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baudelaire

  • L'Etre et le Néant

    Comme un ami s'étonnait récemment de mon franc mépris pour la philosophie allemande de Jean-Paul Sartre, je lui répondis que cette philosophie étant diamétralement opposée de celle de Shakespeare, mon mépris était inévitable.

    La philosophie réactionnaire trouve quelques éléments qui la confortent dans le théâtre à vocation universelle de Shakespeare. La philosophie moderne, aucun. Les talibans sont plus modernes que Shakespeare. Le théâtre de Shakespeare procède impitoyablement au massacre des philosophes modernes, comme si Shakespeare avait prévu le nombre infini de leurs victimes.

    L'entreprise de censure "cryptocatholique" de J.-P. Sartre se limite à dénigrer une poésie hérétique française (Baudelaire, Flaubert...) car le rayonnement de Shakespeare est très faible en France ; on sabotera Molière beaucoup plus utilement (on peut s'amuser à regarder les mises en scène françaises du théâtre de Shakespeare comme un sabotage systématique, le plus souvent inconscient. Je ne suis pas certain qu'Anouilh ait fait exprès d'amputer "La Nuit des Rois" des scènes qui permettent de comprendre que Shakespeare n'est pas Marivaux).

    Le détournement de Shakespeare par Victor Hugo et Paul Claudel me paraît plus malin ou intentionnel. Victor Hugo est le prototype de celui qui n'aime rien parce qu'il aime tout. Le rapport de Victor Hugo à la littérature et à l'art est le même que son rapport aux femmes, il est pantagruélique.

    Dès les premières pièces, Shakespeare désacralise la littérature et la culture, sapant ainsi complètement la modernité. C'est ce qui a plu à Nietzsche, et pourquoi il a cru être Shakespeare réincarné pendant un certain temps... avant de déchanter car "L'Eternel retour" n'est qu'une philosophie de bonne femme selon le "grand Will". Si la philosophie réactionnaire plaît tant aux femmes, c'est parce qu'elles savent bien qu'elles l'ont inventée.

    Shakespeare montre que l'Amour et l'Argent sont les deux agents principaux de décomposition du corps social. Courir après l'Argent, c'est courir après le Néant. Cela explique, par exemple, pourquoi des personnes multimillionnaires, ont la sensation au soir de leur vie d'avoir gâché leur existence et que leur fortune ne s'oppose pas aux Néant ; on peut les voir s'adonner alors à des activités encore plus puériles, comme courir après l'Amour ou entamer une collection de timbres, aller visiter la lune en fusée.

    Il me semble que c'était mon état d'esprit quand j'étais au collège, et que j'avais effectivement l'impression de me mouvoir au ras du Néant, comme le marin sur son bateau. Par chance j'ai pu découvrir assez tôt dans ma vie -expérimentalement- que le marin aspire au Néant, c'est-à-dire à disparaître de la surface de la terre sans laisser de traces - j'explique de cette façon que la culture japonaise soit une culture de mort et que les Japonais se soient convertis aussi facilement à la barbarie occidentale moderne.

    C'est, à peine quelques années plus tard, en observant que toutes les lycéennes alphabétisées de mon lycée lisaient Sartre (un vrai piège à filles), que je me suis demandé : - Qu'est-ce qu'elles peuvent bien trouver à ce machin allemand ? Et alors j'ai lu Sartre. J'ignorais qu'il était laid et qu'il avait trouvé le moyen d'y suppléer en jonglant avec les mots, comme font la plupart des pasteurs en chaire le dimanche pour le plus grand bonheur des dames, suivant une observation déjà ancienne (de La Bruyère).

    L'Amour et l'Argent, porte-parole du Néant, sont de très vieux démons : la philosophie antique les avait déjà vaincus, dira-t-on. Ce n'est pas si sûr ; il n'est pas certain que l'Antiquité avait compris Homère et la victoire d'Ulysse sur "la bête de la terre", comme les disciples d'Homère les plus sagaces comprennent son "Iliade" et son "Odyssée" aujourd'hui.

    D'autre part Shakespeare montre comment la bourgeoisie et la philosophie moderne font du Néant, ce à quoi l'Antiquité n'avait pas pensé, un usage politique, de telle sorte qu'on peut comparer la philosophie moderne avec "un livre des Morts".

    Je me demande si Karl Marx avait saisi la monstruosité de la bourgeoisie moderne dans toute son étendue ? La charogne n'est pas seulement "belle", selon le mot de Baudelaire (qui en dit un peu trop au goût du censeur Sartre), c'est le plat quotidien du charognard moderne, dont il se repaît jusqu'à dévorer ses propres enfants en cas de disette.

  • Exit la culture

    Le goût d'un néo-païen pour le cinéma - mettons Hitler - trahit l'influence sur lui de la culture chrétienne médiévale. Un païen authentique a bien trop de goût pour apprécier le cinéma, que Nitche aurait regardé comme une manifestation de l'art judéo-chrétien le plus efféminé. Disons que le "surhomme" n'a pas besoin de se mentir à lui-même, il rejette ce type de "couverture sociale" en quoi consiste le cinéma, qui est une forme d'onanisme intellectuel ou de prière.

    Ce qui est notamment intéressant chez Nitche, c'est la sûreté de son goût, dans une culture moderne où les mille façons de mourir l'emportent sur toutes les autres religions. L'analogie, par exemple, entre démocratie et cimetière, est évidente du point de vue nitchéen. L'intérêt festif pour la guerre de 14-18, non seulement est le meilleur moyen d'occulter l'histoire et les causes réelles de ce conflit meurtrier, mais il traduit une fascination macabre, démocratique, pour de jeunes connards patriotes transformés en martyrs.

    Il faudrait situer Nitche à l'extrême opposé de Baudelaire, si ce dernier faisait l'apologie de la laideur et de la charogne, de la drogue, mais Baudelaire constate plutôt ce bouleversement esthétique qu'il ne le salue. Baudelaire exprime d'ailleurs son dégoût de la démocratie. La mentalité de Baudelaire est d'ailleurs très proche de celle de Hitler, en raison de cette bipolarité païenne et chrétienne.

    On peut voir Rimbaud comme une sorte de jeune SS, sacrifié à la poésie de Baudelaire ; ce qui plaît d'ailleurs le plus souvent chez Rimbaud, ce n'est pas Rimbaud mais le martyr, la victime. La foule aime le sang, elle aime les hosties, et le prêtre moderne est là pour lui enseigner à ne pas désirer plus. Ni Rimbaud ni les jeunes SS ne rêvaient de finir écrabouillés.

    Qui sait à quel fléau apocalyptique il faut rattacher la culture moderne, sorte de cérémonie funèbre d'un art qui fut autrefois vivant ? A l'odeur de décomposition du Danemark ? Au cheval pâle, que la mort chevauche, du quatrième sceau de la vision de Jean ? 

  • Athéisme

    Comme dirait Baudelaire, le problème de la foi en dieu impose de démêler si le culte est rendu à Satan ou à Dieu, surtout si l'acte de foi émane d'une femme. En effet, c'est un représentant du sexe qui a témoigné pour la première fois de sa confiance dans le Malin.

    Afin de ne pas paraître sexiste, comme l'est nécessairement le point de vue social, parlons plutôt des "gens de robe" en général, c'est-à-dire des gens de justice. Satan seul délègue sa justice, dont la représentation est dans la mythologie chrétienne celle d'un cheval noir.

    Le problème de l'athéisme moderne est par conséquent de savoir contre qui l'athée se bat, Dieu ou Satan ?

    Le plus grand mouvement moderne antichrétien est le mouvement de passivité.

     

  • Jésus contre Socrate

    La référence à Socrate ou Platon est un des éléments de la subversion païenne à l'intérieur du christianisme. Détournant le christianisme à leur profit, les élites occidentales, notamment au moyen-âge, ont théorisé à l'aide de clercs renégats la convergence du christianisme et de la philosophie de Platon.

