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marx

  • Du Totalitarisme

    Pour un disciple de Karl Marx, le "totalitarisme" peut se définir comme la formule chrétienne de la dictature.

    K. Marx a ainsi immédiatement dénoncé les "Droits de l'homme" comme une ruse bourgeoise impérialiste ; "bourgeoise" c'est-à-dire chrétienne.

    K. Marx écrit ainsi : "La démocratie est à tous les autres régimes politiques ce que le christianisme est à toutes les autres religions."

    K. Marx sait-il que le "christianisme" dont il parle est satanique, contrecarrant l'avertissement divin : "Mon Royaume n'est pas de ce monde." ?

    Intéressons-nous plutôt à Shakespeare, vers qui Marx remonte comme Freud remonte à Platon.

    - Shakespeare est à la fois plus difficile et plus simple que Marx. Plus difficile, car notre époque en proie à l'intellectualisme a pris ses distances avec les récits mythologiques qui formaient le socle de la culture et de la sagesse antiques.

    La culture bourgeoise est une culture romanesque, privée de mythologie... Shakespeare est isolé au sein de la culture bourgeoise comme Hamlet est isolé au Danemark.

    On peut définir l'art de Shakespeare comme l'inverse de l'art cinématographique ; Shakespeare n'a rien de fascinant. La culture et la critique littéraires bourgeoises ont donc creusé un fossé entre Shakespeare et l'homme moderne.

    Cependant Shakespeare est plus simple que Marx car la mythologie va à l'essentiel. Shakespeare est beaucoup moins démonstratif que Marx. Shakespeare se débarrasse de l'intellectualisme en le caricaturant sous les traits de Polonius et en l'expédiant dans l'au-delà d'un coup d'épée.

    Il y a de nombreux points de correspondance entre Homère et Shakespeare, néanmoins Homère n'a pas connu la Révélation ; il n'a connu que l'Ancien testament.

    Francis Bacon explique d'où le mythe tire sa force et pourquoi il n'est pas démodé. Le théâtre de Shakespeare s'avère l'oeuvre laïque chrétienne la plus anticléricale de l'Occident moderne. Il est difficile de ne pas y voir la main de F. Bacon.

    - L'athée Georges Orwell a donné dans la fable "1984" une description assez précise du gouvernement totalitaire. Cette fable souligne le rôle décisif joué par les intellectuels dans la dictature socialiste de "Big Brother". Les intellectuels contribuent notamment à élaborer une "culture-opium" et à concevoir la "novlangue", qui ramène le langage humain au niveau d'un simple outil de communication animal.

    La foi chrétienne dispose mieux que l'athéisme à voir dans le totalitarisme un satanisme, c'est-à-dire non pas une simple dictature destinée à assurer la domination d'une petite élite sur une majorité d'hommes soumis (dans ce cas la dictature ne se présenterait pas sous la forme paradoxale ou complexe décrite par Orwell), mais un régime disposé et orienté contre la foi chrétienne, c'est-à-dire contre la Révélation.

    Bien qu'il soit athée, la réaction d'Orwell s'explique (il l'explique lui-même ainsi) par sa volonté de ne pas sombrer dans la folie ; Orwell est conscient qu'il n'y a pas de raison humaine autonome.

    La "Vérité", avec tout ce qu'elle suppose d'ardu et de risqué pour l'homme, a pour Orwell comme pour Marx une importance capitale.

  • Marx et le 1er Mai

    Il n'y a pas de fête moins marxiste que le 1er Mai.

    La célébration du Travail est commune à tous les régimes totalitaires, du nazisme le moins dangereux, jusqu'à la démocratie-chrétienne le plus dangereux, en passant par le régime soviétique.

    Pourquoi la démocratie-chrétienne est-elle le plus dangereux des régimes totalitaires ? Je l'ai expliqué ailleurs sur ce blogue, plus en détail : la démocratie-chrétienne recèle le mobile pour comprendre le totalitarisme, qui consiste dans l'antichristianisme. Cet antichristianisme est d'autant plus efficace qu'il s'avance masqué derrière un discours chrétien.

    - Chercher à comprendre le totalitarisme à travers le nazisme, c'est chercher à le comprendre à travers le régime le moins cohérent. Quant aux soviets, ils procèdent à la manière d'un clergé laïc, promettant le paradis sur terre en échange du travail. 

    Il est impossible de discerner la logique totalitaire sans cet élément. Dans sa lutte sincère et désintéressée contre le totalitarisme, un athée tel que Georges Orwell finit par butter sur l'absurdité du totalitarisme, autrement dit à le considérer comme une énigme.

    - L'utopie marxiste est en réalité essentiellement une contre-utopie, une entreprise de démolition des valeurs occidentales modernes bien plus qu'une entreprise de construction d'une société nouvelle.

    La critique marxiste dévalue l'éthique totalitaire hégélienne plus radicalement que la critique réactionnaire.

    Marx dévoile également l'entreprise de divinisation de l'Etat moderne menée par le clergé catholique, préliminaire à la démocratie-chrétienne. Dieu n'est pas mort subitement, il a été progressivement remplacé par l'Etat en Occident.

    On peut parler de la démocratie-chrétienne en termes de pharisaïsme d'Etat.

    C'est un devoir pour les chrétiens fidèles, en tant que défenseurs de la Foi, de dénoncer l'apostasie démocrate-chrétienne.

  • Chrétien et/ou Gilet jaune

    Je répète depuis plusieurs années sur ce blogue ces deux choses :

    - La première est que l'idéologie démocrate-chrétienne et le capitalisme sont étroitement liés, à savoir un machiavélisme politique d'une ampleur sans précédent dans l'Histoire et une "économie" dont K. Marx a élucidé l'impulsion mystique.

    Les soi-disant "économistes" qui tentent de rendre compte de façon rationnelle du capitalisme ne parviennent pas à en rendre compte. Ce qui permet d'ailleurs de tirer un constat d'échec global de toutes les "sciences humaines" modernes, non pas faites pour éveiller la conscience mais pour l'endormir.

    - La seconde est que K. Marx a décrit il y a près d'un siècle et demi la mondialisation et ses conséquences catastrophiques ; tandis que la culture libérale impose de les ignorer. L'ignorance est une condition du capitalisme comme elle est une condition de la dictature.

    En ce qui concerne le mouvement des Gilets jaunes, de soulèvement contre les conditions de la vie moderne dans un pays relativement riche (endetté auprès de nations où règne un esclavage plus dur), il présente un avantage et un risque.

    Ce soulèvement a le mérite de mettre à jour le machiavélisme extraordinaire des élites dirigeantes, tout l'arsenal rhétorique qu'il requiert, où les journalistes et l'enseignement scolaire ont une part prépondérante dans une France en principe sécularisée. Une part de ceux qui ne distinguaient pas dans la démocratie libérale une dictature molle a sans doute été déniaisée.

    Le risque du mouvement des Gilets jaunes est d'inciter à une nouvelle rêverie politique. A cet égard, il faut dire que les chrétiens sont parfaitement dissuadés d'espérer dans la politique autre chose que ce que la nature nous permet d'attendre. Les oeuvres ne mènent pas au Salut chrétien promis par le Christ explique l'Apôtre, mettant ainsi un terme définitif à la démocratie-chrétienne, imputable à des chrétiens félons ou orgueilleux.

