Simon Leys est un des derniers humanistes, ou du moins il essaie de l’être au milieu du chiendent. Humaniste, c’est-à-dire qu’il se distingue des intellectuels “à la solde de”, les BHL, Finkielkraut, Jean d’Ormesson, Guy Sorman, plagiaires agréés par le système.
Leys fait observer que la “spécialisation” est une caractéristique de notre époque (décadente).
C’est vrai à condition d’ajouter que la “polytechnique” résulte du même mouvement anarchique, dont le principal ressort est la division du travail à l’échelle mondiale.
Une dislocation s’est produite, d’abord de l’économie, ensuite de la science et des arts, sous le régime bourgeois démocratique.
Par conséquent il n’y a qu’un crétin de philosophe existentialiste pour croire que les “temps modernes” coïncident avec l’avènement de la technique et de la science, alors que notre époque est une époque d’amateurs, de dilettantes, d’hommes soumis à la machine, d’esclaves, d’irresponsables, d’impuissants, d’ignares.
Cela fait cinquante ans au moins que les Etats-Unis vivent sur les acquis de la science nazie, et les Allemands n’étaient eux-mêmes que des bricoleurs adroits, pas des scientifiques.
La caractérisation en “société du spectacle” est aussi stupide, si ce n’est plus. L’Antiquité grecque, par définition, est la société du spectacle, et nous sommes aux antipodes, comme l’affirme Benoît XVI, de la société grecque. Notre époque a même inventé la fête triste et le cinéma, ce théâtre glacé, cette pornographie, elle aussi aux antipodes de l’érotisme grec.
Et vive Fidel Castro ! Aujourd’hui que les bobos de gauche ont lâché Fidel Castro derrière lequel ils planquaient leur égotisme bourgeois, je me sens à l’aise pour saluer la résistance de Castro face à la racaille libérale.
J’entends dire que Raul Castro est plus communiste que son frère, qu’il l’était avant lui ; pourvu que ça soit vrai !
Lorsqu’on voit l’anarchie qui règne à Neuilly, où les vieilles idées bourgeoises et les nouvelles idées bobo cohabitent, lorsqu’on voit cette chienlit impudente se déchirer pour la gestion d’un carré d’immeubles haussmaniens, comment ne serait-on pas communiste ?
Commentaires
Ha, quels mâles écrits... à séduire de fines paroles! Je vois déjà le sourire d'Olga quand je lui baillerai l'affaire! "chienlit impudente" en russe, Smerdiakov! ça claque hein, même en français... c'est le génie de Dostoï!
Et la division du travail, c'est triste, faut bien que s'occupent les névrosés, obsessionnels et autres hystériques. la majorité et c'est eux qui l'ont voulu comme ça...les unes parce que diviser, c'est ce qu'on a trouvé de mieux pour régner sur sa multiplication, et les autres parce que multiplier c'est croître...du moins le croient-ils, car ils sont divisés.
En tous cas, moi, je me sens moins seul quand je te lis mon Lapin.
C'est sûr qu'à Cuba, la division du travail, ils ne connaissent pas.
"Lorsqu'on voit l'anarchie qui règne à Neuilly [...] comment ne serait-on pas communiste ?" en allant à Cuba peut-être. C'est rare que vous m'énerviez, tiens. Peut-être fallait-il vous lire au quatrième degré ? mais à ce sujet-là j'en suis incapable.
Il faut me prendre au degré où Fodio me prend, Madame.
La beauté des Cubaines, comparées aux petites bourgeoises françaises anorexiques sapées en "Zadig et Voltaire", est de nature à convaincre n'importe quel artiste distrait qui douterait de la supériorité du communisme sur le libéralisme.
Le drame de Cuba, c'est de "vide-couille des Etats-Unis" qu'elle était, elle est devenue le "vide-couille des bobos français". Ce n'est pas la faute de Danielle Mitterrand, je la crois tout à fait capable de faire donner le knout à un bobo décadent. Sans ses gardes du corps, le social-traître Lionel Jospin y serait passé.
