Le sermon de Benoît XVI aux Camerounais lui vaut d'être traité d'"autiste" par Alain Juppé, expert en la matière. On peut penser que ce politicien, condamné pour corruption, tente par là de se refaire une virginité auprès de l'électorat laïc.
Depuis les romans de Mauriac, on sait à quel niveau moral situer la bourgeoisie bordelaise, qui a sans doute pardonné à Juppé ses malversations depuis longtemps.
Le parti gaulliste, par ailleurs, dont Alain Juppé est un des principaux parrains, a beaucoup œuvré avec l'UDF en faveur de l'avortement. C'est encore un gaulliste éminent, alors président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, qui a récompensé solennellement la militante pro-IVG Caroline Fourest pour son combat prétendûment féministe en faveur de l'avortement.
Le pape ne fait donc que récolter ce que l'Eglise a semé. L'inconséquence du pape, ici, est double :
- d'abord Rome n'interdit pas aux catholiques de se prononcer lors des élections pour le parti d'Alain Juppé, bien au contraire. Idem pour l'UDF. Pour n'en citer que trois, de tailles variées : "Le Figaro", "Valeurs actuelles" et "Famille chrétienne", on a là trois organes de presse ouvertement gaullistes et qui ont fait campagne en faveur de Sarkozy, avant de le lâcher dans l'adversité.
Comment oublier la compromission du christanisme par Christine Boutin, avec un gouvernement dont la devise anti-évangélique fut naguère : "Travailler plus pour gagner plus" (compromission d'autant plus flagrante et terrible que la carrière gouvernementale de Christine Boutin a stoppé net toutes ses velléités antérieures de combattre le crime d'Etat qu'est l'avortement, crime d'Etat soutenu par les industriels de la chimie au point que des dirigeants du "planning familial" furent "consultants" simultanément auprès de laboratoires pharmaceutiques, et qu'aucune précaution concernant les risques cancérigènes de ces pilules n'a été prise) ;
- deuxième inconséquence : le "coïtus interruptus" est prôné aux fidèles en Europe par le clergé catholique lui-même, et rien en dehors de sa sophistication ne le distingue du "coïtus interruptus" à l'aide d'une capote anglaise reproché à des Camerounais. Cette deuxième inconséquence confine à l'hypocrisie ou à l'ignorance.
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Mais le plus important est de ne pas tomber ici dans le piège médiatique. L'influence de l'Eglise en Afrique est aussi réduite qu'en Europe ; dans un sens comme dans l'autre, les sermons du pape ne peuvent pas infléchir le destin de l'Afrique. Le "coup du sida", tout ce battage médiatique autour du pape dont la racaille journalistique n'a en réalité rien à secouer, n'a qu'un but : dissimuler que les malheurs de l'Afrique en général et le sida en particulier, sont le résultat de la politique impérialiste occidentale en Afrique. Et, par les crimes impérialistes, le parti gaulliste d'Alain Juppé a été copieusement éclaboussé, et continue de l'être en Afghanistan. Les médiats ne se sont d'ailleurs quasiment pas enquis de l'avis des Camourenais sur les propos du pape ; la stratégie médiatique est définie d'avance. Si on ne peut pas parler de "complot médiatique", il y a bien un réflexe impérialiste.
Dans cette dissimulation il est évident que l'Eglise, à l'échelle réduite qui est la sienne, joue un rôle actif, et que les petits sermons à deux balles du pape, pour cette raison, sont scandaleux : une vraie marionnette ! C'est du côté de l'Afrique et de l'Amérique du Sud contre l'oppresseur occidental que le pape devrait être.
J'estime avoir le droit de critiquer le pape, contrairement à Alain Juppé, dans la mesure où je ne suis pas membre ni n'ai jamais voté pour un parti, le parti gaulliste, qui a largement contribué à entraîner la France, l'un des pays les plus riches du monde, au bord de la faillite économique et morale. Un parti qui a oeuvré à l'élimination de près de six millions d'embryons depuis les années soixante-dix, et qui pour compenser cette décroissance naturelle, a favorisé la venue d'immigrés du tiers-monde, parmi les plus qualifiés en général, immigrés traités avec mépris ou hypocritement le plus souvent, entassés dans des banlieues dessinées par des architectes dont les idées totalitaires sautent aux yeux. En tant que Français de souche, le parti gaulliste est à mon sens l'emblème même de la pourriture française. Tous les militants catholiques honnêtes qui s'en sont approché imprudemment, que ce soit Simone Weil, Maritain, Bernanos, s'en sont éloigné rapidement, dégoûtés. Plus mensonger encore que le régime de Pétain fut le régime de de Gaulle : telle est la sentence de Bernanos qui vaut plus que jamais.