    Ce n'est pas l'enrichissement que font miroiter les édiles démocrates-chrétiens qui est désirable, mais au contraire la pauvreté qui est une porte ouverte sur les choses de l'Esprit.

  • Marx contre Freud (2)

    Dans un pays comme la France, où l'athéisme n'est pas seulement une critique de la religion, mais une religion à part entière, la psychanalyse et les psychanalystes comblent un vide. Cette corporation paramédicale rend service à l'Etat. En effet l'athéisme est une religion dont les sacrements et les rituels ont dû être inventés au cours du dernier siècle. Les psychanalystes jouent le rôle de confesseurs. 

    Et dieu dans tout ça ? L'Etat joue ce rôle, dans un pays dont les citoyens sont plus attachés à l'Etat qu'ils ne sont à la démocratie. La psychanalyse et les psychanalystes, en tant que nouvel opium et nouveau clergé sont une cible privilégiée de la critique marxiste.

    L'Etat-dieu, sur le plan théologique, est le terme du raisonnement anthropologique occidental, c'est-à-dire de la philosophie catholique médiévale. C'est ce qui explique que l'on peut être à la fois "catholique et croyant" et "républicain et athée" au sein de la même culture occidentale.

    En débarquant à Paris au cours de son exil forcé, Karl Marx s'attendait sans doute à trouver un peuple plus révolutionnaire. Il se faisait sans doute une idée de la France à travers sa littérature, qu'il connaissait bien et a critiquée sans complaisance idéologique, louant Balzac, raillant Racine et ses effets de manche.

    Le rapport des Français au freudisme est paradoxal, similaire à celui que les Français entretiennent avec les forces de police. La psychanalyse, germanique et médiévale, intellectualisante, s'accorde mal en principe avec l'esprit français, porté à soupçonner dans les énoncés complexes quelque escroquerie. Mais le freudisme rend à l'Etat français un service plus grand qu'aux Etats-Unis où l'on a tendance à se prosterner devant les paradoxes et les titres de "docteur" (nation propice aux escrocs). La psychanalyse est concurrencée par de nombreuses sectes aux Etats-Unis.

  • Marx contre Freud

    S. Freud (et C. Jung) ne mentionnent pas la première cause d'aliénation au sein de la société bourgeoise, à savoir l'argent. Leur principal mérite tient à cet "oubli" ; il explique la place d'honneur accordée à Freud dans la culture bourgeoise.

    Marx ne s'occupe pas du soin de l'âme, car les pauvres ne peuvent s'offrir le luxe d'avoir des états d'âme. Quand on a peine d'argent, on est souvent épargné par les peines de coeur.

    On rencontre parfois la vertu chez ceux qui se sont enrichis par leurs efforts, mais seulement à titre exceptionnel chez leurs héritiers. La mort rôde déjà autour des jeunes gosses de riches.

  • Preuves de Dieu

    Du point de vue païen, la preuve de dieu est physique ou psychologique ; il y a une forme d'humilité de la part des païens à accepter de se soumettre aux forces de la nature ; mais aussi une forme de résignation à la mort, qui est probablement l'aspect le plus antichrétien.

    Certains païens ont foi dans l'au-delà, d'autres non - l'au-delà n'est qu'une construction anthropologique, une religion faite pour rassurer le peuple.

    Du point de vue chrétien, la preuve de dieu est historique. On pourrait multiplier les exemples de bouleversements introduits par la révélation chrétienne dans le cours du monde. On se contentera ici de mentionner que la philosophie des temps modernes est axée autour de l'histoire. Sur le sujet de l'histoire, Marx, Hegel et Nietzsche ont des avis et proposent des doctrines divergentes ; cependant Nietzsche lui-même, qui s'emploie à nier que l'histoire a un sens, ne serait qu'un poète subalterne si sa doctrine ne touchait pas à l'histoire.

    On peut mesurer l'enjeu moderne de l'histoire de différentes façons, hormis la notoriété des philosophes modernes dont le propos tourne autour de l'histoire. La force d'attraction de l'histoire explique en grande partie la dévaluation presque complète de la vertu, considérée autrefois comme le plus grand des trésors. Là encore on peut remarquer que Nietzsche, acharné à restaurer la vertu contre la moraline moderne, prêche quasiment dans le vide ; ses disciples préfèrent se référer à ses avis les moins sûrs, concernant la culture antique.

    Ici il faut remarquer l'importance de la vertu du point de vue de l'homme d'élite, et l'importance de l'histoire du point de vue de l'homme du peuple. La religion de l'homme d'élite consiste dans une conception mystique de la vertu (proche de l'art). Tandis que les religions populaires ou populistes tournent autour d'une issue heureuse de l'histoire. L'extraordinaire confusion de la politique moderne résulte du fait que les élites gouvernent toujours, et le peuple jamais, mais que les élites ne peuvent plus gouverner au nom de leurs seuls intérêts...

    Il faut enfin distinguer la "preuve de dieu" de ce que Paul de Tarse nomme foi véritable, et qu'il oppose aux oeuvres prétendument chrétiennes, suivant une exégèse conforme à l'apocalypse. La preuve de dieu n'est pratiquement rien au regard de l'engagement qu'exige la foi à suivre le Christ dans son combat de propagation de la vérité.

     

  • Saint Marx

    Je ne parle pas ici de Lénine mais de Marx - précision utile, car la propagande communiste a présenté Marx comme le père de la révolution soviétique - ce qu'il n'est pas.

    Il est plus juste de définir Marx comme l'ennemi de la philosophie occidentale moderne ; comme cette définition convient aussi à Nietzsche, encore faut-il préciser une différence majeure.

    Du "veau d'or", l'antisémite Nietzsche ne parle quasi pas. Il compte même sur les riches bourgeois pour éradiquer le christianisme et le judaïsme dans les milieux populaires. Selon Marx, au contraire, le veau d'or est au centre de la tragédie moderne, dont l'Etat n'est que l'avatar juridique.

    L'incitation de Marx n'est pas à dérober leurs biens aux riches, ni même à les contraindre à un mirifique partage, mais à échapper à l'aliénation que la richesse entraîne. Du point de vue de Marx, la corruption des élites modernes est plus grande que celle du peuple (qu'il ne flatte pas pour autant, ainsi que les démagogues, mais encourage à s'affranchir).

    K. Marx défait le lien entre les élites et le peuple, que l'Eglise romaine avait conçu, soumettant celui-ci à celui-là pour des raisons divines. Le Christ fit pire encore contre la société : il délia les Juifs de l'obéissance qu'ils devaient à leurs prêtres, ayant mis à jour les manquements de ceux-ci, et leur ignorance de la prescription divine essentielle - l'amour.

  • Du Socialisme

    Je n'aime pas entendre dire que Karl Marx est socialiste ; le mépris des élites bourgeoises et de leurs calculs n'entraîne pas forcément l'amour de la société.

    La religion du progrès social est la plus fanatique et la plus ennuyeuse de toute ; or Marx n'est pas ennuyeux, c'est la vie bourgeoise qui l'est. Marx est historien, non socialiste, du côté de la réalité et non du rêve.

     

  • Marx chrétien

    L'idée que la critique et l'histoire marxistes puissent être dites "chrétiennes" dérangent le plus souvent, bien au-delà des autorités ecclésiastiques romaines.