(Connaissez-vous E. Waugh, Fodio ? L'hommage que Marx -mort avant d'avoir pu écrire son ouvrage sur Balzac - adresse à Balzac, est presque applicable mot pour mot à Evelyn Waugh.
D'ailleurs il est assez évident que Marx, qui se méfiait de l'anarchie russe, aurait eu les mêmes positions politiques que Waugh, anti-hitlérien, anti-américain (ça va de soi quand on n'est pas un vulgaire démocrate-crétin), anti-churchillien, et pro-Mussolini (Les Français comptent pour du beurre : Blum veut la guerre et applaudit en même temps les accords de Munich, comme le rappelle François Brigneau, avant de déclarer la guerre à l'Allemagne sans la faire.)
Ce qu'il faut c'est dépasser le malentendu, dû à des circonstances historiques, entre le communisme et le catholicisme. C'est là que se situe le progrès et la modernité, la vraie, qui n'a rien à voir avec les vieux fétiches gaullistes ou républicains ringards, Finkielkraut ou Tillinac.
Merci bcp pour ces précisions, grâce à toi, je perds moins de temps dans des lectures insignifiantes.
Je te signale un petit ouvrage de vulgarisation historique, Gretel, plus littéraire et plus humoristique que ceux de D. Venner, un synopsis de la seconde guerre mondiale vue à travers Mussolini de François Brigneau.
C'est un excellent antidote contre la propaganda libérale, la couche d'ignorance crasse dont on recouvre les jeunes Français dès le plus jeune âge et qui les mène à la haine de Tariq Ramadan, en qui il convient de voir plutôt un honnête humaniste médiéval comme Benoît XVI, qui ne se convulse pas de haine comme Redeker ou BHL lorsqu'on les contredit.
J'ajoute que BHL est beaucoup plus intelligent que Redeker, ultime crétin superstitieux ; BHL a compris que les Russes représentent une menace beaucoup plus sérieuse pour son capital que tel ou tel pays musulman, moins bien armé pour résister à l'anarchie libérale. La politique "méditérranéenne" de Sarkozy s'apparente à une tentative d'OPA de la France sur le Maroc et la Tunisie.
Chirac, persuadé par Mitterrand, a conclu que "le libéralisme, c'est pire que le communisme". Ce n'est pas très éloigné des dernières déclarations de Benoît XVI. En outre les oligarques décadents français, Pinault, Arnault, Dassault, Lagardère and co. ont financé Sarkozy et n'avaient pas de mots assez durs pour fustiger Chirac vers la fin de son mandat.
Très bien, je lirais ton bouquin, Lapin!!
( J'aimais je m'aurais cru capable de lire des auteurs d'extrême droite).
La gauche, la droite, plus personne ne croit vraiment encore à ce clivage artificiel, Gretel.
Ce qui est reproché à Sarkozy justement par une partie du système, c'est d'avoir fichu en l'air la mécanique électorale et fait clairement apparaître que les deux camps "opposés" poursuivaient en fait les mêmes buts politiques, sociaux, et surtout, économiques.
Quant à l'extrême-droite, elle faisait office de "repoussoir", utile pour effrayer le bobo, comme les islamistes servent au Maroc d'épouvantail et illustrent la modération et la grande sagesse de votre roi, hi, hi.
La France qui jusqu'au milieu du XXe siècle était un pays où malgré la censure officielle des opinions très différentes pouvaient s'exprimer, est devenu un pays où quelques préjugés caricaturaux sont devenus le credo de 99 % de la population.
Ce Waugh me semble bien honnête pour ce que j'en découvre ici ou là... proche de Graham Green que j'ai lu avec intérêt... vu que Stephen Fry le met en scène, c'est signé...(vérif faite, ça serait un film tiré de "Ces corps vils"... dommage, j'aurais peut-être été voir une pièce, là, je lirai le bouquin, le titre me fait déjà bander!)
