(Je reproduis ici le courrier des lecteurs, ma rubrique dans le fanzine "Au Trou !?" (14)
Le précédent numéro dédié à L.-F. Céline nous vaut des commentaires plus nombreux. Un lecteur nous apprend qu'il a commencé de lire Céline au service militaire, incité par le fait que cet auteur figurait, en compagnie de K. Marx et du programme du NSDAP, à l'Index de la « grande muette ». Il se souvient même d'un petit caporal lui intimant l'ordre de cesser de lire "Le Voyage".
Le programme du parti nazi était-il trop pacifiste ou, au contraire, trop belliqueux pour le Haut Commandement ? On ne le saura jamais, vu que les censeurs lisent peu, se fiant plutôt à la rumeur publique ; les thuriféraires procèdent exactement de la même façon que les censeurs, d'ailleurs, ce qui fait que la gloire littéraire va, sans coup férir, à des écrivains médiocres ou nuls, mais qui comblent les attentes de la société en matière de style.
L'artiste loué par son époque en est nécessairement la victime plus ou moins consentante, au parfum de cadavre exquis. Cette nouvelle espèce d'art original, qualifié de « contemporain », est l'équivalent de l'eucharistie pour les vieux catholiques. La métamorphose opérée lors de la messe et la consécration de l'art contemporain sont deux procédés semblables (donc violemment concurrents). L’ayant compris, on aura pigé le décalque de la magie par l’anthropologie.
Présence durable de Céline, malgré les efforts de la censure en divers sens : pourquoi ? Nul n'incarne mieux que lui, en fin de compte, la figure récurrente de l'artiste écartelé entre le Christ et Lucifer, rôle presque « surjoué » par Baudelaire précédemment. Cette posture est caractéristique de l'artiste (dont l’art n'est pas seulement un phénomène de société) dans l'Occident, disons « moderne », par opposition à l'Occident « historique » d’avant, jusqu'à Shakespeare (dernière figure d'artiste à assumer pleinement la posture christique, notamment dans « Hamlet », comme A. Dürer ou Dante avant lui).
Disons-le autrement : Céline hait les victimes ; il ne veut surtout pas en être une. C'est son côté anarchiste. D'autre part, il brigue quand même la gloire, dont Homère a montré qu'elle broie nécessairement ceux qui la recherchent et l'obtiennent, à commencer par le plus puissant et le plus glorieux de tous : Achille. Ce deuxième aspect est l’aspect socialiste, vil, de Céline, par où il se montre capable d'aboyer avec les chiens.
La « question juive » récurrente n'est qu'un prétexte partisan pour censurer Céline (et, accessoirement, pour l’encenser). Avec plus de recul, on peut penser que Céline aurait été assez lucide pour voir que l’asservissement des juifs par les nazis est sur le modèle de l’asservissement de l’homme par la femme ; en particulier à cause de la position virile assumée pleinement par le judaïsme. S’il y a une religion masculine, plus encore que l'islam, c’est bien le judaïsme ; insolubles dans l’Etat, les juifs, à cause de leur refus de la loi naturelle. D’ailleurs, sachant le suicide de Hitler, c’est-à-dire son holocauste, logiquement Céline se met à le haïr, en tant que victime.
Un autre lecteur nous demande, sarcastique, pourquoi notre caricaturiste a dessiné six doigts à la main droite de Céline ?
- Est-ce qu'on l'a forcé à suivre la ligne du journal, alors qu'il pense dans le fond comme tout le monde que Céline est un monstre ? Question transmise à Zombi, celui-ci répond :
- D'où peut venir ce flux de ponctuation un peu ronflant chez Céline, si ce n'est d'un sixième doigt ? Mozart est bien plus monstrueux que Céline, puisqu'il n'écrit que des signes de ponctuation.
Commentaires
L'asservissement des juifs par les nazis est précisément le fait le plus biblique des juifs, la rédemption presque. Un acte de foi. A l'inverse de l'essence sioniste reniant la finalité déterministe (la fin des temps) pour mieux appliquer une quotidienneté déterministe (théorie du peuple élu) refusant la raison même du sacrifice du Fils, ce qui est authentiquement satanique. A Varsovie, les héros furent ceux qui acceptèrent la mort et non ceux ayant préférés le soulèvement ridicule, suicidaire et préfigurant l'histoire juive de la second partie du XXème siècle. La grande erreur des juifs est de croire, comme les écolos et les scienteux, au salut de l'homme par l'homme. Les juifs pensent sérieusement qu'à la faveur d'intrigues, ils réussiront à forcer la main de Dieu en personne.