    Si cet office est le plus sinistre du point de vue chrétien, déclenchant la colère du Christ Jésus contre les pharisiens et la synagogue, c'est parce qu'il revient à abolir progressivement la notion juive essentielle du péché originel. Un blogueur catholique romain, Yves Daoudal, impute cette négation du péché originel au "socialisme" : le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il fait preuve de très courte vue ; dans la mesure où les évangiles ne permettent de fonder aucune doctrine sociale - aucun parti, aucune magistrature, aucune nation ne peut revendiquer la caution de la parole divine -, dans cette mesure ce blogueur catholique romain a raison : le socialisme ne peut s'enorgueillir du point de vue chrétien que de la bêtise d'Adam et Eve. Mais ce blogueur est totalement aveugle en ce qui concerne une dimension historique essentielle : la doctrine catholique romaine est la matrice de toutes les doctrines sociales modernes, y compris dans leur formulation laïque ou athée.

    Qu'est-ce qu'un athée qui se prosterne devant les "droits de l'homme" et la démocratie, si ce n'est un imbécile, ignorant qu'il n'y a là que le produit dérivé des valeurs dites "judéo-chrétiennes" occidentales ; c'est-à-dire que le mouvement d'abstraction éthique ou esthétique moderne n'aurait pu avoir lieu sans le préalable de la doctrine catholique romaine.

    J'ai coutume de le dire, et je le répète, que le totalitarisme est une formule de la tyrannie, adaptée au fait nouveau de la révélation chrétienne. Cette dernière permet aux hommes de bonne volonté de s'affranchir de leur condition naturelle d'esclave, d'une manière plus radicale encore que le judaïsme. Pour les élites politiques et morales, dès lors, le christianisme se présente comme un obstacle insurmontable afin de bâtir un monde reflétant l'architecture du système solaire (résumée par le nombre 666).

    Pour prendre l'exemple le plus contemporain : l'objectif de la paix mondiale, fondée sur des valeurs (judéo-chrétiennes) modernes, cet argument qui sert d'étendard aux puissances occidentales, s'accompagne du mensonge, au sein de ces nations, selon lequel ces valeurs éthiques les plus abstraites, et à vrai dire recevable d'un seul point de vue animiste, résultent de l'accomplissement des valeurs anthropologiques judéo-chrétiennes ou de "l'esprit des Lumières". Cela même alors que le christianisme est le moins susceptible de fonder un jugement de valeur quelconque, et que le christianisme est la moins anthropologique des religions, puisqu'elle fournit d'emblée une réponse mythologique aux questionnements psycho-sociaux : le péché originel. A la vertu platonicienne, qui a valeur d'absolu sur le plan social, le christianisme n'accorde qu'une importance relative.

    *

    La question des philosophies, des arts ou des sciences "pré-chrétiens" est une question critique. En principe, la philosophie antique est démoniaque du point de vue chrétien, c'est-à-dire qu'elle véhicule une philosophie naturelle où la mort prend place. Tandis qu'il n'y a pas de bonne mort ou de mort honorable du point de vue chrétien.

    Il reste que quelques philosophes ou poètes antiques ont conçu qu'il n'était pas impossible pour l'homme de surmonter sa condition d'être mortel et sa bêtise naturelle ou héréditaire, à force de sagesse, contrairement aux autres espèces.

    Sans indiquer malheureusement une direction, le poète Baudelaire est un des derniers poètes occidentaux à avoir exprimé la raison profonde qui empêche les chrétiens d'adhérer à l'hypothèse de l'évolution, ainsi : "Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan."

    Il faut préciser que la postulation vers le bien moral représente la postulation vers Satan. Satan est le bienfaiteur de l'humanité, ou se pose comme tel. Il guide naturellement l'homme d'élite, ou celui qui, issu de la plèbe, est animé par la volonté de s'élever. On voit de la première ligne à la dernière des évangiles, le Christ Jésus manifester son désintérêt absolu pour tout ce qui est éthique ou ne l'est pas du point de vue social. C'est toujours vis-à-vis de Satan qu'un criminel de droit commun s'endette en perpétrant son crime, tandis qu'il n'y a du point de vue chrétien d'attentat véritable que contre la vérité. Autrement dit, l'amour chrétien se présente comme une transgression sociale et une menace pour les élites.


  • Dans la Matrice

    L'apparente complexité du monde moderne -artistique, scientifique, morale, politique...-dissimule en réalité des comportements humains bestiaux. Je m'explique : les loups tuent sans états d'âme, tandis que l'homme, lui, en a. Il n'aime pas voir la réalité de son crime en face, mais préfère lui donner une apparence légale, le recouvrir de grandes théories, dont l'apparente complexité est pour les esprits crédules la preuve qu'elles sont savantes.

    Prenons l'exemple de la théorie évolutionniste-transformiste, c'est-à-dire non pas de la division constatable de certaines espèces vivantes en sous-espèce, mais d'un progrès biologique dont l'aboutissement serait l'homme ; bien que le transformisme réduise la liberté humaine à une abstraction, contribuant ainsi à l'anéantissement de la liberté, comme l'art abstrait est un programme totalitaire de destruction de l'art, on peut constater à quel point l'évolutionnisme arrange tout le monde, et pas seulement les nazis. Il arrange tout le monde, car les systèmes d'exploitation ne sont pas compatibles avec la liberté ; sur le plan de l'organisation pratique du monde moderne, pas de liberté.

    Un chrétien ne contestera pas les démonstrations de Nitche ou Baudelaire que la démocratie est le système le plus pervers d'aliénation et de censure : d'abord parce que les paraboles chrétiennes illustrent toutes une liberté à rebours du procédé humain de justification éthique, dont les élites conservent le contrôle, sans quoi elles seraient désarçonnées; ensuite parce que la démocratie a un aspect net de subversion du christianisme, c'est-à-dire de transposition sociale impossible du message évangélique. Prévenu contre l'avènement de la synagogue de Satan, le chrétien verra dans la démocratie une manifestation de l'antéchrist - somme toute la démocratie n'est qu'un perfectionnement de la monarchie chrétienne de droit divin, constitution à laquelle les élites bourgeoises n'ont fait qu'ajouter le supplément de ruse nécessaire. On pourrait dire que les caractéristiques de la vieille franc-maçonnerie égyptienne sont trop faciles à détecter chez un "homme d'Etat" comme Richelieu. A moins d'être un imbécile, il n'est pas difficile de deviner quelle puissance cette face de hyène sert réellement.

    Le complexe d'Oedipe, qui est la clef de la conscience du sujet de droit civil, subsiste au stade démocratique : cela suffit à prouver que le système démocratique n'est que le produit dérivé de la tyrannie égyptienne ; quelle nation le démontre mieux que les Etats-Unis, dont les citoyens sont divisés entre une majorité qui estime que l'inversion des valeurs égyptiennes est une bonne chose, et une minorité qui estime que cette inversion est néfaste ?

    De même que l'évolutionnisme, la pseudo-science psychanalytique est aussi peu propice à convaincre un esprit français qu'elle est faite pour convaincre une femme allemande. On ne peut manquer de constater que l'hystérie règne principalement dans les nations occidentales qui ont le plus de foi dans les capacités de la psychanalyse de lutter contre l'aliénation. Or la France a connu précédemment à Freud des siècles de "médecine de l'âme", exercée par des clercs catholiques romains, jointe à un système psychologique pour réduire l'homme à la captivité - le purgatoire ; le freudisme apparaîtra donc à un Français comme la répétition de la vieille tactique pharisienne de manipulation. "A bas la calotte !", pensera le Français, confronté à la psychologie ou la sociologie ; si beaucoup de Français ignorent que Molière prononce "A bas la calotte !" au nom du christianisme, c'est en raison du lavage de cerveau opéré par la pédagogie républicaine, qui s'emploie à faire l'homme singe dès le plus jeune âge ; parvenu à l'âge adulte, le macaque humain, toujours agrippé virtuellement à sa mère et à son père (l'Etat), tantôt célébrera l'institutionnalisation de la sodomie comme un progrès civilisationnel (sic), tantôt s'en indignera, oubliant le meilleur réflexe humain, celui de rire d'une telle évolution des moeurs.