    Les évangiles et la critique marxiste ont en commun d'être actuellement censurés ; les évangiles par l'Eglise romaine, qui leur prête une signification anthropologique qu'ils n'ont pas (le théâtre de Shakespeare illustre le mécanisme de substitution de l'anthropologie catholique à l'eschatologie chrétienne) ; la critique marxiste a été occultée quant à elle par la doctrine politique stalinienne ou marxiste-léniniste ; celle-ci a rétabli le culte de l'Etat, que Marx et Engels avaient ébranlé au nom de la science et de l'histoire.

    Lénine fit lui-même le rapprochement entre le communisme, religion d'Etat, et le catholicisme romain du temps de Louis XIV, largement vidé de son sens eschatologique pour servir les intérêts d'une élite politique. Lénine constate cette évolution pour la déplorer, sachant à quel point le marxisme authentique est peu enclin au culte moderne de l'Etat bourgeois. De fait la France de Louis XIV connût avant la Russie soviétique un essor technique et administratif, promptement baptisé "progrès" par la propagande.

    On peut parler de censure dans la mesure où la critique marxiste comme le christianisme sont plus connus du grand public dans leurs versions "officielles" qu'ils ne sont dans leurs versions scripturaires authentiques.

    Si l'adjectif "libéral" voulait dire quelque chose, il devrait s'appliquer à Marx dans la mesure où celui-ci définit le respect de l'Etat comme un sentiment de dévotion religieuse dérivé du catholicisme romain.

    Le culte de l'Etat ou de ses représentants les plus éminents n'est pas une chose tout à fait nouvelle, mais il a pris sous l'impulsion du clergé catholique romain une dimension plus mystique que jamais - disons plus "abstraite", pour employer une expression moderne qui indique de quoi le mysticisme et la foi dans l'Etat moderne totalitaire sont faits - c'est-à-dire de l'abolition (théorique) des limites de l'Etat.

    L'idée d'un Etat et d'un gouvernement mondiaux est ainsi une idée religieuse mystique, qui découle indirectement de l'interprétation anthropologique des évangiles. En effet l'Etat moderne est "absolu" au sens où il n'a pas de limite physique ; sa limite est l'avenir de l'humanité, horizon le plus indéfini. La philosophie antique recherchait à la fois des limites et des justifications au pouvoir politique dans la nature ou le cosmos ; la pensée moderne s'affranchit de ces limites en faisant reposer la légitimité du pouvoir sur l'homme ou l'humanité. C'est sur ce dernier point que se situe l'influence de l'anthropologie catholique romaine, qu'elle porte un masque athée (Feuerbach, Sartre) ou non (Hegel).

    Selon Marx l'Etat moderne, non seulement incarne l'iniquité, mais il est le nouveau nom donné à dieu suivant une ruse républicaine et une adaptation à la nouvelle donne économique industrielle.

    La meilleure façon de prouver que Marx n'est pas chrétien serait de démontrer que sa doctrine est une doctrine socialiste ; en effet, le christianisme authentique est radicalement anarchiste et antisocial. Ainsi, l'incitation évangélique à la pauvreté est entièrement dépourvue de fonction sociale. La pauvreté, dans le christianisme, a une vocation spirituelle, non pas éthique ou politique.

    Un lecteur des évangiles, simplement de bonne foi, pourra constater deux choses : - Jésus-Christ ne cède à aucune revendication temporelle ou sociale de son entourage ; - l'accomplissement social de la loi de Moïse par le clergé juif est à quoi le Messie s'oppose le plus et la cause du complot des pharisiens contre lui, car l'ordre ecclésiastique est lié à l'ordre social.

    De façon lapidaire on peut dire que toute la difficulté du message chrétien est qu'il n'est pas un message social - sa difficulté de compréhension, aussi bien que d'accomplissement, et cela d'autant plus que l'on occupe sur l'échelle sociale une position élevée. Shakespeare, d'où Marx découle largement, a montré que l'absurdité moderne, politique et sociale, consiste dans le mariage incohérent et impossible de l'élitisme moral et politique (morale et politique sont nécessairement élitistes) et du message chrétien (nécessairement antiprovidentiel et antiélitiste).

    La mythologie de Shakespeare ne permet de fonder aucun socialisme - ni un socialisme antichrétien, tel qu'en rêvèrent Nietzsche ou Hitler, ni encore moins un socialisme chrétien, le tragédien illustrant dans la plupart de ses pièces sur quelle fausse spiritualité médiévale cet amalgame repose.

    Marx est-il beaucoup plus socialiste ? La preuve qu'il ne l'est guère fut la nécessité pour Lénine d'inventer le "marxisme-léninisme", c'est-à-dire d'ajouter un volet révolutionnaire et politique à une critique marxiste bien plus orientée vers l'histoire et la science qu'elle n'est vers la recherche d'une solution politique.

    Un régime politique qui ne fait pas place à l'ignorance, y compris sous la forme contemporaine de la "culture de masse", s'expose à l'instabilité. La science n'est en effet d'aucun secours ni usage sur le plan politique. Le savoir ne contribue en rien à la soumission à l'Etat que la citoyenneté implique. La science ne fait pas partie de ce que l'on qualifie parfois de "libertés politiques", et qui sont restreintes à la liberté de jouir plus ou moins suivant des circonstances qui échappent à la volonté et au contrôle du citoyen lambda. La limite de la "science universitaire" est une limite d'ordre politique.

    C'est enfin la déconstruction de l'édifice du droit moderne, sans chercher à remplacer cette casemate par une autre, qui fait de Marx un penseur bien peu "socialiste". En cela Marx prolonge encore Shakespeare, qui fait apparaître le droit comme une vérité relative, et non absolue ainsi que le citoyen moderne incline à penser le plus souvent, suivant une culture totalitaire empreinte de mysticisme.

     

  • Marx chrétien ?

    La réponse à cette question est relativement simple et on peut la présenter sous la forme de l'équation suivante : "Existe-t-il une doctrine sociale marxiste ?"

    - Si la réponse est "oui", dans ce cas Marx ne peut être considéré comme un chrétien, amoureux de la vérité, car les évangiles et la parole divine forment un rempart inexpugnable, une barrière de feu contre toute tentative de doctrine sociale. "Mon royaume n'est pas de ce monde !" : peut-on être plus clair et désigner plus nettement la théorie du royaume chrétien ou de la démocratie-chrétienne comme un culte solaire déguisé ?

    - Si la réponse est "non", alors on peut commencer à envisager Marx comme un penseur chrétien de la fin des temps.

    C'est un fait établi que Marx a lu attentivement la Bible, rédigé des sermons chrétiens dans sa première jeunesse - et je n'ai lu nulle part sous la plume de Marx, contrairement à Nietzsche, qu'il tenait la Bible pour un tissu d'âneries. Le fait est également avéré de la détermination d'Engels contre le christianisme truqué de sa caste.

    La preuve que le marxisme n'est pas une doctrine sociale, on la trouve dans le "marxisme-léninisme", qui est la preuve que le marxisme seul n'est pas social. Comment prendre le pouvoir ? S'y maintenir ? Le distribuer ? A toutes ces questions, Lénine et Trotski ont dû répondre seuls.

