La négation de l'apocalypse résulte de la foi et de la raison sociales. S'il n'y a pas d'éthique chrétienne possible, et qu'on ne trouvera aucune parole du Christ qui permette de fonder une doctrine sociale, la raison en est que la société ou l'organisation sociale est conçue pour empêcher de voir la tragédie du monde en face.
Comme l'homme ne peut vivre heureux dans la hantise de sa mort et de sa disparition, une civillisation ne peut concevoir sa destruction. Karl Marx voit juste lorsqu'il signale que, plus une civilisation est proche de sa fin, plus elle est obsédée par la question de la jouissance ou de vaines rêveries dont le mobile est tel.
Ainsi privés de la métaphysique pour le besoin de la cause commune, bernés à l'aide d'une science complètement truquée, une énigme présentée comme la complexité du monde, les enfants de cette matrice usée connaissent un sort atroce : ils sont sacrifiés comme des agneaux sur le bûcher des vanités.
Bien sûr la tragédie n'est pas dionysiaque, c'est le contraire qui l'est : censurer l'apocalypse. La doctrine sociale est donc la loi qui règne en enfer.