Scholie n° 5
Le reproche fait au christianisme d'être une religion essentiellement eschatologique, c'est-à-dire exclusivement tournée vers le salut de l'homme, où le problème de la foi n'occupe aucune place hormis les quelques instants nécessaires à un criminel cloué sur une croix voisine pour reconnaître dans Jésus le sauveur, ce reproche est moins sérieux que celui qu'on pourrait faire, dans l'ordre politique, au président de la République de ne pas balayer lui-même devant les portes du palais de l'Elysée.
L'apocalypse de Jean ne fait que mettre l'accent sur les paroles du Christ qui sont toutes apocalyptiques et hostiles à la croyance que les biens de ce monde passeront le cap de la mort. On peut même faire le rapprochement entre la vie du Christ et l'histoire du monde telle que la vision de saint Jean la dessine en images. Celles-ci prophétisent en effet le triomphe de la vérité sur les forces morales, dont le Christ a lui-même été victime, sachant que toute violence qui a le don de détruire l'homme a celui, contraire, d'engrosser la société.
Si le christianisme n'était pas une religion essentiellement eschatologique, il serait "traditionnel", c'est-à-dire entièrement folklorique, dénotant seulement l'attachement sentimental à une forme de société idéale, doublé de l'ignorance que ce sont les nécessités de l'exploitation de l'homme par l'homme qui contraignent à changer de régime pour un autre.
Enfin, si le christianisme n'était pas entièrement eschatologique, il n'aurait pas lieu d'être puisque le judaïsme des prophètes remplit très bien le rôle qui consiste à dénoncer le régime de soumission au droit naturel des anciennes théocraties païennes, perpétué par la doctrine libérale de manière ubuesque (les écologistes qui veulent "sauver la planète"... d'eux-mêmes ; sans penser une seconde que leur suicide collectif serait encore la solution la plus économique).