Baudelaire, le plus révolutionnaire des poètes, signale déjà que l'honnêteté, chez un commerçant, ne va pas au-delà de l'intelligence, de la bonne compréhension des règles du métier. La banqueroute des industriels et des banquiers imbéciles ratifie le jugement de Baudelaire ; ça permet même d'espérer que les supermarchés se casseront la gueule à leur tour un jour proche, tant les principes qui régissent la grande distribution sont stupides.
Aucun doute que c'est la cause aussi qu'une pute de quartier passe désormais, à juste titre, pour une commerçante plus estimable qu'un assureur ou un journaliste, un agent immobilier. Elle n'a pas volé son pognon, comme on ne peut plus dire du banquier.
Qu'on s'imagine avoir deux gosses, une fille et un garçon, par exemple. L'une veut devenir pute pour payer ses études, l'autre courtier à Londres après qu'il aura terminé son école, pour payer sa dette. Sacré dilemme moral pour les parents ! Surtout s'ils sont chrétiens ou musulmans.