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Fulcanelli

...est le nom d'emprunt d'un érudit ou d'un groupe d'érudits qui a enquêté sur le symbolisme des cathédrales gothiques.

Les rumeurs d'apocalypse, auxquelles internet et l'industrie du divertissement yankee contribuent largement depuis plusieurs années (sans oublier la justification du pacte militaire entre les Etats-Unis et Israël par une théorie eschatologique grand-guignolesque), ces rumeurs suscitent des tentatives d'élucidation des textes apocalyptiques non moins diverses que l'origine des rumeurs.

Le regain d'intérêt pour l'érudition de ce Fulcanelli vient de cercles qui cherchent à accorder leur pressentiment apocalyptique avec les données de la science moderne. On pourrait parler de religion "new age", si le "new age" ne manquait d'une définition précise. On peut trouver cette religion fantaisiste et en rire, mais il faut dans ce cas aussi se moquer d'Isaac Newton et de ses convictions sur l'apocalypse, ou de sa volonté d'ériger son principe d'attraction universelle en manifestation divine. Ces conceptions sont assez proche du mode de pensée "new age". Bien que ne partageant pas les convictions ésotériques de Newton, je me garderais de m'en moquer en raison de leur influence sur l'inconscient du citoyen moderne.

L'intérêt de la science de Fulcanelli me paraît assez limité. Disons pourquoi. Cet auteur dévoile une sorte de science occulte chrétienne, plus ancienne que celle de Newton (occulte en son temps), puisque médiévale et comme incrustée dans la pierre des cathédrales.

Je ne vois pas là un grand "scoop". Non seulement le symbolisme païen des cathédrales a été détaillé auparavant, mais il persiste dans l'Eglise moderne, puisque les vêtements sacerdotaux des évêques, crosse, mitre et anneau, clament haut et fort ce que les Français depuis Voltaire connaissent sous le nom de religion ou morale de Pangloss, dont l'usage pratique est, pour un clergé au service de l'oppresseur, de justifier la douleur et le travail du peuple, procédant ainsi à une extraordinaire revalorisation de la condition humaine, qui constitue la flatterie essentielle des régimes socialistes totalitaires. J'insiste ici sur le fait que le millénarisme nazi n'est qu'un produit dérivé de la religion de Pangloss, mieux adapté aux évolutions technologiques : cela permet en effet de comprendre qu'un régime théocratique ou totalitaire n'est pas tant attaché à la notion de dieu qu'à celle d'éthique ou de morale, dont la philosophie nazie se gargarise tant qu'elle peut.

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Pour revenir aux cathédrales, si l'on prend l'exemple de la basilique de Barcelone, dite de la "sainte famille", qui se veut une moderne imitation des lieux de culte gothiques. Son architecte Gaudi lui a donnée une forme païenne encore plus saillante, si je peux dire, que les anciens modèles. Ses flèches ressemblent d'ailleurs à des épis de maïs ("corn", en anglais), comme certaines basiliques indiennes.

Dans l'Allemagne férue d'architecture, comme tous les peuples efféminés, on trouve bien des spécialistes avant Fulcanelli à évoquer le caractère érotique ou phallique des cathédrales, et de l'architecture en général, à commencer par G.W.F. Hegel, dont Marx a montré que la science n'est qu'un grand corps caverneux juridique, et les petites chapelles existentialistes adjacentes proches de l'onanisme.

De Babel à l'effondrement du temple de Jérusalem, puis de la Synagogue de Satan, sans compter que les Egyptiens sont connus pour n'avoir jamais été égalés dans ce domaine, par leurs saintes écritures juifs et chrétiens sont assez prévenus contre l'architecture. Les laïcs républicains qui cultivent la science politique (pas plus française que la choucroute ou le couscous) ignorent-ils que l'Eglise romaine a inventé ou réinventé la franc-maçonnerie bien avant la République ? Je ne crois pas que leur ignorance en matière d'histoire aille jusque-là.

C'est donc par là que Fulcanelli, il me semble, aurait dû commencer ; par souligner le paradoxe du mariage entre une spiritualité chrétienne, qui dénie tout sens spirituel ou sacré à l'architecture comme à la science juridique, avec ces disciplines païennes, sous la pression politique et sociale. L'Allemand Albert Dürer a au contraire placé les instruments de l'architecture aux pieds de Lucifer, ce qui permet de le distinguer nettement, comme Shakespeare, de l'ésotérisme chrétien médiéval.

Fulcanelli aurait dû commencer par là, parce qu'il résulte de la christianisation de systèmes de pensée païens un symbolisme ou un art qui risquent fort d'être incohérents, et témoignent plutôt comme dans le poème de Dante, d'un mélange téméraire de paganisme "virgilien" et d'éléments apocalyptiques chrétiens, les plus radicalement opposés au paganisme romain, comme les juifs rejettent le nationalisme et l'éthique allemande modernes, dont la fonction sous-jacente est la défense de la propriété.

F. se concentre sur la chimie, en particulier la fameuse métamorphose du plomb en or, dont on peut douter qu'elle a jamais réussi. Mais il n'explore pas, du moins à ma connaissance, le rapport entre l'alchimie et la métamorphose du vin et du pain en corps et sang de Jésus-Christ, opérée par le prêtre romain lors de la messe. La métamorphose est typique, non seulement de la manière dont la vérité prend, dans les régimes théocratiques, la forme dogmatique abstraite, c'est-à-dire juridique ou anthropologique, mais aussi de la continuité que le "new age" postule entre les mondes mystiques ou surnaturels, et la nature elle-même, tandis que le surnaturel chrétien ou juif renverse au contraire l'ordre naturel élémentaire.

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