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Printemps des antipoètes

Minorité impuissante et asservie de mon pays ! Artistes brisés par lui, hors-la-loi, égarés dans les villages, on ne vous croit pas, on parle contre vous.

Amoureux de la beauté, affamés, contrariés par les systèmes, impuissants contre le Pouvoir, vous qui ne pouvez pas vous épuiser à trouver le succès, vous qui ne pouvez que parler, qui ne pouvez vous astreindre à la réitération ;

Vous les trop subtils, brisés par le faux Savoir, vous qui savez par instinct, on vous hait, on vous écarte, on ne vous croit pas :

Apprenez ceci :

J'ai affronté la tempête, j'ai fait taire mon exil.

(Ezra Pound, antipoète maudit.)

Commentaires

  • Cher Lapinos,

    Les questions de l'"anti-mélancolie" et des anti-poètes m'intéressent. À part chez Gombrowicz, savez-vous chez qui je pourrais puiser? Et ce texte est-il vraiment d'Ezra Pound? (L'absence de guillemets a fait germer quelques doutes dans mon esprit...) Si tel est le cas, pourriez-vous, s'il-vous-plaît, m'en fournir les références?

    D'avance, merci.

  • Dans la mesure où la mélancolie ou l'acédie sont des signes de possession satanique, ce que Baudelaire a l'honnêteté d'admettre, tout artiste réellement catholique ne peut que tenir cette passion pour éminement suspecte. La mélancolie est d'ailleurs devenue au XXe siècle un véritable "fonds de commerce" capitaliste.

    L'amour et la charité sont incompatibles avec la mélancolie. L'amour pour Dieu ou son prochain exclut, si ce n'est la souffrance, du moins l'ennui, formol du bourgeois.
    Croyez-vous que Marx, par exemple, se soit ennuyé une seconde ? Non, il a pu désespérer par moment, mais il est bien trop occupé à se porter au secours de l'humanité pour s'ennuyer.

    La mélancolie, remise à l'honneur par les marchands, jusque dans la Synagogue de Satan, est étrangère à la fois à l'art grec et à l'art occitan, qui ne cultivent pas le clair-obscur mais au contraire l'érotisme. La foi d'Aristote en un dieu unique, par exemple, est perceptible dans le fait qu'il n'y a chez lui pas trace de mélancolie. Comment Aristote pourrait-il se divertir face à une source de concentration aussi extraordinaire que la Nature ?

    Baudelaire, que j'aime bien citer parce que c'est le moins stupide des existentialistes, s'est complètement gouré en écrivant que l'art est une revanche contre la Nature ; l'art est un combat contre l'artifice (exalté par les Boches sous le nom de "phénoménologie").
    Et la femme n'est pas trop naturelle, comme le pensent Baudelaire et Delacroix, elle est trop artificielle au contraire.

    François Bacon alias Shakespeare, qu'on peut considérer comme un porte-étendard de la théologie "occitane" est complètement trahi lorsqu'on fait du personnage d'"Hamlet" un héros mélancolique. Hamlet n'est pas de cette sorte de soldat-là. C'est au contraire dans cette pièce Ophélie qui est tuée par les conventions et la mélancolie ; Hamlet est tué, lui, par des traîtres suppôts de Satan.

    Il n'est nulle part écrit qu'Hamlet s'ennuyait dans ses études mais qu'il a été mobilisé par l'Esprit contre Claudius et la reine Gertrude.

    (L'antipoème de Pound est tiré d'une anthologie de T.S. Eliot.)

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