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Psychologie de l'athéisme

Il y a une manière un peu particulière pour un catholique marxiste de considérer un athée. Les Évangiles fondent une morale de l’action. Le marxisme lui aussi est une méthode : elle peut venir renforcer l’action catholique. Au cœur de la morale catholique, il y a la charité et le prosélytisme - la charité spirituelle.

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Partons d’une représentation simple : qu’est-ce qu’un pur croyant aux yeux d’un pur athée ? Quelqu’un qui croit qu’il y a une vie après la mort et qui obéit à son Dieu, endure les souffrances de la vie en leur opposant l'espérance d'un monde meilleur, pour mériter à la fin la vie éternelle.
Le minimum qu'on attend de lui, c'est qu'il aide les vieillards à traverser la rue. Souvent les athées sont sévères avec les chrétiens qui n'accomplissent pas leur devoir comme ils croient que ceux-ci devraient l'accomplir : sans défaillir.
Les athées ont beau ne pas croire en Dieu et à la vie éternelle, ils savent se montrer des contrôleurs zélés des bonnes actions des croyants naïfs. Au point qu'on peut penser que si chaque croyant avait un athée pour tuteur, il serait à peu près certain de gagner sa part de ciel. Il y a même des athées comme Coluche, qui font la charité rien que pour prouver aux chrétiens qu'ils sont au moins aussi charitables qu'eux.

De façon symétrique, un pur athée aux yeux d'un pur croyant, qu'est-ce ? C'est quelqu'un qui ne croit ni en Dieu ni en la vie éternelle, "tout n'est que matière et retourne à la matière", ce genre d'idée ultra-antique que l'athée s'efforce de démontrer par la science moderne. Un pur athée c'est le contraire de Sartre qui fait jouer ses pièces pendant l'Occupation allemande pour gagner sa croûte, non, un pur athée devant la douleur et la souffrance de la vie, la guerre, il aime mieux se suicider.
Les croyants sont un peu choqués que les athées ne respectent pas ce principe de base du suicide et laissent Staline, Hitler ou Franklin Roosevelt faire le boulot à leur place.
Bref, les purs athées comme les purs croyants ne courent pas les rues, même si on note une recrudescence du suicide dans les sociétés démocratiques.
Derrière la condescendance des athées pour la naïveté des croyants, derrière celle, réciproque, des croyants pour l'inconséquence des athées, il y a la réalité religieuse que Marx permet de mieux saisir.
(Je suis obligé de mettre l’athéisme de Marx entre parenthèse pour le moment, non parce qu’il contredit mon raisonnement ou qu’il ne m’intéresse pas, au contraire, mais pour ne pas surchager la démonstration.)

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À la racine de l’athéisme, il y a une idéologie. Celle qui consiste pour un athée à croire que, contrairement aux musulmans, aux catholiques, aux orthodoxes, aux scientologues, lui n’adhère à aucune religion (Les athées adorent causer de la scientologie qui leur fournit une caricature pratique de religion.)
Ici il faut distinguer deux sortes d’athées. Les athées sincères ou ignorants, d’une part (on peut parler ici de la "foi du charbonnier"), et d’autre part les athées qui utilisent cette idéologie pour faire du prosélytisme, l’idée séduisante que lorsqu’on n'adhère à aucune religion, on est plus libre et plus indépendant.