    Marx est-il un économiste ? Si Marx est un économiste, alors c'est un économiste libéral. Nul critique moderne, à l'exception l'écologiste Nietzsche, n'est plus dissuasif de tenir l'économie pour une science, ni même un "art sûr".

    Sur l'évolution sociale de la société occidentale, contrairement à un préjugé répandu, Marx ne porte pas une appréciation positive. Là où Nietzsche discerne un phénomène de régression funeste, auquel il convient de remédier pour éviter ses conséquences catastrophiques, Marx voit un phénomène inéluctable, incarné par la bourgeoisie. A l'énoncé de la physiocratie libérale, Marx ne fait qu'ajouter que la pompe à fric physiocratique est, à terme, condamnée, comme si le capitalisme était le "stade terminal" d'une vie de dépense.

    Nietzsche et Marx ont en commun d'être des penseurs très peu "occidentaux". Le premier parce qu'il propose pour remédier à la décadence bourgeoise un modèle oriental. Le second parce qu'il place la science au-dessus de toutes sortes de civilisation, la science n'ayant pas, contrairement aux livres, de "sens de lecture".

    Où Nietzsche et Marx s'opposent radicalement : le premier conçoit que son choix de la civilisation implique de renoncer à la science et la vérité ultimes (luttant fermement pour cette raison contre tout ce qui vise une vérité ultime, comme l'histoire ou la métaphysique) ; pour Marx au contraire, tout l'art du monde n'est rien à côté de la science.

     

  • Tolstoï contre Shakespeare

    Bien plus que le marxisme, l'idéologie de Tolstoï coïncide avec la politique du régime soviétique. Ce dernier fut contraint à ses débuts de composer avec les masses paysannes et de leur accorder le partage des terres auquel la monarchie orthodoxe tsariste s'opposait. Lénine a eu l'intelligence ou la ruse de ne pas se mettre à dos la paysannerie, contrairement au nouveau pouvoir républicain en France, issu de la crise du régime monarchique de Louis XVI qui renonça à amadouer les paysans et préféra les affronter.

    Tolstoï rêvait d'une réforme agraire, préalable à une révolution sociale. Beaucoup d'idées socialistes progressistes sont nées dans la cervelle d'aristocrates chrétiens. Tocqueville est presque le seul moraliste français à avoir foi dans l'idéal démocratique égalitaire. On peut penser que de tels idéaux résultent de l'accord impossible entre les valeurs aristocratiques et le christianisme. De cette impossibilité résulte un moyen terme idéologique désastreux, dans la mesure où le socialisme constitue le coeur de l'idéologie totalitaire, liée à une traduction antichrétienne du message évangélique.

    Marx, quant à lui, est assez éloigné de croire que l'amélioration de la société puisse être une source de progrès véritable, voire un but de progrès. Sans doute est-il beaucoup trop juif ou chrétien pour le croire, car pour un juif ou un chrétien le progrès est du domaine de la métaphysique, à l'exclusion du domaine social entièrement charnel. Le discours de la "doctrine sociale chrétienne" est le vecteur de l'antichristianisme, que ce soit dans la version de Tolstoï, des pontifes romains modernes, ou dans la version laïcisée de Lénine. La version de Lénine est une fornication moins grande, car Lénine cherche moins à faire passer le progrès social pour une valeur chrétienne. Il n'en reste pas moins que la doctrine des soviets est tributaire de cette contrefaçon du christianisme que constituent les différentes doctrines sociales chrétiennes, tentatives dirigées contre l'esprit de dieu d'accorder l'amour de dieu avec la nécessité et les besoins humains.

    Comment appliquer les paraboles de Jésus-Christ sur le plan social ? Il ne faut pas chercher à le faire puisque le Christ n'a pas permis à ses apôtres de le faire sous peine de damnation. Il y a certainement une part de fornication dans la détermination de Judas Iscariote, c'est-à-dire de refus d'accepter la radicalité antisociale du message évangélique.

    Shakespeare, loin de témoigner de sa foi dans le progrès social comme Tolstoï, illustre non pas "le choc des cultures", expression presque entièrement dépourvue de sens puisque le sentiment identitaire implique une détermination guerrière (comme il est pacifique, le chrétien se purifie de tout sentiment identitaire), mais le heurt entre la détermination culturelle et le christianisme.

    Shakespeare a conscience que le christianisme fait table rase de toute forme de culture, autrement dit qu'il signe l'arrêt de mort de l'art. La littérature d'Homère illustrait déjà un tel phénomène, puisque Achille symbolise la culture, et Ulysse le progrès de la conscience humaine contre la culture. Ulysse est aussi individualiste qu'Achille est prisonnier de considérations sociales. Ce qui diffère chez Shakespeare, et ce pourquoi Tolstoï trouve qu'il manque de simplicité par rapport à Homère, c'est l'illustration que l'affrontement a lieu dans les temps modernes entre le christianisme et une culture qui se réclame du christianisme, directement ou indirectement, de sorte que la plupart des hommes ne mesurent pas l'enjeu de leur existence. Autrement dit l'apparente complexité de Shakespeare ne tient pas à Shakespeare lui-même, mais à une réalité sociale plus complexe et des ténèbres plus noires que celles de l'Antiquité.

  • Le Capital

    Un ecclésiastique écrivait il y a quelques lustres dans un magazine destiné à promouvoir les intérêts du capitalisme à la française ("Le Figaro") : "Le capital, c'est la vie !". Sans doute une manière de remarquer qu'on ne peut pas plus s'opposer au capitalisme qu'il n'est possible de s'opposer à la vie ou à la guerre. "Le capital, c'est la mort !" résume a contrario l'analyse économique de Marx, que l'on présente à tort comme un théoricien de la réforme économique, alors qu'il n'est qu'un clinicien, dont le diagnostic est que le capitalisme est, si ce n'est exsangue, du moins une économie au stade de la décomposition. La concentration excessive du capital entre les mains de quelques-uns n'est pas, par exemple, au yeux de Marx, un signe de bonne santé économique. Son pronostic des crises se fonde sur l'excessive concentration du capital et la difficulté de le répartir de façon économiquement efficace. Bien sûr l'idée de "justice économique" n'est pas dans Marx, faute de quoi celui-ci ne serait qu'un imbécile.

    A la limite Marx pourrait passer pour un économiste libéral, si ce n'est qu'il souligne le rôle actif de l'Etat dans la constitution de monopoles bancaires et industriels, tandis que le stratagème de la plupart des économistes libéraux consiste à accuser l'Etat des dérèglements du capitalisme. Or l'extrême concentration des pouvoirs de l'Etat soviétique a largement contribué à entraîner la Russie au rang des nations capitalistes les plus développées ; or l'économie chinoise, dirigée d'une main de fer par une junte militaire, est une économie capitaliste ordinaire, à ce détail près qu'elle a connu un développement accéléré.

    Une économie en bonne santé ne produit pas le maximum de "richesses" pour une population maximum, mais il produit les richesses nécessaires pour un nombre de personnes limité. L'excès de richesse constitue un problème économique, de même que l'excès de poids constitue un problème de santé. L'objectif de croissance économique est donc une aberration économique, en même temps que la croissance est la seule possibilité pour l'Etat et les institutions étatiques de se maintenir en place et se faire respecter.

