La dernière croisade sera peut-être cette croisade diabolique de vieillards prêchée par l'universitaire décadent Rémi Brague. Plus jongleurs de concepts amphigouriques qu'historiens, Brague et les "braguistes" tentent d'étayer le mythe d'une Europe essentiellement "judéo-chrétienne" et d'abord "romaine". Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce Brague n'est pas avare de néologismes pour étayer sa thèse foireuse : "hygiène du propre", "romanité intrinsèque", "identité excentrique" : toute l'algèbre boche y passe !
Ecroulons ce petit "krak" néogothique ridicule derrière lequel le clan papiste français croit pouvoir abriter toutes ses lâchetés accumulées, son ignorance, et même ses petits paris médiatiques perdants à chaque coup :
- Comme la thèse aux pieds d'airain et peu ésotérique de Karl Marx et son acolyte F. Engels permet de le comprendre, la "différence" de l'Europe moderne sur les autres nations tient dans le triomphe de la science sur la philosophie, de l'art de la Renaissance sur les spéculations médiévales. La Grèce antique connut elle aussi son moyen âge, le dépassement des spéculations milésiennes puis le dépassement de la science éléate.
L'incitation de Marx à voir dans Rome un "pastiche" d'Athènes est féconde sur le plan historique, contrairement à la propagande de Brague. Ce qu'on qualifie en art d'"académisme" ou de "copie servile" : voici Rome et les Romains. Une idée de la littérature française à travers les seuls membres de l'Académie française serait à peu près aussi étriquée que l'idée d'Europe essentiellement romaine défendue par Brague.
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- D'où vient de la part de soi-disant "médiévistes" le désir de consacrer le moyen âge ou saint Thomas d'Aquin comme le "sommet de la pensée chrétienne" ? Du compromis et du partage avec les historiens athées républicains ; autrement, dit il n'y a pas de façon plus sotte d'écrire l'Histoire ; ni plus lâche, de la part des papistes, puisque ceux-ci ne font que ronger l'os que daignent leur lancer les tenants laïcs et athées du mythe de la Révolution française. En une phrase de sa "Voie romaine", Brague trahit qu'il n'est qu'un petit idéologue consensuel, prouvant sa thèse parce que les adversaires de l'Eglise comme ses partisans admettent le "fait" de sa "romanité" (sic) ; félicité dans les "Temps modernes", écouté par le gratin de la bureaucratie française, quels sont les adversaires du pape et des papistes ? Il apparaît que les derniers catholiques sont tout à fait "neutralisés", du moins en Europe.
"Médiévistes", beaucoup d'historiens actuels ne le sont que sur le papier, n'ayant aucun recul sur le moyen âge. Même saint Thomas d'Aquin et le moyen âge sont incompréhensibles si l'on décapite ainsi l'Occident ou qu'on déforme la Renaissance. Jacques Le Goff, à peine moins vain que Brague, n'hésite pas à prolonger, lui, le moyen âge jusqu'au XVIIIe siècle ? Pourquoi pas jusqu'à la fin du temps ? Que penser de tels médiévistes, incapables de voir que le XVIIe siècle a rompu profondément avec l'hellénisme ?
- Le mobile n'est pas seulement pour les catholiques papistes de s'enfermer dans le pré carré du moyen âge, il est aussi et surtout de consacrer le principe d'une Europe militaire contenu dans l'idée d'une Europe essentiellement "romaine". Quitte à bafouer la Vérité et à saccager la théologie. La thèse d'un christianisme militaire et romain relève non seulement de la propagande, mais elle est en outre complètement hérétique sur le plan chrétien. La sainte horreur des premiers chrétiens vis-à-vis des Romains et de leurs principes est tout à fait "évangélique". C'est aux Grecs que saint Paul rend hommage dans la lettre aux Ephésiens, et non aux barbares romains.