Que le sionisme est la négation du judaïsme, la plupart des rabbins le savent. Mais le socialisme ou la doctrine sociale chrétienne est une doctrine encore plus satanique que le sionisme. La voie est absolument fermée par le Christ à toute forme d'utopie temporelle. Les tenants soi-disant catholiques de la "loi naturelle" ignorent d'ailleurs presque tout de la loi, d'une part, et de la nature de l'autre. Derrière ce sophisme, ce qu'ils défendent en réalité, c'est leur droit de propriété. La haine farouche des protestants, en particulier, vis-à-vis de Marx, vient de là, de ce qu'il fait ressortir le principe monétaire dans la doctrine chrétienne libérale. De même il vaut mieux, pour un chrétien libéral, ne pas comprendre le sens véritable de Shakespeare, faire gober que "Roméo et Juliette" est une apologie de l'amour courtois, alors que Shakespeare souligne son ignominie et l'imbécilité du discours chrétien appuyant ce sentimentalisme.
Il y a peu d'idéologues fermement de gauche ou de droite et encore moins de gens authentiquement de gauche ou de droite mais des opportunistes ou des complexés, soignant leur ciboulot à coup de droit naturel, de progrès, d'athéisme ou de bigoterie.
Les protestants bien qu'étant les mercenaires gardant Babylone ont le bon goût de ne pas considérer la foi comme un exercice intellectuel pour janséniste, là encore, complexé. Ils ne sont pas suffisamment tordus (ou trop pressés allez savoir) pour pratiquer l'onanisme sur la trinité comme peuvent le faire les catholiques (enfin ce qu'il en reste) qui ne sont jamais derniers à jeter aux orties ce qui est de près ou de loin utilitariste ("bouh, nourrir les pôvres, c'est d'un vulgaire"). La "doctrine sociale de l'église" est de crier "Dieu est amour" en oubliant qu'il est également "colère" et "justice". Faut coller à l'air du temps. Néanmoins, ne pas vouloir passer outre le pêché originel ne signifie pas d'être oublieux de se comporter en Chrétien, ce dont certains pensent s'absoudre avec le fameux "aide-toi..."
- Il n'y a pas de foi chrétienne détachée des oeuvres ; la foi est un principe qui, isolé, est beaucoup plus près de l'athéisme ; un "pari" tel que celui de Pascal, est beaucoup mieux applicable à la puissance monétaire qu'à dieu. Qualifié d'athée par certains, Pascal l'est certainement sur ce point de propagande de la foi qui ne peut s'appuyer sur aucun passage de l'Evangile. Probablement les apôtres auraient parié qu'il valait mieux rester chez soi. Le pari a un aspect sécuritaire non moins grand que son aspect rassurant.
- Les études historiques, notamment celle de Marx, montrent qu'il n'y a pas de différence essentielle entre protestants et catholiques sur le plan de la doctrine mais seulement une opposition politique. Le fait que cette opposition ne se soit pas résorbée avec l'amenuisement du pouvoir temporel de l'Eglise romaine dès la fin du XVIIIe siècle, jusqu'à son extinction illustre le crétinisme des doctrines officielles contemporaines, pour ne pas dire un satanisme marqué dans certains cas, je pense en particulier au discours sur "l'Europe chrétienne" après la "nation chrétienne française", parfaitement subversive.
- La justice de Dieu est presque "naturelle" puisque c'est le fait pour l'homme de ne pas juger son prochain qui lui ouvre la possibilité d'une absolution ; d'où le saint combat de François Bacon Verulam contre le droit romain, contraire à la lettre et à l'esprit évangéliques.
- Parfaitement recevable pour tous les chrétiens la doctrine trinitaire selon laquelle, après le temps du Père, vint celui du Fils, puis celui de l'Esprit où nous sommes. Vide de sens cette doctrine si on ne la comprend pas comme étant faite pour l'homme mais définissant dieu. Mystères d'Apollon et dédoublements de la personnalité ne sont pas chrétiens. Malheur à celui qui porte les armes ou emprisonne, il se condamne lui-même à mort en rendant une justice parfaitement ésotérique et hasardeuse.