    Marx souligne aussi utilement la part du rêve dans une économie en voie de décomposition. Le "désir d'avenir" capitaliste est en réalité un rêve masochiste, propre à mobiliser un Japonais ou un Américain, car l'avenir n'a rien de désirable - il n'est pas plus désirable que la mort. Il n'y a rien d'étonnant à ce que le capitalisme engendre une culture nécrophile, ainsi qu'on peut l'observer aux Etats-Unis, à travers notamment la consommation de produits stupéfiants. Les hommes se mettent à rêver, dès lors qu'ils sont vieux et perdent possession de leurs moyens.

    Ceux qui cherchent un antidote chez Marx, une formule du rajeunissement de l'économie seront déçus ; la principale force de la critique marxiste est de montrer que le sens de l'histoire hégélien ou moderne est un sens négatif et non positif, ainsi que le prétendent les tenants de la culture moderne totalitaire. D'ailleurs la vie n'est pas tout pour Marx : l'amour, la science, n'entrent pas dans le domaine culturel (rien de plus bête que la "culture scientifique", c'est-à-dire le vernis scientifique, ou que la "culture de l'amour", c'est-à-dire le sentimentalisme à l'aide duquel les publicitaires attrapent leurs clients comme on attrape des mouches avec de l'eau sucrée).

    Marx est plutôt de la lignée des penseurs humanistes comme Shakespeare qui pensent contre la culture ou en dépit d'elle. La seule façon d'être libre, c'est d'échapper à la culture.

     

  • Marx chrétien ?

    On considère assez largement en France que Karl Marx est un critique ou un historien athée. Mais on ne trouve pas chez Marx comme chez Nietzsche l'affirmation d'un plan satanique civilisateur, antichrétien et antijuif, dont le principal mérite est de démontrer que la civilisation est nécessairement un plan antichrétien.

    Un chrétien selon la parole divine concédera qu'il n'y a ABSOLUMENT rien dans les évangiles pour fonder une culture, puisqu'il y a même de nombreux avertissements contre ceux qui, usurpant le Christ et la parole divine, braveront cette interdiction en encourant le châtiment divin. Pour le dire trivialement, l'esprit du christianisme n'est pas de faire concurrence au diable sur son terrain de prédilection, à savoir la société.

    L'ambiguïté de la critique marxiste est à peu près la même que celle de la philosophie des Lumières, à savoir : critiquer une religion chrétienne détournée de son but pour satisfaire les ambitions politiques et morales d'une élite constitue-t-il une démarche athée, ou cela permet-il au contraire de découvrir la vérité chrétienne, cachée derrière la tenture cléricale ? De cette ambiguïté, les philosophes des Lumières comme Marx sont conscients. Ils ont en outre en commun le fait d'avoir reçu une éducation chrétienne assez poussée, et même très poussée dans le cas de Marx.

    Le christianisme social, et donc truqué, auquel Marx s'attaque, notamment à travers sa formule hégélienne la plus moderne, la mieux adaptée au totalitarisme, peut être caractérisé comme un "providentialisme". Les cultes païens sont des cultes providentiels, en raison du rôle exclusif et central joué par la nature dans ces cultes - exclusif notamment de la notion d'histoire. Le providentialisme, sous la forme antique du "destin", ou plus moderne du "hasard", trahit le double discours du clergé catholique romain, à la fois païen et chrétien. De toutes les religions, le christianisme est en effet la moins providentielle. Le providentialisme est d'ailleurs étroitement lié à une notion, flagrante dans les cultes anciens, et occulte dans le régime démocratique bourgeois, à savoir l'élitisme. Autrement dit, il n'y a pas de civilisation équilibrée, de culture de vie païenne sans élitisme. C'est une ruse bourgeoise que celle qui consiste à faire croire que la démocratie est conçue dans l'intérêt du peuple, et le clergé catholique joue exactement le même rôle auprès de la bourgeoisie que celui qu'il joua autrefois auprès des princes quand il s'efforce de cautionner la démocratie.

    La particularité de la démocratie selon Marx, opposée à la démocratie républicaine ou bourgeoise, est qu'elle consiste à tenter de libérer l'homme de l'emprise de l'Etat. Marx conçoit la démocratie contre l'Etat républicain, et l'idéologie stalinienne consiste à rétablir l'Etat dans ses droits contre la critique marxiste - et donc le providentialisme. En cela le propos de Marx s'éloigne beaucoup moins du christianisme que les tentatives démocrates-chrétiennes de justifier la démocratie comme un régime plus juste et coïncidant avec l'esprit chrétien.

    Marx est en outre beaucoup moins révolutionnaire que les philosophes bourgeois qui, étant donné le changement de régime en faveur de la bourgeoisie, se sont efforcé de présenter la révolution française de 1789, mouvement distinct de la philosophie des Lumières, comme un "progrès".

  • Queue de l'Athéisme

    Depuis une cinquantaine d'années, voire un peu plus, l'athéisme est entré dans une phase religieuse extrêmement inquiétante, qui d'après moi correspond à l'avènement du cinéma et de la culture de masse, c'est-à-dire d'un moyen de sidération massif au service de la bourgeoisie libérale.

    La culture de masse est une raison d'estimer la démocratie libérale ou chrétienne comme un régime plus totalitaire encore que le nazisme ou le communisme soviétique, à l'inverse de ce que certains universitaires spécialisés dans le blanchiment prétendent. La gabegie économique des élites libérales n'est rien à côté de leur gabegie morale. Bien entendu le dérèglement économique n'est que la conséquence de cette dernière. "Marx s'est trompé, le capitalisme lui survit", entend-on répéter des spécialistes autoproclamés de l'économie, c'est-à-dire du néant. Cela revient à déclarer vivace un vieillard en proie à la maladie d'Alzheimer. Tous ces économistes chargés de "missions de réforme" sont aussi ridicules que les médecins de Molière. On a atteint le point, en politique comme en art, où l'aliénation préside à la vocation politique. Cela a toujours été le cas, diront certains, attentifs à la philosophie et sa remarque ancienne selon laquelle les hommes politiques agissent toujours avec une certaine dose d'inconscience. Cela a toujours été le cas, mais autrefois les politiciens ne prêtaient guère l'oreille aux discours confus de leurs médecins.

    Par "phase religieuse" athée, je veux parler d'un athéisme culturel entièrement dépourvu de la dimension critique qui détermina la pensée athée au cours des siècles précédents. La plupart des athées aujourd'hui, à l'inverse de Diderot, d'Holbach, ou encore Feuerbach et Nietzsche plus récemment, s'opposent à un christianisme dont ils ignorent à peu près tout. La volonté de purification de la foi que Simone Weil discerne chez certains athées, c'est-à-dire un mouvement athée plus spirituel que le mouvement religieux, a pratiquement disparu aujourd'hui.

    Ce état actuel de l'athéisme est inquiétant à double titre. Des pans entiers de la culture occidentale sont occultés, c'est-à-dire aperçus presque exclusivement sous l'angle esthétique. L'université moderne mérite les mêmes sarcasmes que ceux adressés par les humanistes de la Renaissance à la culture médiévale. Exprimant des convictions, voire une intuition athée, le citoyen laïc moderne ne s'aperçoit pas que, loin d'hériter de l'esprit critique de l'humanisme ou des Lumières, il prolonge l'ancienne bigoterie dont il se croit émancipé. Il se rend au bureau de vote pour voter, sans se poser plus de question qu'un dévot sur le rituel auquel il assiste.

