La "Miviludes" de Georges Fenech, en lutte contre les sectes, endosse le rôle de la Sainte Inquisition autrefois. Le principe d'unité de l'Eglise (catholique), inconnu aux Etats-Unis, est perpétué par la République jacobine française. L'idée de la religion aux Etats-Unis, marquée par le capitalisme, pousse les Yankis à voir plutôt dans les sectes de petites entreprises spirituelles ou des sortes de partis politiques.
Que leurs analyses des hérésies soient justes ou pas, saint Augustin ou l'Inquisition toujours isolent dans l'hérésie son principe diabolique. L'hérésie est en effet rattachée dans le Nouveau Testament aux faux prophètes mûs par Satan. Presque toutes les hérésies consistent d'ailleurs à nier la Trinité, comme dans la théologie unitarienne rendue célèbre par Isaac Newton ou Charles Darwin, proches de cette Eglise anglaise.
L'émergence de sectes en provenance des Etats-Unis, prônant ouvertement cette fois le culte de Satan, renforce la comparaison entre l'Inquisition et la Miviludes, qui s'en serait bien passé vu qu'elle est obligée de se tenir, elle, au principe de neutralité.
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Les sectes m'ont toujours paru un fantasme de curés laïcs. De toute ma vie je n'ai croisé qu'une paire ou deux de "témoins de Jéhovah", avec qui j'ai volontiers échangé quelques propos de nature oecuménique, étant plutôt curieux de nature ; la "secte lefèbvriste" est aussi un fantasme dans la mesure où ce sont d'abord des questions de personnes et non de théologie qui opposent la secte lefèbvriste à l'Eglise catholique, quoi qu'en disent les deux parties ; on pourrait facilement lire un sermon de Calvin ou de Luther à Saint-Nicolas du Chardonnet ou Notre-Dame de Paris, sans citer l'auteur, et tout le monde n'y verrait que du feu (sacré).
Deux mormons yankis aussi, avec qui il m'a été impossible de discuter tant leur discours était rôdé d'avance, et vu qu'il n'y a pas de discussion possible avec des représentants de commerce, aussi polis et puritains soient-ils. Tom Cruise quant à lui est un crétin d'Hollywood semblable à tous les crétins d'Hollywood ; si mes yeux ne m'abusent, ses films ne sont ni moins bons ni moins antinazis que ceux d'Harrisson Ford.
Non, en revanche le danger est grand pour la secte des admirateurs de la République française laïque, secte désormais aussi prospère que sa mère jalousée l'Eglise, d'être gravement blessés ou tués dans quelque mission industrielle ou militaire, sectateurs dont on n'aura pas hésité, pour les convaincre du bien-fondé leur la mission, à bourrer le mou cyniquement. La guerre d'Algérie n'est pas si loin, où les principes sacrés et mystiques de la République coloniale ont vite fait été ramenés par De Gaulle à leur plus simple expression : des puits de pétrole.
Mourir pour ça, et de mort violente, avec une étiquette de cocu et de tortionnaire, voilà le danger dont visiblement quelques pauvres crétins éduqués trop près de la télé ne sont pas encore à l'abri en 2009.
J'ai eu de nombreuses fois affaire dans ma vie à des inquisiteurs laïcs, depuis que je suis enfant, qui ont voulu m'inculquer leurs principes sans discuter, me faire abjurer le bon sens des tas de fois : je connais toutes leurs menaces, leurs séductions et chantages variés ; y compris celles des prêtres chrétiens payés pour justifier l'état militaire, aussi incongru que ça puisse paraître. Comme ça n'a pas marché, j'estime être la preuve vivante de l'inefficacité de l'Inquisition.
Commentaires
Je vous conseille la lecture de ceci : http://jeanbauberotlaicite.blogspirit.com/archive/2006/12/index.html
Des sectes, l'inquisition laïcarde redoute la concurrence. Tout comme les Catholiques eurent peur des Protestants et crurent bon de survivre en devenant Démocrates-Chrétiens, les laïcards tentent d'oublier leur rôle de pères-fondateurs du nihilisme Occidental en s'injectant à la sauvette de petites doses de Sacré. Ils sont d'authentiques Capitalistes : ni libéraux, ni communistes mais s'accommodant de l'un ou de l'autre selon leur intérêt.
Shakespeare donne la raison de la constitution de l'Eglise catholique en secte contre la foi catholique, primo ; puis de la constitution de l'Etat en secte contre l'Eglise, secundo.
Les petits canots de sauvetage d'aujourd'hui n'ont de sens que parce que la nef bleu pétrole de l'Etat est en train de sombrer, après l'Eglise dont la carcasse repose déjà au fond de l'Océan vorace.
Dans ce bout de sonnet parmi d'autres :
"Ruin hath thaught me thus to ruminate,
That Time will come and take my love away.
This thought is as a death, which cannot choose
But weep to have that which it fears to lose."
Sonnet qui dit que la peur engendre rêves et musiques, qui renvoient là d'où vient la peur : au tombeau.
Même si c'est ce rêve qui la fonde, aussi puissante soit-elle aucune secte ne peut vaincre la mort.
"Shakespeare donne la raison de la constitution de l'Eglise catholique en secte contre la foi catholique, primo."
Je n'ai jamais affirmé le contraire. La Démocratie-Chrétienne s'accommode très bien des clercs mais beaucoup moins de la foi.
Vous me paraissez bien sentencieux sur ce coup Lapin. Me dites-pas que c'est le syndrome Julien Coupat ? :D
Simple précision historique ; ce que l'Eglise a pris à Rome, Rome le lui a repris à la fin du XVIe siècle. Comme Hamlet l'avait prévu, le mariage de Claudius avec Gertrude s'est mal passé.