    Cette réaction ironique, dont Nitche fait une vertu satanique, amène à observer avec plus de sang-froid à quel point le système démocratique, appuyé concrètement sur la soumission au déterminisme biologique, suggère sur le plan abstrait une idée de la liberté entièrement dénuée de fondement. La liberté démocratique n'est qu'une opération de diversion.

    Chrétiens, nous devons traiter les élites démocrates-chrétiennes de la manière dont Hamlet traite Polonius, sans aucune pitié. Elles n'en ont pas pour leurs propres enfants, qu'elles vendent au premier démon qui passe en échange de la fortune. Les belles promesses démocratiques ne font que refléter le rêve de fortune des élites.

  • Art et Peuple

    Si même des artistes libéraux comme Delacroix ou Baudelaire, à demi possédés, ont pu discerner le caractère diabolique de la photographie (comme Aristote plus de deux millénaires auparavant), qu'en sera-t-il des chrétiens face au cinéma, "image animée de la bête", selon l'évangile ?

    Les Anglais ont cette vieille expression, qui remonte peut-être à Samuel Johnson ou Shakespeare, du temps où l'art et les artistes n'étaient pas entièrement conçus pour méduser le peuple : "Le diable habite la maison.", pour signifier à quel point le diable est familier de l'homme, prié dans l'ancien culte romain païen à l'intérieur du domicile ; il était naturel que le cinéma s'invite au coeur du foyer, comme le culte prométhéen est au coeur de l'inconscient collectif.

    "S'ils ont appelé le maître de la maison Belzébuth, combien plus les gens de sa maison ! Ne les craignez donc point : car il n'y a rien de caché qui ne doive se découvrir, rien de secret qui ne doive être connu. (...)"

    "je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive. Car je suis  venu séparer le fils de son père, la fille de sa mère, et la bru de sa belle-mêre ; et on aura pour ennemis les gens de sa propre maison (...)" Matth. X, XI.

  • La Preuve de Satan

    Plus possédé que Baudelaire croit généralement que Satan n'est, de la part du "prince des poètes", qu'une figure de style. C'est situer Baudelaire au niveau du petit Rimbaud, ou du petit Proust, plagiaires talentueux sans doute, mais simples plagiaires, ressemblant au vin comme l'alcoolique lui ressemble, mais non pas comme le vigneron. Beaucoup de poètes modernes se contentent de faire l'éloge de leur mère, comme si elle était pour eux toute la nature. Baudelaire n'est pas aussi limité dans ses vues.

    Incontestablement, Satan est de tous les stylistes, le plus grand, et si Baudelaire se contentait exclusivement de tirer de ses cordes les plus rassurantes ou les plus effrayantes sonorités, il ne distinguerait pas Satan de Dieu. Il dirait "dieu", tout simplement, comme les poètes dévots.

    On retrouve, de la même façon, dans les questions que Baudelaire se pose à propos de ce qu'il fabrique en tant qu'artiste, tournure d'esprit assez stupéfiante pour notre temps, habitué à agir de façon inconsciente et sur ordonnance, on retrouve l'intelligence de Baudelaire de la double orientation de l'art. Non pas, bien sûr, la culture de vie d'une part, et la culture de mort d'autre part : un médecin ne sera pas assez bête pour les opposer, et la culture de vie thérapeutique de Proust est une sorte de tremblement face à la mort.

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    Pour le chrétien, c'est l'impossibilité de concilier éthique et vérité qui prouve Satan. La morale conforte, mais non la vérité.

    Curieusement, parmi les musulmans que je trouve aujourd'hui cette notion la mieux conservée, quand  ceux avec qui j'ai l'occasion de causer me disent : "Tu ne peux pas vouloir la vérité, Lapinos, car ce serait la fin du monde !" Exactement !, depuis le début les chrétiens veulent la fin du monde.

    L'effort des avocats de Satan -pratiquement toujours des hommes d'Eglise- pour faire paraître cette perspective effrayante, passe par la rhétorique de la foi et de la raison. J'ajoute à l'attention de mon pote musulman que, lorsqu'il s'éteindra, ce sera la fin du monde : s'il n'a jamais eu sur le monde qu'un point de vue personnel, le point de vue de l'imbécile ou du géomètre-expert, à travers un prisme, bien sûr le monde prendra fin pour lui, la mort ayant le pouvoir de rappeler à elle toutes les illusions morales et politiques qu'elle engendre.

    Et d'ailleurs, je me dois d'ajouter à mon pote musulman qu'il n'est pas moins mourant que vivant, au moment où nous parlons. Comme il n'est pas riche, ni propriétaire, je ne peux m'empêcher, en outre, de lui demander quel intérêt il peut avoir dans le prolongement théorique du monde ? Les musulmans n'y sont-ils pas le plus généralement opprimés ? Ou, pire encore, léchant le cul de régimes démocrates-chrétiens qui semblent avoir découvert le moyen de pousser l'abjection au-delà des limites atteintes précédemment par le nazisme ? Je crois que mon pote musulman possède un avantage, au plan de la conscience, sur le socialiste lambda : il ne croit pas que la métamorphose de l'animal en homme soit possible ; cette idée heurte sa conscience, et même l'expérience qu'il a des choses de la nature : il est par conséquent beaucoup mieux imperméabilisé contre le truc de la métempsycose ou celui du darwinisme social, dont la propagande démocratique fait un large usage pour méduser le plus grand nombre, pour introduire la culpabilité, la dette de l'homme à l'égard du monde.

    "Si Satan se montre aussi généreux avec l'homme, ajoute un autre pote, c'est parce que Satan a besoin de lui." On trouve la confirmation du rapport amoureux entre l'homme et Satan chez Baudelaire.

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    - Beaucoup plus difficile est la preuve de dieu pour un chrétien, tandis que celle de Satan est d'une simplicité biblique, Satan étant présent pratiquement dans chaque hypothèse. Sauf la paix dans le monde, je ne vois rien de plus improbable que le dieu des chrétiens, et on ne peut en vouloir trop aux théologiens chrétiens d'avoir convaincu aussi peu de monde, empêché la ruée vers des Eglises  prêchant un écologisme plus ou moins simplistes.

    Cette difficulté explique, déjà, dans le vieux testament des juifs, l'interdiction de représenter dieu. C'est une précaution scientifique, et non comme on le croit souvent une marque de respect. Ce que vous respectez, vous le craignez, mais ne pouvez l'aimer vraiment. L'effet de cette interdiction, dont je ne crois pas que l'art chrétien occidental s'est beaucoup écarté, empêche de se sacrifier à une vaine idole, de nature éthique ou politique. Même les cathédrales, architectures authentiquement païennes, au symbolisme démoniaque de a à z, que je regrette à titre personnel que l'aviation yankee, dans la foulée de son incompétence militaire, n'a pas entièrement démolies, ces cathédrales ne représentent pas dieu, mais l'espérance païenne, comme les pyramides d'Egypte (concernant Hitler, je serais étonné qu'il n'ait pas eu un faible pour ces cathédrales, étant donné le goût féminin atavique des Allemands pour tout ce qui touche de près ou de loin à l'architecture)

    Le dieu des chrétiens ne se démontre pas, contrairement à toutes les oeuvres d'art pieuses qui prouvent Satan, il s'expérimente. Or l'expérience est une chose pratiquement impossible à communiquer à autrui. Quel artiste chrétien a réussi à communiquer son expérience de dieu dans l'Occident moderne ? Je n'en vois pas deux comme Shakespeare. Bien sûr Shakespeare paraîtra étrange et énigmatique à celui qui part du principe que les cathédrales gothiques sont des édifices chrétiens, mais cela est une autre histoire, celle des imbéciles républicains, dont la sympathie ne manque jamais d'aller aux savants chrétiens les plus superstitieux : Galilée, Descartes, etc.

