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Pan sur le Pape ?

La première erreur à propos du Pape -même si elle est grossière elle est assez commune-, c'est de continuer de tenir le pape pour une autorité religieuse ou spirituelle éminente. Le nombre de chrétiens qui se disent fidèles au pape en Europe est extrêmement réduit désormais, et plus réduit encore parmi eux ceux qui prêtent l'oreille au détail des propos du pape (Ce qu'on ne saurait leur reprocher, la théologie de Ratzinger se limitant à un divertissement ennuyeux à faire ronfler les chaisières de Notre-Dame.)

La lecture de la gazette papiste "Famille chrétienne", confondante de niaiserie et de sentimentalisme, est à cet égard instructive car on peut constater la difficulté du clergé à imposer, y compris dans le domaine des affaires privées où il se cantonne, sa "morale chrétienne" à base de "coïtus interruptus" dont on ne voit pas bien à quel passage des Evangiles le rapporter (d'autant moins qu'il n'est qu'un effet de la "révolution sexuelle" capitaliste).

Beaucoup plus jeunes et nombreux en Amérique, il semble que les catholiques n'y soient guère plus attentifs aux propos du pape, et qu'on y soit à peu près au même stade du culte de la personnalité.

Lointain le temps où Dante Alighieri prenait le risque de jeter dans son "Enfer" des papes et de leur donner des leçons de théologie ; voire le XVIIIe siècle de d'Holbach, qui confronte aux Evangiles la théologie pour démontrer son hypocrisie.

L'existence du pape est aujourd'hui essentiellement "médiatique". Si le business du tourisme n'imposait pas à l'Etat laïc d'entretenir le patrimoine architectural religieux, on peut même penser que le nombre des chrétiens serait encore plus réduit en Europe qu'il n'est actuellement, étant donné tout ce que la pratique religieuse doit au folklore, à des festivités familiales comme Noël.

Cette "erreur d'appréciation" n'est pas tant entretenue par les papistes eux-mêmes, aussi à l'écart de l'histoire que des collégiens le sont de la vie réelle, que par le clergé laïc qui trouve là un moyen pratique de paraître "moderne" par comparaison, à bon compte. La grande secte laïque dont c'est désormais le tour de prospérer (selon l'analyse même de Marx dès la fin du XIXe siècle) et la petite secte chrétienne à l'état de relique, se lustrent mutuellement par leurs querelles picrocholines. C'est du reste la même loi qui régit en France les partis dits "de gouvernement", bien qu'ils ont du mal à se gouverner eux-mêmes dans une direction précise.

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Même si elle ne comporte plus aucun risque, sur un plan apocalyptique la critique du pape me paraît cependant présenter un intérêt. Entre l'adoubement de Benoît XVI par le gratin existentialiste (Jean-Claude Milner dans "Les Temps modernes") et le soupçon de satanisme que font peser certains sites internet sur le pape, où est la vérité ? J'ai déjà évoqué le site de Gérard Colombat qui passe par la cabale et Blaise Pascal pour sa démonstration.

D'autres ont vu ou cru voir sur les ornements liturgiques du pape une représentation du Dieu Pan et s'en sont émus. Deux remarques :

- Si cela même était vrai, ça ne prouve pas grand-chose. Il n'est pas de théologien à qui on ne puisse reprocher d'emprunter au paganisme. Le cas récent de Jean Guitton n'est pas loin du délire insane, hors du christianisme. Encore plus "frais" le cas de Fabrice Hadjadj, invraisemblable exégète soi-disant chrétien, où on verse carrément dans une sorte de théologie pornographique à connotation pédérastique (extrait cité sur mon blogue). A Saint-Nicolas du Chardonnet où sont les tenants de l'orthodoxie la plus pure, il m'est même arrivé d'entendre un prêcheur citer Virgile, bien que celui-ci fut beaucoup moins catholique que Rabelais. A propos d'humanisme, François Bacon souligne l'analogie entre le dieu Pan et Moïse, parmi les nombreuses analogies entre la Bible et la mythologie grecque. Ces analogies ne sont pas pour Bacon, comme pour Voltaire ultérieurement, de simples "coïncidences", mais le résultat du croisement du judaïsme et de la religion grecque.

Outre les cornes, la barbe, la houlette, la position prééminente que Pan et Moïse ont en commun, Bacon démontre que Pan occupe dans la religion grecque un stade de divinité intermédiaire qui tire son savoir, sa philosophie naturelle, du contact direct avec le Ciel (les "cornes" de Moïse ont le même sens).

- La deuxième remarque c'est que si le paganisme de la plupart des théologiens chrétiens n'est pas une raison suffisante pour les condamner, le pallier franchi par Joseph Ratzinger et ses prédécesseurs au cours du XXe siècle est tout à fait étrange, puisqu'il ne s'agit plus d'emprunts à des théologies païennes (celle d'Aristote, d'Homère) ou musulmans (Averroès, Avicenne), mais à des philosophies foncièrement athées, comme celles de Théodore Adorno, Horckheimer, Freud, Maurras, Heidegger, ou carrément à des blasphémateurs comme F. Nitche ou L. Feuerbach, invoqués désormais fréquemment à l'appui de la doctrine chrétienne par ce qu'il convient d'appeler des menteurs doublés d'imbéciles.

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