de le lire, mais pour avoir un peu lu dans un autre domaine, je reconnais que les britanniques savent être délicieux à lire et sérieux à la fois. Les italiens, eux, c'est le plus souvent amphigourique justement. Mais peut-être qu'en peinture c'est différent ?

  • ...c'est qu'il comprend la peinture de l'intérieur, son père était peintre et il a fréquenté de près de vrais peintres, c'est-à-dire qui maîtrisaient leur art dans toute sa complexité, peut-être pas comme Rubens, mais presque.

    Ah!

  • Si vous êtes romantique comme Sfumata, je vous conseille Delacroix, Nadine, ou T. Gautier. Moi je ne suis pas romantique, je préfère les fresquistes italiens, mais je suis bien obligé d'admettre que Delacroix sait de quoi il parle, même si ce n'est pas Rubens, ni dans les effets, ni dans les moyens.
    Pourquoi faites-vous retentir ce "Ah" dans le brouillard, Sfumata ?

    (Peter Humphrey, sur l'histoire de la peinture vénitienne, n'est pas amphigourique, par exemple.)

  • Merci !

  • Oui, je ne vois pas qui, plus près que Delacroix, avec plus d'intelligence et de science, et avec le recul que procure l'histoire, a questionné la peinture. Sûrement pas Proust ou Valéry, comme on entend dire parfois. Paraît que lorsque Valéry se mettait à pérorer sur l'art, Degas le sommait de la boucler.
    Le "Journal" de Delacroix, publié chez Plon, aurait mérité d'être préfacé par un peintre et non par un cuistre.

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