Ha! et le knout Lapin! ça me fait penser au fameux noeud Gordien, sauf que là, les noeuds sont sur le fouet, et du coup ça tue, Pierre le grand aurait liquidé son propre fils à ça, et c'est toujours dans la constitution russe...Tudieu, ce qui se noue dans tout ça...jusqu'à ton " vide-couilles" Bobo-Etats-unien au pays de Castro le bien-nommé!
L'Histoire est singulière, elle tire son coup et elle aspire au repos...jusqu'à qu'elle remette le couvert!
Les correspondants communistes de Waugh, Orwell, Laski, préféraient les romans de Waugh à ceux de Graham Greene. Pour les mêmes raisons que Marx place Balzac au sommet. "Honnête", tu emploies le mot juste, car c'est évidemment cette vertu catholique (comment un agioteur démocrate-chrétien pourrait-il prétendre à l'honnêteté ?) qui permet à Waugh de s'extraire des préjugés de la classe bourgeoise dont il est issu, au point de renier, la mort dans l'âme, ses propres parents.
Si Drieu ne s'est pas converti au communisme, c'est dit-il peu de temps avant de mourir qu'il n'a pas eu le courage de renier sa classe et ses parents, il est resté prisonnier de sa gratitude.
Donc les correspondants communistes de Waugh répliquaient lorsque celui-ci leur opposait des principes politiques semblables à ceux de Balzac, répliquaient à Waugh qu'il ferait bien de lire un petit "Que sais-je ?" sur le marxisme pour se renseigner avant de tirer à boulets rouges sur le communisme. On imagine le résultat si eux-mêmes avaient eu une idée exacte du catholicisme !
"Vile bodies" est mon préféré. Le premier chapitre est un peu déroutant ; on peut n'y prêter qu'une faible attention et y revenir ensuite. A un amateur des romans de Balzac, je conseillerais la trilogie militaire de Waugh, inspirée de son expérience dans les commandos britanniques en "Yougoslavie".
Ah, j'allais oublier : peintre avorté, même s'il ne met pas des paysages partout dans ses romans comme Balzac, Waugh affichait le plus profond mépris pour le milieu du cinéma.
Avec des arguments à l'appui de ce mépris, bien sûr, comme Baudelaire et Barbey qui démontrent que la photographie, concrètement, entre les mains des démocrates, mène à cet iconoclasme qui fait tant souffrir les artistes aujourd'hui.
Avec les prolétaires ce sont les artistes qui ressentent le plus vivement l'oppression capitaliste qu'un journaliste, un avocat ou un médecin, un philosophe, un député, ne soupçonne même pas.
Les prolétaires ne ressentent rien du tout, Mr Lapinos: La caractéristique du capitalisme - selon Marx - qui la distingue de la féodalité est que la soumission est cachée, et donc autrement plus vicieuse qu'une soumission clairement imposée.
Vous avez raison de faire le distinguo.
Le prolétaire (il n'y en a presque plus en Europe occidentale), contrairement à l'esclave, ne sait pas qui l'opprime, il est dépourvu de conscience politique car l'oppression capitaliste est indirecte (le capitaliste lui-même est opprimé). Il n'en souffre pas moins de l'oppression, réelle, et sa liberté est même plus profondément aliénée que celle de l'esclave.
D'où le constat de Marx que la révolution anticapitaliste ne peut se produire avant que le prolétariat n'ait accédé à un certain degré de conscience politique.
Pas véritablement de prolétariat en France, donc (ce qui implique nécessairement l'évolution des partis soi-disant révolutionnaires et des syndicats communistes en courroies de transmission, en factotums de la bourgeoisie.) ; mais un haschisch-prolétariat, dont on voit bien qu'il est privé de conscience et d'organisation politique, à l'exception de Dieudonné ou de Joey Starr (et même Doc Gynéco, à l'opposé), qui font entendre un discours de type anarchiste "ni gauche ni droite, tous pourris !". Ce n'est pas un hasard si Dieudonné, Joey Starr et Gynéco ne sont pas des immigrés mais des Français de souche et que les fils d'immigrés qu'on voit à la télé donnent plutôt dans le collabeurisme avec la bourgeoisie.