    Le danger de cet athéisme, nettement dominant dans la société civile, et d'ailleurs complémentaire de la démocratie-chrétienne (de nombreux laïcs français présentent la théocratie américaine comme un modèle du genre "avenir", et sociologiquement ce sont à peu près les mêmes qui vantaient naguère l'URSS officiellement athée) est comparable au danger de la technique confondue avec la science. Le confort de l'esprit est synonyme de fanatisme, et il s'appuie dans cette mouture athée ultime sur la position dominante scolastique et la négation de l'esprit critique. De façon frappante, cette arrogance athée, équivalente de l'arrogance cléricale du XVIIe siècle, est le fait principalement des élites intellectuelles. Elle est d'ailleurs dirigée, non pas tant contre le christianisme que contre tout ce qui n'est pas moderne, en termes de culture. Dans le reste de la population, l'ignorance est à peu près la même, entretenue par l'institution scolaire et sa manie du calcul mental, mais l'arrogance est bien moindre, le dialogue possible.

    Un dernier chapitre sur Michel Onfray, qui s'adresse à des milieux populaires et à qui sa contestation de certaines doctrines officielles a valu les foudres du haut clergé. Malgré un effort critique, Michel Onfray reste assez confus (Diderot l'était aussi), passant de l'apologie de Nitche à celle de Proudhon, presque à l'opposé. Il a fallu également beaucoup de temps à cet érudit populiste pour comprendre que le psychanalyste joue aujourd'hui le même rôle social que le curé jouait autrefois, et que d'une certaine façon les dernier prêtres catholiques romains sont bien plus liés à la psychanalyse qu'à la lettre et à l'esprit de l'évangile. Proposer comme il le fait de substituer une psychologie nitchéenne à la psychologie freudienne revient pratiquement à faire l'éloge du catholicisme romain contre le protestantisme, ou du moins d'une religion plus concrète que la pure rhétorique chère aux Allemands. On pourrait aussi imaginer des thérapeutes nitchéens pour les hommes, et des thérapeutes freudiens pour les femmes ; quoi qu'il en soit, c'est une critique d'une portée très limitée, un amendement venu du bas-clergé à la ligne culturelle définie par les quelques évêques qui disent aux Français ce qu'ils doivent croire.

     

  • Fin du monde

    "Le monde ne fait que rêver, il approche de sa fin." : François Rabelais annonce la fin du monde en des termes que Karl Marx répète plusieurs siècles après, à la fin d'une vie passée à tenter d'inculquer au peuple la méfiance des idéaux, rêves et promesses des élites.

    Le chrétien a plusieurs raisons de pronostiquer la fin du monde. D'abord elle est pour lui promesse de vérité. Les saints ont les yeux décillés de toutes les raisons sociales, pourrait-on dire, qui empêchent de voir dieu : toutes ces choses qui sont sacrées aux yeux des païens, mais non de dieu : "Satan, famille, patrie, etc." Qui sont sacrées parce qu'elles agissent comme un garde-fou.

    La fin du monde paraît à beaucoup une hypothèse farfelue, bien que les effets catastrophiques de l'enlisement dans le rêve soient de plus en plus palpables - mais les élites n'ont pas d'autre moyen de gouverner les masses qu'en les médusant, c'est-à-dire en les tenant en respect, non plus d'une morale, mais d'un but moral, c'est-à-dire d'un rêve.

    On constate aussi l'attachement grandissant des élites aux valeurs mondaines, à mesure que le monde va de plus en plus mal. Le goût des gadgets technologiques, par exemple, assimilés au progrès scientifique, est un indice que les élites ont perdu le sens des responsabilités.

    L'attachement au monde est presque un réflexe narcissique pour ceux qui ont été élevé dans son culte, et il faut se défier des politiciens qui prétendent oeuvrer pour les générations futures. Ils s'écoutent parler, et l'altruisme est, quand on ignore tout de l'avenir, de fermer sa gueule au lieu de faire miroiter l'avenir.

  • Le Capital

    Le Capital est-il puissance ou impuissance ?

    On peut donner une définition nitchéenne de l'économie moderne, comme un démantèlement de l'art, de telle façon qu'il ne restera plus pierre sur pierre.

    Ou bien on peut donner une définition marxiste de l'économie moderne, comme une ultime tentative pharaonique de mettre fin à l'histoire.

    Quoi qu'il en soit, Satan est aussi difficile à reconnaître dans le monde moderne que la vertu dans un bordel. Pourtant, il est bien là.


  • Déphilosopher

    Ce qu'un marxiste peut reprocher à l'institution républicaine, c'est d'avoir remis au goût du jour la philosophie. La zizanie qui règne au sein des élites intellectuelles, et qui nous est présentée comme la liberté de débattre à la télévision de tout et de rien, cette liberté repose sur le préjugé philosophique moderne en faveur de l'éthique, alors même que l'éthique la plus sûre, c'est-à-dire la moins subjective, eut pour cadre les régimes les plus despotiques.

    En ce sens la critique marxiste est pratiquement aussi pure de tout projet de réforme sociale que la doctrine réactionnaire du surhomme proposée par Nitche. L'historien véritable est aussi éloigné du constat erroné de l'éternel retour du même, suivant une détermination naturelle, qu'il est éloigné de penser que les sociétés humaines peuvent être perfectionnées.

    Contre l'Etat et ses institutions les plus omnipotents, dont l'omnipotence n'a jamais bénéficié qu'à des élites libérales captieuses, Marx est donc dépourvu de parade politique. En revanche il indique qu'il est inutile de prêcher la régulation de l'économie par l'Etat, dont l'histoire enseigne qu'il n'a jamais eu vocation à défendre l'intérêt général, mais que la seule intention de défendre cet intérêt général lui est attribuée, comme elle fut attribuée à dieu autrefois.

    Les apôtres du libéralisme qui prônent la diminution de l'influence de l'Etat, ont à peu près la même idée de l'économie que les casques bleus ou les amateurs de jeux vidéos virils ont de la guerre.

    L'aliénation individuelle est proportionnelle à la puissance de l'Etat, dont les marchands de rêve, soi-disant "économistes", tirent le meilleur profit pour leurs entreprises personnelles. Le goût des drogues en tous genres est la manifestation de l'aliénation individuelle dans les régimes de droit totalitaire, où le discours laïc fait office de verrou et de garantie d'équité de la loi. La laïcité n'est que le service du dogme catholique rendu à l'Etat républicain.


  • Paul, le Pape et l'Antéchrist

    Dans la dernière encyclique rédigée à quatre mains par les deux derniers évêques de Rome ("Lumen fidei"), le reproche de F. Nitche adressé à la foi chrétienne de nuire à la science est évoqué. Le pape-philosophe s'en sert pour développer un nouvel argumentaire purement rhétorique sur la foi et la raison. Un argumentaire sans fondement chrétien, car le christianisme N'EST PAS une doctrine philosophique.