Il est permis à un marxiste ou à un catholique de voir les choses de cette façon plutôt qu’à un démocrate-chrétien, parce qu’en réalité ceux-ci ont partiellement ou complètement glissé de la religion catholique à une autre. Concrètement plus rien ne sépare certains démocrates-chrétiens de la religion athée dominante. Les démocrates-chrétiens n'ont pas intérêt à dissiper l'idéologie qui protège leurs intérêts de classe. Un peu comme Sartre qui bascule dans l'existentialisme, les crétineries d'Heidegger, pour se protéger du marxisme et de ses conséquences spirituelles.
Logiquement les démocrates-chrétiens devraient tout mettre en œuvre pour étouffer l'appel à la dissidence lancé par Benoît XVI, non pas à l'attention des catholiques de Chine mais à ceux du monde capitaliste, les rares paroles politiques de Benoît XVI, donc. De même la bienveillance de Benoît XVI vis-à-vis des musulmans on ne veut pas l'entendre. Ce que les démocrates-chrétiens veulent, c'est de la théologie existentialiste en veux-tu en voilà, comme si Baudelaire, Bloy, Claudel, ces grands docteurs modernes, ne suffisaient pas.
Les démocrates-chrétiens vont faire diversion, rendre théorique la dissidence comme ils ont rendue théorique la pauvreté. Ils sont parfaitement prévisibles. J'entends d'ici leurs sophismes thomistes ou kantiens, leurs mille et une façons de noyer le poisson.

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Plutôt qu'à l'athéisme, on est donc confronté à un paganisme somme toute assez banal et qui emprunte ses dogmes et ses préceptes ici ou là. La gloire du Panthéon n'est pas neuve.
Peut-être pas la clef de voûte, mais au moins un des piliers de ce paganisme, c'est l'évolutionnisme. Rares sont les athées qui ne s'accrochent pas farouchement à cette hypothèse, qui leur sert de refuge. Il est tout à fait logique, dans un mouvement prosélyte, qu'ils essaient même de convertir le pape à ce schéma de pensée.
Le plus farouche existentialiste athée n'échappe pas à la religion et à la politique. Nitche finit à l'asile. L'asile ou la prison, le monastère, ce sont là des lieux pour les existentialistes, faits pour entretenir les illusions libertaires.

Commentaires

  • "un catholique marxiste" : J'aime bien le concepts.
    C'est vrai que le Christ et Marx (à leur manière et dans leur temps) furent des "réactionnaires spirituels" et des économistes critiques (n'oublions jamais la multiplication des pains, hein !) ça va sans doute nous servir bientôt...
    Ceci étant, comme eux, j'ai peur de ne jamais rencontrer de "pur croyant" ou de "pur athée".
    Que faire de notre vraie "réaction" alors ?
    Signé : Un panthéiste chrétien et marxiste.
    A+

  • Bonjour ! Mes remarques ont du pousser un peu Lapinos à écrire ce texte où il tente de nous expliquer comment on peut être à la fois catholique et marxiste.
    Mais en fait, la vraie nature de Lapinos, c'est qu'il est réac et certainement plus de droite que de gôche.
    Je suis pas certain que Marx lui-même serait d'accord avec lui.

    Venir nous dire, finalement que tout le monde ne peut qu'être croyant et que ceux qui sont athés sont en gros des croyants qui s'ignorent, voilà toujours la même rhétorique catho.

    Pour les irréductibles, c'est l'asile libertaire !
    C'est pitoyable, Lapinos !

    Prouve nous que Dieu existe, qu'il n'est pas une invention des hommes !
    Mais çà évidemment, y'a aucun cureton qui peut le faire. Et pour l'instant, çà veut dire que Dieu n'existe pas. Point-barre !

    Dieu est une invention des hommes pour se rassurer face à la mort ou s'inventer des chimères rassurantes -toutes les religions ne sont que çà- et Marx est le grand guru d'un système politique totalitaire.
    Voilà la triste réalité.
    Le reste n'est qu'affabulations.

  • Là encore, vous récidivez: vous faites l'erreur de considérer Nietzsche comme un athée (décidément, je doute que vous l'ayez vraiment lu), mais bon...

    Il vous manque cruellement la lecture de philosophes catholiques réels, c'est à dire Kierkegaard, Hello ou Chesterton, car franchement, ce texte...

  • La démocratie est le haschisch du peuple.
    L'anarchie et la monarchie de Maurras ne sont que des avatars de l'utopie démocratique.
    Le but de l'idéologie démocratique est de dissimuler les véritables ressorts de la démocratie, à savoir l'exploitation capitaliste.
    En votant pour un candidat dont le programme politique était : « Enrichissez-vous ! », les démocrates-chrétiens ont trahi leur religion et doivent être regardés comme des démocrates tout court.