La conscience politique de Doc Gynéco elle consiste à appuyer par goût pour l'ordre le candidat le plus anarchique ! C'est dire si elle est limitée.
Bref Marx est bien, et Simone Weil derrière lui, un "théologien de la libération" ou pour mieux coller au vocabulaire catholique et communiste, un "artisan de la libération". Derrière l'artiste contemporain, le cinéaste, ce n'est pas une "mystique" mais des mobiles putassiers qui se cachent ; tandis que derrière l'artisan, matérialiste en apparence, la mystique est bien là. Vous comprenez mieux en quoi vous êtes victime d'une illusion, Spendius ?
Pour terminer sur les artistes authentiques ; dès le début le pouvoir bourgeois libéral et démocratique leur a donné la nausée, que ce soit Baudelaire, Delacroix ou Ingres, Chenavard, les agioteurs et les philosophes qui vont de pair leur ont inspiré des insultes radicales.
De même les plus modernes aux Etats-Unis, Ezra Pound, Bukowski, Kerouac, et Poe, ont le sentiment d'être entourés de brutes aliénées.
J'adoore Gyneco surtout qd il a remis à sa place ce collabeur immature qu'est Mustapha chez Ruquier, tu as vu ce qu'il a dit à Polac!!
Sinon, je suis monarchiste parce qu'au moins le roi reste le seul garant de notre sécurité et de la protection de notre religion . Les mouvements islamistes Marocains, je trouve en ce moment, manquent de conscience politique, ils ne sont pas aussi matures que le Hamas ou les Frères Musulmans
Je vous comprends de mieux en mieux, en effet. Reste Nietzsche, mais je pense que vous ne pourrez jamais l'apprécier, fidèle à vos principes.
Je n'aime pas le cinéma aussi, mon cher. Ou à la limite, les séries, qui ont au moins le mérite de dire ouvertement qu'elles ne font pas partie de l'Art. Le cinéma, lui, veut accéder à ce rang.
"Sinon, je suis monarchiste parce qu'au moins le roi reste le seul garant de notre sécurité et de la protection de notre religion . Les mouvements islamistes Marocains, je trouve en ce moment, manquent de conscience politique, ils ne sont pas aussi matures que le Hamas ou les Frères Musulmans"
?
Au fait, vous connaissez Georges Darien?
Moi ce que j'apprécie chez Gynéco, c'est que c'était le seul, il n'a d'ailleurs pas tardé à être censuré, à dire que l'industrie française du cinéma ne produit que de la merde insane. Mais en soutenant Sarkozy, Gynéco n'a pas compris qu'il soutenait le candidat le moins autoritaire et le plus anarchique, un fils des bobos qui ont fait Mai 68 ; en fait il s'est déterminé en fonction de l'hypocrisie de la gauche française. Si tu veux piger la politique française, Gretel, la droite incarne la bêtise et la gauche l'hypocrisie, les deux mamelles de la bourgeoisie. Sarkozy, lui, il fait la synthèse de tout ça à un stade où l'électorat commence sérieusement à douter des capacités de l'élite bourgeoise à diriger le pays vers autre chose que la faillite. A propos du Maroc, je dirais même qu'il semble engagé dans la voie de réformes libérales, par certains côtés votre roi fait penser à Louis XVI, le pire des rois de France. A contresens de l'histoire, par conséquent. Pour une monarchie, la politique autoritaire des intendants de Louis XIV puis de Louis XV est un exemple de progrès. Lénine a d'ailleurs restauré l'Etat russe qui s'était effondré à la suite des erreurs monumentales de Nicolas II et de la guerre mondiale entre puissances capitalistes en utilisant ni plus ni moins que les "recettes" et les méthodes de Colbert.