    Tout au plus l'expérience de dieu, si quelque chrétien parvient à vous la communiquer, peut vous donner envie de la partager. Mais ce n'est ni une preuve, ni une démonstration. De même si l'on vous dit que la science de Newton est vraie, tant que vous n'aurez pas expérimenté vous-même cette vérité, vous resterez au niveau de la religion, et non de la science. Je veux dire par là que la preuve de dieu ou la foi en dieu est une chose démodée pour les chrétiens depuis des millénaires, aussi stupide que l'idée de "culture scientifique" ou de "culture artistique", techniquement au niveau du catéchisme. N'importe qui a un peu d'esprit scientifique reconnaîtra qu'on ne peut pas, ou guère, faire de la science en groupe, mais que la démarche scientifique, contrairement aux soldats qui avancent avec méthode, est une démarche des plus individuelles. D'où l'importance de l'histoire dans le domaine scientifique, que les technocraties ou les théocraties tentent toujours d'empêcher, ou malmènent, imposent (cf. les grossières légendes à propos de Galilée).

    Voici pourquoi Jésus-Christ a retenu la Révélation, et qu'il a dit devant ses apôtres : "Heureux ceux qui croiront sans avoir vu." Parce que chaque homme doit faire lui-même l'expérience du salut, faute de quoi il restera statufié dans ses illusions.

  • Les Etats-Unis ou l'Enfer

    De tous les grands empires ultra-modernes, ce sont les Etats-Unis qui ont suscité dans les lettres françaises le plus grand mépris, devant l'Union soviétique ou l'Allemagne nazie, avant que ne débute à la Libération une longue période indéfinie de pharisaïsme. Peut-être faut-il ajouter que c'est un mouvement de l'esprit français, que les étrangers comprennent mal, de commencer par se méfier de la France, ainsi que de tous les principes religieux abstraits, trop abstraits pour ne pas trahir leur caractère exclusif de méthode de gouvernement.

    N'était le mercantilisme extraordinaire qui soutient l'idéologie européenne néo-nazie, vieux rêve de boucher, les Français seraient plus difficile à duper.

    "Lamentable tragédie que la vie d'Edgar Poe ! Sa mort, dénoûment horrible dont l'horreur est accrue par la trivialité ! - De tous les documents que j'ai lus est résultée pour moi la conviction que les Etats-Unis ne furent pour Poe qu'une vaste prison qu'il parcourait avec l'agitation fiévreuse d'un être fait pour respirer dans un monde plus aromal, - qu'une grande barbarie éclairée au gaz, - et que sa vie intérieure, spirituelle de poète ou même d'ivrogne, n'était qu'un effort perpétuel pour échapper à l'influence de cette atmosphère antipathique.

    Impitoyable dictature que celle de l'opinion dans les sociétés démocratiques ; n'implorez d'elle ni charité, ni intelligence, ni élasticité quelconque dans l'application de ses lois aux cas multiples et complexes de la vie morale. On dirait que de l'amour impie de la liberté est née une tyrannie nouvelle, la tyrannie des bêtes, ou zoocratie, qui par son insensibilité féroce ressemble à l'idole de Jaggernaut. (...)"

    Charles Baudelaire

    On retrouve chez ce poète les mêmes préventions que celles des écrivains français séduits par le fachisme ou le nazisme avant guerre, principalement déterminés par la haine de la culture mercantile anglo-saxonne. Comme Nitche, Baudelaire ne supporte pas la culture libérale. Ces esthètes ne se résolvent pas au processus inéluctable de pourrissement de la culture ou de la religion, qui ne renferme aucun remède à la décomposition. Leur antisémitisme a permis aux publicitaires de la culture libérale de condamner ces penseurs réactionnaires et faciliter leurs propres entreprises ; mais la logocratie étatsunienne et son cinéma n'est pas moins hostile au judaïsme que l'Egypte fut hostile à Moïse.

  • Droits de l'Homme égoïste

    Dès le XIXe siècle, l'idéologie des droits de l'homme a été dénoncée comme une imposture ou un attrape-couillons. Il ne faut pas s'étonner de retrouver parmi les poètes ou les savants peu crédules vis-à-vis de l'utopie égalitaire, plusieurs chrétiens, en raison du fondement juridique de celle-ci.

    - Pour Karl Marx, l'égalitarisme républicain est tout simplement impossible, et la morale pure des droits de l'homme qui en découle n'est autre que l'opium du peuple. Cela explique la censure efficace par l'éducation civique républicaine de l'histoire marxiste, opposée aux spéculations juridiques. Le recul du temps n'a fait que confirmer que les droits de l'homme occupent dans le système juridique républicain la place qu'occupait l'idéologie de la monarchie de droit divin dans l'ancien régime.

    L'effort de Marx peut largement se résumer à un effort de destruction de la morale pure et de ses effets pervers. Le point de vue antagoniste de Nitche, qui veut au contraire restaurer la morale pure dans ses droits, s'appuie sur le négationnisme historique ; s'il y a bien un aspect qu'il est facile d'invalider dans la pensée de Nitche, c'est l'aspect historique. Ce moraliste allemand raisonne uniquement en termes de civilisation, or pour Marx la civilisation n'est qu'un masque, destiné à protéger la culture de vie païenne.

    Dans le christianisme, la destruction de la morale pure est une condition "sine qua non" pour accéder à la spiritualité. L'épisode de l'évacuation brutale des marchands du Temple par Jésus est dans cette logique. Cet épisode a trop souvent été réduit à un mouvement de colère contre le mercantilisme, afin parfois d'en occulter le caractère anticlérical. Pour traduire l'accès de colère de Jésus, plutôt que de "commerce", il vaudrait mieux parler de "publicité", puisque celle-ci réunit les dimensions religieuses et commerciales. On peut parler du fanatisme religieux de l'Occident moderne, précisément à cause de son repli économique de plus en plus grand dans les limites du discours publicitaire. Des sociologues ou des thérapeutes s'étonnent parfois hypocritement du penchant des jeunes générations pour l'alcool ou la drogue, alors que la conscience de ces générations baigne le plus souvent dès le plus jeune âge dans la morale pure, c'est-à-dire la religion la plus aliénante.

    - Révolté contre l'odeur de magasin des républiques modernes, à commencer par les Etats-Unis, d'une manière moins radicale que Marx, un autre Charles, Baudelaire, stigmatise aussi la débilité des droits de l'homme en démontrant de façon ironique que, si droits de l'homme il y avait, compte tenu de l'iniquité sans remède de la société, le droit au suicide devrait figurer au premier rang de ces droits. De fait il n'y a pas d'ignominie plus grande que, pour une nation, faire la guerre "au nom des droits de l'homme" et d'une liberté que ceux-ci n'ont jamais procuré qu'à quelques possédants égoïstes. Quels exemples et quel sentiment de supériorité les élites dirigeantes occidentales peuvent-elles retirer du sinistre fanion de la démocratie, quand la preuve est faite et visible par le monde, qu'elle n'a engendré que des esclaves du veau d'or ? Afin de compléter Marx et Baudelaire on peut dire que plus une société s'honore de ses bonnes intentions, plus elle se rapproche de l'enfer.

  • Lumière de Lucifer

    Pour reconnaître la photographie comme un art, il faut se placer sur le plan social, dont la ruse consiste à prêter à des choses pratiques ou triviales un caractère spirituel, de façon théorique (ce que les Allemands appellent "éthique pure", et devant quoi ils se prosternent).

    Un Français comprendra facilement que la principale cause de la conversion des barbares allemands au bouddhisme est technocratique. Autrement dit le bouddhisme, culte paysan primitif, dont le meilleur usage est anxiolitique, résulte de l'évolution technique, qui place l'homme dans un contexte animiste. Nombre de penseurs occidentaux ont le mérite de rappeler qu'une technocratie est nécessairement un régime théocratique, dont le b.a.-ba est d'inculquer un mode de pensée spéculatif. Je lisais récemment le propos d'un mage moderne, expliquant que l'idée de récompense ou de paradis est au coeur de l'inconscient de l'homme. Il est plus exact encore de dire qu'il est au centre de l'inconscient collectif dans un régime totalitaire. L'Allemagne nazie fut mobilisée à l'aide d'un millénarisme de cette nature.