    (Quant à Dieu, ce n'est tout de même pas ma faute s'il existe !)

  • "Dieu n'est pas une idée qu'on prouve, c'est un être par rapport auquel on vit." (Kierkegaard)

    Le christianisme est existentiel ou n'est pas. Crois pour comprendre, comprends pour croire.

  • Le concept "catholique marxiste"est une aberration. C'est un concept idéologique mensonger et dangereux car "on peut servir deux maîtres à la fois" comme disait Saint Paul. On est soi catholique, soit marxiste. L’un se revendique de l'Esprit, l’autre de la Matière. Rien de commun entre eux. Le fameux "Mon royaume n'est pas de ce monde" de NSJC- balayent toutes idéologies et renvoie dos à dos capitalisme et marxisme et leurs utopiques projets terrestres.
    Par certains de ses côtés, je le reconnais, la dialectique marxiste peut être séduisante mais elle reste matérialiste donc forcément réductrice. L’Essentiel, toujours lui échappe.

  • Le point commun, Drieu l'a très bien vu, c'est une vision concrète du monde.
    Vu le genre de zigotos qui, en France, se réclament de Marx - Attali, Minc -, j'avais pas mal de préjugés vis-à-vis de Marx. Ce qui m'a frappé d'emblée, c'est la parenté entre les grands réactionnaires catholiques, Baudelaire, Barbey, Bloy surtout, que je connaissais un peu, et Marx. Ils se rejoignent dans la détestation de la classe bourgeoise capitaliste ; ce n'est pas le seul point de rapprochement, loin de là.

    Les interprétations soviétiques de Marx tendent à gommer l'aspect mystique et religieux de Marx, comme si la science n'était pas religieuse et mystique. C'est un contresens : Marx s'attaque comme Delacroix, Baudelaire, Bloy, aux agioteurs capitalistes en tant qu'oppresseurs cyniques.

    Par ailleurs Marx n'est pas un utopiste, c'est un révélateur.
    Je comprends qu'on puisse douter que le matérialisme historique de Marx conduit à la liberté par la vérité ; il est plus qu'évident en revanche désormais que les libéraux, qui ressassent en boucle leurs slogans hypocrites sur la liberté, l'égalité, le féminisme, la fraternité, etc., sont les esclavagistes les plus cyniques qu'on puisse imaginer. Ce que des artistes comme Baudelaire ou Delacroix ressentirent plus vivement que d'autres dès le début est sensible pour quiconque a un peu de sincérité aujourd'hui. Je ne crois pas à la sincérité des démocrates-chrétiens.
    Au fond d'eux, ils savent qu'ils sont complices de cette oppression, de cet art, de cette décadence, de cet existentialisme plus que douteux.

  • L'anarchisme est anti-démocratique, il n'accepte que la démocratie directe mais préfère le fédéralisme libertaire.

    Dieu n'est qu'une invention des hommes. Il n'existe que dans ce sens-là.

    Tout comme Marx est le "Dieu" des... marxistes !

    Y'a pas de "mystères" à chercher là-dedans.
    Ce ne sont que des "concepts": Dieu..., le marxisme...

    Les marxistes sont très majoritairement athés, incoyants: Lapinos est une exception.

    Un peu bizarre...

  • "Dieu n'est qu'une invention des hommes. Il n'existe que dans ce sens-là. "

    Le problème avec ce genre d'athéisme, c'est que c'est un nihilisme.

    En effet, très peu de personnes arrivent à avoir un athéisme profond, réfléchi et dur, la plupart sont sous l'emprise d'un athéisme-déchet, produit par la longue décadence de la civilisation.

