Je le redis, je tiens Michel Houellebecq, non pas tant pour un grand écrivain que pour un grand acteur, bien supérieur à Michel Serrault, qui en faisait des tonnes, à vous dégoûter du théâtre.
Un grand acteur “moral”. Car le talent de Houellebecq consiste à faire bien voir, en quelques minutes seulement, par comparaison, en quoi consistent les autres acteurs de la télé, BHL, Sollers, Karl Zéro, etc., ou ceux qui l’ont interviouvé, Laure Adler, Thierry Ardisson* : des seconds rôles minables. On pourrait dire aussi des figurants, des “utilités” ; à quoi servent-ils ? Mais, pardi, à combler le silence qu’il y aurait à la télé s’ils n’étaient pas là pour boucher les blancs ; comme la cassette (ou le dévédé) qui transforme votre poste en aquarium, en clapier ou en boule à facettes.
En revanche, plus je lis Baudelaire et moins je vois le rapport qu’il peut y avoir entre Baudelaire et Houellebecq, bien que celui-ci se dise ému par la poésie de Baudelaire. Je me pose la question : Houellebecq a-t-il vraiment lu Baudelaire ?
À moins de le lire comme une parodie, ce qu’il n’est pas, le discours existentialiste de Houellebecq, fait d’un mélange de supersitions évolutionnistes, de dégoût de l’Histoire, de repli sur soi, est assez éloigné de Baudelaire. Jusqu’à la misogynie de Houellebecq qui me paraît étrangère à celle de Baudelaire, très réfléchie. Toutes les niaiseries qu’on peut lire dans Biba ou entendre dans la bouche des prêtres conciliaires qui préparent les fiancés au mariage, toutes les niaiseries sur la “communication dans le couple”, Baudelaire les anéantit en quelques sentences cinglantes.
Schopenhauer et ses caniches, oui, je les retrouve chez Houellebecq, mais Baudelaire, où est-il ?
*J’ai longtemps fait preuve de faiblesse vis-à-vis d’Ardisson, comme de Beigbeder, en raison de leur cynisme, qui me paraissait moins brutal à tout prendre que la franche épaisseur de Guillaume Durand ou de Finkielkraut, mais depuis que j’ai entendu la productrice d’Ardisson à la radio, Catherine Barma, toute en arrogance, en sottise et en cupidité, j’ai dû revoir mon jugement à la baisse sur Ardisson.
Commentaires
Tu veux dire que Houellebecq ne se serait pas mis en ménage avec une demi-pute comme Baudelaire ? Oui, c'est évident, notre Michel aspire à une vie de tout petit bourgeois ... tu devrais lire la bio de Pasolini qui explique bien la domination universelle en Occident de l'idéal petit-bourgeois.
Faites-moi un plaisir, Lapinos, donnez-moi à voir quelques sentences de Baudelaire qui anéantit les niaiseries sur la communication dans le couple... pour usage futur éventuel.
Ce n'est pas si net que vous dites, on ne peut pas assimiler Houellebecq à Sollers, à BHL ou à Jean d'Ormesson. Idem pour Nabe et la cuisine Ikéa de sa femme.
Mais, pour un artiste, il est très difficile de se couper complètement de la société où il vit. Baudelaire ménage officiellement la société bourgeoise qui ne comprend rien à son art, c'est surtout dans ses écrits privés qu'il condamne le mercantilisme et le journalisme galopants, en train d'étouffer toute vie spirituelle.
Pour un cinéaste, c'est impossible, les moyens industriels et en capital requis, la superficialité même du cinéma, "coinceraient" n'importe qui. D'ailleurs un artiste n'ira pas spontanément vers le cinéma.
On peut toujours imaginer un type seul avec son caméscope, qui diffuse des films documentaires sincères sur internet, mais ça reste assez "théorique".
Les capitalistes ont beau être idiots au point de se tirer une balle dans le pied, je ne suis pas sûr que Houellebecq parvienne à subvertir le fric de Lagardère.
(Pasolini, j'ai vu l'"Évangile selon Matthieu", même si c'est moins raté que le péplum de Gibson, il y a quand même un côté comique involontaire, pas de quoi faire tout un foin de Pasolini.
Qui plus est je n'adhère pas au Parti Homo dont la règle de base est de vanter outrageusement tout ce qui a été produit ou touché par des homos. Je ne fonde pas mes goûts artistiques sur des critères sexuels, je suis démodé, moi, Driout.)
Je serais curieux d'avoir un exemple historique d'une époque pendant laquelle la spiritualité (j'entends, la vraie, raisonnée, pas juste la force de l'habitude qui amène à quelques génuflexions) faisait partie de la sphère public au sens large.
Ce qui est amusant chez vous c'est ce lapsarianisme, cette conviction que tout va de mal en pis depuis un Âge d'Or flou, incertain, qu'il semble bien difficile de replacer dans le temps; Après tout, votre position est aussi vieille que l'Histoire.
Vous ne faites que reprendre la position de ce cher Caton et de bien d'autres avant lui.
Vous êtes tout aussi ridicule que ceux que vous vomissez, ils avancent aveuglément vers un futur fantasmé, vous freinez des quatre fers par nostalgie d'un passé n'ayant jamais existé.
Pasolini est d'abord un poète ... 33 procès à la clef ! autant que le nombre d'années du Christ.
En fait j'ai tout compris tu as voulu aller voir "l'Evangile selon Saint-Matthieu" de Pasolini un jour de pluie, tu t'es trompé de salle et tu as miré un film de Max Pécas ou de Robert Thomas style "Mon curé chez les nudistes" ou "Belles, blondes et bronzés" sans t'en apercevoir d'où le quiproquo !
Carabas, le plus curieux c'est que vous sollicitiez d'un imbécile un quelconque éclaircissement.
Je ne peux pas vous mâcher le travail non plus, bien qu'on lui fasse peu de publicité, Simone Weil est "en vente libre", vous pouvez la lire, la censure capitaliste évite l'interdiction directe.
Même si l'effort désintéressé n'est guère encouragé dans la société capitaliste où on préfère le travail en série, bâclé, le "ready-made", les philosophes paraphraseurs ou compilateurs, vous pouvez essayer de faire usage du peu de liberté qui vous reste.
La nostalgie, c'est bon pour Finkielkraut ou pour Doisneau, qui fantasment l'histoire dont ils ignorent à peu près tout. Qu'il y ait une part insaisissable dans la nature ou dans l'histoire, comme le souligne Marx, n'empêche pas l'historiographie ni la science, ni de faire des comparaisons assez précises. Quand je dis que le style de BHL est très inférieur à celui de Voltaire, la pensée d'Alain Minc subalterne par rapport à celle de l'abbé Galiani, je ne pense pas être nostalgique d'un âge d'or mais très réaliste au contraire, éloigné du relativisme laïc béat caractéristique de notre époque.
"Faites-moi plaisir, Lapinos", plutôt que "un plaisir". Serait-ce un belgicisme, ou juste une maladresse ? Ne pas confondre le plaisir avec une praline !
Ah, oui, je pensais à mes amis "gothiques", mais il est évident, Philograph, qu'un sado-masochiste comme vous est concerné par les réflexions de Baudelaire sur l'amour sexuel. Laissez-moi juste un peu de temps, j'ai prêté mon exemplaire à une "maîtresse dominatrice" de mon quartier.
Splendide démonstration d'onanisme intellectuel, merci...
N'avez-vous rien de mieux à offrir ?
Nulle maladresse, pur belgicisme. N'est-ce pas d'une grande élégance ?