    L'homme qui s'efforce d'être libre voudra se débarrasser de cette puce qui lui a été implantée dans le cerveau, pour ne pas se retrouver comme un chien à qui son maître jette un os pour le tenir en haleine, jusqu'à la dramatique et cocasse immolation par le feu du type qui vient de comprendre qu'il n'y a plus d'os dans le garde-manger, archétype de l'homme manipulé. Quelle raison l'individu a-t-il  d'adhérer à la société ? Voilà une question taboue dans un régime totalitaire, et pourquoi la culture est faite pour imperméabiliser l'homme contre le christianisme et toutes les doctrines qui prônent la vérité et la liberté.

    Toute la philosophie allemande moderne, que Karl Marx a justement déclaré nulle et non avenue, l'est pour la raison qu'elle est entièrement prévisible. Les clichés allemands ont une vocation thérapeutique. La cinématographie de Hegel contient toutes les autres. Pour ma part j'ai d'ailleurs complèment cessé d'aller au cinéma, dont j'avais perçu assez jeune le rôle de médication à l'usage des femmes ou des personnes mélancoliques, après m'être cogné G.W.F. Hegel-le néo-Platon. Si la médecine psychanalytique était faite sérieusement, elle devrait considérer la cinéphilie comme un symptôme de névrose. A l'instar de Hitler, on doit considérer les responsables politiques qui avouent leur passion pour le cinéma, comme des criminels en puissance.

    Dans un petit résumé synthétique des éléments physiques qui déterminent le national-socialisme de Hegel, Karl Marx mentionne d'ailleurs le courant électrique.

    Baudelaire et Delacroix éprouvent vis-à-vis de la photographie un mélange de fascination et de dégoût. Il est significatif de leur écartèlement entre la lumière de Lucifer, et celle du christianisme.

    Les paroles de Jésus à propos des pharisiens : "Ils ne savent pas ce qu'ils font." est valable pour tous les mathématiciens et les cinéastes, l'art mécanique en général, qui n'est qu'une méthodologie. Nul mieux que Bacon-Shakespeare, pas même Marx, n'a discerné l'effet destructeur de la méthodologie sur la métaphysique. Le tocard allemand Descartes est bien plus néfaste que Hitler. Descartes est le modèle de l'ingénieur ; il ne comprend jamais rien de ce qu'il lit pour s'instruire : la vanité du raisonnement mathématique virtuel, selon Aristote : comprend pas ; que la culture de vie est un principe païen et non chrétien : comprend pas ; que le temps est une question physique et non métaphysique : comprend pas ; que Bacon tient la mécanique pour un art subalterne : comprend pas non plus. Descartes ne raisonne qu'en termes de rapport, c'est un méthodiste pur.

     

  • Wurmbrand and Satan

    Richard Wurmbrand wrote a lampoon against K. Marx, in which he is trying to demonstrate that Marx was satanic.

    I was joking a few years ago on this weblog about the fact that Richard Wurmbrand should have change his satanic name before writing this kind of lampoon (Brand and Mark have therefore same meaning).

    The kind of arguments that this Wurmbrand does use to demonstrate that Marx is satanic can be used to demonstrate that Apostle Peter was too. And in fact he was accused to be possessed by Jesus himself.

    Due to the fact that 'nations' are representing the devil in the Christian Book of Revelation, K. Marx in his early years wrote himself a lampoon against G.W.F. Hegel German nazi philosopher who was praising at this time French Napoleon, same kind of mass-murderer than A. Hitler. Hitler was based on genetics and Napoleon/Hegel on civil-law, but there is no difference here. Civil law is just a natural philosophy or an ideology inspired by genetics or biology.

    No doubt that K. Marx is right on the fact that Roman right has nothing to do with the Gospels. Thanks to Marx (repeating Bacon-Shakespeare on this point), we know that the more satanic Kingdoms and nations are not those under Pagan flags and devices like Hitler's one, but those 'using' Christian symbols. For example it would be better for USA-Citizen to know that they are living under Aegyptian laws, that have nothing to do with Jewish tables or Christian love.

    Thanks to the Holly Spirit, USA Citizen have Shakespeare to help them to come out the Highway to Hell, as French people under Satanic King Louis XIVth had French Moliere to show them Hell under Baroque Christian Music.

    +

    I must speak about French poet Baudelaire too, who makes me think about young US people for many reasons such as:

    -tortured by his mother wanting him to be the right man at the right place (because of their stupidity, mothers do not understand that the cemetary is not the perfect place to be, though it is very comfortable);

    -feeling possessed by the Devil and admitting it. Lady Gaga is not the only young bright US Woman to claim his love of Judas, who was a kind of Barack Obama, dreaming of a Christian-Jewish Kingdom in this World.

    About the Difference between God and Powerful Satan, French Baudelaire wrote this useful Theology:

    'Satan: easy to love, but difficult to believe in. God: easy to believe in, but difficult to love.'

  • Canards plumés

    Laurent Joffrin de "Libération", canard enchaîné à la pub., dit son mépris d'internet qui engrange moins de bénéfices encore que la presse écrite fonctionnarisée.

    Ce pantin n'a pas pigé que si les lecteurs se torchent de son journal-papier, c'est qu'ils voient un tract subventionné par les marchands de lessive ou les fourgueurs de mort à crédit. Cette gueule de métastase flasque de Joffrin fait paraître Sarkozy ou même Juppé sympathique à côté. Je la vois la lectrice-type de "Libé" dans le métro. : c'est la moule bobo altermondialiste, existentialiste et écologiste, qui s'imagine que Joffrin est dans l'opposition.

    Les Français ne sont pas assez désinformés par leur PQ pour avoir oublié le système mis en place par Elkabbach sur le service public, les prêches de Colombani en faveur des tirs de missile sur Bagdad, Philippe Val chialant pour gratter un peu de pognon à Jospin, avant d'échouer sur "France-Inter" la radio qui rend le populo moins con que ses maîtres ; Onfray et Philippe Geluck soi-disant anarchistes (en défendant Nitche et la famille !), Besancenot obligé de passer chez Drucker pour fourguer son syndicalisme réac., l'acharnement post-mortem de BHL sur Edern-Hallier, Edwy Plenel glanant ses scoops au ministère de l'Intérieur...

    Devoir d'information et déontologie journalistique, mon cul : quel besoin le Brestois a-t-il d'être informé en temps réel par "Radio Sarko n°1" qu'un bus vide vient de flamber à Grigny ? L'extrême solidarité virtuelle de la planète, cette harmonie du monde réversible en quelques instants en chaos imbécile n'a absolument rien à voir avec le prétendu professionalisme de crétins de l'encâblure d'un Joffrin ; on ne peut l'expliquer que par ce mot de Delacroix (1854) : "panhypocrisiade", pour désigner la religion des agioteurs et des photographes ; ou par Karl Marx, qui parle d'attentat général contre la réalité ; Marx passe par la sagesse grecque, qui voit dans l'information ou la culture, qui n'est qu'une somme d'indices, la séduction de la charogne.

    Si les journalistes avaient le moindre souci de renseigner les gens, ils leur diraient où mène la grande fabrique de rêves érotiques capitaliste pour ménagères-putains de 7 à 77 ans, et comment les médiats jouent le rôle de mitigeur entre sadisme et masochisme, purgatif tiédasse typiquement clérical, une dose de porno-chic mélangée à une dose de cadavres de la Choa, assorti de moyens autrement efficaces pour bourrer le mou des gonzesses que n'importe quel pape auparavant.

    (Comme je trouve parfaitement normal qu'on me prenne pour un fou, il suffit de passer au niveau d'intelligence supérieure à celle du journaliste ou du cinéaste pour trouver bon nombre d'écrivains de confessions diverses qui dénoncent sans philosophie le journalisme comme un bourbier merdeux : de Balzac à E. Waugh ("Scoop") en passant par Léon Bloy, Baudelaire.)

