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La bonne définition

Parfois un pharisien, l’air d’un qui revient de loin et qui en a vu d’autres, pose cette question qu’il croit être un piège : « Mais au fait, qu’est-ce que la décadence ? »

Ce ne sont pas les images qui manquent dans la littérature pour illustrer la décadence. Antoine Blondin suggère une plage ensoleillée, recouverte de corps de juilletistes ou d’aoûtiens en décomposition. Une route de montagne bouchée par des vacanciers qui se rendent aux sports d’hiver est tout aussi évocatrice. La décadence n’est pas saisonnière.
Ou encore le couronnement par l’Académie française d’un roman écrit en langue barbare, l’“imprimatur” que des autorités religieuses ont pu lui décerner.
Ou encore cette image d’un “adulte” qui lit Harry Potter dans le métro, tellement absorbé par ces histoires de collégiens et de sorciers qu’il rate sa correspondance.

Avant qu’ils ne soient détruits, les orgueilleux gratte-ciel géométriques de Manhattan, comme l’a fait remarquer M.-E. Nabe, étaient un symbole de la décadence, de la décadence satisfaite d’elle-même.
Nulle part ailleurs qu’aux États-Unis l’image de la décadence n’est plus frappante, car le spectacle de la nature, encore largement vierge, la fait ressortir par contraste. À côté d’une sierra profonde bordée de lacs immenses, un casino en béton où des ménagères s’empressent d’aller dépenser leurs salaires d’esclaves. À côté d’une forêt vertigineuse et silencieuse, un “mall”, un hypermarché où tous les indigènes font leur shopping, font la queue devant le cinéma, mangent des sandwichs, se regardent dans le blanc des yeux. Et les cours de la Bourse qui s’affichent sur des écrans géants lumineux en guise de destin.

Mais aux États-Unis, fondés sur les débris de vieilles civilisations et de grandes déclarations hypocrites qui ont abouti très vite à une guerre civile sanglante, au nom de l’abolition de l’esclavage, dans le but pour les États du Nord de s’approprier les richesses et la main d’œuvre du Sud coûte que coûte, aux États-Unis la décadence, le mélange intime de pornographie et de puritanisme viscéral, d’hygiénisme, le vice blanchi par l’argent, ce tour est assez “logique”, était prévisible, sauf pour les “libéraux” imbéciles.

La décadence en France est bien plus “scandaleuse”. Donc, lorsqu’on me demande ma définition de la décadence, je réponds de préférence par cette phénoménologie marxiste : « Il suffit d’écouter Bernard Arnault parler d’art. »
Et comme je ne suis pas plus contre le clan Sarkozy qu’un autre clan, j’ajoute que le discours d’Arnault et celui de Pinault sont parfaitement interchangeables ; je défie quiconque de distinguer les deux styles.

Commentaires

  • Ah, j'ai oublié une définition de la décadence capitaliste : « Une Rothschild qui fait son repassage. »

  • Selon Clemenceau, les Etats-Unis sont passés directement de la barbarie à la décadence, sans passer par la case civilisation. Voilà pourquoi leurs ponts sont si fragiles.

  • On attribue cette haute pensée à Oscar Wilde généralement ...

  • C'est dingue, ça, il faut forcément que toutes les bonnes formules viennent d'homosexuels !? Je l'ai vue pour ma part attribuée à Clemenceau également. Vous me faites penser à cet olibrius de Rinaldi, Driout, qui déclare que ce tartouilleur de Bacon est supérieur à Picasso parce qu'il est homosexuel…
    Franchement, je n'aime pas beaucoup Picasso, mais ses pochades et ses pastiches sont quand même plus malins que ceux de Bacon !

  • Tout le monde ne peut être abstinent chronique comme toi !

  • Tellement "malin", en effet, Picasso, qu'il lui arrive assez souvent de se f... du monde. Je vous trouve un peu bien sévère avec Bacon, qui a fait des choses très fortes. Mais ce n'est que le sentiment d'un amateur, pour ne pas dire d'un béotien. Vous êtes orfèvre...

  • Orfèvre... vous faites bien de souligner ce que l'art doit aux orfèvres, Copronyme.
    La force, elle part de loin, il faut un élan, elle ne se décrète pas. Quand je vois une oeuvre de Bacon, je songe à ce que disait Gombro sur l'"art prémédité", qu'il appliquait à lui-même, à "Ferdydurke", reconnaissant a posteriori son échec.

    Picasso doit beaucoup à son père. Sa précocité par exemple. En revanche, la société l'a poussée au dilettantisme. Et puis on finit toujours par mépriser ceux qui prennent tout ce que vous faites pour de l'or en barre, ça trahit l'indifférence profonde. Je trouve pas mal d'excuses à Picasso pour son ironie et son dilettantisme, même s'il a trahi Apollinaire de manière peu reluisante.

    La nullité des artistes contemporains s'explique par leur isolement, isolement les uns des autres, isolement de la culture, c'est-à-dire des générations précédentes, isolement social, avec cette idéologie paradoxale en tête (évolutionniste) : vouloir restituer l'air du temps ou vouloir être futuriste. L'analogie avec la littérature a des limites, rarement comprises, mais Pound ou Céline sont aussi "neufs" que "traditionnels" (même Céline qui est plus évolutionniste que Pound).

  • ..."pas plus contre le clan Sarkozy quE CONTRE un autre clan" (syntaxe).
    Je ne critique pas, je signale une bourde. A part ce détail, j'admire l'analyse, comme souvent.
    Si je prenais tout ce que vous faites pour de l'or en barre, vous me mépriseriez...

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