  • Hé bien, tu es tombé sur un athée dur ! Mais je suis pas nihiliste pour autant.
    J'attends qu'on me démontre, que l'on me le montre ou les montres, ces fameux "Dieux".
    Marx a existé, lui, ok, pas de doute. Mais Dieu ? Cà reste irrationnel et celà est contraire aux anars qui sont rationalistes très majoritairement.
    Mais la porte n'est pas fermée comme celles des nihilistes.

  • "J'attends qu'on me démontre, que l'on me le montre ou les montres, ces fameux "Dieux"."

    Et toi, Mr "Sans Dieu, ni Maître", tu peux nous démontrer l'inexistence de Dieu?

  • L'athéisme est une théologie. Il n'y a qu'à voir Feuerbach, maints passages paraissent de Luther… voire de Bloy.

    L'athéisme en général, celui du quidam, n'est qu'un banal paganisme. Ce n'est pas difficile de le montrer en passant par Feuerbach et Marx, c'est-à-dire en évitant les tours de passe-passe philosophiques.
    Au-delà, certains signes politiques font voir qu'entre ce paganisme et les démocrates-chrétiens, il n'y a pas une feuille de papier.

    Existence de Dieu ou inexistence de Dieu ? Tout ça n'est qu'un jeu de roulette entre païens aux yeux d'un catholique marxiste, un faux-semblant pour s'occuper l'esprit, un prétexte.

  • L'inexistance de Dieu est prouvé ! Lire à ce sujet "Les 12 preuves de l'inexistance de Dieu" de Sébastien Faure par exemple.

    L'athéisme est peut-être une nouvelle religion pour certains. Pas pour moi. L'athéisme est fondamentalement anti-religieux.

    Maintenant, si çà amuse des gens de croire à des obscurantismes et même des marxistes, très peu pour moi.

    Les preuves que Dieu existe ? Y'en a aucune ! Ce n'est qu'une fable pour naïfs se rassurant sur des fariboles...Juste pour se persuader qu'après la mort, il y a peut-être quelque chose...
    Les religions ne servent qu'à çà: faire croire que... imposer un shéma irrationnel de pensée et se donner bonne conscience. Mais toujours pas une seule preuve tangible.
    Ce n'est qu'une auto-suggestion du cerveau.

    Et puis, de toutes façons, "Si Dieu existait, il faudrait s'en débarasser" comme le disait si bien Bakounine !

  • "Les preuves que Dieu existe ? Y'en a aucune ! Ce n'est qu'une fable pour naïfs se rassurant sur des fariboles..."

    Encore un puceau qui, après avoir lu Nietzsche ou Sartre, se prend pour un surhomme...

  • Au catholique non marxiste (les pires !): ce n'est pas se prendre pour un surhomme que de ne pas croire.
    C'est être réaliste.

  • "L'inexistance de Dieu est prouvé ! Lire à ce sujet "Les 12 preuves de l'inexistance de Dieu" de Sébastien Faure par exemple."


    C'est 12 preuves sont des sophismes. Je pourrais moi aussi dire

    "L'existence de Dieu est prouvée! Lire à ce sujet "La preuve ontologique de Gödel"

    (Gödel était un mathématicien et logicien, donc de la logique, il en sait plus que Faure)

    Je suis bien d'accord avec vous donc sur le fait que l'athéisme est un des fléaux de notre siècle.

    Et le catholicisme est justement selon moi une des religions les plus grandes et élevées qui puisse exister.

  • L'athéisme de Feuerbach relève de l'athéologie. Quoi qu'on en pense, selon moi les bases de cette athéologie sont fragiles historiquement, c'est un athéisme profond et "pensé".
    L'athéisme du commun des mortels relève du paganisme, il en présente tous les aspects.

    L'athéisme de Marx est différent. Pour Marx le pouvoir des églises protestante et catholique est consommé. Il s'en prend à la nouvelle religion, la nouvelle idéologie démocratique.

  • Non non, il était vraiment athée pur et dur, vieux. "lol"

  • Il n'est pas nécessaire d'être croyant pour être bon.

  • Les athées croient au moins à l'argent, système fiduciaire s'il en est.

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