  • Synagogue de Satan

    Léon Bloy, facteur évangéliste en butte aux sacristains de plus grosses sectes, oppose le chrétien virtuel libéral au chrétien réel du moyen âge. Il s'est gouré d'un siècle ou deux. La Renaissance exprime une spiritualité bien plus haute, beaucoup mieux délestée du monde. Dante Alighieri qu'on peut prendre comme l'antichambre, ne s'occupe plus de faire la police comme Thomas d'Aquin avec sa loi morale naturelle, venue d'on ne sait trop quel prêtre païen, thèse qui fera florès dans les travées de la Synagogue de Satan (on peut être sûr que les cinquante versions de la loi morale naturelle ont toutes une origine égyptienne ou persane).

    Comment Dieu peut-il préférer un pilier de bistrot la plupart du temps furibond, en faire son ange plutôt qu'un de ces curés bien peignés, aussi homosexuels que possible pour se conformer aux voeux des dames patronnesses ? Mystère vicieux. Par les temps qui courent, Karl Lagerfeld ferait-il pas un excellent pape au cas où l'actuel viendrait à se suicider à la tâche ? Karl a un très long col et communique avec l'excellence et l'onction d'un tartuffe planétaire.

    Est-ce à l'alcool qu'il faut attribuer la confiance de Bloy dans la plume empoisonnée de Joseph de Maistre ? Même passion que Baudelaire. La rhétorique germanique, vomie d'un bloc par Bloy, a ceci de préférable pour un chrétien qu'elle est évidemment satanique : l'ennui de cette musique de chambre suffit à traduire d'où vient cette gnose ésotérique. Pas besoin d'avoir vu la carte du parti nazi d'Heidegger ni l'uniforme d'Ernest Jünger pour se douter en l'entendant que c'est une de ces brutasses sorties de la forêt noire qui prennent les Grecs pour des Romains, Aristote pour Epicure, Jésus pour Dionysos, la violence animale de la femelle pour le courage viril : "Grossartig! Wunderbar!!" Nitche a ceci de confortable pour l'industriel rhénan reconverti dans la chimie pure et 100% démocratique qu'il n'exprime RIEN hors de la métaphysique du tube digestif.

    De Maistre a ceci de séduisant pour un esprit français qu'il ne se contredit pas d'un chapitre à l'autre et ne tente pas de faire passer l'ésotérisme pour le langage de Dieu. Son truc c'est plutôt le style. Bloy s'est tard rendu compte de sa méprise (1906) : "Je suis bien revenu de Joseph de Maistre (...)." Erreur compensée immédiatement par : "Nous pourrions nous trouver demain en présence d'un cas de possession universelle." Vision que Marx a exprimée plus tôt et de façon plus grecque en parlant d'attentat universel contre la réalité.

    *

    On peut trouver ultérieurement dans la longue confession de Bloy l'explication de son erreur, si on ne se satisfait pas de celle de son dilettantisme.
    "Non seulement je ne suis pas historien, mais j'ignore l'histoire. Il faut voir en moi une sorte de rêveur, de visionnaire, si vous voulez, mais rien d'autre. Que pourrais-je dire des Jansénistes dont le nom seul me donne des convulsions ?" (1913)

    Tout Bloy est dans cette phrase qui le situe au niveau de Dante. C'est le défaut de science qui l'a empêché de comprendre que de Maistre est beaucoup plus noir que Baudelaire, d'une part, et très proche de l'égotisme janséniste qu'il abhorre d'autre part, cette sorte de judaïsme chrétien qui n'exclut même pas l'antisémitisme.
    Fréquemment de Maistre s'exprime au nom de Dieu pour dire n'importe quoi : seul le diable peut permettre de jurer de Dieu comme ça. Ensuite la plus grande spiritualité de la Renaissance se traduit par la destruction du rêve et du hasard, idoles du fainéant ou de la femelle érotomaniaque. Le rêve tisse l'étoffe du néant, tandis que la vision la déchire.

  • Who is the Joker?

     

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    My Friend Henri from Sacramento (a Town where you can feel the Devil's Attendance like in most of US-Cities) was surprised when he met me for the first Time by my lack of Humour and Irony; as a Yankee he was translating Humour as a Proof of Spirit, though for lots of French people it is first of all proof of Stupidity or Journalism.

    Women mostly hate the Truth and love contrarily the Society which is based on lies (those that Sociologist are carefully keeping up). Female Irony is thus in this regard worse than Socrates' use of Irony to put Ignorance in light: just the Veil of hypocrisy.

    Modern Poetry is not far away from humour: this is probably the reason why French Prince of Poets Baudelaire (a little bit too smart may be to be said just a poet), why Baudelaire noticed that 'Gospels do not laugh'.

    If you do not admit or understand the link between Irony and Socialism, just watch Adolf Hitler's speeches: he is a great Master of Orchestra and know very well how to make the German female-soldiers not only vibrate as pipes but laugh too. Hitler's art is very close to Chaplin's. I do not doubt that 'in another life' -as Buddhists say-, Hitler would have been a very convincing Hollywood movie-maker.

    *

    Now, is there Humour or Irony in French Art or Literature? It is probably in French Moralists of XVIIth Century that one can find more easily some Humour. But French Spirit is not summarized in this Flight of Ancient Crows. Therefore concerning great Moliere, it is a mistake to believe he is a Moralist. Humour is just a trick for Moliere to protect himself: there is behind which can be taken just as comedies, one of the most violent fights against Society in French Art.

    Same mistake with English Shakespeare: those who do think Shakespeare is writing comedies did not even read Shakespeare. Use of Irony by Hamlet for instance is very specific: it makes his enemies who want to kill him believe that he is mad, and so less dangerous, but the Reader is understanding although that Hamlet is above his ennemies' irony.

    Example of Thomas More is conclusive too: More was praising Politics, which is rather strange for a Christian but does correspond to the Christian Free-masonic tradition (preceeding the Atheist one in Europa) ; and More was therefore famous for his Irony. Shakespeare's Play shows us Thomas More as a liar (promising life and giving death), and a Cuckold of his own opinion about Politics, making More 'the Saint of Cuckolds'.

    *

    Master of Irony and Humour in XXth Century is English Evelyn Waugh, probably without any serious concurrence but Winston Churchill himself. Almost perfect circle. It is true that Waugh is partly of female gender: his obsession of marriage, melancholy, interest for religious rites do reveal a female identity. But the use of Irony by Waugh is not gratuitous at all and curiously mostly against Female Systems like USA ('The Beloved One') or English Army ('Put out more Flags').

    Waugh books are proving that best Irony is asking to beware of irony. Humour requires as every kind of system, mathematics, colors, religion, a.s.o., to have distrust; if you do not you are just turning around like a stupid car-race made by Waugh the symbol of modern thinking making old new and new old and old new and new old...

  • Le Diable dans l'Eglise (4)

    Le plus gonflé de la part de l'ancien directeur de L'Express Jacques Duquesne, qui constate que l'Eglise catholique a effacé le diable de ses tablettes, c'est de s'en féliciter sur le plan de la responsabilité (et donc de la morale).

    Je reviens sur ce mensonge éhonté : le capitalisme, en tant que facteur d'hyperpolitisation, et je ne crois pas qu'on puisse aller plus loin dans le totalitarisme, le capitalisme possède l'effet "désinhibant" d'une drogue (le drogué est un puritain qui interprète l'effet de la drogue comme un effet "libérateur").

    On peut poser de fait que "moins l'individu est libre, plus il est aliéné à un système politique comme c'est le cas aujourd'hui, moins il est responsable". A cet égard, l'invention de l'"inconscient" par Freud est une invention typiquement capitaliste et qu'il est difficile de concevoir en dehors d'un tel régime. L"'inconscient" est d'ailleurs étroitement en rapport avec l'idéologie génétique, qui a le même effet déresponsabilisant.

