Langage et inconscient collectif sont deux notions qui se recoupent. De même qu'il n'y a pas d'art sans recul par rapport à l'inconscient collectif, il n'y en a pas non plus sans recul par rapport au langage, c'est-à-dire par rapport au moyen de l'art. Bien plus que le théâtre encore ne suscite la méfiance des philosophes des Lumières, le cinéma révoltera les hommes épris de liberté, par son efficacité à maintenir la tête de l'homme sous le boisseau de l'inconscient collectif et à le conformer à un programme commun nécessairement macabre.
L'omniprésence du cinéma sur le territoire des Etats-Unis signale immédiatement aux juifs ou aux chrétiens la véritable nature de théocratie égyptienne ou romaine de cette nation d'esclaves du désirs, dont la peine à jouir apitoie. Il faut remercier les sectes sataniques des Etats-Unis d'exprimer franchement ce que ses institutions dissimulent à grand-peine. La croyance que ces chapelles sataniques traduisent dans l'activité constante de Satan dans le monde est d'ailleurs un préalable indispensable au christianisme. Je suis le dernier à me moquer de l'avertissement de certains apôtres du diable du triomphe prochain de Satan. Satan triomphe toujours sur les masses et les nations. Préféré à la vérité par l'antéchrist Nitche, le mensonge l'est pour sa vertu de confort. Le cinéma rallie aisément ceux qui préfèrent jusqu'à leur mort continuer de penser comme des foetus, dont la vie et l'existence ont la saveur et le parfum du liquide amniotique. Si la cause du cinéma est acquise d'avance dans les couvents et les casernes, les hospices et les asiles d'alinés, c'est parce qu'ils sont déjà des cinématographies, où l'organisation prime plus qu'ailleurs sur l'individu. Nous parlons contre le cinéma pour le peuple, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas maintenus dans l'ignorance de la violence invincible de la nature ou de la société.
Hitler a mis sa peau au bout de ses idées. La chiennerie du cinéma va jusqu'à postuler des titres de propriété sur le néant, comme s'il était le gouvernement mondial à lui tout seul, alors qu'ils se fonde exclusivement sur le proxénétisme et l'absence d'imagination.
L'avertissement contre le langage est constant et répété dans les saintes écritures. Rien d'étonnant à ce que le cinéma soit dénoncé dans l'apocalypse comme un instrument de sidération diabolique.
"Le mensonge est dans les mots eux-mêmes." : il ne fait aucun doute que cette remarque de Léopardi est une observation chrétienne. Si le langage est souillure selon le Christ, que les régimes totalitaires, fiers de leur signalétique, s'efforcent au contraire de faire passer pour pur, et c'est là l'essence même de la doctrine libérale, c'est parce que le langage tend à chasser dieu.
Proche de l'humanisme de Léopardi, Louis-Ferdinand Céline n'a pas seulement brisé le style académique, c'est-à-dire le sceptre de la caste des prêtres, ce dont elle lui a gardé rancune ; Céline a aussi purgé l'inconscient collectif d'une partie de son mensonge clérical. Sans quoi Céline ne serait qu'un cafouillage surréaliste. La vérité contribue à dénouer le style. La force de Céline, comparé à l'académisme de Sartre, tient à une meilleure conscience de la forme, et donc des limites. Il y a très peu d'espoir chez Céline : c'est réaliste. Mais il n'y a pas l'infini et le néant, pur académisme, produit du décalage entre l'inconscient collectif ou le langage, et la nature, dont le langage n'est que le reflet. L'idéal républicain de Sartre, néant ou infini, est complètement étranger au marxisme, et beaucoup plus proche du nazisme, dont le millénarisme n'est qu'une théorie du langage. Plus l'ombre ou le brouillard de l'inconscient collectif s'épaissit, plus le langage a tendance à se confondre avec le patrimoine génétique. Sartre est comme le nazisme, auteur de science-fiction, c'est-à-dire du genre littéraire qui traduit le plus l'obsession juridique ou génétique, et que les critiques littéraires soucieux du progrès de l'art, contre le divertissement, ont toujours condamné.