Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Tuyau boursier

Sorti de mon terrier pour dîner avec un vieux capitaliste. Il a traversé huit ou neuf krachs boursiers déjà, me dit-il, et il espère bien en subir trois ou quatre supplémentaires. Le phénix capitaliste, toujours, renaît de ses cendres, et la démocratie durera mille ans, etc. Vieux fond de supersitition païenne chez les capitalistes ; après l'orage boursier viendra nécessairement l'embellie boursière, comme la saison dernière.

Métaphore contre métaphore, moi je préfère celle de la charette, qui fait crac, crac, crac, et boum à la fin. Et le paganisme de La Fontaine à celui de Nitche, si cher aux crétins capitalistes ; "Vous chantiez j'en suis fort aise..."

Plus sérieusement, je me demande où ces polytechniciens qui prétendent comprendre l'économie ont la tête, Jacques Attali le premier, major d'une belle brochette de fanfarons à bicornes, suivi par Claude Bébéar, où ils ont la tête lorsqu'ils causent "police des marchés financiers".

Pas assez gonflés pour nier la corruption et les systèmes mafieux ultrapuissants que la finance capitaliste engendre, ces Pangloss du Capital nous expliquent benoîtement qu'en mettant quelques flics vertueux ici ou là, les escrocs qui savent profiter de l'opacité des arcanes bancaires pour blanchir ou détourner de l'argent ont du souci à se faire. Tout ira mieux dans le meilleur des mondes si on multiplie les Jean-Claude Trichet par dix. Et ne vous fiez pas au patronyme de Trichet, le capitalisme est plein de paradoxes mais il s'en sort toujours indemne, comme le Crédit lyonnais.

Ben voyons. Un peu comme un gosse à qui on fait observer que son château de cartes est sur le point de s'écrouler et qui réplique : "Pas grave ! Vais refaire le même en briques, na !"

Je laisse mon capitaliste à ses certitudes. Vu son âge, il a peu de chances de connaître la catharsis marxiste. Ce qui le rend fréquentable, pour un libéral, c'est son côté atypique : pas de bagnole, pas de téléphone, ni fixe ni portable, pas d'internet, pas d'i-pod bien sûr, ni d'art contemporain sur ses murs, aucun des gagdets qui rendent la plupart de ses corréligionnaires insupportables et me donnent envie régulièrement de sortir mon knout pour faire passer à ces parasites le goût de ces saloperies. Tous ses ordres boursiers sont passés par écrit : c'est son côté judéo-chrétien.

*

Ah, un conseil aux petits porteurs : fuyez tant qu'il est encore temps. Lorsque vous verrez les gros porteurs quitter le navire, il sera déjà trop tard.

Commentaires

  • Ah, Lapinos qui revient à son jeu favori: parler de ce qu'il ne comprend pas.

  • Combattre la spéculation excessive à Wall street, c'est un peu comme vouloir supprimer le bluff dans le poker, ou allumer la lumière pour mieux voir un jeu d'ombres chinoises.

    Contrairement à ce que dit une socialiste libérale comme Ségolène Royal, le problème n'est pas que le système soit inique, qu'il creuse l'écart entre les plus riches et les plus pauvres, ça ce n'est qu'un symptôme, le problème c'est que la spéculation est un principe d'investissement absurde, détaché de la réalité, et donc nocif à plus ou moins long terme, non pas d'abord pour les pauvres, mais pour l'entreprise. Un principe qui favorise le secteur tertiaire, et une perte du savoir-faire au bout du compte.

    De même le problème n'est pas celui de la misère matérielle de l'Occident, mais principalement celui de sa misère spirituelle et morale. Je ne suis pas sûr que Ségolène Royal l'ignore, mais dans le contexte démocratique, elle ne peut pas le dire, elle doit se résoudre à parler en termes de "pouvoir d'achat" et de "temps de travail" ; elle est punie de croire à la démocratie, en quelque sorte.

Les commentaires sont fermés.