Shakespeare fait plus que dénoncer le mensonge comme Marx : il est prophète haï et trahi dans son pays.
Un peu hors sujet mais j'étais hier au concert de la chorale du collège catholique de ma fille où les enfants ont chanté à plein gosier une chanson dont le refrain est "vive le progrès", "progrès" qui n'est pas loin d'avoir eu la peau de l'Eglise catholique...
Je crois que quand Frédéric Engels, apôtre du progrès, parle de "signes rétrogrades du temps", on peut le traduire pas "signes sataniques du temps". Satan pose sa main sur notre épaule et nous invite à regarder en arrière.
Vous même êtes manifestement possédé par une idée fausse : celle que l'Eglise a une vie autonome de la société civile, idée qui impliquerait de votre part ou de la mienne le don d'ubiquité.
Je vous fais observer enfin que Marx fait le constat dès le XIXe siècle de la mort de l'Eglise, autrement dit qu'elle n'est plus en prise avec l'Histoire et que la religion de l'Etat s'est substituée, déjà, au christianisme. Il arrive à Marx de se moquer du clergé allemand, mais pas tant que ça dans la mesure où, pour Marx, l'Eglise ne remplit plus déjà alors qu'un rôle folklorique.
De la même façon il y a encore des astrologues, il y en a même plein, mais plus personne ne prend l'astrologie au sérieux. Je prends cet exemple de l'astrologie parce que vous pouvez constater que les astrologues comme les prêtres n'apparaissent quasiment dans les médiats que pour y être brocardés.
Le clergé français applique d'ailleurs les décrets de l'Etat avec plus de scrupule qu'un curé ne mettait au XVIIe siècle à appliquer les décrets du pape lui-même.
Pourquoi Marx ? Parce que ne pas voir la réalité en face, telle qu'elle est, se bercer de contes démocrates-chrétiens pour bonnes femmes est un tour diabolique. Au milieu d'une formidable régression, vous -comme le pape-, êtes en train d'accuser "le progrès" ?! Selon vous le progrès a quelque chose à voir avec l'envoi de soldats chrétiens français en Afghanistan, le fusil d'assaut en bandoulière, pour veiller à la sécurité du commerce international ?
Tous les comportements non conformistes figurent sur la liste des symptômes d'appartenance à une secte. Et les méthodes alternatives de guérison sont certainement "non-conformistes". Que ceci ait ou non quoi que ce soit à voir avec une dérive sectaire est tout à fait secondaire. Ceci pour dire qu'il ne suffit pas que ce soit "officiel" pour que ce soit sans danger.
Les bigots anti-sectes sont à l'affût de tout: de votre régime alimentaire, de votre courrier abondant, de vos sorties d'argent - y compris de vos emprunts, de vos soins médicaux surtout si vous faites appel à des méthodes de guérison alternatives, de vos fréquentations de magasins bio, de vos voyages, de vos pratiques sportives etc. On en arrive à dire que tout groupe ayant certaines des cartactéristiques énumérées ci-dessus est un mouvement sectaire, et tout individu manifestant certaines de ces caractéristiques est suspecté d'une marginalité inacceptable.
En fait, ces groupes de pression tels que la MIVILUDES en France ou l'Observatoire des sectes en Belgique ou quelque autres noms qu'ils aient dans d'autres pays, sont des précurseurs de la police de la pensée au service d'un maître dont les intérêts n'ont rien à voir avec le bien être des gens mais sont purement guidés par l'argent et le contrôle de la populace.
Ceci pour dire qu'il faut être vigilent à tous les égards. Il appartient à chacun de faire un choix: soit d'être un mouton docile qui suit le troupeau, soit de garder et d'exprimer sa liberté de pensée. Le problème est loin d'être nouveau. Voyez http://www.panarchy.org/voltaire/penser.html
- Marx démontre que le régime républicain est plus religieux que le régime monarchique qui l'a précédé (Faut-il rappeler que Marx prône la dissolution de l'Etat, dont la puissance est proportionnelle à l'aliénation des masses qui lui sont inféodées ?).
- En revanche, le point où je pense différemment de vous, c'est à propos du "bien-être", mobile nécessairement RELIGIEUX ; c'est dans ce sens que le christianisme est une antireligion : le Christ ne fait aucune promesse de bonheur terrestre. On parle parfois aussi de "réalisme chrétien", très bien accordé au marxisme ; vous ne trouverez dans l'Evangile ni l'éloge du plaisir, ni celui du sacrifice ou de la douleur, deux sentiments ou sensations non seulement troubles, mais indissociables (les libertins sont souvent d'anciens puritains, et vice-versa).
- Observez que la promesse de bien-être ou de plaisir, si elle est rarement tenue aujourd'hui, y compris dans les castes privilégiées excessivement gavées, est omniprésente. La religion confirme ainsi qu'elle est du domaine de l'opium ou du rêve, et non de la réalité.
- La grande difficulté à suivre un anarchiste tel que le Christ (détourner son message est encore pire que de ne pas le suivre) tient à ce qu'il invite à tenir pour négligeables, voire méprisables, toutes les choses qui aux yeux des dévots ou des pharisiens, sont essentielles, comme l'argent, fruit du travail des hommes sans dieu. C'est d'autant plus difficile au stade d'une civilisation à l'agonie, car les vieillards près de mourir se raccrochent désespérément à la moindre utopie, drogue, sentiment, qui peut leur faire croire à la veille de leur mort que leur vie au service de l'oppression n'a pas été totalement vaine.
Eliot, je vous recommande la lecture du blog de Jean Baubérot, laïc critiquant la laïcité à la française. Laïcité qui n'est autre que l'aile politique de l’athéisme jaloux, et dont le bras armé est l'état.