    *

    On peut même voir que l'inconscient freudien occupe dans la religion laïque ou existentialiste la même place que le purgatoire dans la religion chrétienne (médiévale). Non seulement parce que le médecin ou le psychiatre occupe le rôle dévolu autrefois au confesseur (un rôle politique clef), mais parce que l'inconscient a le même caractère de science-fiction que le purgatoire. Dans le cas du purgatoire il s'agit d'un temps linéaire, dans le cas de l'inconscient d'un temps cyclique, c'est-à-dire que l'"après" existentialiste, le "post-mortem" bourgeois est à peu près équivalent à l'"ante-mortem" (on le comprend bien à travers la litanie pédérastique de Proust, dont le gain de temps procède d'une rétrogradation). Contre les mathématiques bourgeoises imbéciles, il faut redire que la ligne est un perfectionnement du cercle et non l'inverse. Le signe le plus primitif, c'est le cercle.

    La ligne du purgatoire, opposée à la spirale de l'inconscient a une raison : elle est architecturale. Le purgatoire n'est pas seulement un "temps", c'est un "espace-temps" plus raffiné. Ce critère permet de comprendre que la conception médiévale est moins animiste que le concept de la religion bourgeoise existentialiste. La "circulation libre" des âmes ou des fantômes est le propre du tribalisme. Le séjour délimité des morts a un effet de libération sur les vivants ; clairement, il libère en partie d'un poids généalogique.

    D'ailleurs, à propos du moyen âge et de sa conception géométrique du séjour des morts, il faut dire que Dante Alighieri, traversant le Purgatoire, l'Enfer et le Paradis, a détruit ces architectures ou ces sciences-fiction en les banalisant. Etant donné l'importance du purgatoire au regard du pouvoir temporel de l'Eglise, et l'hostilité de Dante à ce pouvoir, synonyme de compromis avec les marchands, que Dante dénonce bien avant Luther ou Marx comme une pente vers l'Enfer, on mesure l'impact de la théologie de l'Alighieri, peut-être plus fort que l'impact de Thomas d'Aquin, plus "politiquement correct".

    Pour résumer et dire en un minimum de mots à quoi tient l'aliénation capitaliste, désormais à l'échelle mondiale, on peut dire que le capitalisme a réintroduit l'idée de destin au coeur de l'humanisme et de l'humanité (destin qui pour un chrétien se note 666).

    Si l'on veut en savoir plus sur le diable, mieux vaut lire Baudelaire plutôt que les dix derniers papes. Le tabou brisé par Baudelaire est le suivant : parler du diable dans un régime bourgeois, alors qu'en principe on ne parle pas de corde dans la maison d'un pendu.

  • Marx ou Ariès ?

    Le philosophe Paul Ariès est un des rares intellectuels, à la faveur de la crise, à s'attaquer au mode économique capitaliste et à faire la promotion de l'oisiveté grecque.

    - Une parenthèse pour signaler que les médiats, indissociables du capitalisme qui ne peut se passer d'une propagande centralisée, "deviennent" vaguement marxistes en période de crise, ou ridiculisent au contraire le communisme en période de "boom" économique, sans qu'aucun journaliste ait une idée vraiment précise de la doctrine de Marx.

    Ravissante niaise, la journaliste d'"Arte" Isabelle Giordano peut ainsi déclarer que les Allemands "ont inventé la lutte des classes", sous prétexte que Marx était allemand, alors qu'il n'y a pas savant plus germanophobe, et accessoirement antisémite, dans tout le XIXe siècle ; le rejet de la culture allemande est plus radical encore de la part de Marx que de l'écrivain catholique Léon Bloy (dont l'antisémitisme n'est pas très différent de celui de Marx et Engels), ou Baudelaire.

    Le cas de Baudelaire est intéressant car il rejette violemment la philosophie de Hegel alors même que son propre idéal artistique est très proche de l'esthétique nazie développée par Hegel et plagiée ultérieurement par Malraux. Hegel n'a pas connu la technique cinématographique; aurait-il tenté de l'ériger en art moderne comme fait Malraux ? Ce qu'on peut dire c'est que l'argument spéculatif qui permet de consacrer le cinéma comme un art moderne est présent dans l'esthétique nazie de Hegel.

    *

    Refermons la parenthèse. La métaphore d'Ariès d'une bicyclette dont on est sans cesse obligé d'actionner le pédalier sous peine de tomber, correspond bien au schéma marxiste de l'économie capitaliste. Tout y est : le cycle, la chaîne, les déraillements réguliers... sans oublier le dopage requis par l'effort de production d'énergie surhumain à fournir. C'est la nécessité de dégager une plus-value qui selon Marx oriente le travail vers la production de plus en plus massive. On pédale et on ne pense plus à rien.

    (Sur le plan chrétien, c'est ce qui rend le capitalisme aussi diabolique, c'est que le fait de gagner sa vie n'est plus accessoire mais principal. Autrement dit : ne cherche pas seulement à satisfaire ses besoins essentiels le chrétien soumis à une économie capitaliste, mais est entraîné à vouloir d'abord gagner sa vie et à thésauriser... et donc à perdre sa vie.)

    Cet effet prospectif, de bascule perpétuelle en avant, Marx l'a donc nettement vu ; c'est certainement ce qui séduit les femmes dans le capitalisme, son aspect "programmatique" ; tandis qu'il brise ou révolte plus les hommes. Le capitalisme est une physiocratie et la femme est -non pas exactement "naturelle" comme croit Baudelaire- mais physiocratique, plus "sexuelle" que l'homme contrairement à certains racontars dérivés de la psychanalyse.

    *

    On ne doit pas être étonné que, parlant d'économie et de communisme, on en vienne à parler d'art. Toutes les grandes doctrines matérialistes depuis Aristote jusqu'à Marx en passant par François Bacon ont en commun d'être des doctrines artistiques. Nonobstant douze cent pages consacrées à l'esthétique, Hegel, LA tête pensante du nazisme, est incapable de penser l'art autrement qu'en termes d'outil politique. Le seul intérêt de l'approche nazie, même si ce n'est pas franchement un "scoop", c'est de souligner le caractère "phallique" de l'architecture et de la poésie, et par conséquent de la politique.

    S'il fallait choisir, c'est la femme et non l'homme qui est "sexuelle et politique". D'ailleurs on voit bien que dans les conversations entre hommes il s'agit plus de "refaire le monde" que de politique réellement ; les aspects sexuels, domestiques et familiaux préoccupent plus les femmes : et c'est là le vrai terreau de la politique. Ce qui n'empêche pas Simone Weil d'être dix fois plus virile que le pédérastique Charles Maurras ("Politique d'abord !") ou que son propre frangin entiché de jongleries mathématiques puériles.

    Comme on confond souvent le marxisme avec l'anarchie, on peut souligner aussi que l'idéologie anarchiste est aussi féminine et sexuelle que l'idéologie maurrassienne ou capitaliste, bien que Marx ait éprouvé de la sympathie pour les anarchistes en raison de leur sincérité.

    *

    Ici s'arrête l'emprunt de Paul Ariès à Marx. Pour le reste, la proposition d'Ariès de révolutionner ou réformer le raisonnement anthropologique dominant, Marx l'aurait trouvée d'une grande naïveté, puisque le capitalisme comme l'existentialisme, le cinéma, le débordement de la politique et de la morale, tous ces phénomènes traduisent un même symptôme : la sidération anthropologique. On peut reprendre la comparaison de la bicyclette qui convient non seulement pour décrire le mode économique capitaliste mais aussi le mode de raisonnement anthropologique spéculatif (il est typiquement romain, allemand ou oriental d'accorder au psychisme un rôle primordial).

    Historiquement on peut presque dire que l'anthropologie nazie ou existentialiste est "innée" puisqu'elle n'est que le surgeon d'une anthropologie chrétienne -elle-même déjà en état de décomposition avancée au XVIIe siècle.

    A la fois on est reconnaissant à Paul Ariès de rompre publiquement avec le discours de la prostitution capitaliste comme destin commun et inéluctable de l'homme, et en revanche il est stupéfiant qu'il n'aille pas au bout de la dialectique marxiste qui lui permet de décrire le délitement intellectuel causé par le narcissisme cartésien ou anthropologique, l'aspect mécanique du projet capitaliste.