    Il était une manière simple de renvoyer Nitche à ses chères études sataniques ; en effet, chez Nitche, suivant une conception romaine ou égyptienne de la science, et non spécifiquement grecque comme il le croit, art et science sont confondus. Le reproche précis fait au christianisme, en tant que cadre intellectuel principal de l'Occident moderne, est d'entraîner une perte de conscience de la réalité. Le "réalisme" de Nitche n'est pas celui de Marx, encore moins celui de Shakespeare ou Aristote. L'art, pour ces derniers, ne fonde qu'un semi-réalisme. 

    Nitche proclame nettement que l'art est supérieur à la science. Cette conception est romaine ou égyptienne, mais on peut également la dire "totalitaire", car c'est cette conception qui permet le mieux à l'élite politique de conserver la haute main sur l'art et la science. Le pape aurait pu répondre simplement : contrairement au préjugé élitiste de Nitche en faveur de l'art, le christianisme ne se préoccupe pas d'art, ni par conséquent de psychologie, seule la science consciente peut amener le chrétien à voir la vérité face à face.

    Hélas, du point de vue scolastique et philosophique du pape, cette réponse était impossible à faire, car le reproche adressé au judéo-christianisme d'être le ferment de la décadence artistique moderne est bel et bien fondé. L'origine de l'existentialisme et de l'art existentialiste moderne, réduits par K. Marx au niveau de l'onanisme, voire traduisant une tendance nécrophile (S. Dali), est bien dans les spéculations philosophiques médiévales, à peu près équivalentes sur le plan scientifique du sabir de la psychanalyse moderne, dont on voit qu'elle fait la plus forte impression dans les peuples ou les groupes sociaux les plus aliénés mentalement.

    Les philosophes des Lumières furent à la fois moins cohérents que Nitche, et en même temps plus pragmatiques, n'hésitant pas à confronter la doctrine chrétienne officielle avec ses propres fondements scripturaires afin de souligner l'inconséquence de la doctrine officielle.

    Mais l'encyclique évite de se pencher sur des aspects beaucoup plus vertigineux de l'attaque violente de Nitche contre la morale judéo-chrétienne, que Nitche n'hésite pas à accuser de crime contre l'humanité. C'est un avocat de Satan sauveur du monde, contre les judéo-chrétiens qui complotent son anéantissement, auquel le pape à affaire. Pratiquement, c'est du retour de Judas Iscariote parmi les apôtres dont il s'agit. Sans doute Nitche n'est pas le premier à renier le Messie, mais aucun ne l'a fait avec autant de conviction religieuse, sauf peut-être certains personnages des pièces de Molière, Shakespeare ou Marlowe.

    Il faut barboter dans la mauvaise bière philosophique allemande jusqu'au cou pour ne pas se rendre compte de la valeur de Nitche et de sa profondeur morale.

    - Le point où l'antéchrist et l'évêque de Rome sont "à égalité" est important, c'est celui de l'histoire, que le pape, de son trône, ne peut pas voir, exposant ses ouailles à être les cocus de l'histoire, ainsi que le sont toujours, à travers les âges, les âmes militaires ou militantes, qui essuient ainsi les plâtres de politiques menées par des chefs cyniques ou imbéciles. Quant à Nietzsche, sa conception physique de l'histoire, fondée sur la culture de vie païenne, et comprenant la culture de mort comme la décadence, cette conception le conduit à ignorer la vision historique de l'antéchrist selon l'apôtre Paul. Nitche, à l'instar de Judas, est disposé à affronter le destin et la mort - mais il n'est pas disposé à accepter la défaite de Satan prédite par les prophètes.

    Je renvoie ici à un petit opuscule anonyme (1838), disponible via google, qui traite de l'élucidation de l'antéchrist par l'apôtre Paul. Il est difficile de dire si elle est directement inspirée par Nitche, mais je constate un redoublement de la haine de l'apôtre des gentils, soigneusement organisé, y compris et surtout par des milieux dissimulés derrière le masque judéo-chrétien ; cette haine n'est d'ailleurs pas sans rappeler la pourriture maurrassienne, par sa manière pédérastique d'abuser de jeunes esprits en détournant du christianisme par des méthodes qui ne valent guère mieux que les trente deniers offerts par le sanhédrin à l'Iscariote. La clef de cette haine est facile à comprendre : les épîtres de Paul sont les plus dissuasives de forger un "judéo-christianisme" et, par exemple, de fabriquer une théocratie d'Etat comme celle en vigueur aujourd'hui aux Etats-Unis. Si le pape s'occupait de prolonger l'exégèse de Paul au lieu de vaticiner dans les déserts de la philosophie, il serait logiquement entraîné à excommunier tous les dirigeants des cartels industriels bancaires occidentaux "démocrate-chrétiens", au lieu de distribuer des sourires et des poignées de mains claudéliennes aux quatre coins de la terre.

  • Exit la démocratie

    Le pouvoir réel ne consiste pas dans l'exercice du droit, dit Nitche. Celui-ci condamne l'idéal égalitaire moderne, non pas au nom de la justice et de l'équité comme K. Marx, mais au nom de la raison juridique. Si le droit n'enregistre pas un rapport de forces, ce n'est plus le droit mais une ruse.

    De la même manière, les mathématiques permettent de formuler des lois de force physique, à partir de postulats dépourvus de consistance physique, mais les lois mathématiques ne sont pas en elles-mêmes une force ou une puissance.

    On peut dire des modèles mathématiques de l'univers, comme du modèle juridique démocratique moderne, qu'ils sont purement virtuels. Ils sont probables, mais on ne peut pas en faire l'expérience. Ils sont du domaine de la science-fiction, mais non du domaine de la science. Du modèle juridique "Etats-Unis", porteur de l'idée de démocratie, on peut dire qu'il se définit comme une pure fiction juridique ; l'unité réelle des Etats-Unis est dans le mouvement, c'est-à-dire dans la croissance économique. L'entretien d'une telle fiction implique le négationnisme le plus rigoureux possible de l'histoire, tel qu'il fut pratiqué pendant longtemps par l'Eglise catholique romaine, afin de préserver la cohérence de l'institution et de son appareil judiciaire. Si Shakespeare est sans doute "universel", et donc catholique au sens étymologique du terme, le seul fait de son matérialisme historique est dissuasif de le croire attaché à l'Eglise romaine. 

    De même la Ve République française est une pure fiction juridique, et ses fonctionnaires délivrent un enseignement de l'histoire au niveau de l'instruction civique. Sans doute ce n'est pas entièrement nouveau. Pour manigancer une monarchie chrétienne de droit divin, il fut nécessaire de substituer à l'Etre divin chrétien un principe providentiel païen. Mais, aussi totalitaire et centralisé soit le régime de Louis XIV, il était beaucoup plus perméable à la critique, ne disposant pas pour le besoin de sa propagande d'un réseau aussi serré. D'une certaine manière, la Ve République dispose d'un pouvoir de censure équivalent de celui d'une nation en temps de guerre.