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L'animatrice Julie d'Europe 1, grassement payée à jouer les potiches, suggère qu'on inculpe Benoît XVI de "crime contre l'humanité" (jeudi 19 mars). L'académicien Jean d'Ormesson l'approuve. Rappelons que l'animatrice comme l'académicien sont des employés de Lagardère et Dassault, fabriquants d'"outils de défense nationale", de missiles destinés à des "frappes chirurgicales", des employés qui doivent presque tout à leurs patrons. Il est difficile de croire en effet que Jean d'Ormesson aurait pu avoir une carrière littéraire aussi longue, étant donné la nullité de sa prose, sans l'appui du "Figaro". Ce qui était appréciable chez les nazis, c'est leur FRANC cynisme.
Commentaires
D'accord pour dire que les cathos gaullistes sont pourris, mais la méthode Billings c'est une méthode de contraception naturelle, pas le préservatif!
Le "coïtus interruptus" démocrate-chrétien est une méthode assez sophistiquée (donc antinaturelle au sens où elle est tributaire d'une technologie dont peu d'Africaines disposent).
Cette méthode est basée sur les cycles féminins de stérilité et de fécondité. C'est de cette nature animale-là dont ces méthodes yankies peuvent se prévaloir : le cycle de vie et de mort, et aucune autre "nature".
Il se trouve que c'est une idée "païenne" de la nature, et aucunement "chrétienne". Pour un catholique, c'est d'abord le surnaturel qui compte. Seule la doctrine satanique et hérétique d'un théologien comme Jean Guitton, qui assimile la temporalité à l'éternité, est compatible avec cette méthode sophistiquée de contraception dans laquelle l'Evangile est dévoyé.
(Le journaliste Jean-Marie Paupert a au demeurant dévoilé que ces méthodes de régulation des naissances ont été introduites dans l'Eglise par des groupes de pression yankis. Aucun concile n'a jamais été imperméable aux influences extérieurs, loin s'en faut, mais les Etats-Unis n'offrent pas vraiment l'exemple d'une sexualité "modèle".)
Il y a donc bien "deux poids, deux mesures", une contraception technologique occidentale, tolérée voire encouragée par le clergé démocrate-chrétien, et une contraception camerounaise ou africaine injustement décriée par le pape.
Mais sans moyen de limiter les naissances, puisque c'est selon vous la seule attitude chrétienne, si la capote et la méthode Billings sont similaires, quelle liberté va t'il rester à une mère de dix ou quatorze enfants ?
Avoir quatorze enfants pour une femme, c'est sûrement une forme d'aliénation, comme ça le serait de subir quatorze avortements. Mais ça l'est surtout dans le contexte capitaliste, et les esclaves, ça n'est pas ce qui manque en ce moment sur la planète.
Comprenez-moi, bien : le pape, pas plus que le clergé laïc médiatique ne peut prétendre régler par des règles morales une aliénation qui vient précisément de la morale. Benoît XVI mène le même combat stupide que Nitche ou Lévi-Strauss. Qu'est-ce que reproche Nitche au christianisme ? D'être un moralisme de femelles lâches. Et qu'est-ce qu'il propose à la place ? Le retour au paganisme, c'est-à-dire à un type de civilisation qui ne dépasse jamais ou presque (à l'exception d'Aristote) le stade de la morale.
Il n'a pas compris que si le christianisme boche n'est plus qu'un moralisme de bonnes-femmes, c'est précisément parce qu'il s'agit d'un christianisme laïcisé, sécularisé. Et toute la curetaille papiste-boutiniste va dans le même sens !
Tel connard fait l'éloge de l'"amour courtois", tel autre stigmatise la théologie "millénariste" (l'ancêtre de la théologie de la Libération), jusqu'à ces soi-disant chrétiens qui font l'éloge du cinéma et qui endossent ce faisant une grave responsabilité, dans la mesure où il n'y a pas de procès laïc plus diabolique que le cinéma. Marx aurait dit : il n'y a pas d'opium plus fort.