    Le philosophe retombe en effet pour conclure dans les préjugés bourgeois et une connerie proche de la psychanalyse, jansénisme du parvenu boche ou yanki -c'est-à-dire un intellectualisme que Marx a toujours vivement rejeté.

    (Je dois dire que j'ai été encore plus stupéfait d'entendre Alain Badiou il y a quelques jours vanter les mérites de la copulation bourgeoise, sentimentalement travestie par les régimes capitalistes en "amour", parée de canoniques puis civils attributs, jusqu'à ce que le mariage devienne en définitive une "icône gay". Difficile d'extraire pourtant le "conjugo" du principe consumériste capitaliste dont la morale de la famille restreinte -le couple avec un ou deux enfants- traduit même la tension capitaliste entre l'épargne et la consommation, l'anorexie et la boulimie, le puritanisme et l'orgie coexistant.

    En outre pas plus que les théologiens chrétiens sérieux Marx n'accorde au conjugo une valeur autre que temporelle et "tribale", par conséquent archaïque.)

     

     

     

     

  • Fier d'être misogyne

    On peut comprendre l'inversion de notre époque par ce biais : l'attribution aux hommes de vertus féminines telles que le goût pour le sexe et la guerre. "Génération et corruption" : en un titre, l'élève d'Aristote peut tout saisir de la raison totalitaire que nous subissons, au point pour les plus tarés de leur faire désirer la mort.

    Bien sûr, il y a des femmes plus viriles que des hommes, même si l'exemple de Simone Weil est le seul qui me vienne à l'esprit, et des hommes plus femelles que des femmes. Le grammairien judéo-boche Frédéric Nitche témoigne qu'il est le produit de l'angoisse vaginale, en concluant que seules sa mère et sa soeur auraient pu lui faire renoncer à son idée d'"éternel retour". Toutes les aberrations scientifiques participent d'ailleurs pour partie du raisonnement "génétique".

    Quelle signification peut avoir un "principe féminin" distinct d'une femme en particulier ? "Notre sainte mère l'Eglise" est de ces principes féminins, qu'il serait un peu long à disséquer. Elle est la première grande "personnalité morale" de l'ère moderne. Et lorsque des hommes politiques, Le Pen ou Kouchner, dépeignent les Etats comme des "monstres froids", il convient de rajouter que ces monstres froids auxquels sont dévoués les hommes politiques sont des femelles. Le capitalisme est un autre système féminin dominé entièrement par les cycles et la génétique, la recherche du temps perdu.

    C'est en appliquant la même logique aristotélicienne que Karl Marx a anéanti simultanément l'Eglise, l'Etat (national-socialiste) et le capitalisme afin de sauver de leurs griffes la Vérité, devant laquelle les femmes tournent le plus souvent les talons lorsqu'elles l'aperçoivent. Le prince des poètes, Baudelaire, pas très loin de l'homosexualité comme Nitche, conçoit même l'art comme une protection contre la vérité - étant donné qu'il fait aussi l'éloge du maquillage des femmes, on pourrait dire : comme un "masque de beauté". Le grand mérite de Baudelaire étant, contrairement au clergé actuel, de ne pas cacher qui lui inspire ses vers.

     

  • Veille de l'Archer

    Le poète, le prêtre et le philosophe. Chacun de ces trois augures assume dans sa langue ésotérique la fonction liturgique, au stade païen, puis chrétien, enfin laïc. Chacun domine son Etat et fourbit l'arche légale d'alliance de l'homme avec lui-même. Même le poète païen ne sacrifie aux dieux que pour mieux les tenir à distance et, en définitive, s'imposer sur la Nature.

    Des traces de ce sentiment subsistent chez Baudelaire, cygne noir polyphonique : païen, chrétien et philosophique à la fois. Et le plus grand mérite de Baudelaire est d'avouer sa possession, sa grippe aviaire. Sensés sont ceux qui prennent Baudelaire pour ce qu'il est : un suppôt ; perdus les autres, qui ne voient pas dans cet aveu l'éclair intermittent d'un fanal.

    La liturgie dit Shakespeare, du moindre rite tribal à la plus grande messe laïque, est toute comprise dans un cercle : le cycle statique de la vie et de la mort. La liturgie est faite de sperme, d'accouchement et de sacrifice. Si bien qu'on peut mettre en parallèle : sexe sado-maso et suicide pour temps d'amour prostitué, avec : tension liturgique pour temps de charité déchue.

    C'est pourquoi tous les progrès de toutes les Eglises viennent de l'extérieur, contre le clergé, pour qui la vie est comme la mort, et la mort comme la vie. L'Eglise catholique, jusqu'à sa mort, n'a eu le choix qu'entre s'adapter ou s'éteindre. La mort de l'Eglise ? Pour les âmes sentimentales, accordons-lui le reste de souffle de l'aïeule reléguée au coin du feu, qui ânone quelque proverbe et s'adonne à des rituels caducs dont elle seule connaît le secret. Mais le débat qui anime l'Eglise sur la liturgie retentit comme une oraison funèbre.

    La liturgie chrétienne est peut-être celle qui, à la fin du moyen âge, s'approche au plus près de la glace brûlante du paradoxe. Le chant grégorien est à la fois la plus sensée et la plus insensée des musiques qui prétend abolir le temps et s'élève vers le silence -chant qui vise le suicide du chant (Ezra Pound n'en est pas loin). Aussi ce choeur ne pouvait-il continuer de battre.

    "Que le prêtre en surplis blanc, sache de l'oraison funèbre être le chant du cygne, pour que le 'requiem' perde ses droits." (W. Shakespeare)

    Si la religion laïque est celle d'un Etat totalitaire, c'est parce qu'il n'y a rien en dehors d'elle.

    Après le temps révolu du poète, du prêtre et du philosophe, est venu celui du publiciste, dont la liturgie immonde, est transparente comme un cristal.

     

  • Histoire de pute

    Baudelaire, le plus révolutionnaire des poètes, signale déjà que l'honnêteté, chez un commerçant, ne va pas au-delà de l'intelligence, de la bonne compréhension des règles du métier. La banqueroute des industriels et des banquiers imbéciles ratifie le jugement de Baudelaire ; ça permet même d'espérer que les supermarchés se casseront la gueule à leur tour un jour proche, tant les principes qui régissent la grande distribution sont stupides.

    Aucun doute que c'est la cause aussi qu'une pute de quartier passe désormais, à juste titre, pour une commerçante plus estimable qu'un assureur ou un journaliste, un agent immobilier. Elle n'a pas volé son pognon, comme on ne peut plus dire du banquier.

    Qu'on s'imagine avoir deux gosses, une fille et un garçon, par exemple. L'une veut devenir pute pour payer ses études, l'autre courtier à Londres après qu'il aura terminé son école, pour payer sa dette. Sacré dilemme moral pour les parents ! Surtout s'ils sont chrétiens ou musulmans.

  • La grande diversion

    Il est significatif qu'en s'efforçant de tuer le temps par toutes sortes de divertissements, on ne fait qu'entrer dans son jeu, baiser la mort sur la bouche. Voilà à quoi la religion laïque ou démocrate-chrétienne, vautrée dans le cinéma, fait penser : un ballet macabre de femelles prédisposées à la branlée.

    L'ennui, l'acédie, la mélancolie... autant de vocables pour dire la dépossession de soi au profit de Satan. Il est à peu près sûr que Baudelaire ou le romancier anglais E. Waugh, qui souffraient d'ennui, aient su la cause profonde de leur tourment ; dans le cas de Baudelaire, ça ne fait même aucun doute.

    S'il est hâtif de la part de Verlaine de faire de Watteau un peintre "mélancolique", c'est que la pure mélancolie se traduit par l'absence d'érotisme. Par principe l'art n'est pas mélancolique, c'est la musique qui l'est, qui oscille entre guerre et existentialisme, cruauté et masochisme. Même s'il a peint beaucoup la soldatesque, ne pas confondre Watteau avec Blaise Pascal, génie malfaisant ! Le romantisme, c'est l'assassinat d'Eros, étouffé dans une capote anglaise ; la mort du Sexe et par conséquent celle de la Science : on en est là.