    La pensée matérialiste relègue la géométrie algébrique à un niveau subalterne, car elle promeut le raisonnement hypothétique ou spéculatif, c'est-à-dire le raisonnement le plus religieux, en lieu et place de l'expérience scientifique. L'activité technique, comme la religion, se nourrit d'un maximum d'hypothèses de travail afin de stimuler l'inventivité (ce qui, en soi, constitue une mauvaise méthode), au contraire de l'esprit scientifique qui se défie de l'invention. La science n'est pas, comme la musique, une récréation. Les peuples ingénieux, tels les Allemands, adorent la musique. L'esprit français, plus scientifique, a moins de temps à perdre avec la musique, qu'un verre de vin remplace d'ailleurs efficacement, et dont le bénéfice cardiaque est plus sûr. L'importation du goût barbare pour la musique en France n'a fait qu'accroître les ravages de l'alcoolisme et de la drogue dans les milieux populaires. Nitche serait sans doute plus français s'il avait écrit sur les mérites comparés du blanc et du rouge, plutôt que sur les mérites comparés de Wagner et de Bach. En quelque sorte il aurait mieux fait de laisser Dionysos à la cave, comme les Grecs. Un Français se demandera toujours, comme il se demande pour les femmes : où est l'humour là-dedans ? La suggestion de l'infini par la musique est très utile pour inciter les petits enfants à prendre la vie au sérieux - et donc à faire leurs devoirs.

    Les mathématiciens des XVIe et XVIIe siècles, jointes à leurs hypothèses scientifiques, émettent un grand nombre d'hypothèses religieuses coïncidentes ou opposées à partir de lectures de la Bible.

    De même le matérialisme historique ne concède aux constitutions juridiques que la propriété de refléter brillamment leurs époques, excluant qu'on puisse déduire de cette draperie le sens de l'histoire. Marx anéantit la prétention de Hegel à indiquer le sens de l'histoire, c'est-à-dire à relier les différents stades ou étapes de l'histoire occidentale entre eux, autrement que par un raisonnement purement spéculatif. Si Hegel théorise paradoxalement aussi bien le progrès de l'histoire que sa fin, c'est par la méthode qui consiste à réduire l'histoire à un mouvement cyclique ou sinusoïdal.

    Comme on peut dire la démonstration mathématique pure de toute matière, et le moins métaphorique des langages, l'homme est absent de la théorie hégélienne de l'histoire, qui consacre le point de vue élitiste, sous la forme d'une cinématographie de l'histoire, c'est-à-dire du moyen le plus propre à maintenir la conscience en-deçà d'un certain niveau par le brio et la séduction de la démonstration. On peut dire l'hégélianisme et le cinéma ensemble berceuses de l'esprit humain infantile. Hitler et Staline eux-mêmes ne méritent pas d'être condamnés autant que Hegel, n'ayant pas contribué aussi directement à accroître la bêtise humaine. La barbarie de Hitler et Staline est "banale", comme dit A. Arendt, seulement décuplée par les moyens techniques à leur disposition. Le maléfice de Hegel, lui, n'est pas banal, permettant le blanchiment de la barbarie technocratique "a posteriori".

    L'enseignement de l'histoire de la révolution française de 1789, mais aussi celle de la révolution soviétique de 1917, est dispensé en France selon l'idéologie hégélienne, en dépit de la critique matérialiste marxiste. L'idéologie hégélienne est si élitiste qu'elle permet d'ailleurs, selon les nations occidentales, des adaptations aux goûts particuliers de ces différentes élites. Même Lénine n'est pas aussi mensonger que la doctrine officielle de l'Education nationale française. Les universitaires communistes dans l'après-guerre ont joué aux Français le même tour pendable que les jésuites auparavant, substituant l'hégélianisme à la critique marxiste afin de pouvoir attribuer à la caste des intellectuels un rôle éminent dans la marche de l'histoire.

    *

    Pour revenir à l'introduction de ce développement, derrière la critique du droit moderne par Nitche ou Marx se profile la critique du "droit chrétien". Tout comme Nitche, Marx est parfaitement conscient de l'altération dangereuse que la "civilisation chrétienne" a fait subir au droit, et par conséquent qu'il est impossible d'envisager le monde moderne occidental séparément du ressort de la morale judéo-chrétienne.

    L'Eglise romaine n'est plus qu'une ruine, certes, mais l'art entreposé dans les musées continue de déterminer l'art moderne apparemment le plus scindé de la morale catholique, que l'on considère cet art sur le plan féminin le plus passif de l'existentialisme (Sartre), ou bien sur le plan de l'art viril le plus actif (Picasso).

    Mais Marx n'opère pas, contrairement à Nitche, le lien impossible entre la "civilisation chrétienne" d'une part, et les évangiles et le Messie d'autre part. Nitche tente d'établir que la culture de mort judéo-chrétienne se propage par le peuple et les mouvements populaires révolutionnaires ; Marx rapporte au contraire la preuve que le poison est versé dans l'oreille du peuple par ses élites dirigeantes. Les évangiles n'ouvrent pas droit à une morale du faible ou au féminisme, à toutes les manifestations compassionnelles hypocrites, ainsi que Nitche le leur reproche. En revanche ils réduisent la perspective politique infinie, c'est-à-dire la ligne d'horizon que l'homme d'élite se fixe, à une peau de chagrin. La sentence du Christ Jésus visant Judas Iscariote : "Il eût mieux valu qu'il ne fut pas né." - pratiquement s'applique à l'homme d'élite du point de vue chrétien. Les aristocrates sont contraints de faire un choix entre leur caste, ses intérêts, et dieu, un choix qu'ils n'avaient jamais été contraints de faire auparavant. Nitche a le courage de faire le choix de Satan que peu d'hommes d'élites occidentaux ont eu le courage de faire. Ce sont les tentatives de conciliation de l'éthique et du christianisme, aristocratiques, puis bourgeoises, qui rendent la civilisation occidentale aussi absurde et dangereuse. Mais le peuple, contrairement à l'élite, perçoit ses droits le plus souvent sous la forme d'illusions millénariste ou de miettes.

    On peut ajouter le nom de Nitche à la liste des philosophes qui ont perçu dans l'utopie millénariste démocratique-libérale une menace terrible ; à la suite de Marx, Baudelaire, Balzac, pratiquement tous les penseurs qui, au XIXe siècle, ont fait l'effort pour penser, au lieu d'entériner comme Hegel, et de faire pousser sur les charniers des fleurs d'éthique.

    Auparavant, Shakespeare a fait voir le caractère radicalement sinistre de la tentative d'associer le christianisme à la marche aveugle de l'Occident.

  • Modernité

    Le truc de la modernité a le don de séduire d'abord les peuples arriérés. Je prends toujours l'exemple du Japon dans ce cas-là, tant cette nation a conservé le sens de l'honneur. Il semble qu'aucun apôtre français n'est jamais allé au Japon enseigner à ces butors que l'honneur est l'apanage des cocus. N'était le besoin des Japonaises de se reproduire, elles auraient transformé depuis longtemps les Japonais en eunuques serviables. Le soleil passe pour le dieu japonais, mais on dirait que c'est plutôt la lune rousse.

    La modernité est la pacotille que le colon offre au peuple qu'il colonise, l'alcool qui permet aux fermiers yankees d'exterminer les Indiens, l'opium des gentlemen britanniques pour endormir les Chinois. Le retard des Allemands et des Italiens sur le terrain de la modernité les a privés d'empire colonial.

    Nitche a théorisé la domination du sous-homme dans le monde moderne. Marx non plus n'est pas "moderne", car cela suppose d'être un ayant-droit de l'impérialisme.